Hadrien fut empereur romain de 117 à 138 EC et il est connu comme le troisième des Cinq Bons Empereurs (Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin le pieux et Marc Aurèle) qui gouvernèrent avec justice. Né Publius Aelius Hadrianus, probablement en Hispanie, Hadrien est surtout connu pour ses importants projets de construction à travers l'Empire romain et, en particulier, le mur d'Hadrien dans le nord de la Grande-Bretagne.
Enfance
Jeune, Hadrien fut bien instruit dans sa ville natale d'Italica Hispania (Séville moderne, Espagne) et partit pour Rome vers l'âge de 14 ans. Son premier service militaire fut en tant que tribun sous l'empereur Nerva (r. 96-98 EC). Quand Nerva mourut, Trajan monta sur le trône. L'empereur Trajan (r. 98-117 EC) fut le premier souverain romain d'origine provinciale. Les biographes ultérieurs tenteraient de placer la naissance de Trajan et d'Hadrien dans la ville de Rome, mais tous deux étaient d'origine hispanique et ce point en commun est supposé par certains comme la raison de l'adoption d'Hadrien par Trajan comme son successeur (bien que la plupart des experts contestent cela).
Trajan est mourut en campagne en Cilicie en 117, avec Hadrien commandant de son arrière-garde, et on ne croit pas qu'il ait nommé un successeur. La femme de Trajan, Plotina (qui avait un faible pour Hadrien) signa les papiers de succession, et on pense qu'elle, et non l'empereur, fut responsable de l'adoption d'Hadrien comme héritier. Quoi qu'il en soit, il est connu que Trajan respectait Hadrien et l'avait considéré comme son successeur même s'il ne le nommât pas officiellement comme tel. Le service d'Hadrien à Trajan est bien documenté par les diverses fonctions importantes qu'il avait occupé avant de devenir empereur de Rome.
L'Empereur Hadrien
Sa popularité en tant qu'empereur est attestée par le fait qu'Hadrien s' absenta de Rome pendant la plus grande partie de son règne. Les anciens dirigeants romains, comme Néron, ont été sévèrement critiqués pour avoir passé moins de temps loin de la ville. Le professeur D. Brendan Nagle écrit :
[ Hadrien] passa la majeure partie de son règne (douze sur vingt et un ans) à voyager dans tout l'Empire à visiter les provinces, à surveiller l'administration et à vérifier la discipline de l'armée. Il était un brillant administrateur qui s'intéressait à tous les aspects du gouvernement et de l'administration de la justice (278).
Son dévouement à l'armée était tel qu'il dormait et mangeait parmi les soldats ordinaires, et il est souvent représenté en tenue militaire même si son reigne est marqué par une paix relative.
Les projets de construction d'Hadrien sont peut-être son héritage le plus durable. Il établit des villes dans toute la péninsule des Balkans, en Égypte, en Asie Mineure et en Grèce. Son amour pour la Grèce et la littérature grecque était tel qu'il était connu sous le nom de « Graeculus » (Greekling) dans sa jeunesse, et son philhellénisme ne se dissipa pas avec l'âge. Il visita la Grèce au moins deux fois (probablement plus) et participa aux Mystères Éleusiniens, dont il était un initié. L'Arc d'Hadrien, construit par les citoyens d'Athènes en 131/132 EC, honore Hadrien comme le fondateur de la ville. Les inscriptions sur l'arc nomment Thésée (le fondateur traditionnel) mais ajoutent Hadrien en raison des contributions substantielles de ce dernier à Athènes (le Temple de Zeus par exemple).
Il dédia un certain nombre de sites en Grèce à son jeune amant Antinoüs, qui se noya dans le Nil en 130. Hadrien était profondément attaché à Antinoüs et la mort du jeune homme affecta tellement l'empereur qu'il le fit déifier (d'où le culte mystérieux en l'honneur d'Antinoüs). En Égypte, il fonda la ville d'Antinopolis en mémoire de lui. À Rome, il reconstruisit le Panthéon (qui avait été détruit par un incendie) et le Forum de Trajan, et finança la construction d'autres bâtiments, bains et villas. Beaucoup de ces structures ont survécu intactes pendant des siècles, certaines jusqu'au XIXe siècle, et le Panthéon, encore parfaitement conservé, peut être visité aujourd'hui. Hadrien avait un grand intérêt pour l'architecture et semble avoir apporté des idées ou même des projets aux architectes, bien que les chercheurs ne croient plus qu'il fut l'architecte principal sur un seul de ces projets.
Mur d'Hadrien
De tous ses monuments et bâtiments importants, le mur d'Hadrien dans le nord de la Grande-Bretagne est le plus célèbre. La construction du mur, connu dans l'Antiquité sous le nom de Vallum Hadriani, commença vers 122 EC et correspond à la visite d'Hadrien dans la province. Il marquait la limite nord de l'Empire romain en Grande-Bretagne, mais la longueur et l'ampleur du projet (s'étirant, comme il l'a fait, d'un océan à l'autre) suggèrent que le but le plus important du mur était une démonstration du pouvoir de Rome. Le mur était à l'origine de 9,7 pieds de large (3 m) et 16 à 20 pieds de haut (environ 6 m) à l'est de la rivière Irthing, construit tout en pierre, et 20 pieds de largeur (6 m) sur 11 pieds (3,5 m) de haut (3,5 m) à l'ouest de la rivière, constitué de pierre et de gazon, s'étendant sur 73 milles (120 km) sur un terrain accidenté.
Il fut construit en six ans par les légions stationnées en Grande-Bretagne. Il y avait entre 14 et 17 fortifications le long du mur et un vallum (un fossé délibérément construit en terrassement) qui était parallèle au mur. Le Vallum mesurait 20 pieds (6 m) de large sur 10 pieds (3 m) de profondeur, flanqué de grands monticules de terre compacte. Comme la politique étrangère d'Hadrien était « la paix par la force », on pense que le mur, qui était à l'origine plâtré et blanchi à la chaux, aurait clairement représenté la puissance de l'Empire romain.
Jérusalem
Bien qu'Hadrien fut un homme savant et cultivé, sa politique de relations pacifiques et de négociations ne fut pas toujours respectée. En 130 EC, Hadrien visita Jérusalem, qui était encore en ruine à la suite de la Première Guerre Romano-Juive de 66-73. Il reconstruisit la ville selon ses propres conceptions et la rebaptisa Ælia Capitolina Jupiter Capitolinus après lui-même et le roi des dieux romains. Quand il construisit un temple à Jupiter sur les ruines du temple de Salomon (le soi-disant Second Temple, considéré comme sacré par les Juifs), la population se souleva sous la conduite de Simon bar Kochba (alias Shimon Bar-Cochba, Bar Kokhbah, Ben-Cozba, Cosiba ou Coziba) dans ce qui est devenu la Révolte de Bar-Kochba (132-136 EC). Les pertes romaines dans cette campagne furent énormes, mais les pertes juives ne furent pas moins importantes. Au moment de la rébellion, 580 000 Juifs avaient été tués et plus de 1000 villes et villages détruits. Hadrien bannit ensuite les Juifs restants de la région et la renomma Syrie Palaestina d'après les ennemis traditionnels du peuple juif, les Philistins. Il ordonna que la Torah fût brûlée en public, exécuta les érudits juifs et interdit la pratique et l'observance du judaïsme.
Décès et successeur
Sa santé maintenant fragile, Hadrien retourna à Rome et s'occupa d'écrire de la poésie et de s'occuper des affaires administratives. Il nomma son successeur Antonin le Pieux (r. 138-161 EC) stipulant qu'Antonin adopterait le jeune Marc Aurèle (r. 161-180 EC) afin qu'il lui succède. Hadrien décéda en 138, probablement d'une crise cardiaque, à l'âge de 62 ans. Il fut enterré d'abord à Putéoles, sur le terrain de l'ancien domaine du rhétoricien Cicéron (en hommage à l'amour d'Hadrien pour l'apprentissage), mais quand Antonin le Pieux acheva le grand tombeau d'Hadrien à Rome l'année suivante, son corps fut incinéré et les cendres y furent enterrées avec sa femme et son fils. Antonin le Pieux fit déifier Hadrien et fit construire des temples en son honneur. L'historien Gibbon écrit :
[ La domination d'Hadrien était] la période de l'histoire du monde au cours de laquelle la condition de la race humaine était la plus heureuse et la plus prospère... quand la vaste étendue de l'Empire romain était gouvernée par un pouvoir absolu sous la direction de la vertu et de la sagesse (61).
Bien qu'Hadrien n'ait pas été universellement admiré pendant sa vie ni depuis sa mort, son règne est généralement considéré comme conforme à l'appréciation de Gibbon.