Paix de Callias

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 22 February 2019
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Dying Persian (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Perse mourant
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

La paix de Callias fait référence à un possible traité de paix conclu au milieu du Ve siècle avant notre ère entre Athènes et la Perse à la suite des guerres perses. L'existence d'un tel traité n'est pas reconnue par tous les historiens, et s'il a bel et bien existé, ses termes précis sont également contestés. Même la date possible de ce traité continue de faire l'objet d'un débat parmi les spécialistes, les dates les plus courantes étant les années 460 avant notre ère ou 449 avant notre ère. Le traité porte le nom du riche homme d'État athénien Callias, qui aurait dirigé les ambassadeurs athéniens lors des discussions de paix. Même si un traité de ce nom ne fut jamais rédigé, il est vrai que les hostilités entre Athènes et la Perse prirent fin au milieu du Ve siècle avant notre ère.

Existence et datation

L'existence d'un traité de paix entre l'Empire achéménide de Perse et la cité-État grecque d'Athènes appelé "Paix de Callias" n'est pas connue avec certitude, principalement parce que l'historien grec Hérodote (c. 484 - c. 413 av. J.-C.) ne le mentionne pas et, plus significativement, Thucydide (c. 460 - c. 398 av. J.-C.), qui est notre principale source contemporaine sur la fin des guerres perses, ne le mentionne pas non plus de manière explicite. Toutefois, les spécialistes soulignent qu'aucun des deux auteurs n'avait accordé beaucoup d'attention à la période précise en question et suggèrent que certains passages de l'œuvre de Thucydide constituent une preuve indirecte de l'existence d'un tel traité entre les deux puissances. Malgré cela, des doutes subsistèrent jusqu'à Théopompe au IVe siècle avant notre ère. Cet historien grec avait peut-être vu une copie du traité mais, parce qu'il pensait qu'il s'agissait d'un original et qu'elle était rédigée dans l'alphabet ionique, utilisé plus récemment, il ne la considéra pas comme authentique (bien que le grec ionique ait été utilisé à l'occasion dans des documents datant du Ve siècle av. J.-C.). D'autre part, l'existence d'une sorte d'accord entre Athènes et la Perse est notée par des personnalités aussi anciennes que les orateurs athéniens Démosthène et Lycurgue au 4e siècle avant notre ère, ainsi que par des auteurs plus tardifs comme Plutarque et Aelius Aristide écrivant au 2e siècle de notre ère.

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La paix de Callias était très probablement un accord sur les sphères d'influence d'Athènes et de la Perse.

En supposant qu'il y ait bien eu un tel traité, le problème suivant est de savoir quand il aurait été conclu. Certains spécialistes préfèrent une date située dans la décennie 460 avant notre ère, tandis que d'autres suggèrent 449 avant notre ère. D'autres encore estiment que les deux dates sont pertinentes et que le traité fut signé dans les années 460 avant notre ère, puis renouvelé en 449 avant notre ère. Ce qui est certain, c'est que les hostilités majeures entre la Perse et Athènes prirent fin au milieu du Ve siècle avant notre ère.

Callias

Le traité porte le nom de Callias, un homme d'État athénien appartenant à l'une des familles les plus riches de la cité-État. Il était connu pour avoir occupé le poste prestigieux de porteur de torche (dadouchos) dans les rites du culte des Mystères d'Éleusis. Son épouse était Elpinice, la sœur de Cimon (c. 510 - 450 av. J.-C.), homme d'État athénien et commandant militaire émérite. Callias s'était distingué lors de la bataille de Marathon contre une armée perse en 490 avant notre ère. Sa réputation de pacificateur fut consolidée par son rôle de négociateur dans la paix de trente ans entre Athènes et Sparte en 446 avant notre ère.

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Greco-Persian Wars
Guerres médiques
Kelly Macquire (CC BY-NC-SA)

Causes du traité: Guerres perses

L'Empire perse achéménide combattit les Grecs tout au long du Ve siècle avant notre ère. Darius Ier (r. de 522 à 486 av. J.-C.) envahit la Grèce en 491 avant notre ère et son successeur Xerxès (r. de 486 à 465 av. J.-C.) en 480 avant notre ère. Ces invasions donnèrent lieu à certaines des batailles les plus célèbres de l'histoire, toutes remportées par les cités-États grecques, Athènes et Sparte en tête: Marathon (490 av.J.-C.), Thermopyles (août 480 av.J.-C.), Salamine (septembre 480 av.J.-C.) et Platée (479 av.J.-C.). Après la bataille de Platée, la Grèce et la Perse s'affrontèrent pendant 30 ans, mais à une échelle plus réduite qu'auparavant.

En 478 avant notre ère, Athènes forma la Ligue de Délos (alias Ligue athénienne), une association de quelque 300 cités-États grecques, afin de se défendre contre toute nouvelle agression de la part des Perses. En s'emparant du trésor de la Ligue et en imposant des contributions à ses membres - même à ceux qui voulaient la quitter - la Ligue devint en fait l'Empire athénien. La Ligue de Délos fut certainement utile pendant cette période de guerre intermittente et continue, et elle est célèbre pour avoir vaincu une armée perse à la bataille d'Eurymédon en 466 avant notre ère. C'est donc cette date que certains érudits suggèrent comme étant celle de la rédaction de la paix de Callias.

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En 460 avant notre ère, la première guerre du Péloponnèse éclata entre Athènes et Corinthe, avec des interventions occasionnelles de Sparte. La guerre durerait jusqu'en 446 avant notre ère. Athènes utilisait désormais la Ligue de Délos pour soumettre les autres cités-États grecques. La nécessité de veiller à ce que la Perse ne crée pas de troubles pendant qu'Athènes était préoccupée par la première guerre du Péloponnèse peut avoir été la motivation pour assurer une paix durable avec le souverain perse de l'époque, Artaxerxès Ier (r. de 464 à 425 av. J.-C.). Cependant, les Athéniens ont eux-mêmes attisèrent les hostilités en soutenant une révolte en Égypte contre la domination perse. Les Athéniens envoyèrent une expédition vers 459 avant notre ère pour les soutenir, mais celle-ci fut un désastre pour les Grecs et s'acheva en 454 avant notre ère. Une expédition conjointe d'Athènes et de Sparte à Chypre, toujours contre la Perse, fut plus fructueuse, bien que Cimon ait été tué au cours de l'action en 451 avant notre ère. Par conséquent, maintenant que la Perse avait été à nouveau vaincue, certains historiens préfèrent la date de 449 avant notre ère pour la paix de Callias.

Objectif du traité

Le traité, si l'on suppose qu'il a bel et bien existé, fut conçu pour mettre fin aux hostilités entre la Perse et Athènes et définir la nouvelle carte politique de la mer Égée après les guerres perses. Il ne s'agissait probablement pas d'un traité détaillé, mais plutôt d'un accord sur la sphère d'influence des deux puissances, qui garantissait qu'une puissance n'interférait pas dans les plans impérialistes de l'autre. Les termes généraux du traité interdisaient à la Perse de pénétrer dans l'ouest de l'Asie mineure et dans la mer Égée. Aucun satrape perse n'était autorisé à s'approcher à moins de trois jours de voyage de la côte égéenne et aucun navire perse ne pouvait dépasser Phaselis sur la côte sud de la Lycie en Ionie (aujourd'hui Tekirova en Turquie). Dans le même temps, Athènes promit de laisser la mer Noire à la Perse et de ne pas attaquer le territoire perse.

La source antique la plus explicite sur la paix de Callias provient de la bibliothèque de Diodore de Sicile, l'historien grec du 1er siècle de notre ère (même si la plupart des historiens modernes considèrent ces termes comme une fiction) :

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Perses avaient éprouvés dans les parages de Cypre, et après avoir pris consëil de ses amis, le roi Artaxerxès jugea prudent de conclure la paix avec les Grecs. En conséquence, il écrivit à ses commandants et à ses satrapes réunis autour de Cypre de traiter avec les Grecs aux meilleures conditions possibles. Artabaze et Mégabyze envoyèrent donc à Athènes des députés chargés de négocier la paix. Les Athéniens accueillirent les propositions qu'on leur fit, et dépêchèrent, à leur tour, des envoyés plénipotentiaires à la tête desquels se trouva Caillas, fils d'Hipponicus. La paix fut conclue entre les Athéniens, y compris leurs alliés, et entre les Perses, aux conditions suivantes : Toutes les villes grecques de l'Asie se gouverneront d'après leurs propres lois; les satrapes perses ne descendront pas avec leurs troupes à plus de trois journées de marche vers les côtes de la mer, et aucun de leurs vaisseaux longs ne naviguera entre le Phasélis et les Cyanées (09). Ces conditions ayant été acceptées par le roi et ses généraux, les Athéniens s'engagèrent de leur côté à ne point porter les armes dans le pays soumis au roi Artaxerxès. Après la ratification de ce traité, les Athéniens retirèrent leurs troupes de l'île de Cypre : ils avaient remporté une victoire éclatante et signé la paix la plus glorieuse.

(Livre 12 ch. 4, trad. F. Hoefer, Remacle)

Fin de la paix

Le traité/accord apporta la paix, mais pas la fin de la Ligue de Délos, désormais trop utile aux ambitions athéniennes dans toute la Grèce. La Perse ne s'impliqua pas militairement dans les affaires grecques jusqu'en 412 avant notre ère, lorsque les satrapes perses Pharnabaze et Tissapherne apportèrent leur aide à une armée spartiate en Ionie pendant la deuxième guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.) entre Athènes et Sparte et leurs alliés respectifs. La période de paix relative en Grèce (du moins entre Grecs et non-Grecs) entre 479 et 431 avant notre ère est connue sous le nom de Pentekontaetia (période de 50 ans). La Perse fournit de l'argent et du bois aux Spartiates pour qu'ils puissent construire une marine suffisamment redoutable pour affronter la puissance navale d'Athènes. C'est ainsi que Lysandre, le commandant spartiate, put infliger une défaite finale et totale aux Athéniens à Aigos Potamos, près de l'Hellespont, en 405 avant notre ère.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2019, February 22). Paix de Callias [Peace of Callias]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-11057/paix-de-callias/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Paix de Callias." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le February 22, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-11057/paix-de-callias/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Paix de Callias." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 22 Feb 2019. Web. 23 Nov 2024.

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