Le magnifique temple de l'Acropole d'Athènes, connu sous le nom de Parthénon, a été construit entre 447 et 432 av. JC, à l'époque de Périclès, il était dédié à la divinité protectrice de la ville, Athéna. Il était destiné à abriter la nouvelle statue de culte de la déesse réalisée par Phidias. Il s'agissait aussi de proclamer au monde le succès d'Athènes à la tête de la coalition des forces grecques qui avaient vaincu les armées d'invasion perses de Darius et Xerxès. Le temple devait rester en service pendant plus de mille ans et, malgré les ravages du temps, des explosions, des pillages et de la pollution, il domine toujours la ville d'Athènes, témoignage magnifique de la gloire et de la renommée dont la ville a joui durant toute l'Antiquité.
Le projet de construction d'un nouveau temple pour remplacer les bâtiments endommagés de l'acropole à la suite de l'attaque de la ville par les Perses en 480 av. JC, et pour relancer le projet avorté de temple commencé en 490 av. JC, fut lancé par Périclès. Il fut financé par les excédents du trésor de guerre de la Ligue de Délos, alliance politique de cités-états grecques qui s'était formée pour repousser la menace d'une invasion perse. Au fil du temps, la confédération se transforma en Empire Athénien, et Périclès n'eut donc aucun scrupule à utiliser les fonds de la Ligue pour se lancer dans un projet de construction massive visant à glorifier Athènes.
L'acropole elle-même mesure quelque 300 mètres sur 150 et atteint 70 mètres de haut au maximum. Le temple, qui devait se trouver sur la partie la plus élevée de l'acropole, fut conçu par les architectes Ictinos et Callicratès, et le projet fut supervisé par le sculpteur Phidias. On utilisa du marbre provenant du mont Pentélique voisin pour la construction. Jamais auparavant une telle quantité de marbre (22 000 tonnes) n'avait été utilisée dans un temple grec. Le marbre du Pentélique était connu pour son aspect blanc pur et son grain fin. Il contient également des traces de fer qui, avec le temps, se sont oxydées, donnant au marbre une douce couleur miel, un aspect particulièrement évident au lever et au coucher du soleil.
Le nom Parthénon dérive de l'une des nombreuses épithètes d'Athéna: Athéna Parthénos, qui signifie 'Vierge'. Parthénon signifie 'maison de Parthénos', nom donné au 5ème siècle avant JC à la chambre située à l'intérieur du temple qui abritait la statue de culte. Le temple lui-même était connu sous le nom de Mega neos ou "Grand temple", ou encore sous le nom d'Hekatompedos neos, qui faisait référence à la longueur de la cella (chambre intérieure): 100 pieds antiques. C'est à partir du 4e siècle av. JC que l'ensemble du bâtiment prit le nom de Parthénon.
Conception et Dimensions du Parthénon
Le Parthénon devait devenir le plus grand temple grec dorique, bien qu'il fût innovant en ce qu'il mélangeait les deux styles architecturaux, le dorique et, plus récent, le ionique. Le temple mesurait 30,88 m sur 69,5 m et était construit selon un rapport 4:9 sous plusieurs aspects. Le diamètre des colonnes par rapport à leur espacement, la hauteur du bâtiment par rapport à sa largeur, et la largeur de la cella par rapport à sa longueur sont tous dans un rapport 4:9. D'autres techniques architecturales sophistiquées furent utilisées pour contrer le problème suivant: à l'échelle du Parthénon, tout ce qui est parfaitement droit, de loin semble courbe. Pour donner l'illusion de véritables lignes droites, les colonnes s'inclinent très légèrement vers l'intérieur, une particularité qui donne également un effet d'élévation à l'édifice, le faisant paraître plus léger que son matériau de construction ne le suggèrerait. De même, le stylobate - le sol du temple - n'est pas exactement plat, mais s'élève légèrement au centre. Les colonnes présentent également une entasis - léger renflement en leur milieu - et les quatre colonnes d'angle sont imperceptiblement plus grosses que les autres. La combinaison de ces raffinements fait que le temple semble parfaitement droit, symétriquement en harmonie, et donne à l'ensemble du bâtiment une certaine dynamique.
Les colonnes extérieures, huit vues de l'avant et de l'arrière et 17 vues des côtés, étaient doriques. Cela contrastait avec la disposition dorique classique de 6x13, et elles étaient également plus fines et plus rapprochées que d'habitude. La cellule intérieure (ou sekos) était bordée de six colonnes à l'avant et à l'arrière. On y accédait par de grandes portes en bois ornées de décorations en bronze, ivoire et or. Le sekos se composait de deux pièces séparées. La plus grande, à l'avant, le naos (ou cella en latin), abritait la statue d'Athéna et était entourée d'une colonnade dorique sur trois côtés. La plus petite, à l'arrière, l'opisthodomos, contenait quatre colonnes ioniques pour soutenir la section du toit et servait à abriter le trésor de la ville. Le toit, construit à l'aide de poutres en bois de cèdre et de tuiles de marbre, était orné d'acrotères (décorés de palmettes ou de figures) aux angles et aux sommets des frontons. Les angles du toit portaient également des gargouilles à tête de lion pour évacuer l'eau.
Sculpture Décorative du Parthénon
Le temple était sans précédent tant par la quantité que par la qualité de la sculpture utilisée pour le décorer. Aucun temple grec antérieur n'avait été aussi richement décoré. Le Parthénon comptait 92 métopes sculptées en haut-relief (chacune mesurait en moyenne 1,2 m x 1,25 m de côté avec un relief de 25 cm de profondeur), une frise faisant le tour des quatre côtés du bâtiment, et les deux frontons, étaient remplis de sculptures monumentales.
Les sujets des sculptures reflétaient les périodes de turbulence qu'Athènes avait connues et connaissait encore. En battant les Perses à Marathon en 490 av. JC, à Salamine en 480 av. JC. et à Platée en 479 av. JC, le Parthénon symbolisait la supériorité de la culture grecque face aux forces étrangères 'barbares'. Ce conflit entre l'ordre et le chaos était symbolisé en particulier par les sculptures des métopes qui entourent l'extérieur du temple, 32 sur les côtés de la longueur et 14 sur chacun des côtés de la largeur. Elles représentaient les dieux de l'Olympe combattant les Géants (métopes Est, les plus importantes, car c'était le côté où se trouvait l'entrée principale du temple), également les Grecs, dont probablement Thésée, combattant les Amazones (métopes Ouest), la chute de Troie (métopes Nord), et les Grecs combattant les Centaures, peut-être lors du mariage du roi des Lapithes, Pirithoos (métopes Sud).
La frise court le long des quatre côtés du bâtiment (une caractéristique ionique). Commençant à l'angle Sud-ouest, le récit fait le tour des deux côtés pour se retrouver à l'extrémité. Il présente un total de 160 m de sculpture, avec 380 personnages et 220 animaux, principalement des chevaux. Ceci était habituel pour un bâtiment du trésor et reflète peut-être la double fonction du Parthénon, à savoir temple religieux et trésor. La frise différait de tous les temples antérieurs en ce que tous les côtés représentaient un seul sujet, en l'occurrence la Procession des Panathénées. La Fête se tenait à Athènes tous les quatre ans et on y remettait une nouvelle robe spécialement tissée (peplos) à l'ancienne statue en bois d'Athéna abritée dans l'Érechthéion. Ce sujet était un choix unique, car habituellement c'étaient des scènes de la mythologie grecque qui étaient retenues pour décorer les bâtiments. La procession représente des dignitaires, des musiciens, des cavaliers, des chars et des dieux de l'Olympe, avec Athéna au centre de la scène. Pour pallier la difficulté de voir la frise sous un angle aussi aigu depuis l'espace étroit entre la cella et les colonnes extérieures, le fond était peint en bleu et le relief était sculpté plus profondément au sommet. De même, toutes les sculptures étaient peintes de couleurs éclatante, utilisant principalement le bleu, le rouge et l'or. Des détails tels que les armes et les rênes des chevaux étaient surajoutés en bronze, et du verre coloré était utilisé pour les yeux.
Les frontons du temple mesuraient 28,55 m de long pour une hauteur maximale de 3,45 m en leur centre. Ils étaient remplis d'environ 50 figures sculptées en ronde-bosse, représentant un nombre de sculptures sans précédent. Seules onze figures ont survécu et leur état est si mauvais que beaucoup sont difficiles à identifier avec certitude. À l'aide des descriptions de Pausanias (2ème siècle ap. JC), il est toutefois possible d'identifier les sujets généraux. L'ensemble du fronton Est représente la naissance d'Athéna et le côté Ouest la compétition entre Athéna et Poséidon pour devenir patron de la grande cité. L'un des problèmes des frontons pour le sculpteur était la diminution de l'espace dans les angles du triangle. Une fois de plus, le Parthénon présenta une solution unique en dissolvant les figures dans une mer imaginaire (par exemple, la figure d'Océanos) ou en faisant chevaucher la sculpture sur le bord inférieur du fronton (par exemple, la tête de cheval).
La Statue d'Athéna
La sculpture la plus importante du Parthénon ne se trouvait cependant pas à l'extérieur mais à l'intérieur. On a des évidences que le temple fut construit sur mesure afin d'accueillir la statue chryséléphantine (d'or et d'ivoire) d'Athéna réalisée par Phidias. Il s'agissait d'une statue gigantesque de plus de 12 m de haut, faite d'ivoire sculpté pour les parties de chair, et d'or (1 140 kilos ou 44 talents) pour le reste, le tout recouvrant un coeur de bois, probablement de cyprès. Les parties en or pouvaient être facilement retirées si nécessaire en cas de besoin financier. La statue reposait sur un piédestal de 4,09 sur 8,04 m. La statue a été perdue (il est possible qu'elle ait été enlevée au 5ème siècle ap. JC, et transportée à Constantinople), mais des copies romaines plus petites ont survécu. Elles montrent Athéna debout, majestueuse, entièrement armée, revêtue d'un pectoral avec la tête de Méduse en évidence, tenant une statue de Niké (Victoire personnifiée) dans sa main droite et un bouclier dans sa main gauche représentant des scènes de combat des Amazones et des Géants. Un grand serpent enroulé se trouvait derrière le bouclier. Sur son casque se trouvaient un sphinx et deux griffons. Devant la statue se trouvait un grand bassin d'eau peu profond, qui non seulement apportait l'humidité nécessaire à la conservation de l'ivoire, mais servait également de réflecteur de la lumière venant de la porte. La statue devait être vraiment impressionnante, et sa richesse - tant sur le plan artistique que littéral - devait envoyer un message très clair sur l'opulence et la puissance de la ville qui pouvait produire un tel hommage à sa déesse patronne.
Le Parthénon remplit sereinement sa fonction de centre religieux d'Athènes pendant plus de mille ans. Cependant, au 5ème siècle ap. JC, le temple païen fut transformé en église par les premiers chrétiens. Une abside fut ajoutée à l'extrémité orientale, ce qui nécessita la suppression d'une partie de la frise orientale. De nombreuses métopes sur les autres côtés du bâtiment furent aussi délibérément endommagées et les figures de la partie centrale du fronton furent supprimées. Des fenêtres furent créees dans les murs, détruisant d'autres parties de la frise, et un clocher fut ajouté à l'extrémité Ouest.
Histoire Tardive
Dans sa nouvelle forme, le bâtiment survécut pendant encore mille ans. En 1458, les occupants turcs le transformèrent en mosquée et ajoutèrent un minaret dans l'angle Sud-ouest. En 1674, un artiste français de passage (peut-être un certain Jacques Carrey, ambassadeur de France auprès de l'Empire Ottoman) réalisa des dessins d'une grande partie des sculptures (conservés à la Bibliothèque Nationale de France), geste providentiel compte tenu du désastre qui allait se produire.
En 1687, l'armée vénitienne du général Francesco Morosini assiégea l'acropole occupée par les forces turques qui utilisaient le Parthénon comme magasin à poudre. Le 26 septembre, le tir d'un obus vénitien enflamma la poudrière et l'explosion massive effondra le Parthénon. Tous les murs intérieurs, à l'exception du côté Est, furent soufflés, des colonnes s'effondrèrent sur les côtés Nord et Sud, emportant avec elles la moitié des métopes. Comme si cela ne suffisait pas, Morosini endommagea encore les figures centrales du fronton Ouest dans une tentative infructueuse de les piller, et réduisit en morceaux les chevaux du fronton Ouest lorsque son engin de levage s'effondra. Sur les décombres, les Turcs dégagèrent un espace et construisirent une mosquée plus petite, mais aucun effort ne fut fait pour rassembler les ruines tombées au sol ou les protéger des éventuels voleurs. Au 18ème siècle, fréquemment, les touristes étrangers se servaient pour rapportet un souvenir de la célèbre ruine.
C'est dans ce contexte de négligence que Thomas Bruce, 7ème comte d'Elgin, ambassadeur de Grande-Bretagne, paya aux autorités turques indifférentes le droit d'emporter une grand nombre de sculptures, d'inscriptions et de pièces architecturales de l'Acropole. En 1816, le gouvernement britannique acheta la collection, connue sous le nom de 'Marbres d'Elgin', qui se trouve aujourd'hui au British Museum, à Londres. Elgin emporta 14 métopes (principalement du côté Sud), un grand nombre des dalles les mieux conservées de la frise (et des moulages du reste), et quelques figures des frontons (notamment les torses d'Athéna, Poséidon et Hermès, un Dionysos assez bien conservé, et une tête de cheval). Les autres pièces de sculpture laissées sur le site subirent les conséquences de l'exposition aux intempéries et, en particulier depuis la fin du 19ème siècle, les effets désastreux de la pollution atmosphérique. En effet, ce n'est qu'en 1993 que les dalles de frise restantes furent retirées du monument pour être conservées en toute sécurité. Les pièces les plus importantes se trouvent désormais au musée de l'Acropole, un espace d'exposition ultramoderne construit à cet effet, qui ouvrit ses portes en 2011. Il offre une vue imprenable sur le temple en ruine situé à 300 mètres de là, qui domine toujours majestueusement l'horizon d'Athènes. Périclès ne s'était pas vanté en vain lorsqu'il avait déclaré solennellement que "... nous serons la merveille du jour présent et celle des siècles à venir".