Dynastie Mérovingienne

Définition

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 13 March 2023
Disponible dans ces autres langues: anglais, Turc
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Pharamond Raised Upon the Bulwark (by Pierre Révoil & Michel Philibert Genod, Public Domain)
Pharamond élévé sur le pavois
Pierre Révoil & Michel Philibert Genod (Public Domain)

La dynastie mérovingienne était la famille régnante des Francs depuis environ 481, date à laquelle Clovis Ier monta sur le trône des Francs saliens, jusqu'en 751, date à laquelle Childéric III fut déposé et où les Mérovingiens furent supplantés par la dynastie carolingienne en tant que rois de Francie. Les Mérovingiens établirent le royaume le plus vaste et le plus puissant d'Europe occidentale, consolidant ainsi la domination des Francs.

Le nom de la dynastie est dérivé de l'un de ses ancêtres, Merovée, un chef franc salien semi-mythique qui aurait combattu aux côtés des Romains lors de la bataille des champs Catalauniques (451). Le petit-fils de Merovée, Clovis Ier (r. de 481 à 511), fut chargé d'étendre le pouvoir mérovingien à la majeure partie de la Gaule et à certaines parties de l'Allemagne du Nord, et d'unifier toutes les tribus franques sous un seul et même régime. À la mort de Clovis, son royaume fut partagé en parts égales entre ses quatre fils. Bien que le royaume mérovingien ait été considéré comme une entité politique unique, il est devenu courant qu'au moment de la succession, chaque fils mérovingien reçoive une partie du royaume pour gouverner en son nom propre. Cela conduisit à la désunion au sein de la dynastie mérovingienne et favorisa la guerre civile.

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Les Mérovingiens, souvent appelés "rois chevelus", se distinguaient des autres Francs en gardant les cheveux longs, qui devinrent rapidement un symbole de leur droit à régner. Les Mérovingiens se débarrassaient souvent de leurs rivaux en les tonsurant et en les envoyant dans un monastère, car un Mérovingien qui se coupait les cheveux courts était considéré inapte à régner. Une autre méthode utilisée par les Mérovingiens pour maintenir leur légitimité consistait à faire hisser les nouveaux rois sur un pavois (bouclier) par un groupe de soldats, afin de symboliser le fait que les Francs donnaient leur accord au nouveau roi pour qu'il règne. Ces efforts pour légitimer leur règne portèrent leurs fruits: les Mérovingiens conservèrent le trône pendant plus d'un siècle après que leur pouvoir ait commencé à s'estomper, en partie parce que les Francs n'acceptaient aucune autre famille pour le trône.

Cependant, les Mérovingiens finirent par être éclipsés par le pouvoir de l'aristocratie et le dynamisme de certains maires du palais comme Charles Martel (c. de 688 à 741). En 751, les Mérovingiens devinrent suffisamment insignifiants pour que le fils de Charles, Pépin le Bref (r. de 751 à 768), ne s'empare du trône et ne devienne le premier roi carolingien des Francs.

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Origines

Les Mérovingiens appartenaient aux Francs saliens, une tribu établie en Gaule belge.

La dynastie mérovingienne n'était à l'origine qu'une seule famille régnante répartie dans la confédération des tribus franques. Les Mérovingiens appartenaient aux Francs saliens, une tribu installée en Gaule belge par l'Empire romain d'Occident en 358 en tant que foederati. Cet accord stipulait que les Saliens devaient fournir aux Romains un service militaire en échange de l'utilisation de terres. En conséquence, les Saliens aidèrent à défendre les frontières de l'empire contre les incursions barbares, et participèrent notamment à la bataille des champs Catalauniques contre les Huns en 451.

Cet accord avec les Romains permit à certains Francs, ainsi qu'à d'autres fédérés, d'accumuler du pouvoir au sein de la structure romaine existante. Certains "barbares" gravirent les échelons de l'armée romaine pour accéder à de hautes fonctions telles que consul ou magister militum (maître des soldats). D'autres renforcèrent simplement leur pouvoir sur les terres où ils s'étaient installés, profitant du déclin de l'autorité romaine. Clodion, chef des Francs saliens au début du Ve siècle, suivit cette dernière voie; depuis sa capitale de Tournai, il étendit son influence sur une grande partie de la Belgique. Clodion put asseoir son autorité en offrant aux citoyens gallo-romains une protection et un emploi, choses qui ne pouvaient plus être garanties par les Romains.

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Clodion mourut peu avant 451, date à laquelle les Saliens étaient dirigés par un certain Merovée qui, selon l'historien du VIe siècle Grégoire de Tours, était le fils de Clodion. Cependant, la Chronique de Frédégaire offre un récit différent et fantastique de la filiation de Merovée; dans la légende, Merovée était la progéniture d'une bête marine connue sous le nom de Quinotaure, qui s'était imposée à sa mère alors qu'elle était en train de nager et l'avait ainsi fécondée. L'histoire du Quinotaure, qui pourrait avoir été une tentative de relier les Francs à la mythologie grecque, servit également à donner aux Mérovingiens des origines mythiques, bien qu'il n'y ait aucune preuve que l'histoire ait été racontée par les Mérovingiens ou qu'elle ait été largement acceptée. En dehors de ces mythes, on ne sait pas grand-chose de Merovée, si ce n'est qu'il mena les Francs contre les Huns en 451 et qu'il était le père de Childéric Ier, qui lui succéda en tant que roi des Saliens vers 458.

Victory of Merovech at the Battle of Catalaunian Fields
Victoire de Merovée à la Bataille des Champs Catalauniques
Fordmadoxfraud (CC BY-SA)

Certains éléments suggèrent que le roi Childéric Ier (r. de 458 à 481) entretint des liens étroits avec les Romains au cours de son règne. En 463, il aurait livré une bataille à Orléans, peut-être en tant qu'allié romain. Ses campagnes militaires le long de la Loire sont également souvent liées aux Romains, et l'on a découvert plus tard dans sa tombe une broche qui n'était offerte qu'aux fonctionnaires impériaux de haut rang. Si Childéric était vraiment un client ou un allié romain, il utilisa cette relation à son avantage, renforçant considérablement le pouvoir salien dans le nord-est de la Gaule. À sa mort en 481/82, les bases étaient posées pour que son fils et successeur, Clovis Ier, puisse conquérir la Gaule et unifier les Francs.

Règne de Clovis

Le règne de Clovis Ier fut important pour deux raisons majeures: l'unification des Francs et la conversion au christianisme. Le premier projet fut lancé en 486, lorsqu'il attaqua et battit Syagrius, le dernier fonctionnaire romain à exercer le pouvoir en Gaule, et s'empara de la ville de Soissons. À partir de cette nouvelle base de pouvoir, Clovis fit campagne contre les Alamans, qu'il battit à la bataille de Tolbiac en 496, et contre les Wisigoths, qu'il vainquit à la bataille de Vouillé en 507. À Vouillé, Clovis réduisit le pouvoir des Wisigoths, considérés comme une menace majeure pour l'expansion franque, et étendit son influence à l'Aquitaine.

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Après avoir épousé Clotilde, fille d'un roi burgonde, Clovis fit campagne en Bourgogne, étendant ainsi son influence en Gaule. Après sa conversion, Clovis fut reconnu comme un allié par l'empereur byzantin Anastase Ier (r. de 491 à 518), qui lui confia une charge consulaire. Pendant la dernière partie de son règne, Clovis s'empara des royaumes francs voisins en recourant à une combinaison impitoyable de conquêtes, de ruse et d'assassinats. À sa mort, en 511, Clovis revendiqua le titre de "roi de tous les Francs" et régna sur la majeure partie de la Gaule, à l'exception de la Bourgogne, de la Provence et de la Septimanie, sur la côte méditerranéenne. Le royaume mérovingien était établi.

The Merovingian Dynasty,  c. 639
Dynastie mérovingienne, c. 639
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Sa deuxième grande réussite, sa conversion au catholicisme, est traditionnellement considérée comme ayant eu lieu en 496, l'année de la bataille de Tolbiac. Avant la bataille, Clovis était un païen qui ignorait toutes les supplications de sa femme catholique Clotilde de se convertir. À Tolbiac, lorsqu'il devint évident que les forces franques étaient en train d'être vaincues, Clovis, désespéré, pria Dieu et jura de se faire baptiser si la victoire lui était accordée. Immédiatement, le cours de la bataille s'inversa et les Francs sortirent victorieux. Fidèle à sa parole, Clovis se convertit au catholicisme et se fit baptiser aux côtés de ses sœurs et de 3 000 de ses guerriers.

Cette histoire, telle qu'elle est racontée par Grégoire de Tours, dépeint Clovis comme un véritable converti, bien que de nombreux chercheurs modernes pensent qu'il y avait des motivations politiques sous-jacentes. Clovis savait certainement que nombre de ses nouveaux sujets gallo-romains étaient catholiques et souhaitait peut-être consolider son pouvoir par la conversion. En choisissant le catholicisme plutôt que le christianisme arien, il a peut-être voulu justifier son invasion des Wisigoths ariens en se présentant comme le défenseur du catholicisme. Ce choix lui permit également d'accéder à plusieurs alliés catholiques puissants, dont l'Empire byzantin. Quelles que soient ses motivations, la conversion de Clovis contribua à l'essor du catholicisme par rapport à l'arianisme en Europe occidentale.

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Les fils de Clovis

Après la mort de Clovis en 511, son royaume fut divisé en parts égales entre ses quatre fils, créant ainsi un précédent pour les futures successions mérovingiennes. Bien que cette division soit souvent expliquée par le respect des coutumes germaniques en matière d'héritage, l'expert Ian Wood suggère que la reine Clotilde joua peut-être un rôle dans le partage afin de s'assurer que ses propres fils ne seraient pas exclus de la succession. Dans un cas comme dans l'autre, le partage constituait un dangereux précédent pour les successions futures, qui allait devenir une source majeure de rivalité et de désunion entre les rois mérovingiens.

Dans un premier temps, les fils de Clovis travaillèrent ensemble pour achever les conquêtes commencées par leur père. Ils conquirent le royaume de Bourgogne en 534 et se virent céder le contrôle de la Provence par les Ostrogoths quelques années plus tard. Les Mérovingiens s'étendirent également en Allemagne, conquérant la Thuringe en 531 et étendant leur influence jusqu'en Bavière. Les Saxons luttèrent contre les Mérovingiens en 555, mais ils furent vaincus et contraints de payer aux Francs un tribut annuel de 500 vaches. Ces conquêtes firent des Mérovingiens le plus grand et le plus puissant royaume d'Occident après la mort du roi ostrogoth Théodoric le Grand en 526.

Sons of Clovis
Fils de Clovis
Unknown Artist (Public Domain)

Malgré leur coopération dans ces conquêtes, les fils de Clovis cherchaient constamment des moyens de s'affaiblir les uns les autres et de renforcer leur propre pouvoir. En 531, Theuderic I (r. de 511 à 534) tenta de tuer son demi-frère Clotaire Ier (r. de 511 à 561). À la mort de Théodoric, Clotaire tenta de s'emparer de son royaume par la force, et la guerre civile ne fut évitée que grâce à une tempête miraculeuse qui gêna les armées. En 532, Clotaire et son frère Childebert Ier (r. de 511 à 558) assassinèrent deux de leurs neveux pour assurer leur propre pouvoir. En 555, Childebert Ier incita le fils de Clotaire, Chramn, à la rébellion, alors que Clotaire était en campagne contre les Saxons. La révolte de Chramn prit fin en 560 lorsqu'il fut vaincu par son père au cours d'une bataille et brûlé vif avec sa femme et ses filles, sur l'ordre de Clotaire en personne. Ce type de querelles intestines deviendrait caractéristique de la dynastie mérovingienne et ne ferait qu'empirer à la génération suivante.

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En 558, Clotaire Ier survécut à ses frères et hérita de leurs royaumes, ce qui lui permit de revendiquer l'ancien titre de Clovis: "roi de tous les Francs". Cependant, il ne régnerait que moins de trois ans sur le royaume mérovingien réunifié; à sa mort, en 561, le royaume fut à nouveau divisé entre ses quatre fils.

Reines rivales

En 567, les royaumes mérovingiens étaient gouvernés par trois des fils survivants de Clotaire:

  • Sigebert Ier (r. de 561 à 575) régnait sur le royaume le plus à l'est, bientôt connu sous le nom d'Austrasie.
  • Gontran Ier d'Orléans (r. de 561 à 592) régnait sur le territoire de la Bourgogne.
  • Chilpéric Ier (r. de 561 à 584) régnait sur le territoire de la Neustrie depuis Soissons.

Sigebert et Chilpéric étaient tous deux mariés à des princesses wisigothes: Sigebert avait épousé Brunehaut, et Chilpéric avait épousé la sœur aînée de Brunehaut, Galswinthe. Pourtant, Chilpéric et Galswinthe ne formaient pas un couple heureux, et Chilpéric ne tarda pas à la faire assassiner pour épouser sa maîtresse, une servante nommée Frédégonde. Le meurtre de Galswinthe provoqua des frictions entre Sigebert et Chilpéric qui débouchèrent sur une guerre civile en 572.

King Chilperic Murders his Wife Galswinth
Le roi Chilpéric tue sa femme Galswinthe
Unknown Artist (Public Domain)

La guerre dura jusqu'en 575, date à laquelle Sigebert, sur le point de remporter la victoire, fut assassiné par deux hommes probablement engagés par la reine Frédégonde. Chilpéric chercha à s'emparer du royaume de Sigebert, mais il fut arrêté par Gontran, qui garantit l'indépendance du fils de Sigebert, Childebert II (r. de 575 à 596), âgé de cinq ans. Lorsque Chilpéric fut lui-même assassiné en 584, Gontran offrit une protection similaire au fils de Chilpéric, Clotaire II, âgé de quatre mois (r. de 584 à 629). Pendant un certain temps, Gontran était le seul roi mérovingien adulte et gouvernait toute la Francie en fiducie pour ses deux neveux. À la mort de Gontran en 592, cette paix précaire fut rompue et Childebert II envahit le royaume de son cousin.

Cette nouvelle série de guerres civiles fut alimentée par les mères des jeunes rois; la rivalité entre la reine Brunehaut d'Austrasie et la reine Frédégonde de Neustrie, qui remontait à l'assassinat de Galswinthe, ne fit que s'aggraver dans les années qui suivirent. La guerre entre Childebert II et Clotaire II en 592 peut être considérée comme une guerre par procuration entre les deux reines; à la mort de Frédégonde en 597, Clotaire II poursuivit la lutte contre la rivale de sa mère. En 596, Childbert II mourut d'une mort mystérieuse. Ses deux fils (les petits-fils de Brunehaut) reprirent la guerre contre Clotaire II, réduisant finalement son territoire à 12 comtés entre la Seine, l'Oise et la mer. Mais avant que les frères ne puissent mettre Clotaire à genou, ils commencèrent à se quereller entre eux; après une guerre civile sanglante en 612, les deux petits-fils de Brunehaut moururent, laissant le royaume combiné d'Austrasie-Bourgogne entre les mains du jeune roi Sigebert II et de Brunehaut, âgée, qui régna en tant que régente.

À ce stade, les nobles austrasiens et bourguignons en eurent assez de l'influence dominatrice de Brunehaut et invitèrent Clotaire II à les envahir, ce qu'il fit en 613. Après avoir rencontré peu de résistance, Clotaire II mit à mort Sigebert II. Il fit torturer Brunehaut pendant trois jours avant de l'attacher à des membres de chevaux et de la faire écarteler. L'horrible exécution de Brunehaut marqua la fin du conflit qui avait débuté en 567 et permit à Clotaire II de réunir les royaumes mérovingiens sous son autorité.

Execution of Brunhilda
Exécution de Brunehaut
Alphonse de Neuville (Public Domain)

Essor de l'aristocratie

Les règnes de Clotaire II et de son fils Dagobert Ier (r. de 623 à 639) sont considérés par certains historiens comme l'apogée de la puissance mérovingienne et une période de paix et de prospérité pour les royaumes francs. Pourtant, ce succès était dû à des concessions massives accordées à l'aristocratie, qui affaibliraient l'autorité de la couronne mérovingienne au fil du temps. En 614, Clotaire II promulgua l'Édit de Paris, qui décentralisa le pouvoir dans son royaume et donna plus d'autorité aux élites régionales. Puis, en 617, les maires du palais se virent confier davantage de pouvoirs. Cette fonction, qui était à l'origine celle du chef de la maison du roi, était devenue la deuxième fonction la plus puissante du royaume. Le royaume de Clotaire comptait trois maires, un pour chacun des royaumes mérovingiens (Neustrie, Austrasie, Bourgogne). Les concessions faites en 617 permettaient à chaque maire de légiférer comme il l'entendait dans son royaume et interdisaient au roi de démettre légalement un maire de ses fonctions. Cette mesure, ainsi que l'édit de Paris, permirent à Clotaire II d'asseoir son pouvoir en s'assurant le soutien de l'aristocratie, mais elle entraîna également une diminution à long terme du pouvoir mérovingien en renforçant l'autorité des aristocrates. Pour reprendre les termes de l'universitaire Susan Wise Bauer, il s'agissait d'un "accord diabolique" (251).

Chlothar II with His Son Dagobert I
Clotaire Ier et son fils Dagobert Ier
Bibliothèque nationale de France (Public Domain)

En 623, les aristocrates austrasiens commencèrent à se plaindre que le roi passait tout son temps en Neustrie, arguant que la présence royale donnait à la Neustrie un avantage injuste. L'aristocratie austrasienne étant devenue trop puissante pour être ignorée, Clotaire décida de l'apaiser en faisant de l'Austrasie un sous-royaume semi-autonome dirigé par son fils aîné Dagobert Ier. En tant que roi d'Austrasie, Dagobert jouissait d'une indépendance minimale, puisqu'il était constamment soumis aux caprices des puissants magnats austrasiens. À la mort de Clotaire II en 629, Dagobert devint roi de tous les Francs et déplaça sa capitale de Metz à Paris, dans l'espoir de priver les Austrasiens de leur pouvoir. Cela ne fit qu'exaspérer davantage les Austrasiens qui se révoltèrent contre le pouvoir de Dagobert. En 634, Dagobert fut contraint de faire à nouveau de l'Austrasie un sous-royaume et nomma roi son fils Sigebert III (r. de 634 à 656), alors âgé de trois ans.

Les derniers Mérovingiens

À la mort de Dagobert en 639, Sigebert III continua de régner en Austrasie tandis que la couronne du royaume combiné de Neustrie-Bourgogne passa au fils cadet de Dagobert, Clovis II (r. de 639 à 657). Sigebert et Clovis étant tous deux mineurs, les nobles de leurs royaumes respectifs commencèrent à gouverner en leur nom. Grâce au pouvoir conféré à l'aristocratie sous les règnes de Clotaire II et de Dagobert, les magnats purent s'enraciner davantage, de sorte que même lorsque les jeunes rois devinrent majeurs, les maires du palais continuèrent à diriger les affaires. C'est pourquoi Sigebert III et Clovis II sont parfois considérés comme les premiers "rois fainéants", appelés ainsi en raison de leur absence d'autorité royale réelle. Le dernier siècle du règne mérovingien (639-751) vit l'érosion progressive du pouvoir mérovingien jusqu'à ce que les rois ne soient plus que des figures de proue cérémonielles.

The Last of the Merovingians
Le dernier des Mérovingiens
Évariste Vital Luminais (Public Domain)

Mais même après que la dynastie eut cessé de détenir un pouvoir réel, le nom des Mérovingiens continua de signifier quelque chose pour leurs sujets francs. À la mort de Sigebert III en 656, Grimoald, maire du palais d'Austrasie, tenta de faire monter son propre fils sur le trône. Il fit tonsurer le fils de Sigebert, Dagobert II, et l'exila dans un monastère irlandais avant de couronner son propre fils, connu dans l'histoire sous le nom de Childebert l'Adopté, en tant que roi d'Austrasie. En 657, Grimoald et Childebert furent capturés par les nobles austrasiens et envoyés à la cour de Clovis II, qui les fit exécuter. Clovis plaça alors son propre fils, Childéric II, sur le trône d'Austrasie.

Au fil des décennies, le pouvoir mérovingien continua de s'affaiblir, tandis que l'autorité des maires s'accrut. Un clan aristocratique particulier, les Pépinides, s'imposa en tant que maires du palais. Charles Martel, descendant des Pépinides et fondateur de la dynastie carolingienne, accéda au pouvoir en tant que maire du palais d'Austrasie en 715. Célèbre pour avoir mené les Francs à la victoire contre le califat omeyyade lors de la bataille de Poitiers (732), Charles Martel devint le souverain de facto de la Francie; pendant la dernière partie de son règne, il ne prit même pas la peine de nommer un roi mérovingien fantoche, et le trône resta vacant jusqu'à la mort de Charles en 741. Le dynamisme du règne de Charles Martel brisa l'illusion que les Mérovingiens avaient encore du pouvoir. En 751, le dernier roi mérovingien, Childéric III, fut déposé par le fils de Charles Martel, Pépin le Bref. Pépin s'empara du trône et devint le premier roi carolingien des Francs.

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Questions & Réponses

Qu'est-ce que la dynastie mérovingienne ?

La dynastie mérovingienne (vers 481-751) était une famille régnante des Francs, dont les membres sont parfois considérés comme les premiers rois de France. Le royaume mérovingien est devenu le plus puissant des États "barbares" à succéder à l'Empire romain d'Occident.

Pourquoi la dynastie mérovingienne s'est-elle effondrée ?

L'effondrement de la dynastie mérovingienne peut être attribué aux luttes intestines et aux rivalités constantes entre ses membres, ainsi qu'à la montée en puissance de l'aristocratie et des maires du palais. Les maires ont finalement réussi à réduire le pouvoir des rois mérovingiens avant de les déposer en 751.

Pourquoi la dynastie mérovingienne est-elle connue ?

Les membres de la dynastie mérovingienne étaient connus pour leurs cheveux longs, qui symbolisaient leur droit à régner, ainsi que pour leur caractère impitoyable et leurs luttes intestines. La dynastie était connue pour sa pratique consistant à hisser les nouveaux rois sur un bouclier et pour l'utilisation constante de certains noms comme Chilpéric, Childebert et Clovis, afin de favoriser un sentiment d'hérédité et de continuité politique.

Citez certains rois mérovingiens.

Parmi les rois les plus remarquables de la dynastie mérovingienne, citons Clovis Ier (r. de 481 à 511), qui fut le premier à unifier les Francs et à se convertir au christianisme, Saint Gontran Ier (r. de 561 à 592), qui guida la dynastie à une époque précaire, et Dagobert Ier (r. de 623 à 639), qui régna à l'apogée de la puissance mérovingienne.

Charlemagne était-il un Mérovingien ?

Charlemagne n'était pas un Mérovingien, mais un membre de la dynastie carolingienne. Les Carolingiens sont la dynastie qui supplanta les Mérovingiens en tant que souverains de la Francie.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2023, March 13). Dynastie Mérovingienne [Merovingian Dynasty]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-17548/dynastie-merovingienne/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Dynastie Mérovingienne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le March 13, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-17548/dynastie-merovingienne/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Dynastie Mérovingienne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 13 Mar 2023. Web. 21 Nov 2024.

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