L'Assyrie était la région située dans le Proche-Orient antique qui, sous l'empire néo-assyrien, s'étendait de la Mésopotamie (Irak ou Iraq actuel) à l'Égypte en passant par l'Asie mineure (Turquie actuelle). L'empire commença modestement dans la ville d'Assur (connue sous le nom de Subartu par les Sumériens), située en Mésopotamie au nord-est de Babylone. Les marchands qui faisaient du commerce en Anatolie s'enrichirent de plus en plus et cette opulence permit la croissance et la prospérité de la ville.
Selon une interprétation des passages du livre biblique de la Genèse, Assur avait été fondée par un homme nommé Assur fils de Sem, fils de Noé, après le grand déluge; il aurait ensuite fondé les autres villes assyriennes importantes. Il est plus probable que la ville ait été nommée Assur d'après la divinité de ce nom au cours du troisième millénaire avant notre ère; le nom de cette divinité est à l'origine du mot "Assyrie". La version biblique de l'origine d'Assur apparaît plus tard dans l'histoire (la Genèse est datée au plus tôt de 1450 av. J.-C., et au plus tard du Ve siècle av. J.-C.) et semble avoir été adoptée par les Assyriens après leur acceptation du christianisme. On pense donc que cette version est une réinterprétation de leur histoire ancienne plus conforme au système de croyance qu'ils venaient d'adopter.
Les Assyriens étaient un peuple sémitique qui, à l'origine, parlait et écrivait l'akkadien avant que l'araméen, plus facile à utiliser, ne devienne plus populaire. Les historiens ont divisé la montée et la chute de l'empire assyrien en trois périodes: La période paléo-assyrienne, la période médio-assyrienne et la période néo-assyrienne, bien qu'il faille noter que l'histoire assyrienne se poursuivit au-delà de cette période; des Assyriens vivent encore aujourd'hui dans les régions de l'Iran et du nord de l'Irak, et ailleurs. L'empire assyrien est considéré comme le plus grand des empires mésopotamiens en raison de son étendue et du développement de la bureaucratie et des stratégies militaires qui lui permirent de croître et de prospérer.
Période paléo-assyrienne
Bien que la ville d'Assur ait existé dès le 3e millénaire avant notre ère, les ruines existantes de cette ville datent de 1900 avant notre ère, ce qui est aujourd'hui considéré comme la date de fondation de la ville. Selon les premières inscriptions, le premier roi fut Tudiya, et ceux qui le suivirent étaient connus sous le nom de "rois qui vivaient dans des tentes", ce qui suggère une communauté pastorale plutôt qu'urbaine.
Cependant, Assur était certainement un important centre de commerce même à cette époque, même si sa forme et sa structure précises ne sont pas claires. Le roi Erishum Ier fit construire le temple d'Assur sur le site vers 1900/1905 avant J.-C., et c'est la date acceptée pour la fondation d'une ville réelle sur le site, bien que, évidemment, une certaine forme de ville ait dû exister avant cette date. L'historien Wolfram von Soden écrit,
En raison d'une pénurie de sources, on sait très peu de choses sur l'Assyrie du troisième millénaire... L'Assyrie a appartenu à l'Empire d'Akkad à certains moments, ainsi qu'à la troisième dynastie d'Ur. Nos principales sources pour cette période sont les milliers de lettres et documents assyriens provenant des colonies commerciales de Cappadoce, dont la plus importante était Kanesh (Kultepe moderne). (49-50)
La colonie commerciale de Karum Kanesh (le port de Kanesh) était l'un des centres de commerce les plus lucratifs du Moyen-Orient antique et certainement le plus important pour la ville d'Assur. Les marchands d'Assur se rendaient à Kanesh, y établissaient des entreprises, puis, après avoir placé des employés de confiance (généralement des membres de leur famille) à leur tête, retournaient à Assur et supervisaient leurs affaires de là-bas. L'historien Paul Kriwaczek note :
Pendant plusieurs générations, les maisons de commerce de Karum Kanesh ont prospéré, et certaines sont devenues extrêmement riches - d'anciens millionnaires. Cependant, toutes les affaires ne restaient pas au sein de la famille. Assur possédait un système bancaire sophistiqué et une partie du capital qui finançait le commerce anatolien provenait d'investissements à long terme effectués par des spéculateurs indépendants en échange d'une proportion des bénéfices spécifiée par contrat. Il n'y a pas grand-chose sur les marchés de matières premières modernes qu'un Assyrien de l'antiquité ne reconnaîtrait pas rapidement. (214-215)
Ascension d'Assur
La richesse générée par le commerce à Karum Kanesh apporta au peuple d'Assur la stabilité et la sécurité nécessaires à l'expansion de la ville et jeta ainsi les bases de l'essor de l'empire. Le commerce avec l'Anatolie était tout aussi important pour fournir aux Assyriens les matières premières à partir desquelles ils purent perfectionner le travail du fer. Les armes en fer de l'armée assyrienne allaient se révéler un avantage décisif dans les campagnes qui allaient conquérir toute la région du Moyen-Orient. Mais avant cela, le paysage politique devait changer.
Les peuples connus sous le nom de Hurriens et de Hattis dominaient la région de l'Anatolie et Assur, au nord de la Mésopotamie, restait dans l'ombre de ces civilisations plus puissantes. Outre les Hattis, les Amorites s'installaient peu à peu dans la région et s'appropriaient de plus en plus de terres et de ressources. Le roi assyrien Samsî-Addu (alias Shamshi Adad Ier, 1813-1791 av. J.-C.) chassa les Amorites et sécurisa les frontières de l'Assyrie, revendiquant Assur comme capitale de son royaume. Les Hattis restèrent dominants dans la région jusqu'à ce qu'ils ne soient envahis et assimilés par les Hittites vers 1700 avant J.-C.
Bien avant cette date, cependant, ils avait cessé d'être une préoccupation aussi importante que la ville au sud-ouest qui gagnait lentement en puissance: Babylone. Les Amorites avaient été une puissance croissante à Babylone pendant au moins 100 ans lorsque le roi Amorite nommé Sin Muballit prit le trône, et, vers 1792 avant J.-C., son fils le roi Hammurabi (1792-1750 av. J.-C.) prit le pouvoir et vassalisa les terres des Assyriens. C'est à peu près à cette époque que le commerce entre Assur et Karum Kanesh prit fin, car Babylone s'imposa dans la région et prit le contrôle du commerce avec l'Assyrie.
Peu après la mort d'Hammurabi en 1750 avant J.-C., l'empire babylonien s'effondra. L'Assyrie tenta à nouveau d'affirmer son contrôle sur la région entourant Assur, mais il semble que les rois de cette période n'aient pas été à la hauteur. La guerre civile éclata dans la région et la stabilité ne fut retrouvée que sous le règne du roi assyrien Adasi (c. 1726-1691 avant notre ère). Adasi réussit à sécuriser la région et ses successeurs poursuivirent sa politique, mais ne firent rien en ce qui concerne l'expansion du royaume.
Période médio-assyrienne
Le vaste royaume du Mitanni se développa dans la région de l'Anatolie orientale et, au 14e siècle avant J.-C., il détenait le pouvoir dans la région de la Mésopotamie; l'Assyrie tomba sous son contrôle. Les invasions des Hittites sous le règne du roi Suppiluliuma Ier (r. de 1344 à 1322 av. J.-C.) brisèrent le pouvoir du Mitanni et remplacèrent les rois du Mitanni par des souverains hittites, au moment où le roi assyrien Eriba-Adad Ier réussit à gagner en influence à la cour du Mitanni (maintenant principalement hittite). Les Assyriens virent alors l'occasion d'affirmer leur propre autonomie et commencèrent à étendre leur royaume à l'extérieur d'Assur, dans les régions précédemment tenues par le Mitanni.
Les Hittites ripostèrent et parvinrent à tenir les Assyriens en échec jusqu'à ce que le roi Assur-Uballit Ier (c. 1353-1318 av. J.-C.) ne batte les forces mitaniennes restantes sous les ordres des commandants hittites et ne s'empare d'importantes parties de la région. Deux rois lui succédèrent, ils conservèrent les acquis, mais ne poursuivirent pas leur expansion jusqu'à l'arrivée du roi Adad Nirâri Ier (alias Adad-nerari, c. 1307-1275 av. J.-C.), qui étendit l'empire assyrien au nord et au sud, en chassant les Hittites et en conquérant leurs principales forteresses.
Adad Nirâri Ier est le premier roi assyrien dont on sait quelque chose avec certitude, car il laissa des inscriptions sur ses réalisations qui sont restées pratiquement intactes. De plus, des lettres entre le roi assyrien et les souverains hittites ont également été conservées et montrent clairement qu'au départ, les souverains assyriens n'étaient pas pris au sérieux par les autres nations de la région, jusqu'à ce qu'ils ne se montrent trop puissants pour résister. L'historien Will Durant commente la montée en puissance de l'empire assyrien :
Si nous admettons le principe impérial - à savoir qu'il est bon, pour la diffusion de la loi, de la sécurité, du commerce et de la paix, que de nombreux États soient placés, par la persuasion ou la force, sous l'autorité d'un seul gouvernement - nous devons alors concéder à l'Assyrie la distinction d'avoir établi en Asie occidentale une mesure et une zone d'ordre et de prospérité plus importantes que celles dont cette région de la terre avait bénéficié auparavant, à notre connaissance. (270)
La politique de déportation assyrienne
Adad Nirâri Ier conquit complètement le Mitanni et commença ce qui allait devenir la politique standard de l'Empire assyrien: la déportation de larges segments de la population. Le Mitanni étant sous contrôle assyrien, Adad Nirâri Ier décida que la meilleure façon d'empêcher tout soulèvement futur était d'expulser les anciens occupants du territoire et de les remplacer par des Assyriens. Il ne faut cependant pas y voir un traitement cruel des captifs. L'historienne Karen Radner écrit à ce sujet :
Les déportés, leur travail et leurs capacités étaient extrêmement précieux pour l'État assyrien, et leur relocalisation fut soigneusement planifiée et organisée. Il ne faut pas imaginer des randonnées de fugitifs indigents, proies faciles de la famine et de la maladie: les déportés étaient censés voyager de la manière la plus confortable et la plus sûre possible afin d'atteindre leur destination en bonne forme physique. Chaque fois que les déportations sont représentées dans l'art impérial assyrien, les hommes, les femmes et les enfants sont représentés voyageant en groupe, souvent à bord de véhicules ou d'animaux et jamais dans des liens. Il n'y a aucune raison de douter de ces représentations, car l'art narratif assyrien n'hésite pas à montrer des scènes de violence extrême. (1)
Les déportés étaient soigneusement choisis en fonction de leurs capacités et envoyés dans des régions qui pouvaient tirer le meilleur parti de leurs talents. Tous les membres de la population conquise n'étaient pas choisis pour la déportation et les familles n'étaient jamais séparées. Les segments de la population qui avaient activement résisté à la présence assyrienne étaient tués ou vendus comme esclaves, mais la population générale était absorbée par l'empire en expansion et était considérée comme assyrienne. L'historienne Gwendolyn Leick écrit à propos d'Adad Nirâri I que:
la prospérité et la stabilité de son règne lui ont permis de s'engager dans d'ambitieux projets de construction, bâtissant des murs et des canaux et restaurant des temples. (3)
Il jeta également les bases d'un empire sur lequel ses successeurs allaient s'appuyer.
Conquête assyrienne du Mitanni et des Hittites
Son fils et successeur Salmanazar Ier acheva la destruction des Mitannis et absorba leur culture. Salmanazar Ier poursuivit les politiques de son père, notamment la relocalisation des populations, mais son fils, Tukulti-Ninurta Ier (c. 1244-1208 av. J.-C.), alla encore plus loin. Selon Leick, Tukulti-Ninurta Ier
...était l'un des plus célèbres rois soldats assyriens, qui a mené une campagne incessante pour maintenir les possessions et l'influence assyriennes. Il réagissait avec une cruauté spectaculaire à tout signe de révolte. (177)
Il était également très intéressé par l'acquisition et la préservation des connaissances et des cultures des peuples qu'il avait conquis et développa une méthode plus sophistiquée pour choisir quel type d'individu, ou de communauté, serait relocalisé et à quel endroit spécifique. Les scribes et les érudits, par exemple, étaient choisis avec soin et envoyés dans des centres urbains où ils pouvaient aider à cataloguer les ouvrages écrits et participer à la bureaucratie de l'empire. Homme lettré, il composa le poème épique relatant sa victoire sur le roi kassite de Babylone et la soumission de cette ville et des régions sous son influence, et en écrivit un autre sur sa victoire sur les Élamites.
Il vainquit les Hittites à la bataille de Nihriya, vers 1245 avant J.-C., ce qui mit fin au pouvoir des Hittites dans la région et amorça le déclin de leur civilisation. Lorsque Babylone fit des incursions en territoire assyrien, Tukulti-Ninurta Ier punit sévèrement la ville en la mettant à sac, en pillant les temples sacrés et en ramenant le roi et une partie de la population en Assur en tant qu'esclaves. Avec les richesses pillées, il rénova son grand palais dans la ville qu'il avait construite en face d'Assur, qu'il avait nommée Kar-Tukulti-Ninurta, où il semble s'être retiré lorsque l'opinion publique se retourna contre lui.
Sa profanation des temples de Babylone fut considérée comme une offense aux dieux (les Assyriens et les Babyloniens partageant de nombreuses divinités) et ses fils et les fonctionnaires de la cour se rebellèrent contre lui pour avoir porté la main sur les biens des dieux. Il fut assassiné dans son palais, probablement par l'un de ses fils, Ashur-Nadin-Apli, qui s'empara alors du trône.
Téglath-Phalasar Ier et la revitalisation
Après la mort de Tukulti-Ninurta Ier, l'Empire assyrien entra dans une période d'immobilisme où il ne connut ni expansion ni déclin. Alors que l'ensemble du Proche-Orient tomba dans un "âge sombre" à la suite de l'effondrement de l'âge du bronze, vers 1200 avant J.-C., Assur et son empire restèrent relativement intacts. Contrairement à d'autres civilisations de la région qui subirent un effondrement complet, les Assyriens semblent avoir connu quelque chose de plus proche d'une simple perte d'élan. On ne peut certainement pas dire que l'empire ait "stagné", car la culture, y compris l'accent mis sur la campagne militaire et la valeur de la conquête, se maintint; cependant, il n'y eut aucune expansion significative de l'empire et de la civilisation comme sous Tukulti-Ninurta Ier.
Tout cela changea avec l'accession au trône de Téglath-Phalasar Ier (r. c. 1115-1076 av. J.-C.). Selon Leick :
Il fut l'un des rois assyriens les plus importants de cette période, en grande partie en raison de ses campagnes militaires de grande envergure, de son enthousiasme pour les projets de construction et de son intérêt pour les collections de tablettes cunéiformes. Il a mené de nombreuses campagnes en Anatolie, où il a soumis de nombreux peuples, et s'est aventuré jusqu'à la mer Méditerranée. Dans la capitale, Assur, il construisit un nouveau palais et établit une bibliothèque, qui contenait de nombreuses tablettes sur toutes sortes de sujets savants. Il a également publié un décret juridique, les "lois assyriennes moyennes", et rédigé les premières annales royales. Il fut également l'un des premiers rois assyriens à faire aménager des parcs et des jardins peuplés d'arbres et de plantes étrangères et indigènes. (171)
Au 11e siècle avant J.-C., Téglath-Phalasar Ier revitalisa l'économie et l'armée par ses campagnes, ajoutant plus de ressources et de populations qualifiées à l'Empire assyrien. L'alphabétisation et les arts s'épanouirent, et l'initiative de préservation des tablettes cunéiformes prise par le roi servirait de modèle à la célèbre bibliothèque d'Assurbanipal, futur souverain, à Ninive. À la mort de Téglath-Phalasar Ier, son fils, Ashared-apil-Ekur, monta sur le trône et régna pendant deux ans, au cours desquels il poursuivit la politique de son père sans la modifier. Son frère Assur-bel-Kala lui succéda et régna d'abord avec succès jusqu'à ce qu'il ne soit mis au défi par un usurpateur qui jeta l'empire dans une guerre civile.
Bien que la rébellion ait été écrasée et les participants exécutés, l'agitation permit à certaines régions fermement tenues par l'Assyrie de se libérer, notamment la région connue sous le nom d'Eber Nari (Syrie, Liban et Israël actuels), qui avait été particulièrement importante pour l'empire en raison des ports maritimes bien établis le long de la côte. Les Araméens tenaient désormais Eber Nari et commençaient à faire des incursions à partir de là dans le reste de l'empire. À la même époque, les Amorrites de Babylone et de la ville de Mari s'affirmèrent et tentèrent de briser l'emprise de l'empire.
Les rois qui suivirent Assur-bel-Kala (parmi eux, Salmanazar II et Téglath-Phalasar II) réussirent à maintenir le noyau de l'empire autour d'Assur mais ne parvinrent pas à reprendre Eber Nari ni à chasser complètement les Araméens et les Amorites des frontières. L'empire ne cessa de se rétrécir sous l'effet d'attaques répétées de l'extérieur et de rébellions de l'intérieur et, sans roi suffisamment fort pour revitaliser l'armée, l'Assyrie entra à nouveau dans une période d'immobilisme au cours de laquelle elle maintint ce qu'elle put de l'empire mais ne put rien faire d'autre.
Empire néo-assyrien
L'Empire néo-assyrien est celui qui est le plus familier aux étudiants en histoire ancienne car c'est la période de la plus grande expansion de l'empire. C'est aussi l'époque qui donna à l'Empire assyrien la réputation d'impitoyabilité et de cruauté qui est la sienne. L'historien Kriwaczek écrit:
L'Assyrie doit certainement avoir parmi les pires avis de presse de tous les états de l'histoire. Babylone est peut-être un synonyme de corruption, de décadence et de péché, mais les Assyriens et leurs célèbres souverains, avec des noms terrifiants comme Salmanazar, Téglath-Phalasar, Sennachérib, Essarhaddon et Assurbanipal, se classent dans l'imaginaire populaire juste en dessous d'Adolf Hitler et de Genghis Khan en termes de la cruauté, de violence et de sauvagerie meurtrière pure et simple. (208)
Cette réputation est également relevée par l'historien Simon Anglim et d'autres. Anglim écrit:
Bien que les historiens aient tendance à fuir les analogies, il est tentant de voir l'Empire assyrien, qui domina le Moyen-Orient de 900 à 612 av. J.-C., comme un ancêtre historique de l'Allemagne nazie: un régime agressif, meurtrier et vindicatif soutenu par une magnifique machine de guerre couronnée de succès. Tout comme l'armée allemande de la Seconde Guerre mondiale, l'armée assyrienne était la plus avancée technologiquement et doctrinalement de son temps et servit de modèle aux autres pendant des générations. Les Assyriens furent les premiers à faire un usage intensif de l'armement en fer [et] non seulement les armes en fer étaient supérieures à celles en bronze, mais elles pouvaient être produites en masse, ce qui permettait d'équiper de très grandes armées. (12)
Si la réputation de tactiques militaires décisives et impitoyables est compréhensible, la comparaison avec le régime nazi l'est moins. Contrairement aux nazis, les Assyriens traitaient bien les peuples conquis qu'ils relocalisaient (comme nous l'avons déjà évoqué plus haut) et les considéraient comme des Assyriens une fois qu'ils s'étaient soumis à l'autorité centrale. Il n'y avait pas de concept de "race maîtresse" dans les politiques assyriennes; chacun était considéré comme un atout pour l'empire, qu'il soit né assyrien ou assimilé à la culture. Kriwaczek note: " En vérité, la guerre assyrienne n'était pas plus sauvage que celle des autres États contemporains. Les Assyriens n'étaient d'ailleurs pas plus cruels que les Romains qui mettaient un point d'honneur à aligner sur leurs routes des milliers de victimes de crucifixion agonisant dans la douleur" (209). La seule comparaison acceptable entre l'Allemagne de la Seconde Guerre mondiale et les Assyriens est donc l'efficacité de l'armée et sa taille, et cette même comparaison pourrait être faite avec la Rome antique.
Ces immenses armées étaient cependant encore à venir, lorsque le premier roi de l'empire néo-assyrien arriva au pouvoir au 10e siècle avant notre ère. L'ascension du roi Adad-nerari II (c. 912-891 av. J.-C.) apporta le genre de renouveau dont l'Assyrie avait besoin. Adad-nerari II reconquit les terres perdues, y compris Eber Nari, et sécurisa les frontières.
Les Araméens vaincus furent exécutés ou déportés dans des régions situées au cœur de l'Assyrie. Il conquit également Babylone mais, tirant les leçons des erreurs du passé, il refusa de piller la ville et conclut un accord de paix avec le roi, dans lequel ils épousaient leurs filles respectives et s'engageaient à une loyauté mutuelle. Ce traité ferait de Babylone une alliée puissante, et non plus un problème permanent, pendant les 80 années suivantes.
Expansion militaire et nouvelle vision de Dieu
Les rois qui suivirent Adad-nerari II poursuivirent les mêmes politiques et l'expansion militaire. Tukulti Ninurta II (891-884 av. J.-C.) étendit l'empire vers le nord et gagna de nouveaux territoires vers le sud en Anatolie, tandis qu'Assurnasirpal II (884-859 av. J.-C.) consolida la domination au Levant et étendit la domination assyrienne à Canaan. Leur méthode de conquête la plus courante était la guerre de siège qui commençait par un assaut brutal de la ville. Anglim écrit:
Plus que toute autre chose, l'armée assyrienne excellait dans la guerre de siège, et fut probablement la première force à disposer d'un corps distinct d'ingénieurs... L'assaut était leur principale tactique contre les villes lourdement fortifiées du Proche-Orient. Ils développèrent une grande variété de méthodes pour ouvrir des brèches dans les murs ennemis: des sapeurs étaient employés pour miner les murs ou allumer des feux sous les portes en bois, et des rampes étaient érigées pour permettre aux hommes de franchir les remparts ou de tenter une brèche dans la partie supérieure du mur, là où il était le moins épais. Des échelles mobiles permettaient aux assaillants de traverser les fossés et d'attaquer rapidement n'importe quel point des défenses. Ces opérations étaient couvertes par des masses d'archers qui constituaient le noyau de l'infanterie. Mais la fierté du train de siège assyrien, c'était ses engins de siège. Il s'agissait de tours en bois à plusieurs étages, dotées de quatre roues et d'une tourelle au sommet, et d'un, ou parfois deux, béliers à la base. (186)
Les progrès de la technologie militaire ne furent pas la seule, ni même la principale contribution des Assyriens car, à la même époque, ils firent des progrès significatifs en médecine, en s'appuyant sur les bases des Sumériens et en tirant parti des connaissances et des talents de ceux qui avaient été conquis et assimilés. Assurnasirpal II établit les premières listes systématiques de plantes et d'animaux dans l'empire et emmena des scribes en campagne pour enregistrer les nouvelles découvertes. Des écoles furent créées dans tout l'empire, mais elles n'étaient destinées qu'aux fils des riches et de la noblesse.
Les femmes n'étaient pas autorisées à aller à l'école ni à occuper des postes d'autorité, même si, auparavant, en Mésopotamie, elles avaient bénéficié de droits presque égaux. Le déclin des droits des femmes était en corrélation avec la montée du monothéisme assyrien. Lorsque les armées assyriennes faisaient campagne dans tout le pays, leur dieu Assur les accompagnait, mais comme Assur était auparavant lié au temple de cette ville et n'avait été adoré que dans cette ville, il fallut trouver une nouvelle façon d'imaginer le dieu afin de poursuivre ce culte dans d'autres lieux. Kriwaczek écrit:
On pouvait prier Assur non seulement dans son propre temple, dans sa propre ville, mais partout. À mesure que l'empire assyrien étendait ses frontières, on rencontrait Assur même dans les endroits les plus éloignés. De la foi en un dieu omniprésent à la croyance en un dieu unique, le pas n'est pas long. Puisqu'il était partout, les gens en sont venus à comprendre que, dans un certain sens, les divinités locales n'étaient que des manifestations différentes du même Assur. (231)
Cette unité de vision d'une divinité suprême contribua à unifier davantage les régions de l'empire. Les différents dieux des peuples conquis, et leurs diverses pratiques religieuses, furent absorbés par le culte d'Assur, qui fut reconnu comme le seul vrai dieu qui avait été appelé de différents noms par différents peuples dans le passé, mais qui maintenant était clairement connu et pouvait être correctement adoré en tant que divinité universelle. À ce sujet, Kriwaczek écrit:
La croyance en la transcendance plutôt qu'en l'immanence du divin eut des conséquences importantes. La nature fut désacralisée, déconsacrée. Puisque les dieux étaient en dehors et au-dessus de la nature, l'humanité - selon la croyance mésopotamienne, créée à la ressemblance des dieux et en tant que servante des dieux - devait également être en dehors et au-dessus de la nature. Au lieu de faire partie intégrante de la terre naturelle, l'espèce humaine était désormais son supérieur et son maître. Cette nouvelle attitude fut résumée plus tard dans la Genèse 1:26 : "Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre". Tout cela est très bien pour les hommes, explicitement distingués dans ce passage. Mais pour les femmes, cela posait une difficulté insurmontable. Alors que les hommes pouvaient se bercer de l'illusion qu'ils étaient en dehors de la nature, au-dessus d'elle et supérieurs à elle, les femmes ne pouvaient pas prendre une telle distance, car leur physiologie faisait qu'elles faisaient clairement et manifestement partie du monde naturel... Ce n'est pas un hasard si, même aujourd'hui, les religions qui mettent le plus l'accent sur la transcendance totale de Dieu et l'impossibilité d'imaginer sa réalité relèguent les femmes à un échelon inférieur de l'existence, leur participation au culte public n'étant autorisée qu'à contrecœur, voire pas du tout. (229-230)
La culture assyrienne devint de plus en plus cohésive avec l'expansion de l'empire au IXe siècle avant notre ère, la nouvelle compréhension de la divinité et l'assimilation des populations des régions conquises. Salmanazar III (859-824 av. J.-C.) étendit l'empire jusqu'à la côte de la Méditerranée et reçut un tribut des riches villes phéniciennes de Tyr et de Sidon. Il vainquit également le royaume arménien d'Urartu qui s'était longtemps révélé être une nuisance importante pour les Assyriens. Après son règne, cependant, l'empire éclata en guerre civile, le roi Shamshi-Adad V (824-811 av. J.-C.) se battant avec son frère pour le contrôle. Bien que la rébellion ait été réprimée, l'expansion de l'empire s'arrêta après Salmanazar III.
La régente Sammuramat (également connue sous le nom de Sémiramis, qui devint la déesse-reine mythique des Assyriens dans la tradition ultérieure) conserva le trône pour son jeune fils Adad-nerari III de 811 à 806 avant J.-C. et, pendant cette période, sécurisa les frontières de l'empire et organisa des campagnes victorieuses pour écraser les Mèdes et d'autres populations gênantes dans le nord.
Lorsque son fils atteignit l'âge adulte, elle fut en mesure de lui transmettre un empire stable et considérable qu'Adad-nerari IIII continua d'étendre. Après son règne, cependant, ses successeurs préférérèrent se reposer sur les réalisations des autres et l'empire entra dans une nouvelle période de stagnation. Cette situation fut particulièrement préjudiciable à l'armée qui dépérit sous des rois comme Assur-dan III et Assur-nerari V.
Les grands rois de l'empire néo-assyrien
Au 8e siècle avant notre ère, l'empire fut revitalisé par Téglath Phalasar III (745-727 avant notre ère) qui réorganisa l'armée et restructura la bureaucratie du gouvernement. Selon Anglim, Téglath Phalasar III "a procédé à de vastes réformes de l'armée, a réaffirmé le contrôle central sur l'empire, a reconquis le littoral méditerranéen et a même soumis Babylone. Il remplace la conscription [dans l'armée] par une taxe sur la main-d'œuvre imposée à chaque province et exige également des contingents des États vassaux" (14). Il vainc le royaume d'Urartu, qui s'est à nouveau soulevé pour troubler les souverains assyriens, et soumet la région de Syrie. Sous le règne de Téglath Phalasar III, l'armée assyrienne devient la force militaire la plus efficace de l'histoire jusqu'à cette époque et servira de modèle aux armées futures en matière d'organisation, de tactique, d'entraînement et d'efficacité.
Téglath Phalasar III fut suivi par Salmanazar V (727-722 av. J.-C.), qui poursuivit les politiques du roi, et son successeur, Sargon II (722-705 av. J.-C.), les améliora et étendit encore l'empire. Bien que le règne de Sargon II ait été contesté par les nobles qui affirmaient qu'il s'était emparé du trône illégalement, il maintint la cohésion de l'empire. Suivant l'exemple de Téglath Phalasar III, Sargon II réussit à porter l'empire à son apogée et à vaincre de manière décisive Urartu lors de sa célèbre campagne de 714 avant notre ère.
Après sa mort, son fils Sennachérib (705-681 av. J.-C.) lui succéda. Il mena une vaste et impitoyable campagne, conquérant Israël, Juda et les provinces grecques d'Anatolie. Son sac de Jérusalem est décrit en détail sur le "Prisme de Taylor", un bloc cunéiforme décrivant les exploits militaires de Sennachérib, découvert en 1830 par le colonel britannique Taylor, dans lequel le roi affirme avoir capturé 46 villes et piégé les habitants de Jérusalem à l'intérieur de la ville jusqu'à ce qu'il ne les submerge. Son récit est toutefois contesté par la version des événements décrits dans le livre biblique de II Rois, chapitres 18-19, où il est affirmé que Jérusalem fut sauvée par une intervention divine et que l'armée de Sennachérib fut chassée du champ de bataille. Le récit biblique relate cependant la conquête de la région par les Assyriens.
Les victoires militaires de Sennachérib augmentèrent la richesse de l'empire. Il déplaça la capitale assyrienne à Ninive et construisit ce que l'on appelle "le palais sans rival". Il embellit et améliora la structure originale de la ville, en plantant des vergers et des jardins. L'historien Christopher Scarre écrit:
Le palais de Sennachérib possédait tous les attributs habituels d'une grande résidence assyrienne: des figures de gardiens colossales et des reliefs en pierre sculptés impressionnants (plus de 2 000 dalles sculptées dans 71 pièces). Ses jardins, eux aussi, étaient exceptionnels. Des recherches récentes menées par l'assyriologue britannique Stephanie Dalley ont suggéré qu'il s'agissait des célèbres Jardins suspendus, l'une des sept merveilles du monde antique. Des auteurs ultérieurs ont placé les Jardins suspendus à Babylone, mais des recherches approfondies n'ont pas permis d'en trouver la moindre trace. Le récit de Sennachérib sur les jardins du palais qu'il avait créés à Ninive correspond à celui des Jardins suspendus par plusieurs détails significatifs. (231)
Ignorant les leçons du passé, cependant, et non content de sa grande richesse et du luxe de la ville, Sennachérib conduisit son armée contre Babylone, la saccagea et pilla les temples. Comme précédemment dans l'histoire, le pillage et la destruction des temples de Babylone furent considérés comme le comble du sacrilège par les habitants de la région ainsi que par les fils de Sennachérib qui l'assassinèrent dans son palais de Ninive afin d'apaiser la colère des dieux. Bien qu'ils aient certainement été motivés pour se saisir du trône (après qu'il eut choisi son plus jeune fils, Essarhaddon, comme héritier en 683 av. J.-C., les snobant), ils auraient eu besoin d'une raison légitime pour le faire; et la destruction de Babylone leur en fournit une.
Son fils Essarhaddon (681-669 av. J.-C.) monta sur le trône et l'un de ses premiers projets fut de reconstruire Babylone. Il publia une proclamation officielle qui affirmait que Babylone avait été détruite par la volonté des dieux en raison de la méchanceté de la ville et de son manque de respect pour le divin.
Sa proclamation ne mentionnait nulle part Sennachérib ni son rôle dans la destruction de la ville, mais indiquait clairement que les dieux avaient choisi Essarhaddon comme moyen divin de restauration: "Une fois, pendant le règne d'un souverain précédent, il y eut de mauvais présages. La ville insulta ses dieux et fut détruite sur leur ordre. Ils m'ont choisi, moi, Essarhaddon, pour tout remettre à sa juste place, pour calmer leur colère et apaiser leur fureur."
L'empire s'épanouit sous son règne. Il réussit à conquérir l'Égypte (ce que Sennachérib avait tenté de faire sans succès) et établit les frontières de l'empire jusqu'aux monts Zagros (l'Iran actuel) au nord et jusqu'à la Nubie (le Soudan actuel) au sud, avec une étendue d'ouest en est du Levant (du Liban actuel à Israël) en passant par l'Anatolie (la Turquie). Ses campagnes victorieuses, et le maintien minutieux du gouvernement, fournirent la stabilité nécessaire aux progrès de la médecine, de l'alphabétisation, des mathématiques, de l'astronomie, de l'architecture et des arts. Durant écrit:
Dans le domaine de l'art, l'Assyrie égala sa préceptrice Babylone et la surpassa en matière de bas-relief. Stimulés par l'afflux de richesses à Assur, Kalakh et Ninive, artistes et artisans se mirent à produire - pour les nobles et leurs dames, pour les rois et leurs palais, pour les prêtres et les temples - des bijoux de toutes sortes, des pièces de métal coulées aussi habilement conçues et finement ouvragées que les grandes portes de Balawat, et des meubles luxueux en bois richement sculptés et coûteux, renforcés de métal et incrustés d'or, d'argent, de bronze ou de pierres précieuses. (278)
Afin d'assurer la paix, la mère d'Essarhaddon, Zakûtu (également connue sous le nom de Naqia-Zakûtu), conclut des traités de vassalité avec les Perses et les Mèdes exigeant qu'ils se soumettent à l'avance à son successeur. Ce traité, connu sous le nom de traité de loyauté de Naqia-Zakûtu, permit une transition facile du pouvoir lorsqu'Essarhaddon mourut en se préparant à faire campagne contre les Nubiens et que le pouvoir passa au dernier grand roi assyrien, Assurbanipal (668-627 av. J.-C.). Assurbanipal était le plus lettré des souverains assyriens et est probablement mieux connu de nos jours pour la vaste bibliothèque qu'il rassembla dans son palais de Ninive.
Grand mécène des arts et de la culture, Assurbanipal pouvait être tout aussi impitoyable que ses prédécesseurs pour assurer la sécurité de l'empire et intimider ses ennemis. Kriwaczek écrit:
Quel autre impérialiste aurait, comme Assurbanipal, commandé une sculpture pour son palais avec une décoration le montrant, lui et sa femme, en train de banqueter dans leur jardin, avec la tête coupée et la main tranchée du roi d'Élam qui pendent des arbres de chaque côté, comme d'affreuses boules de Noël ou d'étranges fruits? (208).
Il écrasa les Élamites et étendit l'empire vers l'est et le nord. Conscient de l'importance de préserver le passé, il envoya des émissaires en tout point des terres qu'il contrôlait et leur demanda de récupérer ou de copier les livres de cette ville ou de ce village, les ramenant tous à Ninive pour la bibliothèque royale.
Assurbanipal régna sur l'empire pendant 42 ans, au cours desquels il mena des campagnes fructueuses et gouverna avec efficacité. Cependant, l'empire était devenu trop grand et les régions étaient surtaxées. En outre, l'immensité du domaine assyrien rendait difficile la défense des frontières. Même si l'armée était toujours aussi nombreuse, il n'y avait pas assez d'hommes pour tenir une garnison dans chaque fort ou avant-poste important.
Lorsque Assurbanipal mourut en 627 avant J.-C., l'empire commençait à s'effondrer. Ses successeurs, Assur-etil-ilani et Sîn-shar-ishkun, ne parvinrent pas à maintenir l'unité des territoires et des régions commencèrent à se détacher. La domination de l'Empire assyrien était considérée comme trop sévère par ses sujets, malgré les progrès et le luxe qu'offrait le statut de citoyen assyrien, et les anciens États vassaux se révoltèrent.
En 612 avant Jésus-Christ, Ninive fut saccagée et brûlée par une coalition de Babyloniens, de Perses, de Mèdes et de Scythes, entre autres. Lors de la destruction du palais, les murs enflammés s'abattirent sur la bibliothèque d'Assurbanipal et, bien loin d'en être l'intention, préservèrent la grande bibliothèque, et l'histoire des Assyriens, en durcissant et en enterrant les livres en tablettes d'argile. Kriwaczek écrit: "Ainsi, les ennemis de l'Assyrie n'ont finalement pas atteint leur objectif lorsqu'ils ont rasé Assur et Ninive en 612 avant notre ère, quinze ans seulement après la mort d'Assurbanipal: celui d'effacer la place de l'Assyrie dans l'histoire" (255). Pourtant, la destruction des grandes villes assyriennes fut si complète que, deux générations après la chute de l'empire, personne ne savait où elles se trouvaient. Les ruines de Ninive furent recouvertes par les sables et restèrent enfouies pendant les 2 000 années suivantes.
Héritage de l'Assyrie
Grâce à l'historien grec Hérodote, qui considérait l'ensemble de la Mésopotamie comme l'"Assyrie", les chercheurs connaissent depuis longtemps l'existence de cette culture (contrairement aux Sumériens, inconnus des chercheurs jusqu'au XIXe siècle). Jusqu'à une date relativement récente, la recherche sur la Mésopotamie était traditionnellement connue sous le nom d'assyriologie (bien que ce terme soit toujours utilisé), car les Assyriens étaient vraiment bien connus grâce aux sources primaires des auteurs grecs et romains.
Grâce à l'étendue de leur empire, les Assyriens diffusèrent la culture mésopotamienne dans les autres régions du monde, ce qui eut un impact sur les cultures du monde entier jusqu'à aujourd'hui. Durant écrit :
Par la conquête de Babylone par l'Assyrie, son appropriation de la culture de l'ancienne cité, et sa diffusion de cette culture à travers son vaste empire; par la longue Captivité des Juifs, et la grande influence sur eux de la vie et de la pensée babyloniennes; par les conquêtes perses et grecques qui ont alors ouvert avec une plénitude et une liberté sans précédent toutes les voies de communication et de commerce entre Babylone et les cités naissantes d'Ionie, d'Asie Mineure et de Grèce - par ces voies et bien d'autres encore, la civilisation du pays entre les fleuves s'est transmise dans le patrimoine culturel de notre race. En fin de compte, rien n'est perdu; en bien ou en mal, chaque événement a des effets à jamais. (264)
Téglath-Phalasar III avait introduit l'araméen pour remplacer l'akkadien comme lingua franca de l'empire et, comme l'araméen survécut en tant que langue écrite, cela permit aux savants ultérieurs de déchiffrer les écrits akkadiens puis sumériens. La conquête de la Mésopotamie par les Assyriens et l'expansion de l'empire dans tout le Moyen-Orient amenèrent l'araméen dans des régions aussi proches qu'Israël et aussi lointaines que la Grèce, de sorte que la pensée mésopotamienne s'imprégna de ces cultures et fit partie de leur patrimoine littéraire et culturel.
Après le déclin et la rupture de l'empire assyrien, Babylone assuma la suprématie dans la région de 605 à 549 avant notre ère. Babylone tomba ensuite aux mains des Perses sous Cyrus le Grand qui fonda l'empire achéménide (549-330 av.J.-C.), lequel tomba aux mains d'Alexandre le Grand et, après sa mort, fit partie de l'empire séleucide.
La région de la Mésopotamie, qui correspond à l'Irak, à la Syrie et à une partie de la Turquie actuels, était à l'époque connue sous le nom d'Assyrie et, lorsque les Séleucides furent chassés par les Parthes, la partie occidentale de la région, autrefois connue sous le nom d'Eber Nari puis d'Aramée, conserva le nom de Syrie. Les Parthes prirent le contrôle de la région et la conservèrent jusqu'à l'arrivée de Rome en 116 de notre ère, puis l'Empire sassanide exerça sa suprématie dans la région de 226 à 650 jusqu'à ce que, avec la montée de l'Islam et les conquêtes arabes du 7e siècle, l'Assyrie ne cesse d'exister en tant qu'entité nationale.
L'alphabet araméen, importé dans le gouvernement assyrien par Téglath-Phalasar III depuis la région conquise de la Syrie, est l'une de leurs plus grandes réalisations. L'araméen étant plus facile à écrire que l'akkadien, les documents anciens recueillis par des rois tels qu'Assurbanipal furent traduits de l'akkadien en araméen, tandis que les documents plus récents furent rédigés en araméen, sans tenir compte de l'akkadien. Le résultat est que des milliers d'années d'histoire et de culture ont été préservées pour les générations futures, ce qui constitue le plus grand héritage de l'Assyrie.
Note de l'auteur : Merci à Mme Claire Mooney pour sa contribution à la clarté de cet article.