Préteur

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Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 27 March 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais, néerlandais, portugais
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Roman Politicians (by The Creative Assembly, Copyright)
Hommes politiques romains
The Creative Assembly (Copyright)

Le préteur (Praetor) était un magistrat de haut rang de l'ancien gouvernement romain, qui disposait de pouvoirs exécutifs ou d'imperium similaires à ceux des consuls. Bien qu'il ait été à l'origine responsable des tribunaux, ses pouvoirs exécutifs lui permettaient de commander l'armée et, le cas échéant, de présider le Sénat romain. Les candidats devaient généralement exercer les fonctions de préteur avant de pouvoir se présenter à l'élection pour devenir consul.

Le Cursus Honorum

Après l'éviction du dernier roi, Lucius Tarquinius Superbus, en 509 avant notre ère, la République romaine fut instaurée, confiant le pouvoir exécutif à deux consuls, élus chaque année par l'Assemblée. Ils étaient les chefs politiques et militaires de l'État, présidaient le Sénat, s'occupaient des affaires étrangères, proposaient des lois et commandaient l'armée. L'élection annuelle de deux consuls permettait d'éviter qu'un seul homme n'acquière trop de pouvoir. En guise de protection, chaque consul avait le droit d'opposer son veto à la décision de l'autre (intercessio). Chaque consul était également tenu de répondre de toute décision prise pendant son mandat.

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Cependant, les tâches liées à la gestion d'un gouvernement de la taille de Rome s'avérèrent trop lourdes et des magistrats de moindre importance furent nécessaires pour aider à gérer les besoins de l'État. C'est ainsi que le cursus honorum ("chemin de l'honneur") vit le jour. Ces fonctions devinrent une voie d'accès au consulat, avec un intervalle de deux ans entre chaque fonction. La lex Villia Annalis de 180 avant notre ère fixa un âge minimum pour chaque magistrature (39 ans pour les préteurs et 42 ans pour les consuls). Cette loi serait confirmée par le dictateur Lucius Cornelius Sulla vers 82 avant notre ère.

Si la fonction première du préteur était de conduire les procédures judiciaires, il était également doté d'un pouvoir exécutif ou d'imperium.

Après avoir servi dans l'armée romaine pendant au moins dix ans, un individu ayant des ambitions politiques pouvait accéder au premier échelon élu à l'âge de 28 ans: le questeur. Bien que son mandat ne dure qu'un an, le questeur avait pour tâche principale de superviser les finances de l'État: ses trésoreries, ses procédures comptables et la tenue de ses registres. Il était également chargé de l'administration des biens publics et de la collecte des impôts. Lorsqu'il était affecté à l'une des provinces et qu'il servait d'assistant à un magistrat supérieur, il pouvait également exercer les fonctions de percepteur d'impôts et de recruteur.

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Venait ensuite l'édile - quatre étaient élus chaque année - qui supervisait les travaux publics de la ville: les routes, l'approvisionnement en eau, l'entretien des temples et le déroulement des jeux publics. Comme tous les échelons de la hiérarchie, l'édile n'était pas rémunéré. Cela signifie que seuls ceux qui disposaient du soutien financier nécessaire pouvaient occuper cette fonction.

L'échelon suivant était le préteur. Bien que sa fonction première ait été de conduire les procédures judiciaires, tant civiles que provinciales, il était également doté d'un pouvoir exécutif ou d'imperium, similaire à celui du consul, et il pouvait exercer la plupart de leurs fonctions en cas de besoin. Les diverses fonctions des magistrats s'élargirent au fur et à mesure que Rome s'étendait dans les Balkans, en Asie, en Afrique et en Espagne. Toutefois, malgré l'accroissement de leurs responsabilités, l'élection annuelle de tous les magistrats permettait toujours de contrôler le pouvoir d'un individu.

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Origines

À l'origine, lors de la fondation de la République, le terme préteur (qui signifie "aller devant" - de prae ire) était utilisé pour désigner les deux magistrats républicains élus chaque année et qui faisaient office de chefs d'État. En 367 avant notre ère, à une époque où seuls les patriciens pouvaient exercer une fonction gouvernementale, une nouvelle loi, les rogations de Licinio-Sextien, ajouta un troisième préteur. Cette loi, ou compromis, fut l'œuvre des tribuns Caius Licinius Stolon et Lucius Sextius Lateranus et autorisait, entre autres, les mariages mixtes entre patriciens et plébéiens. La création d'un troisième préteur était une concession à l'opposition des patriciens à la loi. En conséquence, les deux premiers préteurs furent rebaptisés consuls. Toutefois, le troisième préteur conservait ses pouvoirs d'imperium et la possibilité d'exercer toutes les fonctions d'un consul, tant à Rome que dans les provinces. Sa fonction officielle consistait à superviser les tribunaux, ce qui lui permettait même d'imposer la peine de mort lorsque cela s'avérait nécessaire. Lorsque les consuls étaient absents de Rome (ce qui arrivait assez souvent), le préteur devenait le premier magistrat. Symbole de sa fonction, il portait un manteau de pourpre et était escorté par des licteurs, qui portaient avec eux les fasces, un faisceau de verges enroulé autour d'une hache qui lui conférait le droit de recourir à la force en cas de nécessité.

Ancient Roman Society and Social Order
Société romaine antique et ordre social
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Depuis les premiers jours de la République romaine, la plèbe s'était battue pour obtenir le droit de participer à son gouvernement. Après une longue lutte, souvent appelée le conflit des ordres, les plébéiens obtinrent une voix à l'Assemblée de la plèbe et, au IVe siècle avant notre ère, ils finirent fpar être autorisés à faire partie intégrante du gouvernement romain, avec le droit de devenir consul. Le premier consul plébéien fut élu en 366 avant notre ère et, à partir de 342 avant notre ère, l'un des deux consuls devait être plébéien. Par la suite, les plébéiens eurent accès à toutes les fonctions politiques: questeur, édile et préteur: le premier préteur plébéien fut élu en 337 avant notre ère.

Évolution du rôle

La première guerre punique (264-241 av. J.-C.) contre Carthage entraîna un certain nombre de changements à Rome. Vers 244 avant notre ère, le nombre de préteurs passa de un à deux: l'un était désigné comme praetor urbanus (affaires intérieures) tandis que le second devint praetor inter peregrinos (affaires étrangères). Vers 228 avant notre ère, le nombre de préteurs fut porté à quatre pour assurer le commandement de la Sicile et de la Sardaigne, terres acquises lors de la guerre contre Carthage. Exerçant leurs pouvoirs d'imperium, les préteurs étaient continuellement utilisés comme commandants au fur et à mesure que les frontières furent étendues par les guerres romaines. Cela resta vrai même au début de l'Empire romain. Dans son ouvrage Legions of Rome, Stephen Dando-Collins raconte comment Vespasien (le futur empereur romain, r. de 69 à 79 de notre ère) et son frère Sabinus furent préteurs et commandèrent des légions lors de l'invasion romaine de la Grande-Bretagne en 43 de notre ère.

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Territorial Expansion of the Roman Republic (c. 260 - 30 BCE)
Expansion territoriale de la République romaine (env. 260–30 av. J.-C.)
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

La défaite d'Hannibal lors de la deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.) donna le contrôle de l'Hispanie à Rome, ajoutant les provinces d'Hispanie citérieure et d'Hispanie ultérieure au royaume de Rome. Deux préteurs supplémentaires furent ajoutés - portant le total à six - pour servir dans ces provinces nouvellement acquises. La guerre en Hispanie se poursuivrait pendant des décennies jusqu'à ce que l'empereur Auguste (de 27 av. J.-C. à 14 de notre ère) n'achève la conquête. Les territoires acquis au cours des guerres contre Philippe V de Macédoine, son fils Persée et Antiochos, roi de l'Empire séleucide, permirent à la République de s'étendre plus à l'est. Face à cette expansion, deux consuls s'avèraient insuffisants. L'ajout d'un troisième consul étant impossible, l'expansion exigea un rôle plus important pour le préteur. Bien que les préteurs aient servi de commandants dans les provinces, il en restait toujours un à Rome. Le Sénat ne voyait pas la nécessité d'augmenter leur nombre, qui resta de six.

un préteur ayant exercé avec succès le commandement d'une province avait plus de chances d'accéder au poste de consul.

Avec l'augmentation du nombre de provinces, le pouvoir d'un magistrat élu chaque année dans une province pouvait être prolongé pour une deuxième ou une troisième année. "Plus il y avait de préteurs, plus l'éventail des responsabilités était large, plus l'éventail des responsabilités était large, plus les possibilités d'accomplissement et d'appréciation augmentaient. (Holland, 5) La concurrence pour devenir consul était féroce. Et il était évident que la plupart des préteurs ne deviendraient pas consuls. En revanche, un préteur ayant exercé avec succès le commandement d'une province avait plus de chances d'accéder au poste de consul.

En 123 avant notre ère, le tribun Tiberius Sempronius Gracchus créa un nouveau tribunal prétorien pour juger les cas d'extorsion provinciale. D'autres tribunaux seraient créés entre 123 et 91 avant notre ère. À l'époque de Cicéron (106-43 av. J.-C.), il existait un certain nombre de tribunaux à jury chargés de traiter diverses affaires, dont le meurtre et la trahison. Les jurys étaient composés de trente à soixante jurés, les édiles, tirés au sort et votant en secret. Un préteur présidait l'affaire. Les affaires civiles étaient entendues en deux parties: dans la première partie, l'affaire était entendue par un préteur, qui définissait les questions en litige. Dans la seconde partie, la décision de justice, déjà prise par le préteur, était présentée à un juge et un jury.

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Le nombre de préteurs changea considérablement au cours des décennies suivantes. Le dictateur Sulla (138-78 av. J.-C.) porta ce nombre à huit, dans l'espoir d'accroître les possibilités et de favoriser la concurrence. Jules César (100-44 av. J.-C.) porta ce nombre à 16, non seulement pour offrir des postes à ses partisans, mais aussi pour remplir des fonctions essentielles dans les provinces. Auguste réduisit le nombre à douze, puis à dix. Bien que des changements aient eu lieu ailleurs, sous le Principat, le préteur conserva sa fonction à Rome. Sous l'empereur Hadrien (r. de 117 à 138 de notre ère), le préteur continua de siéger dans les tribunaux pénaux tout en assumant de nouvelles fonctions telles que la surveillance des jeux publics. Plus tard, certaines des fonctions judiciaires du préteur furent confiées aux consuls, tandis que le préteur supervisait le trésor, mais il y avait une vie après un consulat. Si certains choisissaient de devenir censeurs, d'autres trouvaient une nouvelle vie dans une province. Les anciens consuls et préteurs étaient régulièrement nommés gouverneurs d'une province, devenant ainsi proconsuls et propréteurs. La plupart des provinces importantes étaient confiées à un proconsul, tandis que les provinces moins importantes étaient confiées à un propréteur. Un propréteur était plus haut placé que le légat de la légion et avait droit à six fasces et six licteurs (un proconsul en recevait douze).

Roman Lictor Carrying Fasces
Licteur romain portant des fasces
Cesare Vercellio (Public Domain)

La fonction de préteur évolua de façon spectaculaire depuis le début de la République romaine jusqu'aux dernières années de l'Empire romain. Au début, ses fonctions consistaient à superviser le système judiciaire de Rome, tant civil que provincial, et à prendre des décisions de vie ou de mort. Mais à mesure que la taille de la République (et plus tard de l'Empire) augmenta, le nombre de préteurs passa d'un seul au début à dix sous Auguste.

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Questions & Réponses

Quel était le rôle d'un préteur?

La fonction première du préteur était de conduire les procédures judiciaires, tant civiles que provinciales, mais il disposait d'un pouvoir exécutif ou d'imperium, similaire à celui du consul, et pouvait exercer la plupart des fonctions consulaires en cas de besoin. Il pouvait gouverner des provinces, présider le Sénat ou commander une armée.

Que signifie préteur?

Le terme préteur (praetor signifiant "aller devant" - de prae ire) désignait les hauts magistrats élus chaque année, qui jouaient initialement le rôle de chefs d'État lors de la fondation de la République romaine. Leurs fonctions ont changé et évolué au cours de l'histoire de Rome.

Le grade de préteur est-il le plus élevé?

Lors de la fondation de la République romaine, le grade de préteur était le plus élevé. Toutefois, à partir du 4e siècle avant notre ère, les consuls prirent le pas sur les préteurs.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant en Histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2024, March 27). Préteur [Praetor]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-12329/preteur/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Préteur." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le March 27, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-12329/preteur/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Préteur." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 27 Mar 2024. Web. 20 Dec 2024.

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