Hippocrate vit le jour sur l'île grecque de Kos au Ve siècle avant notre ère et devint le médecin le plus célèbre de l'Antiquité. Il créa une école de médecine sur l'île, écrivit de nombreux traités sur des questions médicales et, grâce à son étude systématique et empirique des maladies et des remèdes, est considéré comme le fondateur de la médecine moderne.
Détails biographiques
Les informations concernant Hippocrate sont fragmentaires et peu fiables. Il naquit peut-être vers 460 avant notre ère, mais les détails de sa vie faisaient déjà l'objet de spéculations dans l'Antiquité. L'une des sources les plus anciennes est la Vie d'Hippocrate, attribuée à Soranos d'Éphèse, lui-même médecin, qui vécut aux Ier et IIe siècles de notre ère. La méthode de Soranos, qui consiste à citer des textes anciens aujourd'hui perdus, est une source inestimable d'informations sur la médecine ancienne. Il affirme qu'Hippocrate connaissait plusieurs sophistes du Ve siècle av.J.-C., notamment Gorgias, et que la médecine lui avait été enseignée par son père et par Hérodicos de Sélymbrie, un entraîneur de gymnastique. Nous savons également qu'Hippocrate créa et dirigea une école de médecine à Kos.
Platon mentionne Hippocrate dans son Protagoras, suggérant qu'il travaillait pour des honoraires et qu'il pensait que le corps devait être traité dans son ensemble (Phèdre). L'érudit romain et écrivain médical Cornelius Celsus (alis Celse) affirme qu'Hippocrate fut le premier à séparer la médecine de la philosophie, et d'autres sources anciennes suggèrent également qu'Hippocrate croyait en l'importance du régime alimentaire et de l'exercice pour un corps en bonne santé. Soranos poursuit en nous informant qu'Hippocrate avait voyagé tout au long de sa vie et qu'il était mort à Larissa, en Thessalie, vers 370 av.J.-C.
Dans l'Antiquité, de nombreuses légendes sur les grands talents d'Hippocrate virent le jour, mais la plupart d'entre elles sont probablement de pures inventions. Il aurait découvert que les problèmes de santé du roi Perdiccas II de Macédoine étaient dus à la maladie d'amour, il aurait éliminé la peste qui avait frappé Athènes en 430 av. J.-C. en faisant du feu partout, et il aurait soigné le philosophe Démocrite que tout le monde prenait pour un fou (non sans raison). Les fils d'Hippocrate, dont Thessalos et Draco, poursuivirent son œuvre.
Corpus hippocratique
On attribue depuis longtemps à Hippocrate la rédaction d'un grand nombre de traités, de discours et de lettres sur la médecine, regroupés sous le nom de Corpus hippocratique (Corpus Hippocraticum), qui furent compilés à l'époque hellénistique dans l'Alexandrie ptolémaïque. Les chercheurs modernes considèrent que, pour des raisons stylistiques uniquement, ces textes ont dû être écrits par plusieurs auteurs et soulignent qu'il n'y a aucune référence à Hippocrate écrivant quoi que ce soit dans les sources contemporaines de sa vie. Les spécialistes estiment donc que certains de ces textes furent sans doute écrits par Hippocrate, mais la question de savoir lesquels est toujours débattue.
Le Corpus du IIIe siècle av. J.-C. fut réédité aux Ier et 11ème siècles de notre ère par les érudits Dioscoride et Artémidore Capiton. Plusieurs auteurs anciens, souvent des médecins célèbres, ont fréquemment écrit des commentaires sur les travaux attribués à Hippocrate. Parmi les plus notables, citons Hérophile de Chalcédoine (4e-3e siècle av. J.-C.), Apollonios de Cition (1er siècle av. J.-C.) et Galien (2e-3e siècle de notre ère).
Les textes hippocratiques traitent de toutes sortes de sujets médicaux, mais peuvent être regroupés en quatre catégories principales : le diagnostic, la biologie, le traitement et les conseils généraux destinés aux médecins. Il existe plus de 60 traités, chacun traitant d'un sujet spécifique, par exemple les articulations, la thérapie, le régime, la chirurgie, la physiologie, l'évolution des maladies, les remèdes de purge et la gynécologie. Les questions d'éthique et les relations de la médecine avec d'autres matières, notamment la philosophie, sont également abordées.
Le serment d'Hippocrate
Le célèbre serment d'Hippocrate est probablement apparu bien après qu'Hippocrate soit mort et était réservé à un groupe restreint de médecins. Il s'agissait en fait d'un document religieux garantissant que le médecin agissait dans le respect des valeurs de la communauté. Par ce serment, le praticien jurait par Apollon, Hygie et Panacée de respecter son maître et de ne pas administrer de poison, de ne pas abuser des patients de quelque manière que ce soit, de ne pas utiliser de couteau et de ne pas rompre la confidentialité entre le patient et le médecin. Des versions modernes du serment, ou des déclarations similaires, sont encore aujourd'hui prêtées par de nombreux étudiants en médecine dans le monde entier.
Conclusion
Les historiens attribuent à Hippocrate le mérite d'avoir éloigné la médecine de l'approche surnaturelle et religieuse, étroitement liée au dieu grec de la guérison Asclépios, au profit d'une approche moderne fondée sur l'observation, la classification, les causes et les effets, etc. Même si d'autres avant lui, comme Alcméon de Crotone, avaient également commencé à aborder la médecine de manière rationnelle et que les détails de sa vie et de son œuvre sont peu nombreux, Hippocrate est néanmoins connu, tout comme il l'était dans le monde antique, en tant que père de la médecine moderne.