La colonne est une invention architecturale qui permet de soutenir des plafonds sans utiliser de murs solides. Les colonnes augmentent l'espace qui peut être couvert par un plafond, permettant l'entrée de plus de lumière. Les colonnes offrent également une alternative esthétique à l'extérieur des bâtiments.
Dans le monde antique, les colonnes étaient utilisées en particulier dans les péristyles des temples et dans les colonnades le long des rues. Les colonnes pouvaient également être incorporées dans les murs ou être autonomes et ainsi porter des sculptures commémorant des événements ou des personnages particuliers.
Premières colonnes en architecture
La première utilisation des colonnes fut en tant que support central unique pour le toit de bâtiments relativement petits, mais à partir de l'âge du bronze (3000-1000 av. J.-C.), des colonnes plus sophistiquées ayant d'autres fonctions que le support structurel direct sont apparues dans les civilisations égyptienne, assyrienne et minoenne. Alors que les premières civilisations utilisaient la pierre pour leurs colonnes, les Minoens utilisaient des troncs d'arbre entiers, généralement retournés pour éviter la repousse, posés sur une base encastrée dans le stylobate (base, piédestal) et surmontés d'un simple chapiteau rond. Ils étaient ensuite peints, comme dans le plus célèbre palais minoen de Knossos. Les Minoens utilisaient les colonnes pour créer de grands espaces ouverts, des puits de lumière et comme point focal pour les rituels religieux. Ces traditions ont été perpétuées par la civilisation mycénienne, en particulier dans le mégaron ou hall au cœur de leurs palais. L'importance des colonnes et leur référence aux palais, et donc à l'autorité, est mise en évidence par leur utilisation dans des motifs héraldiques tels que la célèbre porte des lions de Mycènes, où deux lions se tiennent de chaque côté d'une colonne. Fabriquées en bois, ces premières colonnes n'ont pas survécu, mais leurs bases en pierre ont été conservées, ce qui nous permet de voir leur utilisation et leur disposition dans ces palais.
Premières colonnes de pierre
Dans la Grèce archaïque, la pierre commença à remplacer le bois comme principal matériau de construction des grands bâtiments. Cependant, la transition n'était pas nettement définie. On pense que des temples datant du 8e au milieu du 7e siècle avant J.-C. à Isthmia, Éphèse et Corinthe utilisaient des colonnes en bois avec des bases en pierre ainsi que d'autres éléments structurels en pierre. Peu à peu, cependant, et à l'exception des poutres de toit, la pierre, avec sa résistance et sa durabilité supérieures, est devenue le matériau privilégié de la construction.
Alors que certaines colonnes en pierre étaient sculptées d'un seul tenant, lorsque les bâtiments sont devenus plus grands, les colonnes ont commencé à être construites à partir de tambours séparés. Ceux-ci étaient sculptés individuellement et assemblés à l'aide d'une cheville en bois ou en métal au centre du tambour. Les colonnes fabriquées à partir de tambours individuels sont remarquablement résistantes à l'activité sismique. L'élasticité fournie par la possibilité de mouvements fractionnés entre les tambours signifie que l'effondrement de ces colonnes est presque toujours dû à d'autres forces destructrices, comme des vents violents ou l'affaiblissement du bâtiment causé par l'enlèvement d'éléments en pierre pour les réutiliser ailleurs, plutôt qu'à des tremblements de terre. Malgré cet avantage, les Romains préféraient les fûts monolithiques pour leurs colonnes. Les Romains ont également standardisé la production des colonnes à partir du 1er siècle avant J.-C., préférant le rapport 6:5. C'est-à-dire que la hauteur du fût de la colonne représentait cinq sixièmes de la hauteur totale de la colonne avec sa base et son chapiteau. Des exemples célèbres de ce type de colonne sont visibles au Panthéon de Rome.
Colonnes et ordres architecturaux
L'évolution des colonnes dans le monde antique a été classée dans des ordres architecturaux. Les trois principaux ordres sont le dorique, l'ionique et le corinthien. En premier lieu, on peut citer les colonnes égyptiennes qui reposaient sur une base et portaient un décor sculpté de feuilles sur le fût de la colonne et les colonnes perses qui avaient souvent des figures animales telles que des taureaux comme chapiteaux. Dans le monde grec, le premier ordre est celui des colonnes doriques, plus larges à la base, avec un chapiteau simple mais sans base. Les colonnes ioniques reposent sur une base et ont un chapiteau en forme de double rouleau (volute). Les colonnes corinthiennes sont généralement plus fines et plus hautes, reposent sur une base et ont un chapiteau richement décoré, généralement de fleurs et de feuilles sculptées. Ces trois types de colonnes ont une cannelure verticale. Les Romains ont introduit la colonne toscane, sans cannelures, avec une base et un chapiteau simples. Les colonnes doriques romaines étaient similaires mais avec des cannelures. Des colonnes composites sont apparues, mélangeant des éléments des styles précédents, et enfin, des colonnes salomoniques avec un fût torsadé.
Les colonnes ont également incorporé des raffinements géométriques afin de surmonter certains des problèmes d'illusion d'optique dans les grands bâtiments. En effet, les lignes droites semblent être courbées lorsqu'elles sont vues de loin. Par conséquent, les colonnes sont souvent légèrement inclinées vers l'intérieur lorsqu'elles s'élèvent, les colonnes d'angle sont légèrement plus grosses et chaque colonne est légèrement bombée au milieu (entasis), tout cela pour que le bâtiment semble parfaitement droit. L'exemple le plus célèbre de ces techniques est sans aucun doute le Parthénon sur l'acropole athénienne.
Colonnes autoportantes
Les colonnes faisaient tellement partie de l'aspect esthétique d'un bâtiment que les colonnes elles-mêmes commencèrent à devenir des éléments artistiques indépendants. Les colonnes en forme d'homme-taureau de Persépolis et les Caryatides de l'Érechthéion d'Athènes au Ve siècle avant J.-C. sont célébrées comme des œuvres d'art à part entière, indépendantes des structures qu'elles étaient censées soutenir à l'origine.
Les colonnes autoportantes les plus célèbres sont sans doute la colonne ionique naxienne du Sphinx de Delphes (560 av. J.-C.), qui mesurait 10 mètres de haut, et la colonne de Trajan de Rome (113 de notre ère), qui mesure près de 40 mètres de haut. Près de 200 m de frise continue s'enroulent en spirale autour de la colonne et présentent plus de 2 500 figures illustrant les victoires de la campagne de l'empereur en Dacie. À l'origine, la colonne était également surmontée d'une statue de l'empereur en personne.