Mary Rose

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 29 August 2020
Disponible dans ces autres langues: anglais, russe
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Mary Rose - Anthony Roll (by Gerry Bye, Public Domain)
La Mary Rose, rôle d'Anthony
Gerry Bye (Public Domain)

La Mary Rose était un navire de guerre, une caraque, construit pour la marine royale d'Henri VIII d'Angleterre (r. de 1509 à 1547). Malheureusement, le navire coula dans le Solent (bras de mer qui sépare l'île de Wight de l'Angleterre) au large de la côte sud de l'Angleterre, le 19 juillet 1545, probablement parce que de l'eau pénétra dans ses sabords ouverts au moment où il effectuait un virage serré. La quasi-totalité de l'équipage de la Mary Rose, soit près de 500 hommes, périt noyée. L'épave a été renflouée en 1982 et est aujourd'hui conservée et exposée au public dans l'arsenal historique de Portsmouth, avec quelque 19 000 artefacts qui donnent un aperçu unique de la vie dans l'Angleterre des Tudor.

La Royal Navy

Henri VIII était ambitieux dans sa politique étrangère, peut-être plus qu'il ne pouvait se le permettre. Attaquant à plusieurs reprises l'Écosse et la France dans le cadre de grandes campagnes terrestres, Henri décida également d'investir dans des navires de guerre et de créer ainsi la Royal Navy, l'une de ses contributions les plus importantes à l'histoire de l'Angleterre au cours des siècles suivants. Le roi avait hérité d'un certain nombre de navires de son père, Henri VII d'Angleterre (r. de 1485 à 1509), et avait probablement été encouragé par des victoires mineures telles que la bataille de Guinegatte (alias journée des Éperons) contre les Français le 16 août 1513. En outre, une flotte puissante lui permettrait de contrôler la Manche et de bloquer les ports d'Europe continentale en cas de besoin. La flotte d'Henri fut construite en deux phases, l'une avant 1515 et l'autre jusqu'aux années 1540. À la fin de son règne, Henri laisserait à ses héritiers une flotte impressionnante de 53 navires, qui disposait désormais d'une base fortifiée permanente à Portsmouth.

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Caractéristiques des caraques

La flotte d'Henri comprenait les deux grands navires de guerre Mary Rose, construit à Portsmouth et inauguré en 1511 et Henry Grâce à Dieu (alias "Great Harry"), mis en service en 1514. La Mary Rose, avec une longueur de quille de 32 mètres (105 pieds), fut désignée comme le navire vice-amiral d'Henri, tandis que le Henry Grâce à Dieu ne prit jamais part au combat, malgré sa taille impressionnante de 1 500 tonnes. La Mary Rose jaugeait à l'origine entre 500 et 600 tonnes, mais après un réaménagement, elle jaugeait près de 800 tonnes lors de son naufrage. Au cours de sa longue carrière, elle participa à la bataille de Saint-Mathieu contre les Français en août 1512 et servit de navire de transport de troupes lors de la campagne d'Écosse en 1513.

Henry VIII by Joos van Cleve
Henri VIII par Joos van Cleve
Joos van Cleve (Public Domain)

La Mary Rose était une caraque, un navire court et pas particulièrement rapide, doté de châteaux surélevés à l'avant et à l'arrière du navire pour permettre aux membres de l'équipage d'y loger. Ces châteaux étaient nécessaires pour accueillir un grand nombre de marins à bord, car les tactiques navales privilégiaient encore l'abordage comme meilleur moyen de vaincre un navire ennemi. Les caraques n'avaient qu'un rapport de 2:1 entre la longueur et la largeur, tandis que la disposition des mâts et des 9 à 10 voiles était la suivante: "Le mât avant et le grand mât étaient équipés d'une grande voile carrée et d'un hunier, tandis que l'artimon et, le cas échéant, le quatrième mât (bonaventure) étaient équipés d'un gréement latéral. (Bicheno, 337). Bien que stables par mer forte et capables de transporter une grande quantité de marchandises, la largeur et les superstructures des caraques les rendaient lourdes et peu maniables lors des manœuvres brusques. Le manque relatif de manœuvrabilité de cette classe de navires était considéré comme un risque acceptable, étant donné que la fonction de la Royal Navy était de protéger les côtes de l'Angleterre et non de naviguer en haute mer comme ce serait le cas à des époques ultérieures.

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Sur la Mary Rose, les sabords ne devaient se trouver qu'à environ un mètre (39 pouces) au-dessus de la ligne de flottaison.

Auparavant, les navires transportaient de nombreux petits canons, qui étaient utilisés pour atteindre les soldats du pont d'un navire ennemi avec des tirs dispersés. Peu à peu, cependant, des canons plus gros furent utilisés, capables de couler un navire ennemi en faisant des trous dans sa coque sous ou près de la ligne de flottaison. Comme ces gros canons étaient trop lourds pour être placés dans les châteaux, où ils auraient gravement déséquilibré le navire, ils devaient être placés plus bas dans la coque, ce qui nécessitait l'utilisation de sabords - en fait des fenêtres qui pouvaient être fermées par un volet lorsqu'elles n'étaient pas utilisées pour le combat. Sur la Mary Rose, les sabords ne se trouvaient qu'à environ un mètre au-dessus de la ligne de flottaison. Des canons plus petits étaient également transportés dans les châteaux, en particulier à l'arrière, car ils pouvaient être utilisés pour tirer sur le pont inférieur d'un navire ennemi.

La Mary Rose fut donc réaménagée dans ce sens. À l'origine, sa coque était construite en bordages à clin (avec des planches qui se chevauchaient), mais elle fut modernisée avec une coque lisse vers 1535. Des sabords furent ajoutés sur toute la longueur de la coque, de sorte que le navire disposait de plus de 90 canons. Cette nouvelle Mary Rose est la version décrite dans le célèbre rôle d'Anthony. Ces trois rouleaux de vélin, aujourd'hui conservés à la British Library de Londres, contiennent des illustrations de 58 navires anglais et, créés par Anthony Anthony, ils furent présentés à Henri VIII au début des années 1540. Les illustrations ne sont pas toujours tout à fait exactes, mais elles donnent une bonne impression de la Mary Rose sous son plus beau jour.

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Bronze Cannon from the Mary Rose
Canon en bronze de la Mary Rose
Tony Hisgett (CC BY)

Naufrage

Au cours du conflit anglo-français de 1542-1546 (neuvième guerre d'Italie), François Ier (r. de 1515 à 1547) envoya une flotte de 120 à 200 navires commandée par l'amiral Claude d'Annebault pour traverser la Manche et attaquer l'île de Wight et probablement Southampton. Face à cette force, le 16 juillet 1545, une flotte anglaise d'environ 80 navires se replia vers Portsmouth. Le vent tomba alors de manière inattendue le 19 juillet et quatre navires français se mirent en position à la rame pour surprendre la flotte anglaise encalminée.

La Mary Rose et le Henry Gråce à Dieu sortirent leurs canons et tentèrent d'affronter les galères françaises plus rapides dans le Solent, le détroit entre l'île de Wight et la côte anglaise. La Mary Rose aurait disposé d'un effectif complet: environ 200 marins, 185 fusiliers marins, 30 canonniers et un bon nombre d'archers (138 arcs longs ont été découverts dans l'épave). Selon les témoignages, la Mary Rose aurait tiré une bordée sur l'ennemi, mais le désastre arriva lorsque la caraque anglaise s'inclina à tribord. La Mary Rose coula rapidement sous les yeux du roi, qui se trouvait sur le rivage, au château de Southsea. Entre 400 et 500 hommes, dont le vice-amiral Sir George Carew (né vers 1504), disparurent avec le navire. Il n'y eut peut-être que 25 survivants. Non seulement peu de marins savaient nager, mais des filets avaient été placés sur le pont de la Mary Rose pour empêcher tout abordage de la part des français. Ces filets devinrent un piège mortel pour tous ceux qui se trouvaient à bord.

Après le naufrage, une force française débarqua sur l'île de Wight, mais fut repoussée jusqu'à ses navires. En proie à la maladie, la flotte française fut finalement obligée de rentrer chez elle. En raison de l'énorme perte financière et des dépenses supplémentaires qu'entraînerait la poursuite de la guerre contre la France, Henri et le Conseil privé décidèrent de changer de stratégie et de négocier secrètement une alliance avec la France. Finalement, un accord de paix fut signé avec la France en juin 1546. La Mary Rose ne fut cependant pas oubliée et plusieurs tentatives furent faites pour la récupérer à la fin des années 1540 Mais le navire s'était enfoncé profondément dans les fonds marins boueux et mous du Solent, où il resterait pendant 437 ans.

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Une équipe bénévole de 600 plongeurs a effectué 28 000 plongées sur le site de l'épave, récupérant plus de 19 000 objets.

Théories sur les causes du naufrage

De nombreuses théories ont été avancées sur les raisons exactes du naufrage de la Mary Rose, malgré le nombre de témoins oculaires qui ont déclaré que le navire s'était renversé de lui-même pendant un virage et qu'il avait ensuite rapidement coulé. L'explication la plus probable de la catastrophe est que le navire aurait effectué un virage trop serré - peut-être en essayant d'éviter de s'échouer - et que, de par sa conception, le navire se serait incliné au point que l'eau aurait pénétré dans la cale par les sabords ouverts. Le fait que les sabords étaient ouverts lorsque le navire a coulé est attesté par l'épave elle-même. En outre, la direction du vent le jour du naufrage peut avoir poussé le navire sur le côté et avoir ainsi exposé les sabords à la mer.

Naturellement, les Français se sont empressés de revendiquer le mérite d'avoir coulé le fleuron d'Henri. Curieusement, un boulet de canon français en granit a été découvert dans la coque, un fait que certains historiens ont utilisé pour étayer la théorie selon laquelle le navire aurait été coulé par un coup de canon. D'autres affirment que le granit pourrait provenir de Grande-Bretagne et faire partie du lest du navire. Même si le navire avait été percé par un coup de canon, l'eau qui s'est engouffrée dans la cale n'aurait probablement pas coulé le navire à elle seule. Cependant, l'eau entrant dans la cale et déstabilisant ensuite le navire aurait pu le faire pencher et laisser entrer beaucoup plus d'eau par les sabords d'un côté du navire, expliquant ainsi la rapidité du naufrage du navire.

Salvage of the Mary Rose Wreck
Récupération de l'épave de la Mary Rose
The Mary Rose Trust (CC BY-SA)

Autre théorie, l'examen scientifique des dents de 18 membres de l'équipage a révélé que 60 % d'entre eux n'étaient probablement pas anglais. Cela pourrait-il signifier que les membres étrangers de l'équipage n'auraient peut-être pas compris à temps l'ordre de fermer les sabords? Comme toujours, dans la confusion de la bataille, c'est peut-être une combinaison de plusieurs de ces facteurs qui aurait entraîné la perte du navire. Il est certain que seule une série unique d'événements pourrait expliquer cette tragédie alors que la Mary Rose n'avait jamais eu de problèmes de voies d'eau au cours de ses années de service précédentes.

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Opération de récupération

La Mary Rose, inclinée de 60 degrés à tribord et enfoncée dans les fonds marins, fut redécouverte en 1836 par deux plongeurs, John et Charles Deane. Les deux frères avaient remarqué quelques poutres dépassant du fond marin, et ils avaient également trouvé plusieurs canons. De nouveau oubliée pendant 150 ans, la zone a ensuite été explorée à partir de 1965 par des plongeurs amateurs dans le cadre d'un projet de recherche d'épaves dans le Solent. L'équipe, dirigée par Alexander McKee, a découvert une dépression inhabituelle dans le fond marin en 1966, et un balayage sonar en 1967 a révélé qu'il y avait effectivement des vestiges solides sous la dépression. En mai 1971, les travaux d'excavation ont commencé, le site a été étudié et plusieurs objets de grande taille ont été ramenés à la surface. Au cours des dix années suivantes, une équipe bénévole de 600 plongeurs a effectué 28 000 plongées sur le site, récupérant plus de 19 000 objets.

Le côté tribord de la Mary Rose était encore intact, ce qui permit une récupération complète de l'épave. Bien qu'endommagée par le temps et par la tentative, au XIXe siècle, de déloger ce qui était devenu un danger pour la navigation, le fond vaseux sans air a préservé une grande partie du bois qui, autrement, aurait disparu depuis longtemps. L'épave de la Mary Rose a donc été récupérée en juin 1982. Un cadre spécial en acier avec de multiples coussins d'air a été construit pour tenir délicatement l'épave lorsqu'elle a fini par être remontée à la surface, elle a ensuite été placée sur un chaland et a été transportée à la base navale royale de Portsmouth. L'ensemble de ce processus délicat a été retransmis en direct à la télévision et 60 millions de personnes ont assisté à l'une des plus grandes réussites archéologiques du siècle.

Artéfacts

Le problème immédiat était de préserver les objets en bois et en cuir qui, à nouveau exposés à l'air, risquaient de se désintégrer rapidement. La coque fut soumise à une pulvérisation chimique continue pour préserver son état et ne fut exposée au public qu'en 1983. Aujourd'hui, l'épave et ses objets sont gérés par le Mary Rose Trust (maryrose.org).

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Mary Rose Wreck
Épave de la Mary Rose
geni (CC BY-SA)

De nombreux canons en fonte et en bronze de la Mary Rose ont été récupérés, dont certains pesant jusqu'à 25 tonnes et décorés de la rose Tudor ou de têtes de lion. Parmi les autres armes, on compte les 138 arcs longs mentionnés ci-dessus et 3 500 flèches. Il y avait également un certain nombre d'armes de poing à poudre, d'épées, de poignards et de piques.

Parmi les autres découvertes, on trouve de nombreuses pièces en bois du gréement du navire, telles que des poulies et des moufles. L'énorme four de cuisine en briques (l'un des deux) a été retrouvé, ainsi que de grandes marmites, plus de 50 coffres utilisés par les membres de l'équipage pour leurs effets personnels, trois compas, neuf cadrans solaires à main, des outils de menuiserie, du matériel médical et même la cloche du navire (coulée en 1510, comme l'indique l'inscription). Une pierre à aiguiser et un cadre de lisses pour réparer les cordages ont également été découverts.

Sur un plan plus personnel, plusieurs peignes en bois et ciseaux en métal utilisés par l'équipage ont été retrouvés, ainsi que des assiettes, des cruches et des cuillères en étain. Ces dernières devaient appartenir aux officiers du navire, et un certain nombre d'exemplaires portent même les initiales "G.C." et appartenaient donc au commandant de la flotte, Sir George Carew en personne. Les membres de l'équipage ordinaire utilisaient des assiettes et des tasses en bois, dont certaines ont survécu.

La vie à bord d'un navire Tudor est également révélée par des objets tels que des tambours, une planche de backgammon, des dés en os, des couvertures de livres en cuir, des instruments à vent et des pièces d'or. Les squelettes d'environ 200 hommes ont été découverts, ainsi que des vêtements tels que des chapeaux, des pourpoints et plus de 250 chaussures en cuir, ce qui nous rappelle de manière cruelle que l'épave du Mary Rose était en fait une tombe. Enfin, l'épave contenait le squelette d'un jeune chien mâle qui aurait été utilisé pour attraper les rats à bord, mais qui aurait aussi pu servir de mascotte sur ce très malheureux navire.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2020, August 29). Mary Rose [Mary Rose]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-19118/mary-rose/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Mary Rose." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le August 29, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-19118/mary-rose/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Mary Rose." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 29 Aug 2020. Web. 21 Dec 2024.

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