Empire Ottoman

Définition

Syed Muhammad Khan
de , traduit par Batuhan Aksu
publié le 24 August 2020
Disponible dans ces autres langues: anglais, chinois, portugais, espagnol, Turc
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Ottoman Infantry Coat of Arms (1882-1922 CE) (by Juris Tiltins, Public Domain)
Armoiries de l'infanterie ottomane (1882-1922 CE)
Juris Tiltins (Public Domain)

Le sultanat ottoman (1299-1922 en tant qu'empire ; 1922-1924 en tant que califat uniquement), Osmanlı Devleti en turc, également appelé Empire ottoman, était un État impérial turc qui fut conçu par Osman (1258-1326), un chef anatolien. À son apogée aux XVIe et XVIIe siècles, l'Empire contrôlait de vastes étendues comprenant l'Anatolie, le Sud-Ouest de l'Europe, la Grèce continentale, les Balkans, des parties du nord de l'Iraq, l'Azerbaïdjan, la Syrie, la Palestine, des parties de la péninsule arabique, l'Égypte et des parties du Bande nord-africaine, en plus des principales îles méditerranéennes de Rhodes, Chypre et Crète. Reconnu comme la superpuissance militaire de son époque, l'Empire Ottoman stagna et fit face à un lent déclin à partir de la fin du XVIe siècle jusqu’à l’instauration de la République moderne de Turquie après la Première Guerre mondiale (1914-1918).

Ascension, zénith et chute de l'Empire ottoman

Au XIe siècle, les Turcs seldjoukides, un peuple de la steppe asiatique qui avait accepté la version sunnite de l'islam, déferlèrent sur la Perse et les territoires orientaux voisins puis avancèrent vers l'Ouest en direction de l'Anatolie. Là, ils infligèrent aux forces impériales de l'Empire byzantin (330-1453) une défaite dévastatrice près de Manzikert en 1071, et désormais plusieurs tribus turques s'installèrent dans la région. À la fin du XIIIe siècle, les divers beyliks (petits royaumes) d'Anatolie étaient pratiquement indépendants mais se querellaient entre eux. Osman (1299-1326), le bey (chef) de Bithynie, une région située à l'Ouest, près de la mer de Marmara, lança une guerre avec le royaume byzantin limitrophe, étendant ses domaines à leurs dépens et assiégeant Prusa (Bursa) qui tomba après sa mort en 1326.

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MehmeT I sortiT victorieux comme le souverain inégalé du royaume ottoman unifié, et pour cela, il est souvent surnommé le deuxième fondateur de l'empire.

Les successeurs d'Osman déferlèrent sur les possessions byzantines en Anatolie et en Europe, prenant même le contrôle des Balkans à la fin du 14ème siècle. Les Européens tentèrent avec véhémence de repousser les Ottomans, mais ils échouèrent, notamment lors des batailles cruciales de Kosovo (1389) et de Nicopolis (1396). Les Turcs rencontrèrent leur rival, non pas de l'Ouest mais de l'Est, lorsqu'ils affrontèrent les forces timurides rivales (sur un conflit territorial en Anatolie) sous le chef turco-mongol Timur (alias Tamerlan, 1370-1405) près d'Ankara en 1402. Les Ottomans furent vaincus et le sultan Bajazet (r. 1389-1402) fut capturé.

Cependant, les puissances occidentales ne réussirent pas à exploiter pleinement cette opportunité, et après une guerre civile, autrement connue sous le nom d'interrègne ottoman (1402-1413), Mehmet I (r. 1413-1421), un fils de Bajazet, sortit victorieux comme le souverain inégalé du royaume ottoman unifié, et pour cela, il est souvent surnommé le deuxième fondateur de l'Empire. Après avoir restauré les frontières de l'Empire telles qu'elles étaient avant la bataille d'Ankara, les Ottomans apparurent devant les légendaires murs théodosiens de Constantinople, le dernier bastion de l'Empire byzantin, en 1453, sous Mehmet II le Conquérant (1451-1481, un petit-fils de Mehmet I).

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Mehmed II Conquers Constantinople
Mehmet II conquiert Constantinople
Jean-Joseph Benjamin-Constant (Public Domain)

Après la chute de Constantinople, qui devint la nouvelle capitale ottomane, Mehmed lança plusieurs campagnes militaires à l'Est comme à l'Ouest. La Serbie, la Grèce et la Bosnie tombèrent sous l'emprise du sultan, et à l'Est, Mehmet prit Trébizonde (Trabzon) en 1461. Mehmet reçut également l'allégeance des Tatars de Crimée (1441-1783) en 1475, et s'assura ainsi la domination de la région de la mer Noire pour les trois siècles à venir.

Les Ottomans se tournèrent vers l'est sous Sélim I (1512-1520, petit-fils de Mehmet le Conquérant) qui cibla la dynastie rivale safavide (chiite) d'Iran (1501-1736) et le sultanat mamelouk d'Égypte (1250-1517). Il infligea au premier une défaite cuisante en 1514 mais ne poursuivit pas une conquête complète ; le royaume mamelouk, cependant, sombra complètement en 1517.

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Cette dernière victoire donna aux Ottomans l'accès aux villes saintes islamiques de La Mecque, Médine et Jérusalem, leur permettant de revendiquer le titre de calife du monde islamique. Les Ottomans et les Safavides, et les Empires perses successifs, continueraient à s'affronter par intermittence pendant les trois siècles suivants, et les territoires en Iraq et en Azerbaïdjan échangeraient les mains plusieurs fois jusqu'à ce que les problèmes soient finalement résolus par un traité de paix en 1847.

Le fils de Sélim, Soliman I (r. 1520-1566) reste le souverain le plus célèbre de l'ère ottomane et est appelé Kanuni (législateur) à l'Est et le magnifique à l'Ouest. Il conquit Belgrade en 1521, prit l'île de Rhodes en 1523 et remporta une victoire majeure et conséquente contre la Hongrie lors de la bataille de Mohács en 1526 (qui déstabilisa la région pour les années à venir et permit aux Turcs d'affirmer leur domination, en concurrence avec les Autrichiens). En Afrique, Alger avait accepté la suzeraineté de Sélim en 1517 et Tunis entra sous la domination ottomane sous Soliman en 1534.

Suleiman the Magnificent
Soliman le Magnifique
Kunsthistorisches Museum (Public Domain)

Soliman le Magnifique mourut alors qu'il faisait campagne en Hongrie en 1566, laissant l'Empire entre les mains de son seul fils survivant Sélim II (1566-1574), certains historiens prétendent que ce fut le début de la transformation de l'Empire ottoman. Les décennies suivantes ne furent pas dépourvues de conquêtes mais l'autorité militaire et navale de l'Empire commença à se flétrir. Les conquêtes du Yémen (1567-1570), de Chypre (1570), de Tunis (1574), de Fès au Maroc (1578), de la Crète (1669) et de la Podolie dans l'Ukraine moderne (1672) s'avérèrent être les derniers ajouts majeurs àu royaume ottoman. En 1683, l'armée ottomane subit une défaite dévastatrice contre les murs de Vienne et, par conséquent, perdit son prestige militaire. En 1699, l'Empire ottoman fut contraint de demander la paix face à une invasion collective ; le traité de Karlowitz (1699) obligea les Turcs à céder de vastes étendues de territoire européen à l'Autriche, la Pologne, la Russie et Venise.

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Cette perte territoriale n'était qu'un prélude à un épisode d'un siècle à venir. Les Tatars de Crimée furent vaincus par les Russes en 1783, coupant ainsi l'hégémonie de l'Empire dans la région orientale de la mer Noire. La Révolution grecque (1821-1829) établit l'indépendance de la Grèce, et leur exemple fut suivi par la Bulgarie, la Serbie, le Monténégro et la Roumanie, qui se séparèrent tous de l'empire à la fin du XIXe siècle. L'Égypte échappa au contrôle direct des Ottomans dès les années 1830 et fut finalement définitivement perdue au profit de l'Empire britannique cinq décennies plus tard dans les années 1880. La France s'empara de l'Algérie en 1830 et de Tunis en 1881, et le dernier territoire africain détenu par les Ottomans, la Libye tomba aux mains de l'Italie en 1911.

The Greatest Extent of the Ottoman Empire in Europe (1683 CE)
La plus grande extension de l'Empire ottoman en Europe (1683 CE)
Chamboz (CC BY-SA)

Le dernier souverain ottoman autonome à avoir apporté une contribution significative aux empires fut le sultan Abdülhamid II (1876-1909) qui prit le sceptre au milieu de la première ère constitutionnelle de l'Empire ottoman (1876-1878, une ère de monarchie constitutionnelle) , à laquelle il mit fin en seulement deux ans, réaffirmant le contrôle monarchique absolu. Abdülhamid fit des tentatives véhémentes de modernisation (notamment dans le secteur de l'éducation) et introduisit plusieurs avancées technologiques telles que la mise en place de systèmes ferroviaires étendus, mais reste controversé en raison de son implication dans le massacre de la population arménienne locale (1894-1896 ; également connu sous le nom de massacres hamidiens), qui sont souvent considérés comme un prélude au génocide arménien (1914-1923) qui se produisit plus tard.

Abdülhamid fut déposé en 1909 par le parti des Jeunes Turcs, une entité politique nationaliste et laïque qui restaura la monarchie constitutionnelle dans l'empire, également connue sous le nom de deuxième ère constitutionnelle de l'Empire ottoman (1908-1920). Cependant, à partir de ce moment-là, les sultans devinrent de simples figures de proue et l'empire s'engagea sur la voie de sa destruction. Le dernier clou du cercueil de l'empire fut planté lorsqu'il s'engagea dans la Première Guerre mondiale (1914-1918) aux côtés des puissances centrales (Empire austro-hongrois et Allemagne). Le Sultanat fut détruit par la guerre et cessa officiellement d'exister en 1922.

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Au lendemain de la guerre, l'armée grecque envahit l'Anatolie, prenant Smyrne (Izmir) et se déplaçant à l'intérieur des terres. La force d'invasion grecque fut repoussée par les combattants de la liberté turcs, dirigés par le leader nationaliste turc et le fondateur de la Turquie moderne, Kemal Atatürk (1923-1938), au cours de ce qui fut appelé plus tard comme la guerre d'indépendance turque (1919 -1923). Le dernier dirigeant ottoman, Abdülmecid II (1922-1924) ne fut calife de l'Islam (symboliquement) que pendant deux ans, jusqu'à ce que le poste ne soit officiellement aboli par Kemal.

Gouvernement ottoman

Depuis l'époque de Murad I, le chef de l'État ottoman était appelé sultan, souvent compris comme un roi guerrier d'inspiration religieuse

Depuis l'époque de Mourad I (1362-1389), le chef de l'État ottoman était appelé sultan, souvent compris comme un roi guerrier d'inspiration religieuse. Le titre de sultan fut utilisé par plusieurs monarques du monde islamique à l'époque médiévale, et dans de nombreux cas, encore légitimé par les bénédictions du chef spirituel de la communauté musulmane, le calife (Khalifa en arabe). Le Sultan, bien qu'en théorie subordonné au calife, était pratiquement indépendant et dans la plupart des cas plus autoritaire.

Les actions et les décisions du sultan étaient considérées comme définitives, bien qu'il y ait eu un organe consultatif de vizirs (ministres, également connus sous le nom de paşa ou pacha) pour aider, et parfois même remplacer le sultan dans les affaires politiques. Ces ministres et plusieurs autres bureaucrates de haut rang étaient choisis parmi les officiers prometteurs du corps militaire d'élite des Jannisaires enrôlés dans le territoire conquis des Balkans. Le grand vizir (premier ministre) était le subordonné direct du sultan et, dans de nombreux cas, s'avéra déterminant pour affirmer l'autorité de ce dernier, comme en témoignent les membres de la famille Köprülü qui exercèrent la fonction successivement de 1656 à 1703.

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Selim III Receiving Dignitaries
Selim III recevant des dignitaires
Konstantin Kapidagli (Public Domain)

Bien que le sultan ait été le souverain inégalé du royaume, les Ottomans permirent aux dirigeants locaux de conserver leur autonomie en échange de fidélité et, dans plusieurs cas, les habitants conservèrent leur système de gouvernance, comme dans les Balkans. Le cadre administratif ottoman se devine parfaitement à partir de l'extrait suivant :

Paradoxalement, le premier État ottoman était à la fois militant islamique et fortement influencé par la culture grecque, héritier des Saljuqs (Seljuks) mais aussi de pratiques et de structures dérivées de l'Empire romano-byzantin qu'il remplaça. À cheval sur les Balkans chrétiens et les confins occidentaux de Dar al-Islam, c'était un pont entre des civilisations rivales. (Ruthven, 86 ans)

Le plus gros défaut du cadre de souveraineté ottomane était celui de la succession ; les Ottomans suivaient en quelque sorte un principe darwinien : seul le prince le plus capable pouvait monter sur le trône. Les princes, connus sous le nom de Şehzade, devaient servir de gouverneurs de diverses régions sous la suzeraineté de leur père pour acquérir une expérience militaire et administrative.

Dès l'époque de Sélim II (1566-1574), alors que les sultans succombaient aux plaisirs du harem et s'éloignaient de l'administration de leur royaume, la corruption, l'intolérance et le népotisme commencèrent à poser problème. Les successeurs potentiels étaient inaptes sans aucune expérience pratique, permettant à d'autres parties (ministres, janissaires ou reines) d'affirmer plus de contrôle sur le sultan et de devenir des pions dans les intrigues de palais. Pendant une brève période au XVIIe siècle, les reines mères (Valide Sultan) commencèrent à affirmer un contrôle direct sur les souverains mineurs, comme en témoigne le règne de Kosem Sultan (1623-1632 & 1648-1651), après la mort de son mari, le sultan Ahmed I (1603-1617).

Topkapi Palace Model
Modèle du palais de Topkapi
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Plus tard, les sultans firent des tentatives pour consolider l'empire, et le sultan Abdülmecid I (1839-1861) présenta une liste de réformes importantes connues sous le nom de Tanzimat (1839-1876 ; conçu à l'origine par son père Mahmoud II). Ces réformes offraient de nombreux droits tels que l'égalité et la tolérance religieuse pour tous, tout en remaniant la structure financière de l'Empire, en promouvant le nationalisme ottoman par opposition aux divisions ethniques, en limitant le rôle des factions indisciplinées et en sapant l'autorité de tous les conspirateurs anti-étatiques.

Cependant, les nationalistes laïcs n'étaient pas impressionnés par les réformes du Tanzimat et souhaitaient créer un gouvernement de style plus européen. Ils donnèrent naissance à la première ère constitutionnelle de l'Empire ottoman (1876-1878) qui ne dura que les deux premières années du règne d'Abdul Hamid. Il n'y avait pas de système de partis mais les membres élus du parlement ottoman étaient considérés comme les représentants du peuple et exerçaient un certain contrôle sur le sultan jusqu'à ce qu'il mette fin à l'ère.

Hamid, qui était opposé aux réformes libérales, fut déposé en 1909, et donc la deuxième ère constitutionnelle de l'Empire ottoman (1908-1920) commença. Cette fois-ci, les sultans devinrent de simples figures de proue placées par les pachas (ministres) au pouvoir, qui prirent les rênes du pouvoir, en particulier le trio qui servit au milieu de la Première Guerre mondiale, à savoir Mehmed Talat Pacha, Enver Pacha et Ahmed Cemal Pacha. du parti des Jeunes Turcs, également connu sous le nom de « Trois Pachas » (et qui seraient responsables des massacres arméniens de 1914-1923).

Religion

L'Islam resta un facteur déterminant pour l'empire; le sultan était censé protéger les fidèles de cette religion et l'islam lui-même - les propos blasphématoires n'étaient pas tolérés. Cependant, comme le commente l'historien Stephen Turnbull,

..les chrétiens sous domination musulmane semblent avoir joui d'une plus grande tolérance que celle manifestée aux orthodoxes sous domination latine, de sorte que la résistance ne fut pas toujours aussi féroce qu'on aurait pu le supposer. Les églises pouvaient être transformées en mosquées, tandis que celles laissées aux mains des chrétiens subirent certaines restrictions telles que l'interdiction de sonner les cloches et les processions publiques, mais les choses auraient pu être bien pires. Le monde orthodoxe avait le souvenir tragique de la quatrième croisade de 1204 pour leur rappeler à quel point ils étaient aisés sous la domination ottomane par rapport à une conquête occidentale. « Mieux vaut le turban du sultan que la mitre de l'évêque », écrivit un érudit byzantin. (75-76)

Un exemple d'inclusion et d'acceptation religieuses peut être mentionné à l'époque de Bajazet II (1481-1512) qui accueillit les Juifs espagnols en 1492, en contraste frappant avec les mauvais traitements infligés aux Juifs dans toute l'Europe médiévale. Mehmed le Conquérant alla jusqu'à rédiger une déclaration offrant aux clercs chrétiens une protection complète et une indépendance religieuse.

Cependant, des exemples d'extrémisme et d'intolérance sur des bases religieuses, ethniques ou nationalistes abondent également dans les annales de l'histoire turque telles que la boucherie violente de captifs de guerre initiée par Bajazet I (1389-1402) après la bataille de Nicopolis (1396), le pillage des villes conquises, et les mauvais traitements et le génocide des Arméniens locaux de la fin du 19e au début du 20e siècle.

Armée ottomane

Le fondateur de l'Empire, Osman, se présenta comme un ghazi, ce qui signifie guerrier saint, et dirigea des forces principalement composées de ces guerriers saints, menant la ġazā, une forme de guerre sainte, contre les Byzantins. Au fur et à mesure que le royaume ottoman s'étendait, de nouveaux corps militaires furent incorporés dans l'armée turque en pleine croissance. La cavalerie des raiders appelée akincis (akin- raid) était souvent utilisée pour repérer et lancer des raids préventifs sur le territoire ennemi avant l'arrivée de l'armée principale. Les sipahis étaient les unités d'élite de cavalerie lourde ottomane, bien blindées et équipées de lances, qui étaient payées avec des terres au lieu de salaires.

Ottoman Sipahi Cavalry
Cavalerie sipahi ottomane
Józef Brandt (Public Domain)

L'infanterie légère était principalement composée d'azap(s) irréguliers (c'est-à-dire célibataires ou célibataires, ce qu'ils étaient), qui étaient équipés à la fois d'armes de mêlée et d'armes à distance. Cependant, les unités d'infanterie (lourdes) ottomanes les plus emblématiques étaient recrutées à travers le système devşirme (c'est-à-dire prélèvement sur les enfants), établi par le sultan Murad I, par lequel les enfants des Balkans étaient enrôlés, convertis à l'islam et entraînés comme soldats janissaires d'élite (turc : yeñiçeri, qui signifie nouveau soldat), dont certains serviraient également de ministres et de principaux bureaucrates du royaume.

Les janissaires servaient à la fois d'unités d'infanterie lourde et de cavalerie, bien qu'ils aient été surtout célèbres pour les premières. Leur résilience et leur habileté leur valurent l'admiration et la crainte des puissances européennes, par exemple, ils étaient en grande partie responsables de la victoire ottomane contre une armée de la coalition des croisés européens à Varna (1444). Les janissaires étaient innovants en ce sens qu'ils portaient des uniformes officiels et étaient équipés d'armes à poudre comme des arquebuses, qui les aidaient souvent à inverser le cours de la bataille.

Les Ottomans étaient célèbres pour l'incorporation d'armes à poudre, y compris des canons légers et lourds.

Les Ottomans étaient célèbres pour l'incorporation d'armes à poudre, y compris des canons légers et lourds ; ce dernier étant illustré par le canon massif des Dardanelles (Şahi topu), dont un prototype fut également déployé devant les murs de Constantinople en 1453. L'armée ottomane fut également la première à utiliser une fanfare militaire officielle, connue sous le nom de mehterân, qui jouait à la guerre airs (et plusieurs hymnes impériaux) dont de nombreuses chansons sont encore célèbres à ce jour.

Cette structure militaire, bien qu'initialement assez réussie, s'éroda progressivement car aucune tentative ne fut faite pour moderniser ou réformer les forces. Les janissaires gravirent les échelons du pouvoir, aux dépens des sultans, s'aliénant d'autres ordres militaires, qui se mirent au brigandage, comme les révoltes de Celali (1590-1610 ; du nom d'un des premiers rebelles chiites, quoique sans rapport) qui firent rage dans le cœur de l'empire et prirent des décennies pour se soumettre complètement. Pendant ce temps, les ennemis externes commencèrent à gagner un avantage militaire. Sélim III (1789-1807) introduisit le Nizam-ı-Cedid (Nouvel Ordre), un système militaire réformé, qui pourrait potentiellement remplacer les janissaires obsolètes. Cette décision rencontra une vive résistance de la part des janissaires, qui forcèrent le sultan à abandonner ses efforts et mirent fin à sa vie.

Nizam-e-Cedid Troops
Troupes de Nizam-ı Cedid
Zapotocny (CC BY-SA)

Mahmoud II (1808-1839) réalisa que la survie de l'empire en train de se fragmenter ne pouvait être préservée qu'avec une nouvelle armée, et il se mit désormais à imiter l'exemple de Sélim. Il forma des troupes modernes, qui promettaient une loyauté absolue à la maison d'Osman, et à leur tour, ces soldats détruisirentt les janissaires quand ils se rebellèrent, réaffirmant l'autorité du sultan en 1826. Ils sont connus comme Asakir-i Mansure-i Muhammediye (Les soldats victorieux de Muhammad), souvent abrégé en Armée Mansure (Armée victorieuse).

Les Ottomans étaient également réputés pour valoriser le talent, même chez leurs ennemis, par exemple, ils recrutaient des corsaires et des pirates, qui faisaient des raids sur leurs navires, au milieu de leurs rangs, transformant l'ennemi en ami. Deux des exemples les plus notables sont celui de Hayreddin Barbarossa (1478-1546), le vainqueur de la bataille navale de Préveza (1538), et Yusuf Raïs (1553-1622), à l'origine nommé Jack Birdy, et peut-être l'inspiration pour le personnage du capitaine Sparrow dans la série Pirates des Caraïbes. La marine ottomane, qui fut d'abord commandée à une échelle titanesque par Soliman le Magnifique, domina la Méditerranée, en rivalité avec d'autres puissances navales européennes, notamment Venise, jusqu'à sa défaite à la bataille de Lépante (1571). Les vestiges de la puissance navale ottomane diminuèrent à partir du 17ème siècle en raison des frictions dans la modernisation et du manque de fonds pour soutenir une flotte plus forte et plus grande.

Économie et commerce

La chute de Constantinople en 1453 ne fut pas seulement le début d'ambitions impériales ottomanes avancées, mais assura également la domination commerciale de la région pour les Turcs. Depuis que les Tatars de Crimée avaient juré fidélité au sultan, Mehmet II détenait également l'hégémonie dans la région de la mer Noire. Avec les Dardanelles sous leur contrôle, les Turcs fermèrent la route de la soie historique à leurs ennemis occidentaux. Les droits commerciaux exclusifs avec l'Inde moghole (1526-1857, par intermittence), une superpuissance régionale, via l'océan Indien apportèrent également des revenus considérables aux deux empires, et les marchands européens qui utilisaient les routes contrôlées par les Ottomans étaient tenus de payer impôts à l'Empire.

L'hégémonie ottomane en Méditerranée et dans l'océan Indien, et leur contrôle des Dardanelles, forcèrent les puissances européennes rivales à rechercher de nouvelles routes commerciales, vers l'Ouest, dans le Nouveau Monde. Cependant, les Turcs perdirent rapidement cet avantage à l'est, comme l'explique l'historien Mehrdad Kia :

Le déclin économique et financier de l'empire fut exacerbé par le détournement important du commerce des routes terrestres traditionnelles vers de nouvelles routes maritimes. Historiquement, la vaste région s'étendant de l'Asie centrale au Moyen-Orient servit de pont terrestre entre la Chine et l'Europe. Les taxes et les droits de douane perçus par le gouvernement ottoman constituaient une composante importante des revenus générés par l'État... Le contournement portugais du Cap de Bonne-Espérance et l'établissement ultérieur d'une route maritime directe vers l'Iran, l'Inde et au-delà, cependant, permit aux États européens et aux marchands de contourner le territoire détenu par les Ottomans... (12)

Art et architecture de l'époque ottomane

Les chefs-d'œuvre architecturaux de l'ère ottomane éblouissent et fascinent les visiteurs depuis des siècles. L'architecture ottomane s'inspire fortement des styles persan, byzantin et arabe, mêlant les trois pour créer un mélange unique, parfaitement incarné dans leurs conceptions de masjids ou de mosquées dont plusieurs furent commandées par les sultans car elles sont au cœur de la croyance islamique. Madrassas (écoles religieuses), soupes populaires, hôpitaux, universités, tombeaux de sultans sont aussi de parfaits exemples de la maîtrise architecturale turque.

The Suleymaniye Mosque, Istanbul
La mosquée Suleymaniye, Istanbul
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Mimar Sinan (1488/1490-1588), un éminent architecte ottoman, servit sous Soliman le Magnifique et ses deux successeurs et rivalisait avec l'excellence de Michel-Ange (1475-1564). Sinan était responsable de la conception de chefs-d'œuvre comme la mosquée Suleymaniye (inaugurée en 1557) et la mosquée Selimiye (inaugurée en 1575) ; l'un de ses disciples était responsable de l'emblématique Mosquée Sultan Ahmed ou Mosquée Bleue (achevée en 1616).

Les palais ottomans comme le Topkapi (ce qui signifie porte du canon) qui servit de logement impérial et de siège entre les XVe et XVIe siècles et le Dolmabahçe (qui signifie (jardin rempli) qui remplaça le premier au milieu du XIXe siècle, sont également d'excellents exemples architecturale de l'époque, bien que cette dernière soit également un exemple de la générosité toxique qui paralysa l'économie de l'empire.

L'art de l'époque ottomane orne les pages de plusieurs manuscrits commandés par les sultans. Le style, comme l'architecture, fut adopté des cultures voisines. Plusieurs miniatures, chefs-d'œuvre de calligraphie islamique, tapis décoratifs, carreaux et portraits de l'époque offrent un aperçu des valeurs culturelles et de l'histoire de la nation. Le nom du sultan était également écrit de manière stylisée, connue sous le nom de tughra qui servait à signer les documents impériaux. La poésie et la musique étaient également patronnées par les dirigeants ottomans, dont beaucoup étaient eux-mêmes d'excellents compositeurs ; Soliman le Magnifique écrivait souvent des vers romantiques pour sa femme Hurem Sultan (vers 1502-1558), sous le pseudonyme de Muhibbi (ce qui signifie amant).

À partir du XIXe siècle, la musique de style européen fut également inculquée à la cour, comme en témoigne l'hymne impérial ottoman officiel, composé sous le patronage du sultan Abdülmecid I (1839-1861). Ces formes d'art et d'architecture permettent aux observateurs modernes de mieux comprendre les choses qui tenaient à cœur au peuple turc, et bien que les influences européennes puissent être observées progressivement au fil des siècles, on peut toujours distinguer les éléments qui rendirent les Turcs ottomans uniques.

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Bibliographie

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Traducteur

Batuhan Aksu
Batuhan est étudiant en histoire à l'Université Boğaziçi d'Istanbul, en Turquie. Il a précédemment participé au programme Erasmus à l'Université de Manchester, étudiant dans le même département. Il aime aussi lire la littérature et la philosophie.

Auteur

Syed Muhammad Khan
Muhammad est biologiste, passionné d'Histoire et écrivain indépendant. Il contribue activement à l'Encyclopédie depuis 2019.

Citer cette ressource

Style APA

Khan, S. M. (2020, August 24). Empire Ottoman [Ottoman Empire]. (B. Aksu, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-18700/empire-ottoman/

Style Chicago

Khan, Syed Muhammad. "Empire Ottoman." Traduit par Batuhan Aksu. World History Encyclopedia. modifié le August 24, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-18700/empire-ottoman/.

Style MLA

Khan, Syed Muhammad. "Empire Ottoman." Traduit par Batuhan Aksu. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 24 Aug 2020. Web. 20 Nov 2024.

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