Gallien fut empereur romain de 253 à 268 de notre ère. Publius Licinius Egnatius Gallienus, fils aîné de l'empereur Valérien, fut nommé co-empereur par son père en 253 de notre ère. Il fut l'un des nombreux prétendants au trône au cours des deux décennies suivantes. Pendant 50 ans, de 235 à 285 de notre ère, plus de 50 prétendants à la pourpre impériale de Rome se succédèrent. Le fait d'être empereur de l'Empire romain n'apportait pas toujours la sécurité de l'emploi. En 253 de notre ère, après seulement trois mois sur le trône, l'empereur Émilien se préparait à affronter son challenger, Publius Licinius Valerianus (Valérien). Malheureusement, avant même qu'il ne pose le pied sur le champ de bataille, sa propre armée se rebella et l'assassina; c'est cette même armée qui l'avait récemment déclaré empereur. Avec le soutien des deux armées et du Sénat romain, Valérien fut déclaré nouvel empereur.
Dans un premier temps, Gallien étant déjà à Rome et son père n'y étant pas, le Sénat lui attribua le titre de César; cependant, lorsque Valérien arriva dans la ville, il voulut que son fils soit son égal et il l'éleva au rang d'Auguste. À cette époque, le titre de César était généralement attribué à l'empereur désigné ou au successeur, tandis que le titre d'Auguste était utilisé pour définir l'empereur. En 256 de notre ère, afin de sauvegarder une dynastie, Valérien conféra au fils de Gallien, Valérien le Jeune, le titre de César. Malheureusement, le jeune héritier du trône mourut deux ans plus tard, laissant le titre vacant. Ne voulant pas rester sans successeur désigné, le fils suivant de Gallien, Salonin, se vit bientôt confier le poste. Dans une décision unique, qui préfigure la tétrarchie de l'empereur Dioclétien un siècle plus tard, Valérien divisa le royaume en deux, prenant lui-même la moitié orientale et donnant à Gallien la moitié occidentale. Peu après, Valérien se dirigea vers l'est pour combattre les Perses et le roi Chapour. Les deux hommes ne se reverraient plus jamais.
Menaces extérieures
Tout omme son père, Gallien avait pour objectif premier de rétablir l'ordre dans l'empire. Malheureusement, cela s'avéra difficile, car le règne de l'empereur d'Occident était continuellement en proie à la rébellion et à l'opposition, en particulier après la mort de Valérien en 260 de notre ère aux mains du roi Chapour. Des prétendants au trône se manifestèrent dans tout l'empire, au nord, à l'est et à l'ouest. Gallien était considéré par beaucoup comme faible et, de 260 à 262 de notre ère, sept personnes se déclarèrent empereurs. Cependant, l'empereur n'était pas seulement préoccupé par ses éventuels rivaux. À l'ouest, les Francs avaient pénétré en Gaule et en Hispanie, détruisant la capitale de Tarraco (Tarragone).
En 258 de notre ère, une tribu germanique, les Alamans, se rassembla et menaça d'envahir l'Italie, avant de tomber face à Gallien à Mediolanum (Milan). Quatre ans plus tôt, après le départ de son père pour l'Orient, Gallien s'était dirigé vers le nord, concentrant ses efforts sur les frontières du Danube et du Rhin, réussissant à empêcher les envahisseurs germaniques de pénétrer plus avant dans le territoire romain. Pour assurer la sécurité de la région, il renforça les garnisons le long de la rive gauche du Rhin. En 257 de notre ère, ses victoires dans le nord lui valurent les titres de Germanicus Maximus et de Dacicus Maximus, ce dernier pour son succès contre les Carpiens qui avaient envahi la Dacie.
Troubles dans l'Empire
L'une des premières menaces notables contre le trône de Gallien fut celle du gouverneur de Pannonie et de Mésie, Ingenuus, qui, comme beaucoup d'autres avant et après lui, fut déclaré empereur par ses troupes. Malheureusement, son "règne" fut de courte durée, car il fut vaincu à Mursa par Manius Acilius Aureolus, le commandant de Gallien. Bien que les sources diffèrent, Ingenuus aurait été tué par ses propres hommes ou se serait suicidé après avoir fui le champ de bataille. Ses troupes, autrefois dévouées, se tournèrent vers Regalianus, le gouverneur de Haute Pannonie, qui, à son tour, fut vaincu par Gallien.
Cependant, le prochain défi lancé à l'autorité de l'empereur était bien plus sérieux et fut même couronné de succès. Marcus Cassianius Latinius, plus connu sous le nom de Postume, était le gouverneur de la Germanie supérieure et inférieure; sa famille était d'origine gauloise. La menace qu'il fit peser sur l'empire coûterait finalement un fils à Gallien. Le second fils de l'empereur et successeur au trône, le jeune Salonin, avait été laissé à la garde du préfet prétorien Silvanus dans une garnison située à Colonia Agrippina (aujourd'hui Cologne). Postume et Silvanus s'étant disputés (l'histoire ne dit pas pourquoi), l'usurpateur et son armée s'approchèrent du fort, exigeant sa reddition ainsi que celle du jeune héritier et du préfet. La reddition fut rapide et Salonin, qui avait alors été élevé au rang d'Auguste, et Silvanus furent tous deux abandonnés et sommairement exécutés.
Bien que Gallien ait finalement marché contre Postume, cette opération s'avéra infructueuse. Bien que les forces impériales se soient opposées au prétendant et qu'il ait subi une première défaite, Gallien et lui ne se rencontreraient jamais dans une bataille sérieuse. L'empereur fut contraint de se retirer, après avoir été grièvement blessé par une flèche lors de l'un des premiers sièges. Postume (260 à 268 de notre ère) rassembla ses forces et se déclara empereur, revendiquant les provinces occidentales, reconnu comme empereur par la Germanie, la Gaule, l'Hispanie et finalement la Grande-Bretagne. L'usurpateur établit ensuite sa capitale et sa résidence à Augusta Trevirorum (Trèves), avec un sénat et une garde prétorienne. Étonnamment, il ne tenta pas de marcher sur Rome. Comme tant d'autres, il serait assassiné par ses propres hommes en 268 de notre ère.
La révolte de Macrien
Pendant ce temps, les Perses, sous le commandement de Chapour, semaient le chaos au Moyen-Orient, reprenant Antioche et s'emparant de villes dans toute la Mésopotamie et la Cappadoce. Le commandant romain Macrien, aidé d'un autre commandant nommé Ballista, battit Chapour à Corycos sur la côte cilicienne, l'obligeant à retirer son armée vers l'Euphrate. Fort de ce succès, Macrien (qui se croyait trop âgé) déclara ses fils Macrien le Jeune et Quiétus co-empereurs; tous deux furent reconnus comme tels en Syrie, en Égypte et en Asie Mineure. Macrien le Jeune et son père avancèrent vers le nord dans les Balkans, mais furent défaits par le commandant romain Domitien.
Quiétus, laissé en Syrie, connaîtrait bientôt le même sort que son père et son frère. Odénat, prince de Palmyre et allié de Gallien, le mit en déroute à Emèse, où les habitants se retournèrent rapidement contre Quiétus et mirent à mort le jeune empereur en devenir. Portant désormais les titres de souverain des Romains et de gouverneur de l'Orient (Dux Orientis), le prince s'attaqua aux Perses et, après l'échec de la diplomatie, reprit une grande partie de la Mésopotamie et de l'Arménie, sans toutefois parvenir à s'emparer de la capitale, Ctésiphon. Malheureusement, en 267 de notre ère, Odénat et son fils furent assassinés lors d'une querelle interne. Son épouse Zénobie lui succéda et ses forces furent vaincues par l'empereur Aurélien; elle fut emmenée enchaînée à Rome.
Réforme militaire
Pendant un certain temps, les choses semblaient aller bien pour Gallien. En 268, il nomma son fils Marinianus comme successeur, et une victoire décisive à Naissos sur les Goths et les Hérules repoussa les tribus germaniques hors des Balkans. Après avoir vu les Perses au combat, Gallien estima qu'il était nécessaire de réorganiser l'armée en créant un corps de cavaliers cuirrassés, mais aussi en rendant l'armée plus mobile et plus efficace. Il interdit même aux sénateurs de commander l'armée.
Malheureusement pour l'empereur, un vieil allié se transforma en ennemi. Auréolus, qui avait été laissé à la tête des forces romaines en Italie du Nord, s'était retourné contre Gallien et s'était rallié à Postume. Ses hommes le déclarèrent empereur. Au lieu de remonter vers le nord, Gallien se tourna vers l'Italie et rencontra Auréolus à Mediolanum (Milan). La bataille fut de courte durée. Gallien fut victime d'une conspiration et d'un assassinat: un préfet prétorien, Heraclianus, et les commandants Marcianus et Cecropius. On pense également que deux futurs empereurs furent impliqués, Claude II le Gothique (268 à 270) et Aurélien (270 à 275). Si l'assassinat de Gallien en 268 de notre ère permiT à Claude II de monter sur le trône, l'instabilité de l'empire demeura.
Héritage
Pour des raisons qui restent obscures, l'histoire n'a pas été tendre avec Gallien. Gallien était un étudiant en arts qui aimait tout ce qui était grec - l'art, la littérature et la philosophie - et il étudia même avec le philosophe platonicien Plotin. Tout comme son père, il voulait redonner de la force à un empire qui souffrait. Ses tentatives de réforme - il abrogea de nombreux édits antichrétiens promulgués par son père - ne parvinrent pas à apaiser le malaise grandissant. Les incursions répétées et la rébellion des envahisseurs ennemis et de ceux qui étaient censés être loyaux laissèrent un empire en ruine.