Ninja

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 03 juin 2019
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol, Turc
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Ninja by Hokusai (by Katsushika Hokusai, Public Domain)
Ninja de Hokusai
Katsushika Hokusai (Public Domain)

Les ninjas (ou shinobis) étaient des assassins, des saboteurs et des agents secrets spécialisés dans la guerre médiévale japonaise. Ils étaient des adeptes très entraînés des arts martiaux, en particulier de ce que l'on a appelé plus tard le ninjutsu ou "l'art du ninja". Ces forces spéciales étaient expertes en matière de déguisement, de tromperie et d'assaut des positions et des forteresses ennemies, généralement la nuit, lorsqu'elles se déplaçaient comme des ombres dans leurs vêtements sombres traditionnels. Employés à partir du XVe siècle, les ninjas, en raison de leur longue formation secrète dans des écoles spécialisées et de leur mystérieux anonymat, ont acquis une réputation peut-être exagérée de prouesses fantastiques et de jeux d'armes, ce qui en fait des personnages parfaits pour de nombreuses bandes dessinées et jeux informatiques modernes.

Arts martiaux et Ninjutsu

Dans le Japon médiéval, il n'existait pas moins de 18 arts martiaux (bugei ou bujutsu). Outre les arts martiaux les plus connus et toujours pratiqués aujourd'hui, tels que le judo, le jujutsu et le kendo, il y avait ceux qui impliquaient l'équitation et la natation. L'un des 18 était l'art du ninja ou ninjutsu, qui se développa pendant la période Edo (1603-1868). Cependant, les ninjas en tant que forces militaires spéciales étaient en activité depuis le 15e siècle et l'époque des provinces en guerre (Sengoku Jidai, 1467-1568), lorsque les luttes intestines entre factions qui assaillaient le Japon nécessitaient des opérations de reconnaissance, de renseignement et d'espionnage afin de déterminer avec précision qui étaient les ennemis ou qui pourraient l'être dans un avenir proche.

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Un ninja avait deux rôles principaux: celui d'assassin et celui d'espion pour recueillir des renseignements.

Un ninja avait donc deux rôles principaux : celui d'assassin et celui d'espion pour recueillir des renseignements sur les mouvements et les plans de l'ennemi. Dans les deux cas, ils utilisaient des déguisements et apprenaient l'art de la tromperie. La véritable identité des ninjas qui réussissaient était, bien entendu, dissimulée afin de garantir leur propre sécurité et leur utilité lors d'opérations futures. Les ninjas étaient également utilisés comme éclaireurs et, d'une manière générale, pour perturber le plus possible les lignes ennemies lors des raids nocturnes des commandos.

Outre les bandes organisées de ninjas, de nombreux ninjas indépendants offraient leurs services au plus offrant à l'époque troublée du Japon des XVe et XVIe siècles. Les chefs rusés employaient parfois des ninjas pour infiltrer les bandes de ninjas de l'ennemi. Afin de s'assurer que les ninjas d'un groupe étaient bien les bons, des mots de passe étaient utilisés de manière aléatoire. Un ninja était censé se lever dès qu'il entendait le mot de passe et toute personne restée assise était ainsi découverte.

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Ninja Shuriken
Shuriken
Kaliostro (CC BY-SA)

Les tactiques de subterfuge, d'embuscade et de ruse, ainsi que l'utilisation d'armes à projectiles, ont fait que les ninjas n'ont pas joui de la réputation de chevalerie et de courage que les guerriers samouraïs avaient acquise, peut-être pas tout à fait à juste titre. À l'époque d'Edo et de la paix qui suivit la domination du Japon par les Tokugawa, les ninjas n'étaient plus nécessaires en si grand nombre et l'art martial formel du ninjutsu se développa donc pour perpétuer leurs traditions. Des manuels illustrés furent rédigés pour guider les futurs pratiquants, le plus célèbre étant le Bansen shukai, compilé par Fujibayashi Samuji en 1676.

Entraînement

La première approche à l'entraînement des ninjas fut adoptée par certaines familles de guerriers samouraïs qui transmettaient leurs compétences de père ou de maître (sensei) à fils. Ces familles devinrent les fameuses familles ninja et expliquent pourquoi certaines localités ont établi de longues traditions de production de guerriers spécialisés. Dès l'enfance, le futur ninja apprenait à monter à cheval, à nager et à manier toutes sortes d'armes. À partir du XVe siècle, les ninjas étaient formés dans des camps spéciaux auxquels participaient parfois des villages entiers. Certaines écoles devinrent particulièrement célèbres, comme les écoles d'Iga et de Koga. Comme les chefs ne voulaient pas que leurs rivaux copient leurs tactiques, tous les entraînements se faisaient oralement, de peur que des documents écrits ne tombent entre de mauvaises mains.

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Les ninjas étaient entraînés à être physiquement en forme et agiles. Sauter d'une hauteur, traverser des fossés et d'autres obstacles étaient des compétences particulièrement utiles et sont probablement à l'origine des légendes impliquant des ninjas volants. En outre, ils étaient également entraînés à travailler en équipes acrobatiques afin de pouvoir se servir les uns des autres pour grimper plus haut. Les ninjas pouvaient également lancer des grappins avec précision, monter et descendre des cordes et des échelles pliables, et pénétrer dans des endroits inaccessibles aux agents moins qualifiés. Les ninjas pouvaient créer des judas à l'aide de scies pliantes de poche et d'outils de gougeage. Ils pouvaient entraver leurs poursuivants en lançant des makibishi (chausse-trapes - groupes de pointes métalliques). Les ninjas apprenaient à se dissimuler sur différents terrains, à survivre à la campagne, à lire la topographie et les cartes, à comprendre les signes de changement climatique, à utiliser des explosifs, à attacher solidement des captifs, à préparer des poisons, à détruire un bâtiment par le feu et, lorsque les choses ne se passaient pas bien pendant une mission, à s'échapper et à se soigner.

Ninja Hokode
Hokode
Wallslide (CC BY)

Costume de ninja

Bien qu'aucun texte médiéval ne décrive en détail la tenue d'un ninja, la représentation la plus courante dans l'art japonais du début du 19e siècle les montre entièrement vêtus de noir. Ce choix de couleur semble être le plus évident, car la plupart de leurs activités se déroulaient la nuit. Une convention des arts du spectacle japonais veut qu'un personnage soit vêtu de noir pour montrer au public qu'il est invisible. Cependant, les ninjas portaient parfois une cotte de mailles ou une armure faite de plaques de métal cousues sur du tissu et, comme ils étaient censés se fondre dans leur environnement, ils portaient parfois des camouflages, des déguisements (de mendiants, de moines ou de musiciens errants, par exemple) et même le costume de leurs ennemis lorsque c'était nécessaire. La tenue classique du ninja se compose d'un pantalon, de guêtres, d'une veste, d'une ceinture, d'un couvre-chef et d'un couvre-visage, le tout dans un matériau souple qui n'entrave pas les mouvements et qui ne comporte pas de parties pendantes susceptibles de s'accrocher à quoi que ce soit. Ils portaient des chaussures souples ressemblant davantage à des chaussettes (tabi) avec le gros orteil séparé du reste des orteils et une semelle renforcée; de simples sandales à corde nouée (waraji) pouvaient être portées par-dessus afin d'assurer une meilleure adhérence pour l'escalade.

Pour ne pas gêner ses mouvements, le ninja portait généralement son sabre non pas à la ceinture, mais en diagonale dans le dos.

Armes des ninjas

L'arme principale d'un ninja était son sabre ou katana, peut-être un peu plus court et moins courbé que ceux utilisés par d'autres guerriers, car un ninja pouvait se trouver dans un espace restreint comme le couloir étroit d'un château. Afin de ne pas entraver ses mouvements, le ninja portait généralement son sabre non pas à la ceinture, mais en diagonale dans le dos. La garde de la poignée (tsuba) était utile car si l'on appuyait l'épée contre un mur, elle pouvait servir de marche et, en passant un pied dans la corde habituelle du fourreau, l'épée pouvait alors être soulevée et ne pas être abandonnée.

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Outre les armes habituelles de la guerre japonaise - l'épée, la lance, la hallebarde et l'arc - les ninjas disposaient d'armes particulières et hautement spécialisées. Les couteaux de jet étaient une arme courante dans le Japon médiéval et allaient de la dague à la lame courbe, mais l'arme la plus fréquemment associée au ninja est l'étoile de jet en acier à plusieurs lames ou shuriken. Le shuriken typique avait un diamètre de 20 cm et comportait au moins quatre pointes, ce qui en faisait une arme utile et légère qui n'entravait pas les mouvements. Il existait même des écoles de ninja spécialisées dans l'utilisation des étoiles à lancer, comme dans les régions de Sendai, Aizu et Mito.

Ninja Kusarigama
Kusarigama
Samuraiantiqueworld (CC BY-NC-SA)

Les ninjas étaient particulièrement associés au kusarigama ou faucille en forme de croissant. La lame de la faucille était attachée à un poteau en bois muni d'une chaîne de 2 à 3 mètres de long et d'un poids à l'autre extrémité. La version ninja, le shinobigama, avait une perche beaucoup plus courte et une lame plus petite que la normale, qui était rangée dans un fourreau lorsqu'elle n'était pas utilisée. Le ninja tenait l'extrémité de la chaîne et la balançait afin d'endommager l'arme de son adversaire, de la lui faire tomber des mains ou de le faire trébucher avec la chaîne.

Une autre arme spécialisée était de petites épingles métalliques (fumibari ou fukumibari) que le ninja plaçait dans sa bouche et crachait sur l'ennemi en visant ses yeux. Parmi les armes plus personnalisées, on peut citer les poignées métalliques (tekagi) et les griffes (hokode), qui pouvaient également être utiles pour grimper.

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Les bombes utilisées par les ninjas étaient de deux types principaux : un paquet recouvert de papier ou d'osier qui pouvait dégager de la fumée ou un gaz toxique lorsqu'il était allumé, et une bombe à enveloppe dure avec un couvercle en fer ou en céramique. Les deux types de bombes utilisaient de la poudre à canon et pouvaient contenir des éclats d'obus; elles étaient également assez petites pour être utilisées comme grenades à main. Elles étaient allumées à l'aide de mèches en corde et d'une boîte d'amadou généralement laquée pour la rendre étanche.

Lorsqu'ils n'avaient pas d'armes, les ninjas pouvaient recourir à leurs formidables compétences en matière d'arts martiaux, comme l'aïkido, qui utilise l'élan de l'adversaire pour le projeter et le mettre hors d'état de nuire en exerçant une pression sur des points faibles clés tels que les poignets et les coudes. Ils apprenaient également le kendo, qui utilise un sabre en bambou (bien que dans l'ancien Japon, il était plus souvent muni d'une lame en métal), de sorte que même un poteau en bois pouvait devenir une arme mortelle entre les mains expertes d'un ninja.

Héritage

Dans les mythes et légendes qui ont été écrits sur les ninjas depuis la période médiévale, ces professionnels hautement qualifiés sont souvent dotés de capacités extraordinaires, voire surhumaines. Selon certains auteurs, les ninjas pouvaient voler ou se transformer en créatures telles que les araignées et les rats, c'est-à-dire en ces sortes d'animaux nuisibles admirés pour leur agilité mais peu appréciés. On leur attribuait d'autres exploits incroyables, comme celui de pouvoir enlever l'oreiller d'un ennemi endormi ou d'assassiner un chef de guerre par en dessous, alors qu'il était assis sur ses toilettes. Ces histoires sont probablement exagérées, mais il est vrai que de nombreux chefs de guerre prudents se sont protégés de tout assassin potentiel en dotant leur château de dispositifs anti-ninja tels que des planchers qui grinçaient terriblement, des configurations déroutantes, des murs tournants et des trappes cachées.

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Les ninjas restent des personnages populaires dans les films, les bandes dessinées et les jeux vidéo au Japon, et l'art martial du ninjutsu est toujours pratiqué aujourd'hui. Il existe d'ailleurs de nombreux musées entièrement consacrés à l'histoire des ninjas, en particulier au Japon, et notamment le château d'Iga-Ueno dans la préfecture de Mie, l'une des demeures ancestrales des guerriers ninjas.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2019, juin 03). Ninja [Ninja]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18300/ninja/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Ninja." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 03, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18300/ninja/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Ninja." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 03 juin 2019. Web. 30 oct. 2024.

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