Armée Romaine

Définition

James Lloyd
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 30 April 2013
Disponible dans ces autres langues: anglais, néerlandais, portugais, espagnol
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Roman Victory Procession (by The Creative Assembly, Copyright)
Défilé de victoire romain
The Creative Assembly (Copyright)

L'armée romaine, célèbre pour sa discipline, son organisation et ses innovations en matière d'armes et de tactiques, permit à Rome de construire et de défendre un immense empire qui, pendant des siècles, allait dominer le monde méditerranéen et au-delà.

Aperçu

L'armée romaine, qui est sans doute l'une des forces de combat les plus anciennes et les plus efficaces de l'histoire militaire, connut des débuts plutôt obscurs. Le biographe grec Plutarque attribue au légendaire fondateur de Rome, Romulus, la création des forces légionnaires (telles qu'elles seraient connues à l'époque de la République et de l'Empire), mais l'historien romain Tite-Live affirme que les premiers soldats romains combattaient plutôt à la manière des hoplites grecs dans une phalange, très probablement sous la forme d'une milice civile, le recrutement dépendant du statut social du citoyen. Le roi Servius Tullius (vers 580-530 av. J.-C.) introduisit six classes de richesse pour les citoyens de Rome ; le groupe le plus bas ne possédait aucune propriété et était exclu de l'armée, tandis que le groupe le plus élevé, les equites, formait la cavalerie.

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Le plus ancien compte rendu contemporain d'une légion romaine est celui de Polybe, qui date d'environ 150-120 avant J.-C; elle est désignée sous le nom de légion manipulaire, bien que les légions manipulaires se soient probablement développées vers le milieu du IVe siècle avant J.-C. On pense que la légion manipulaire, qui était basée sur des unités plus petites de 120 à 160 hommes appelées manipulus (mot latin signifiant "poignées"), fut mise au point pour s'adapter aux formations plus lâches dans lesquelles combattaient les ennemis de Rome et pour pouvoir déjouer les formations de phalanges. L'avantage d'un tel changement peut être observé lorsque Rome combattit les phalanges de Macédoine ; Polybe 18.29-30 décrit les mérites des manipules romains, capables de déjouer les manœuvres de leurs ennemis.

Au fur et à mesure que la nature de l'armée romaine changeait, passant de campagnes limitées et saisonnières à un empire provincial, les légions commencèrent à développer des bases plus permanentes.

Tite-Live date cette progression en disant qu'à partir de 362 avant Jésus-Christ, Rome avait deux légions et quatre légions à partir de 311 avant Jésus-Christ. L'armée manipulaire était purement citoyenne à cette époque, et c'est elle qui aurait repoussé Hannibal lors de la deuxième guerre punique (218-202 av. J.-C.) ; toutefois, il y avait déjà plus de quatre légions à cette époque. À mesure que la nature de l'armée romaine changeait, passant de campagnes limitées et saisonnières à un empire provincial grâce au succès de batailles comme la bataille de Cynoscéphales (197 av. J.-C.) et de Pydna (168 av. J.-C.), les légions commencèrent à développer des bases plus permanentes, créant ainsi une pénurie en hommes.

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Lorsque Gaius Marius fut élu consul en 107 avant J.-C., il commença à enrôler des volontaires parmi les citoyens sans propriété et les équipa d'armes et d'armures aux frais de l'État. Le passage du manipule à la cohorte est également attribué à Marius, bien que ce changement ait pu être finalisé par Marius, plutôt qu'entièrement mis en œuvre par lui. La guerre sociale de 91 à 87 avant J.-C. (du latin socii allies) montre que la main-d'œuvre était toujours un problème pour l'armée romaine, car la citoyenneté fut accordée aux Italiens alliés à la fin de la guerre, ce qui permit de disposer d'un plus grand nombre d'hommes pour l'armée.

Au tournant de la République, et au début de la Rome impériale, Auguste réorganisa l'armée romaine, en augmentant la durée du service et en créant un trésor militaire, entre autres choses. L'armée continua à se développer, notamment en adoptant des tactiques et des formations différentes, plus efficaces contre les nouveaux ennemis de Rome. Au IIe siècle de notre ère, Rome déployait des unités de cavalerie cuirassée et, alors qu'elle avait déjà utilisé des armes de siège, avec des engins de siège lançant des flèches et des pierres, c'est au IIIe siècle de notre ère que Rome commença à remarquer l'utilisation de l'artillerie, avec l'ajout de l'onagre, un grand lanceur de pierres.

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Sources

De nombreux auteurs classiques, grecs et romains, sont utiles à consulter pour étudier l'armée romaine. Polybe est très utile pour évaluer l'armée romaine, en fournissant des informations sur ses armes (6.23), sa discipline (6.38) et les récompenses pour son courage (6.39.1-3 ; 5-11), ainsi qu'en la décrivant au combat. L'historien juif Flavius Josèphe (c. 34-100 de notre ère), tout en réutilisant peut-être Polybe, traite de l'entraînement et de la discipline de l'armée romaine (3.71-6 ; 85-8 ; 102-7). Frontin (vers 40-103 de notre ère) a écrit un ouvrage intitulé Stratagèmes; il y est question, entre autres, de la discipline de Scipion, Corbulon, Pison et Marc-Antoine (4.1.1 ; 4.1.21 ; 4.1.26 ; 4.1.37). Végèce (vers le 5e siècle) a écrit Epitoma institutorum rei militarisTraité de la chose militaire») qui traite du choix de recrues appropriées, de l'entraînement aux armes, de l'entraînement aux manœuvres de combat et d'autres questions pratiques relatives à l'armée romaine.

Centurion
Centurion
Luc Viatour / www.Lucnix.be (CC BY-NC-SA)

Recrutement

Les citoyens soldats de l'armée manipulaire étaient enrôlés pour une durée déterminée, plutôt que de s'engager pour des années de service comme à l'époque impériale. Cela signifie que les légions de la République romaine n'avaient pas d'existence continue à long terme, car elles étaient dissoutes à la fin de la campagne à laquelle elles avaient participé. Le résultat de la réforme marianique était une armée permanente professionnelle pour l'État romain, ou dans les années à venir, des généraux individuels qui gagnaient la loyauté de leurs légions.

La majorité des soldats romains auraient été recrutés vers l'âge de 18-20 ans, et au 1er siècle de notre ère, on constate une diminution des recrues italiennes au profit des recrues des provinces. La conscription dans l'armée se faisait probablement par l'intermédiaire des villes, car les volontaires n'étaient pas toujours au rendez-vous. À cette époque, le fait d'être citoyen romain ou non n'avait pas beaucoup d'importance, tant que l'on était né libre. Cela était pris au sérieux et, à ce titre, un serment d'État était fait sur votre liberté :

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Trajan à Pline : "[Un officier avait découvert que deux soldats nouvellement enrôlés étaient des esclaves]... il vous a envoyé des hommes dont il fallait juger le crime en connaissance de cause, pour savoir s'il était capital. Mais il faut bien distinguer s'ils se sont offerts volontairement, ou s'ils ont été choisis, ou enfin s'ils ont été donnés pour en remplacer d'autres. S'ils ont été choisis, c'est la faute de l'officier chargé des levées ; s'ils ont été donnés pour en remplacer d'autres, il faut s'en pren-
dre à ceux qui les ont donnés. Que si, quoique instruits de leur état, ils sont venus volontairement s'offrir, il faut
les punir. Il importe peu qu'ils n'aient été encore distribués dans aucune légion; car le jour qu'ils ont été engagés, ils ont dû déclarer leur origine. " Lettres de Pline, (10.38), vers 112 de notre ère.

L'armée n'offrait que peu de mobilité sociale, et il fallait beaucoup de temps pour accomplir son service ; de plus, on servait probablement à l'étranger, et si la solde n'était pas mauvaise, elle n'avait rien d'exceptionnel, et de nombreuses déductions étaient faites pour la nourriture et l'habillement (RMR, 68, papyrus, Égypte, CE 81 le montre) et les ordres disciplinaires étaient très sévères. Cependant, en même temps, l'armée fournissait un approvisionnement garanti en nourriture, en médecins et en salaire, et elle offrait également une certaine stabilité. Si la solde n'était pas brillante, elle pouvait être complétée par un butin de guerre personnel, une rémunération des empereurs (normalement dans leur testament), et il était également possible de gravir les échelons, ce qui présentait des avantages monétaires évidents.

Le centurion moyen recevait 18 fois la solde du soldat standard, soit 13 500 deniers, et les centurions de la première cohorte en recevaient 27 000, tandis que les primi ordines en recevaient 54 000. Au IIe siècle de notre ère, il n'y avait pas non plus beaucoup de service actif, et donc moins de menaces de mort, puisque c'était une période assez paisible de l'histoire de Rome. En raison de cette stabilité, de nombreuses bases militaires comprenaient des thermes et des amphithéâtres, ce qui prouve que l'armée avait ses avantages. Cependant, ce n'est qu'à partir de Septime Sévère que les soldats standard pouvaient légalement se marier pendant leur service (non pas que cela ait empêché les mariages non officiels auparavant, et de plus, les centurions étaient autorisés à se marier avant). De même, les soldats pouvaient également posséder des esclaves. Tacite (Hist. 2.80.5) donne un bon exemple des conditions de vie dans l'armée.

Roman Artillery Attack
Attaque d'artillerie romaine
CA (Copyright)

Organisation

Si Denys et Plutarque ne mentionnent pas l'introduction des manipules à proprement parler, ils évoquent des changements tactiques et d'équipement qui correspondraient aux changements qu'un passage aux manipules nécessiterait. Tite-Live décrit comment une formation manipulaire se présentait au combat :

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...Ils se rangeaient d'abord par phalanges, comme les Macédoniens; ensuite ils disposèrent leurs troupes par manipules, divisés enfin en plusieurs sections. Une section avait soixante soldats, deux centurions, un vexillaire. En bataille, au premier rang étaient les hastats, formant quinze manipules, séparés entre eux par un court intervalle. Le manipule avait vingt soldats de troupes légères; le reste marchait chargé de l'écu: on appelait troupes légères celles qui portaient seulement une lance et des javelots. C'était dans cette première ligne de bataille que la fleur de la jeunesse essayait sa puberté militaire. Après eux, et formant autant de manipules, venaient des soldats d'un âge plus robuste, appelés principes, tous portant l'écu, et remarquables par l'éclat de leurs armes. Ces trente manipules s'appelaient "antepilani", parce qu'ils précédaient sous les enseignes quinze autres sections, qui chacune se divisaient en trois parties. Chacune de ces parties, appelée primipile, avais trois drapeaux: le drapeau réunissait cent quatre-vingt-six hommes. Sous le premier drapeau marchaient les triaires, vieux soldats d'une vaillance éprouvée; sous le second, les "rorarii", dont l'âge et le bras avaient moins de vigueur; sous le troisième enfin les "accensi", peu dignes de confiance et rejetés pour cela aux derniers rangs.....

(Tite-Live, Ab urbe condita, 8.8)

La force standard de l'armée impériale romaine était les légions, une infanterie lourde, initialement composée de citoyens romains, mais elle était organisée très différemment de l'armée manipulaire. Le nombre de légions existant à un moment donné variait souvent, mais une moyenne approximative est de 28. La composition de chaque légion était la suivante :

  • 10 cohortes pour une légion
  • six centuries pour une cohorte
  • 10 tentes pour une centurie
  • huit soldats par tente
  • 120 cavaliers - pas vraiment une force de combat, mais des messagers et des éclaireurs.

Les légions étaient ensuite complétées par les auxiliaires, qui étaient normalement des non-citoyens, et combinaient cavalerie et infanterie. Il y avait quatre formes principales de forces auxiliaires :

1. Alae quingenariae; une ala de 16 turma; une turma de 30 hommes ; 480 hommes

2. Cohorte d'infanterie ; une cohorte de six centuries; une centurie de 80 hommes ; 480 hommes

3. Cohortes equitates; infanterie et cavalerie mélangées. Les auxiliaires étaient commandés par des préfets de rang équestre. Cependant, au fur et à mesure que les auxiliaires se développaient, un quatrième type de troupe fut introduit, ce qui reflétait le fait que les auxiliaires avaient évolué vers un statut très similaire à celui des légionnaires.

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4. Les Numeri; à partir du 2ème siècle de notre ère, formés à partir de tribus locales, environ 500 hommes, ils n'étaient pas obligés de parler le latin, et combattaient souvent dans le respect de leur tradition locale.

Lorsqu'un soldat des auxiliaires était libéré, il recevait un diplôme militaire, qui lui accordait, ainsi qu'à ses enfants, la citoyenneté romaine et permettait l'acceptation légale de tout mariage ; pour beaucoup, il s'agissait d'une récompense très attrayante pour avoir rejoint (et survécu) le service dans les auxiliaires.

La garde prétorienne était en fait la garde du corps personnelle de l'empereur romain et se composait de neuf cohortes. Elle était commandée par deux préfets prétoriens de rang équestre ; ces hommes étaient très puissants. Comme ils étaient proches de l'empereur, ils occupaient une position privilégiée pour les tentatives d'assassinat. Les prétoriens étaient principalement recrutés en Italie, et il semble probable qu'ils n'aient jamais été conscrits en raison des nombreux avantages qu'ils avaient par rapport aux légionnaires réguliers. Leur service ne durait que 16 ans et leur rémunération était supérieure à celle du légionnaire ordinaire qui, à la fin du règne d'Auguste, était de 225 deniers par an (Tac. Annals, 1.17). Domitien la porta ensuite à 300, Septime Sévère à 450 et Caracalla à 675.

À cela s'ajoutaient la flotte romaine (classis), la cohorte urbaine (3-4 cohortes stationnées à Rome qui agissaient en tant que force de police pour maintenir l'ordre civil, sous le commandement du préfet urbain), et les Equites Singulares, la cavalerie de la garde prétorienne, dont l'effectif variait de 500 à 1000 hommes. Au total, pendant la majeure partie de la période impériale, Rome disposait d'une force militaire d'environ 350 000 hommes, compte tenu des 28 légions d'environ 5 500 hommes et des 160 000 hommes répartis entre les auxilia, les troupes de Rome et la flotte.

Roman Cavalryman Reconstruction
Reconstitution d'un cavalier romain
wikipedia User: Storye book (CC BY)

Rangs

Il y avait plusieurs niveaux de commandement au sein de la légion. Le commandant le plus important était le Legatus legionis, qui était souvent un ancien préteur. Sous lui se trouvaient les six tribuns militaires, composés d'un tribunus laticlavius qui aidait le légat et était le commandant en second et aurait été de rang sénatorial, et de cinq tribuni augusticlavii de rang équestre. Venait ensuite le praefectus castorum, qui s'occupait de la logistique du camp et prenait le contrôle en cas d'absence du Legatus legionis et du tribunus laticlavius. Enfin, il y avait les 60 centurions. Les centurions avaient leurs propres rangs, dont les titres sont probablement basés sur l'organisation de l'armée manipulaire. Pour les 2e à 10e cohortes d'une légion, les centurions étaient classés du plus haut au plus bas : pilus prior, princeps prior, hastatus prior, pilus posterior, princeps posterior, et le hastatus posterior. Pour la première cohorte, il y avait cinq centurions, appelés les primi ordines, et ils étaient classés (encore une fois, du plus haut au plus bas), primus pilus, princeps prior, hastatus prior, princeps posterior, et hastatus posterior.

Équipement, armes, armures et armes de siège

Nos principales sources sur l'équipement militaire romain proviennent de représentations artistiques, de documents militaires, d'autres ouvrages et d'objets archéologiques conservés. La période impériale nous offre la plus grande quantité de matériel conservé. Les armes standard de l'armée impériale romaine étaient assez semblables à celles utilisées dans la République.

Le pilum était une lance lourde que l'on lançait avant le combat au corps à corps. César, Guerre des Gaules, 1.25 montre comment elles étaient employées, et Polybe 6.23. 9-11 comment ils étaient construits. Le pilum était lancé dans le but de tuer l'ennemi mais était conçu de telle sorte que s'il se coinçait dans le bouclier d'un ennemi, il serait un maximum gênant.

Le gladius hispaniensis républicain (épée espagnole) était l'autre arme standard de l'infanterie romaine et se portait sur la hanche droite, étant conçu pour poignarder et estoquer. Cependant, elle pouvait également couper, grâce à ses bords tranchants. Tite-Live (31.34.4.) décrit la terreur de l'armée macédonienne après avoir vu les dégâts que l'épée pouvait causer. L'épée impériale est appelée épée de type Mayence (d'après l'endroit où des exemples ont été trouvés) et est similaire. L'épée aurait été principalement utilisée pour poignarder. Le type Mayence s'est ensuite développé pour devenir le type Pompéi (exemples trouvés à Pompéi et Herculanum), dont la pointe était plus courte, ce qui a pu faciliter son utilisation comme arme tranchante et comme arme blanche. Ces deux épées étaient portées sur le côté droit du corps.

Polybe donne un aperçu complet du bouclier scutum de la République (6.23.2-5), qui était circulaire. Végèce 2.18 suggère que chaque cohorte avait des emblèmes différents sur ses boucliers et que chaque soldat inscrivait son nom, sa cohorte et sa centurie sur le dos (un peu comme une " plaque d'identité " moderne). Cependant, il ne semble pas y avoir de matériel non litigieux pour soutenir Végèce, et compte tenu de sa date tardive, il se peut qu'il transfère des pratiques qui lui étaient contemporaines à des époques plus anciennes. Le scutum impérial différait du scutum républicain en ce qu'il était rectangulaire vu de face (c'est le "bouclier romain" stéréotypé), avec un bossage au centre, en fer ou en alliage de bronze, probablement utilisé pour frapper l'adversaire. Polybe 6.23.14 décrit les différents types de cuirasses dont pouvaient s'équiper les troupes republicaines.

L'armée impériale utilisait trois grands types d'armures : la lorica hamate, tunique de mailles en fer ; l'armure d'écailles, composée d'écailles métalliques tissées sur une base de tissu ; et la fameuse lorica segmentata, composée de bandes de fer reliées par des lanières de cuir.

L'autre élément majeur de l'équipement d'un légionnaire était son casque, dont il existait de nombreuses variantes, surtout au début de l'histoire de Rome, lorsque les soldats devaient fournir leurs propres armes. Les plus typiques étaient fabriqués à partir d'une seule feuille de fer en forme de cuvette, avec un protège-cou à l'arrière, un front prononcé et des protections articulées, tous conçus pour minimiser les dommages et renvoyer les coups portés au visage du porteur. Le casque de style Montefortino (nommé d'après la tombe de Montefortino à Ancône où un certain nombre d'exemples ont été trouvés) était le casque standard du 2e siècle avant Jésus-Christ. Polybe 6.23.12 décrit le célèbre cimier à plumes de ce casque.

Les armes de siège romaines étaient généralement des variantes ou des copies des versions hellénistiques ; elles étaient de tailles, de formes et de fonctions diverses. La plupart d'entre elles sont décrites par Vitruve X. Il y avait des catapultes et des ballistas (deux variantes de lanceurs de pierres) ; les Scorpiones, plus petits (de forme similaire, sinon de conception, aux ballistas), qui étaient des pièces d'artillerie tirant des projectiles ; en outre, les Romains utilisaient des béliers et des tours de siège. Vitruve ne parle pas des échelles de siège, plus évidentes à construire. Par ailleurs, bien qu'il ne s'agisse pas d'une "arme" à proprement parler, les murs pouvaient être sapés par des sapeurs. Josèphe, La Guerre des Juifs 3. 245-6- décrit avec des détails assez sanglants l'efficacité des lanceurs de pierres. Cependant, les armes de siège étaient aussi parfois (mais rarement) déployées en guerre ouverte : Tacite, (Histoires 3.23) raconte comment, lors de la deuxième bataille de Bedriacum en 69 de notre ère, "une catapulte exceptionnellement grande... aurait infligé un carnage à grande échelle..." si deux soldats ne s'étaient pas faufilés jusqu'à elle et n'avaient pas coupé ses cordes et ses engrenages.

Roman Ballista
Baliste romaine
Vissarion (Public Domain)

Camps de l'armée

Il est important de se souvenir de ce que l'armée faisait lorsqu'elle ne combattait pas sur le terrain ; il s'agissait principalement d'entraînement. Des marches sur route pouvaient avoir lieu trois fois par mois et parfois des manœuvres étaient pratiquées sur le terrain. Mais il y avait aussi des tâches civiles. Les infrastructures étaient améliorées par la construction de ponts et de routes. Il fallait s'occuper des hôpitaux, faire fonctionner les fours, aller chercher du combustible et cuire le pain, pour ne citer que quelques activités de camp. Les tablettes d'écriture de Vindolanda donnent un excellent aperçu de la vie dans un camp romain et contiennent des lettres personnelles et des récits de camp. De même, Josèphe, Guerre des Juifs, 3. 76- 93, bien qu'il se soit peut-être inspiré de Polybe (et ne reflète donc pas un compte rendu trop précis pour l'époque à laquelle il écrivait), montre la nature très ordonnée de l'armée romaine au camp. Cependant, il n'était pas nécessaire que toute la légion soit basée au camp en même temps. L'inventaire de Vindolanda n° 154, de la 1ère cohorte toungouse, montre comment les troupes étaient réparties dans la province, jouant le rôle de policiers provinciaux ou de gardes du gouverneur, pour ne citer que deux tâches que les soldats pouvaient être envoyés accomplir en dehors du fort romain. L'armée était un élément clé de l'Empire romain et les empereurs comptaient sur l'allégeance de l'armée, comme en témoigne la pièce de monnaie de Vitellius sur laquelle on peut lire qu'il est au pouvoir en "accord avec l'armée". L'empereur était considéré comme un soldat, ce qui explique en partie les échecs de Néron ; Dion Cassius, 69.9, raconte le rôle vital de la garde prétorienne dans l'ascension au pouvoir de Claude.

Tactiques et formations

La formation standard des manipules était le triplex acies, avec des troupes alignées sur trois lignes de profondeur, les hastati à l'avant, les principes au milieu et les triarii à l'arrière. Chaque soldat occupait un espace d'environ 1 mètre carré, ce qui lui permettait de lancer son pilum et de manier efficacement son épée (Pol.18.30.8). Les multiples manipules étaient souvent espacés d'une distance égale à leur propre largeur par rapport au manipule suivant, dans une formation décalée semblable à un échiquier, que l'on a appelée quinconce. Une fois les batailles commencées, c'était souvent aux commandants subalternes, plutôt qu'au général, de veiller à la motivation des troupes ; Plutarque rapporte une situation unique :

Les Romains, lorsqu'ils attaquèrent la phalange macédonienne, ne purent forcer le passage, et Salvius, le commandant des Péligniens, arracha l'étendard de sa compagnie et le lança au milieu de l'ennemi. Alors les Péligniens, puisque chez les Italiques c'est une chose contre nature et flagrante d'abandonner un étendard, se précipitèrent vers l'endroit où il se trouvait, et des pertes effroyables furent infligées et subies des deux côtés.

(Plut.Vit.Aem. Paul.1.20)

Les Romains développèrent également de nombreuses tactiques et méthodes militaires qui seraient utilisées pendant les siècles à venir, ainsi que des tactiques uniques à une situation donnée. Lorsque Brutus fut assiégé par Marc-Antoine à Mutine, en 43 avant Jésus-Christ, le siège fut levé lorsque Brutus apprit les plans et les actions de l'ennemi. Des lettres furent attachées au cou des pigeons et ceux-ci, "aspirant à la lumière et à la nourriture, se dirigèrent vers les plus hauts bâtiments et furent capturés par Brutus." (Frontinus, Stratagèmes, 3.13.8). Lorsque Quintus Sertorius, un Èque de grande distinction militaire, fut dépassé par la cavalerie ennemie, alors "pendant la nuit, il creusa des tranchées et rassembla ses forces devant elles. Lorsque les escadrons de cavalerie arrivèrent... il retira sa ligne de bataille. La cavalerie le poursuivit de près, tomba dans les fossés, et de cette façon fut vaincue." (Frontinus, 2.12.2). Il existait également des formations contre la cavalerie, Dion Cassius (Histoire romaine, 71.7) décrit une formation défensive particulièrement utile contre la cavalerie : "Les Romains... se formaient en une masse compacte de façon à faire face à l'ennemi en même temps, et la plupart d'entre eux plaçaient leurs boucliers sur le sol et mettaient un pied dessus pour ne pas trop glisser." S'il était complètement entouré, cela formerait un carré creux.

Roman Victory
Victoire romaine
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Victoires glorieuses

Bataille du lac Régille, vers 496 avant J.-C.

Cette bataille semi-légendaire eut lieu au lac Régille entre Tusculum et Rome et se déroula au tout début de la République romaine. Elle opposait Rome et les Latins. Les Latins étaient dirigés par le dernier roi de Rome en exil, Tarquinius Superbus, et il s'agissait de la dernière tentative du roi pour reprendre le pouvoir à Rome. Les Romains étaient dirigés par le dictateur Aulus Postumius Albus. Après beaucoup d'incertitude sur le champ de bataille, Postumius dut mettre en place trois mesures pour assurer sa victoire. Tout d'abord, il ordonna à sa propre cohorte de traiter les Romains en fuite comme ils le feraient avec l'ennemi afin de les rallier ; ensuite, il dut ordonner à la cavalerie de combattre à pied puisque l'infanterie était épuisée ; enfin, il fournit une motivation supplémentaire à ses troupes en promettant des récompenses à ceux qui entraient dans le camp ennemi en premier et en second. Il en résulta une telle ruée des troupes romaines que Tarquinius et les Latins fuirent le champ de bataille, et Postumius rentra à Rome pour y célébrer un triomphe. Tite-Live, Ab Urbe Condita, 2.19-20, fournit un récit complet de la bataille.

Zama, 202 avant J.-C.

Zama fut la dernière bataille de la deuxième guerre punique et mit fin à 17 ans de guerre entre les deux États de Rome et de Carthage. Les légionnaires romains et la cavalerie italique (avec un corps de soutien de cavalerie numide) étaient dirigés par Publius Cornelius Scipio. Les Carthaginois étaient dirigés par Hannibal, qui disposait d'une armée de mercenaires, de citoyens locaux, de vétérans de ses batailles en Italie et d'éléphants de guerre. La victoire romaine mit fin à la résistance carthaginoise, et le sénat carthaginois demanda à nouveau la paix. Les Romains accordèrent la paix, mais à un prix élevé pour Carthage.

Défaites tristement célèbres

Lac Trasimène et Cannes, 217 et 216 avant J.-C.

Les batailles du lac Trasimène et de Cannes sont deux défaites retentissantes de la deuxième guerre punique, au début de l'entrée d'Hannibal sur les terres italiques. Tite-Live, Ab Urbe Condita, 22.4-7 traite de Trasimène et 22.47-8 de Cannes. Cannes fut la plus grande défaite que l'armée romaine ait jamais subie, bien que les Romains aient été largement supérieurs en nombre aux forces d'Hannibal (le chiffre exact est débattu), et les Romains finirent par être vaincus par ce qui était un mouvement en tenaille qui piégea les Romains dans l'assemblée carthaginoise qui les encerclait. Ces deux batailles donnèrent lieu à des combats incroyablement violents. Au lac Trasimène, les Romains étaient tombés dans une embuscade tendue par Hannibal, ce qui donna lieu à des combats acharnés:

...et si grande fut l'ardeur, si attentive l'application au combat, que le tremblement de terre qui ruina en grande partie beaucoup de villes d'Italie, détourna des torrents de leur cours, fit remonter la mer dans les fleuves et abattit des montagnes en d'énormes éboulements, aucun des combattants ne s'en aperçut. (Tite-Live, Ab Urbe Condita, 22.5)

Teutobourg, 9 de notre ère

Lors de la bataille de la forêt de Teutobourg, trois légions furent prises en embuscade et massacrées par un rassemblement de tribus germaniques, commandées par Arminius, chef des Chérusques. Les Romains étaient dirigés par Publius Quinctilius Varus. Tacite (Annales, 1.55-71) décrit le scénario et la bataille en détail mais c'est Suétone qui résume le mieux l'effet de cette défaite :

Il n'essuya de défaites ignominieuses que celles de Lollius et de Varus, toutes deux en Germanie. La première fut plutôt un affront qu'une perte. La seconde faillit être funeste à l'État : trois légions furent taillées en pièces avec leur chef, ses lieutenants et ses troupes auxiliaires. À cette nouvelle, il disposa des sentinelles dans Rome pour prévenir tout désordre, et confina dans leur place les commandants des provinces, afin que leurs lumières et leur expérience retinssent les alliés dans le devoir. Il consacra de grands jeux à Jupiter pour le rétablissement des affaires de la République, ainsi qu'on l'avait fait dans la guerre des Cimbres et des Marses. Enfin on dit qu'Auguste fut tellement consterné de ce désastre, qu'il laissa croître sa barbe et ses cheveux plusieurs mois de suite, et qu'il se frappait de temps en temps la tête contre la porte, en s'écriant: " Quintilius Varus, rends-moi mes légions". L'anniversaire de cette défaite fut toujours pour lui un jour de tristesse et de deuil. (Suétone, Auguste, 32)

Pendant la majeure partie d'un demi-millénaire, l'armée romaine agit comme le bras long de l'impérialisme romain sur un territoire qui englobait les terres touchées et influencées par la Méditerranée. Elle unit l'Italie, divisa les allégeances romaines, agissant à la fois en tant qu'exécuteur de l'État et exécuteur des individus de pouvoir ; elle put soumettre des tribus germaniques, des Carthaginois, des Grecs, des Macédoniens et de nombreux autres peuples. C'était une force avec laquelle il fallait compter, et c'est toujours le cas, car comprendre le fonctionnement de l'armée romaine n'est pas une tâche facile, et cette définition ne fait qu'effleurer l'immense richesse des détails sur l'armée romaine qui ont été enfouis dans le temps.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

James Lloyd
Le principal domaine de recherche de James est la musique de la Grèce antique, mais il s'intéresse aussi à la mythologie, à la religion ainsi qu'à l'art et à l'archéologie en général. Malgré une passion assumée pour tout ce qui vient de Grêce, James n'est pas insensible à la Rome antique pour autant.

Citer cette ressource

Style APA

Lloyd, J. (2013, April 30). Armée Romaine [Roman Army]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-11830/armee-romaine/

Style Chicago

Lloyd, James. "Armée Romaine." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le April 30, 2013. https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-11830/armee-romaine/.

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Lloyd, James. "Armée Romaine." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 30 Apr 2013. Web. 20 Nov 2024.

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