Éos est la personnification et la déesse de l'aube dans la mythologie grecque. Elle est la fille des Titans Hypérion et Théia et la sœur d'Hélios (Soleil) et de Séléné (Lune). Vêtue d'un manteau couleur safran, Éos chevauche son char devant Hélios pour annoncer la venue du jour. Une épithète commune pour Éos était " aux doigts de rose".
Condamnée par Aphrodite à tomber continuellement amoureuse, Éos eut de nombreuses liaisons avec de beaux mortels, dont la plupart connurent une fin tragique à cause de ses attentions. Éos est représentée comme une déesse radieuse aux cheveux doux, aux bras et aux doigts rosés. L'équivalent romain d'Éos est Aurore.
Naissance et famille
Comme mentionné dans la Théogonie d'Hésiode (c. 700 av. J.-C.), Éos était la fille des Titans Hypérion et Théia, la sœur d'Hélios (Soleil) et de Séléné (Lune), et la petite-fille d'Ouranos (Ciel) et de Gaïa (Terre).
Théia, domptée par les caresses d'Hypérion, fit naître Hélios le grand Soleil, Séléné la Lune splendide et Éos, l'Aurore qui brille pour tous les hommes et pour tous les dieux habitants du vaste ciel. (Hésiode, Théogonie, 372-375).
Éos fut d'abord mariée à Astréos, un Titan et dieu du crépuscule. Ensemble, ils eurent les quatre Anémoi (dieux du vent) : Borée (vent du nord), Zéphyr (vent de l'ouest), Notos (vent du sud) et Euros (vent de l'est). Certaines sources, dont Hésiode, affirment qu'ils étaient également les parents de Éosphoros et des étoiles. Éos était également la mère de Memnon, le roi d'Éthiopie qui participa à la guerre de Troie.
Déesse de l'aube
En tant que déesse de l'aube, chaque matin, Éos se levait tôt de sa couche à l'est, se drapait dans un manteau couleur safran et attelait ses quatre chevaux à son char, afin de pouvoir chevaucher devant son frère Hélios, le dieu du soleil, et annoncer la venue du jour aux mortels et aux dieux. Hélios était réveillé par le coq (son animal sacré), qui était annoncé par Éos.
Éos quitta le lit du brillant Tithon, afin de porter la lumière aux Immortels et aux vivants. Et Zeus envoya Éris vers les nefs rapides des Akhaiens, portant dans ses mains le signe terrible de la guerre.
Éos aurait vécu dans un palais sur l'île de la déesse Circé (sa nièce) en Extrême-Orient, où il y avait un endroit spécial pour sa danse et son chant. Dans les poèmes homériques, Éos accompagne Hélios tout au long de la journée et ne se repose que lorsque le soleil se couche le soir. Son apparence éternellement jeune est utilisée comme une métaphore du début du jour (le jour est jeune), et le fait qu'elle puisse voler symbolise la place de l'aube dans le ciel.
Pendant la révolte des Géants, Zeus ordonna à Éos et à ses frères et sœurs Hélios et Séléné de ne pas briller pendant qu'il cherchait sur la terre une herbe magique qui rendrait Hercule (le mortel choisi pour combattre les Géants) invulnérable.
Arès et la malédiction d'Aphrodite
Éos était d'une nature sexuelle forte, mais cela s'intensifia après une rencontre avec Arès et Aphrodite. Arès, séduit par la beauté d'Éos, la conduisit dans son lit. Aphrodite fut furieuse de trouver Arès et Éos ensemble et la maudit. À partir de ce moment-là, Éos développA un désir insatiable pour les hommes (surtout les mortels). Elle séduisait les hommes les uns après les autres. Parmi ses amours figurent Orion, Céphale, Clitos, Astréos, Ganymède et Tithon.
Éos et Orion
Après que le mari d'Éos, Astréos, eut été envoyé au Tartare pour s'être rebellé contre Zeus, Éos choisit le beau chasseur Orion comme nouvel époux. Selon Apollodore (180-120 av. J.-C.), Éos transporta Orion à Délos, où Aphrodite attisa sa convoitise et son désir pour lui.
Les dieux réprouvaient la relation entre Éos et Orion. Artémis devint jalouse mais ne put se venger d'Éos. Elle tua donc Orion avec son arc et ses flèches. Certaines traditions affirment qu'Éos avait pris Orion contre sa volonté.
Éos et Tithon
Après la mort d'Orion, Éos épousa Tithon, un prince de Troie. Tithon et sa famille étaient dotés d'une belle apparence, et ils attirèrent l'attention des dieux. Éos était follement amoureuse de son nouvel époux et ne pouvait supporter l'idée de le perdre un jour.
Elle supplia Zeus de rendre Tithon immortel, ce à quoi Zeus consentit. Cependant, Éos commit une erreur fatale: elle oublia de demander à Zeus de lui accorder également la jeunesse éternelle. Ainsi, bien que Tithon n'ait pas pu mourir, il vieillit. Comme Tithon perdait sa jeunesse et sa beauté, Éos ne pouvait plus supporter de s'occuper de lui et l'enferma dans une pièce où il babillait tout seul. Des sources ultérieures affirment qu'il finit par se transformer en cigale dont les gazouillis conservent le souvenir de sa voix autrefois magnifique.
Selon certaines traditions, Éos aurait enlevé Tithon et Ganymède, le frère de Tithon, mais Zeus à son tour lui aurait volé Ganymède.
Éos et Memnon
Éos et Tithon eurent deux fils ensemble, Emathion et Memnon. Memnon était le roi d'Éthiopie qui combattit aux côtés des Troyens pendant la guerre de Troie, et son histoire est mentionnée par Ovide (43 av. J.-C. à 17 après J.-C.) dans ses Métamorphoses. Éos demanda à Héphaïstos de fabriquer une armure pour Memnon. Achille le tua pour venger la mort de son ami Antiloque.
Elle a vu son fils Memnon tomber aux champs phrygiens, sous les traits d'Achille. Elle l'a vu, et cette vive couleur dont elle brille à l'Orient en ouvrant les portes du jour, s'est effacée, et de sombres nuages ont voilé les cieux. Mère désolée, elle ne peut soutenir la vue du bûcher préparé pour son fils. Les cheveux épars, elle court en désordre embrasser les genoux de Jupiter, et lui adresse ce discours, qu'interrompent ses sanglots et ses larmes.
(Ovide, Métamorphoses, 13.577-584)
Après sa mort, Éos pleura, et ses larmes tombèrent sur la terre comme de la rosée. Zeus eut pitié en voyant le chagrin d'Éos et rendit Memnon immortel.
Éos et Céphale
Eos emmena Céphale, le fils d'Herse (une princesse d'Athènes) et d'Hermès en Syrie, où ils eurent ensemble un fils nommé Phaéton. Selon Ovide dans ses Métamorphoses, Éos l'enleva alors qu'il venait d'épouser Procris, la fille du roi Érechthée d'Athènes. Bien que Céphale ait admiré le charme et la fraîcheur d'Éos, Céphale restait follement amoureux de sa femme. Éos se lassa de le voir parler constamment de Procris et le renvoya auprès d'elle. Céphale ne pouvait croire que Procris était sa femme et commença à avoir des soupçons irrationnels d'infidélité. Il vint la voir sous différents déguisements et lui proposa des récompenses pour coucher avec lui. Après qu'il lui eut offert une couronne d'or, elle accepta, et Céphale, dans une colère noire, révéla qui il était vraiment. Procris s'enfuit à la cour du roi Minos en Crète.
Après avoir eu une liaison avec le roi Minos, Procris revint à Athènes déguisée en garçon, avec le chien magique Lélaps et la lance que le roi Minos lui avait donnée. Céphale, qui pleurait encore le mariage qu'il avait bêtement gâché, remarqua le beau chien et la lance du "garçon". Procris, déguisée, lui offrit les deux, mais seulement s'il couchait avec lui. Céphale accepta à contrecœur, et le couple fut réuni et vécut dans le bonheur pendant un certain temps.
Cependant, Procris craignait toujours que Céphale ne rencontre Éos en cachette car il partait souvent à la chasse à l'aube. Un matin, un observateur indiscret entendit Céphale louer la brise rafraîchissante et pensa qu'il parlait à une bienaimée. Il alla directement voir Procris et lui raconta ce qu'il avait entendu. Procris en fut bouleversée mais voulait être témoin de cette infidélité. Le lendemain matin, après qu'Éos eut annoncé l'aube, Procris suivit Céphale dans les bois et elle l'entendit parler à la brise. Elle poussa un gémissement d'angoisse et Céphale, pensant qu'il s'agissait d'un animal, dirigea sa lance vers le son, frappa Procris en plein cœur et la tua.
Dans l'art
Bien qu'Éos soit considérée comme une divinité mineure, sa nature attachante et ses qualités humaines (l'intérêt pour son fils et ses relations amoureuses compliquées) ont inspiré des écrivains et des artistes au fil des ans. Dans l'art grec ancien, Éos est représentée à la fois comme une mère éplorée et comme une séductrice.
Éos et son homologue romaine, Aurore, ont continué à inspirer les artistes à la Renaissance et au-delà. Elles ont fait l'objet de trois peintures : Céphale et Aurore de l'artiste français Nicolas Poussin (1594-1665), Aurore de l'artiste baroque italien Guido Reni (1575-1642) et Aurore du peintre rococo français Jean-Honore Fragonard (1732-1806).
Culte et héritage
Contrairement à la plupart de ses proches, Éos n'a pas de rite religieux connu. Cependant, elle est représentée sur quelques sites religieux. Comme le mentionne Pausanias (c. 115 à c. 180 de notre ère) dans sa Description de la Grèce, une image d'Éos emportant Céphale fut trouvée sur un trône dans le Sanctuaire des Grâces en Laconie. À Éléia (Elis), à côté du sanctuaire d'Hippodamie, se trouve une statue d'Éos et de Thétis suppliant Zeus d'avoir pitié de leurs fils (Memnon et Achille). À Athènes, elle est représentée sur le fronton de la stoa royale. Éos a également un hymne orphique qui lui est dédié, où elle est décrite comme étant "bénie et pure". L'hymne mentionne ensuite qu'elle conduit les hommes au travail et qu'ils se délectent d'elle.
221 Éos est le nom donné à un astéroïde de la ceinture principale et à une famille d'astéroïdes. Il fut découvert en 1882 par Johann Palisa (1848-1925), un astronome autrichien, et fut nommé en l'honneur de la déesse.