L'inhumation des morts est l'acte de placer le cadavre d'une personne décédée dans une tombe construite à cet effet ou dans une tombe creusée dans la terre. Dans des cultures telles que la Mésopotamie, les tombes et les sépultures étaient creusées dans le sol dans l'espoir que l'âme de l'individu ainsi enterré atteigne plus facilement l'au-delà qui était censé se trouver sous terre. Dans les cultures du monde antique, les tombes étaient généralement marquées par une pierre portant l'image et le nom de la personne, par une tombe élaborée (comme les pyramides d'Égypte ou les tombes tholos de Grèce) ou par des dolmens mégalithiques en pierre, des tombes à passage et des cairns comme ceux que l'on trouve en Écosse et en Irlande.
Cependant, quel que soit le type de tombe ou de tombeau construit, l'importance d'un enterrement correct des morts était soulignée par toutes les cultures anciennes et les rites accompagnant l'enterrement étaient parmi les plus élaborés et les plus significatifs dans de nombreuses cultures anciennes. L'inhumation des morts dans le sol remonte à plus de 100 000 ans de civilisation, comme en témoigne la tombe de Qafzeh en Israël, une tombe collective de 15 personnes enterrées dans une grotte avec leurs outils et autres objets rituels. La tombe la plus ancienne découverte à ce jour en Europe est celle de la "Dame rouge de Paviland" au Pays de Galles", vieille de 29 000 ans.
Les pratiques funéraires en Mésopotamie
L'enterrement en Mésopotamie commença vers 5000 av. J.-C. dans l'ancienne Sumer, où de la nourriture et des outils étaient enterrés avec les morts. Selon l'historien Will Durant, "les Sumériens croyaient en une vie après la mort. Mais comme les Grecs, ils se représentaient l'autre monde comme une sombre demeure d'ombres misérables vers laquelle tous les morts sans distinction aucune descendaient " et que la terre des morts se trouvait sous la terre (128). C'est pourquoi, semble-t-il, des tombes étaient construites dans le sol pour faciliter l'accès des défunts à l'autre monde.
Dans toute la Mésopotamie, les personnes qui n'appartenaient pas à la royauté étaient enterrées sous la maison familiale ou à côté de celle-ci, afin que la tombe puisse être régulièrement entretenue. Si une personne n'était pas enterrée correctement, elle pouvait revenir sous forme de fantôme pour hanter les vivants. Cette hantise pouvait prendre la forme familière des histoires de fantômes ou des films populaires où un esprit désincarné cause des problèmes dans la maison ou, plus sérieusement, une forme de possession dans laquelle l'esprit entrait dans l'individu par l'oreille et causait des ravages dans sa vie personnelle et sur sa santé.
La crémation était peu courante en Mésopotamie en raison de la rareté du bois mais, même s'il y avait eu du combustible pour le feu, les Mésopotamiens pensaient que l'âme des morts avait sa place dans le monde souterrain de la déesse Ereshkigal et non dans le royaume des dieux. Si une personne était incinérée, on pensait que son âme s'élevait dans le ciel vers la maison des dieux et que, en tant qu'âme humaine, elle n'y serait pas chez elle. Il était bien plus approprié que l'âme descende aux enfers avec d'autres âmes humaines. Dans la région de la Mésopotamie connue plus tard en tant sous le nom de Babylonie, on croyait que les morts "allaient dans un royaume sombre et obscur dans les entrailles de la terre, et qu'aucun d'entre eux ne revoyait la lumière" (Durant, 240). En Babylonie, les morts étaient enterrés dans des caveaux, bien que, comme le note Durant :
Quelques-uns étaient incinérés et leurs restes étaient conservés dans des urnes. Le corps du défunt n'était pas embaumé, mais des pleureuses professionnelles le lavaient et le parfumaient, le vêtaient de façon élégante, peignaient ses joues, assombrissaient ses paupières, mettaient des bagues à ses doigts et lui donnaient du linge de rechange. (240)
Ce processus d'inhumation serait développé davantage encore par les Égyptiens.
L'inhumation en Égypte
En Égypte, les morts étaient également enterrés sous terre et, notoirement, dans les pyramides telles que celles de Gizeh. Durant écrit :
Les pyramides étaient des tombes, descendant en ligne droite du plus primitif des tumulus. Apparemment, le pharaon croyait, comme n'importe quel roturier de son peuple, que chaque corps vivant était habité par un [esprit] qui ne mourait pas nécessairement avec le souffle... La pyramide, par sa hauteur, sa forme et sa position, recherchait la stabilité en tant que moyen d'immortalité. (148)
Pour les Égyptiens les plus "ordinaires", cependant, une tombe dans la terre était le lieu habituel de la dernière demeure. Le défunt était enterré avec des objets funéraires et autant de chaouabtis que la famille pouvait se permettre pour l'aider dans les tâches de l'au-delà (voir Les Chaouabtis: La Main-d'Œuvre de l'Au-Delà). Les pratiques funéraires égyptiennes s'étendaient aux animaux domestiques et Hérodote rapporta que, dans une maison égyptienne ayant perdu un chat, la famille se rasait les sourcils et observait une période de deuil comparable à celle de la mort d'un être humain. Les chats étaient momifiés, tout comme les chiens et les autres animaux de compagnie (tels que les babouins, les gazelles, les oiseaux, les poissons) et des rituels étaient observés lors de leur décès.
Pour les Égyptiens ordinaires et les membres de la royauté, des formules sacrées tirées de l'ouvrage connu sous le nom de Livre des morts égyptien étaient récitées afin de diriger l'âme vers la salle de la vérité et le jugement du grand dieu Osiris. Osiris pesait alors le cœur du défunt contre la plume blanche de Maât (vérité et harmonie) et, si le cœur était plus léger que la plume, l'âme pouvait se rendre au Champ des roseaux, le paradis égyptien qui était un miroir éternel de la vie sur terre. En revanche, si le cœur était plus lourd que la plume de Maât, il était jeté au sol où il était mangé par le dieu Amenti (également connu sous le nom d'Amout) et l'âme de l'individu cessait alors d'exister. Dans l'Égypte ancienne, la non-existence était la pire punition imaginable.
La tradition égyptienne qui consistait, pour les membres de la royauté, à créer de grands monuments et des tombes sur lesquelles étaient inscrits leurs actes, était observée pour s'assurer que le souverain ne serait pas oublié par les vivants et qu'il continuerait donc à exister sur terre même après sa mort. Effacer sa mémoire sur terre, c'était effacer son immortalité et c'est pourquoi Thoutmôsis III, qui vandalisa la statuaire publique de la reine Hatchepsout, laissa les monuments qui étaient hors de la vue du public qui lui étaient consacrés intacts. Il voulait peut-être décourager d'autres femmes de suivre l'exemple d'Hatchepsout à l'avenir, mais ne souhaitait pas la condamner à la non-existence en supprimant toute trace de son nom et de ses actes.
Rituels funéraires en Grèce
La Grèce antique avait également recours à l'inhumation sous terre et, comme l'a noté Durant, poursuivait la tradition selon laquelle l'au-delà existait sous terre. Les Grecs anciens (suivant peut-être une tradition égyptienne) s'assuraient de fournir à leurs morts des pierres soigneusement sculptées pour rappeler aux vivants qui étaient les défunts et quels honneurs leur étaient encore dus. Le souvenir des morts était un devoir civique et religieux très important, et non une simple préoccupation personnelle, et était dicté par le concept d'eusebia qui, bien que fréquemment traduit en anglais par "piété", était beaucoup plus proche de "devoir civique" ou "obligation sociale".
Eusebia dictait la façon dont on devait interagir avec ses supérieurs sociaux, comment les jeunes traitaient leurs aînés, comment les maîtres interagissaient avec les esclaves et comment les maris traitaient leurs épouses. Elle s'étendait également, bien qu'élevée au concept de housia (sainteté), à la relation de chacun avec les dieux. Les différentes cités-États grecques observaient leurs propres rites funéraires, mais elles avaient toutes en commun le souvenir permanent des morts et, en particulier, de leurs noms.
Les fils étaient nommés en l'honneur du père de leur père et les filles en l'honneur de la mère de leur mère, afin de préserver la mémoire de cet individu (pour prendre un exemple, le fils d'Aristote, Nichomaque, fut nommé en l'honneur du père d'Aristote). Qu'ils soient enterrés dans une tombe élaborée ou dans une simple fosse, les Grecs soutenaient que les morts devaient être continuellement commémorés et respectés afin que leurs âmes puissent continuer à exister dans l'au-delà.
Rituels funéraires mayas
Les Mayas considéraient la vie après la mort comme un monde lugubre, plein de périls et de ténèbres, et leurs rites funéraires visaient à orienter l'âme sur le bon chemin pour la libérer du monde souterrain. Les morts étaient enterrés avec du maïs placé dans leur bouche comme symbole de la renaissance de leur âme et aussi comme nourriture pour le voyage de l'âme à travers les terres sombres de Xibalba, le monde souterrain, également connu sous le nom de Metnal.
Les corps étaient placés dans des tombes souterraines, comme en Mésopotamie, pour permettre un accès facile à Xibalba et étaient alignés en fonction des directions du paradis maya (nord ou ouest). Comme la couleur rouge était associée à la mort, les cadavres étaient saupoudrés de copeaux de cinabre, un minéral rouge, puis enveloppés dans du coton pour être enterrés. L'au-delà maya était un lieu terrifiant peuplé de démons qui pouvaient aussi bien faire du mal qu'aider l'âme dans son voyage vers le paradis. Le cinabre était peut-être censé déguiser l'âme en l'un de ces esprits infernaux et aider ainsi l'individu dans son voyage dans l'au-delà.
Tous ceux qui mouraient descendaient dans les ténèbres de Xibalba, à l'exception de ceux qui mouraient en couches, au combat, lors d'un sacrifice ou par suicide. Le "sacrifice" incluait les décès survenus lors du jeu de balle Pok-a-Tok, considéré comme le jeu des dieux. Quelle que soit la manière dont on mourait, les rites d'enterrement étaient plus ou moins les mêmes, sauf, bien sûr, pour les rois et la noblesse.
Les rites funéraires en Inde
Dans l'Inde ancienne, comme tout au long de l'histoire de l'Inde, la crémation était la pratique habituelle pour se charger des morts. Durant écrit :
À l'époque de Bouddha, l'exposition zoroastrienne du cadavre aux oiseaux de proie était le mode de départ habituel ; mais les personnes de distinction étaient brûlées, après leur mort, sur un bûcher, et leurs cendres étaient enterrées sous un sommet ou stupa - c'est-à-dire un sanctuaire commémoratif. Plus tard, la crémation devint le privilège de tout homme ; chaque nuit, on pouvait voir des fagots rassemblés pour brûler les morts. (501)
Cependant, ce n'était pas le seul moyen par lequel les morts étaient envoyés dans l'autre monde. On rapporte également que les personnes âgées choisissaient souvent de se faire ramer jusqu'au milieu du Gange, où elles se jetaient dans l'eau sacrée et étaient emportées. La plupart des gens, cependant, étaient incinérés et leurs cendres étaient ensuite dispersées dans les eaux du Gange, considéré comme la source de toute vie.
En fonction de ses actions, de ses croyances et de son comportement dans la vie, l'âme s'élevait alors pour rejoindre l'Âtman (le vrai Soi, l'être, le pur) ou redescendait sur le plan terrestre dans une autre incarnation. Selon la croyance hindoue, l'âme continuerait à se matérialiser en autant de corps dans autant de vies que nécessaire pour finalement se libérer du cycle des renaissances et de la mort ; une croyance également partagée par les Jaïns et les Bouddhistes.
Les coutumes funéraires romaines
Selon Durant, "le suicide, sous certaines conditions, a toujours été mieux accepté en Orient qu'en Occident" mais, comme en Inde et chez les Mayas, les Romains honoraient également ceux qui se tuaient car ils pensaient que c'était préférable à la disgrâce et au déshonneur. La croyance romaine en la présence continue des ancêtres dans la vie d'une personne encourageait la pratique du suicide afin d'éviter que la honte ne s'attache au nom de famille. Il n'y avait donc aucune différence, dans la Rome pré-chrétienne, entre l'enterrement d'un suicidé et celui d'une personne décédée par d'une autre façon.
Les pratiques funéraires romaines avaient toujours lieu la nuit afin d'éviter de perturber les activités quotidiennes de la ville. La procession funéraire commençait dans la ville et se terminait à l'extérieur des murs, au cimetière. Afin de maintenir la frontière entre les vivants et les morts (et aussi, sans doute, pour de simples raisons sanitaires), personne ne pouvait être enterré à l'intérieur de la ville. Le cadavre était alors soit brûlé, et les cendres rassemblées dans une urne, soit enterré dans une tombe.
Les Romains accordaient une telle importance à l'inhumation correcte des morts que les sociétés funéraires, appelées collegia, étaient très répandues. Leurs membres payaient une cotisation mensuelle pour s'assurer que leurs rites funéraires seraient exécutés conformément à la tradition et à leur statut dans la communauté. Ceux qui étaient enterrés sans les rituels appropriés pouvaient revenir sous forme de fantômes. À Rome, comme dans d'autres civilisations, les fantômes faisaient partie du monde naturel au même titre que tout autre phénomène et étaient généralement craints (l'exception étant l'esprit d'un être cher délivrant un message). L'enterrement correct des morts, avec tous les rites qui l'accompagnent, était donc considéré comme vital pour que les morts restent tranquillement à leur place et que les vivants ne soient pas troublés par les esprits dans la leur.
Les rites funéraires chinois
Les pratiques funéraires chinoises, quelle que soit l'époque ou la dynastie, s'accompagnaient de cérémonies rituelles et de l'inclusion de biens personnels dans la tombe ou le tombeau du défunt. Les objets particuliers enterrés avec les morts changeaient avec les dynasties et le passage du temps, mais la croyance en une vie après la mort qui ressemblait beaucoup à l'existence terrestre (similaire au concept égyptien à bien des égards) maintenait que les morts auraient besoin de leurs objets préférés, ainsi que de choses de valeur, dans l'autre monde.
Selon le British Museum, "les pratiques funéraires chinoises avaient deux composantes principales : les tombes et leur contenu, et les cérémonies en l'honneur des morts, exécutées dans les temples et les salles d'offrandes par leurs proches." La tombe du premier empereur de Chine, Qin Shi Huangdi, est l'exemple le plus célèbre des pratiques funéraires chinoises dans le monde antique. La tombe de Shi Huangdi fut conçue pour symboliser le royaume qu'il présidait de son vivant et comprenait tout ce dont il aurait besoin dans l'au-delà - notamment une armée en terre cuite de plus de 8 000 hommes - et les rites observés lors de ses funérailles étaient des versions élaborées de ceux qui sont courants dans toute la Chine.
Dans le village néolithique de Banpo, par exemple, les gens étaient enterrés dans des tombes individuelles vers 4500 avant notre ère, avec leurs biens et leurs outils. On ignore quels rituels ont pu accompagner ces premiers enterrements. Plus tard, cependant, comme les ancêtres étaient considérés comme une influence importante sur la vie d'une personne et que leur existence dans l'au-delà était une certitude, des prières étaient adressées à la fois à ceux qui étaient partis et au principe de l'harmonie divine pour aider le défunt à passer de ce monde au suivant. Comme à Rome, en Égypte et dans d'autres cultures, un enterrement correct des morts était considéré extrêmement important pour permettre au défunt de reposer en paix et éviter d'être hanté par un fantôme en colère.
L'inhumation en Écosse et en Irlande
Les pratiques d'inhumation en Écosse et en Irlande furent très tôt remarquablement similaires, les deux cultures ayant construit des cairns, des dolmens et des tombes à passage pour abriter leurs morts. On ne sait pas quels rites précis étaient pratiqués lors des funérailles dans l'ancienne Écosse ou Irlande, car il n'existe aucune trace écrite de ces procédures. Il semble que l'inhumation dans des cairns date d'au moins 4000 avant notre ère, tandis que l'inhumation dans des tombes devint plus courante vers 2000 avant Jésus-Christ. Les cercueils en bois apparaissent également vers 2000 avant Jésus-Christ, ainsi que les objets personnels enterrés avec les morts.
Comme de nombreux cairns ont été pillés au cours des siècles, tout ce qui a pu être enterré a été emporté depuis longtemps. Certains, cependant, comme le célèbre dolmen de Poulnabrone (comté de Clare, Irlande), contenaient encore suffisamment de matériel funéraire et de restes pour que les archéologues puissent l'identifier avec certitude en tant que site funéraire important. Le site néolithique de Clava Cairns (Inverness, Écosse) est un autre exemple de site funéraire intact qui semble également avoir servi à des fins astronomiques.
Les tombes plus modestes, qui accueillaient les morts dans des cercueils ou des sarcophages, étaient plus souvent négligées par les pilleurs et leur contenu reste donc mieux préservé. Dans ces cultures, comme dans les autres, la croyance en l'existence continue de l'âme après la mort prévalait et, bien que leurs rites précis ne soient pas connus, ils étaient très probablement similaires à ceux des autres cultures et incluaient des prières et des supplications à des puissances supérieures pour qu'elles aident le défunt dans son voyage. Bien qu'il n'existe aucune trace écrite d'une croyance en la vie après la mort dans ces cultures, les cairns, les dolmens et les tombes de passage témoignent de cette croyance dans leur construction et leur orientation avec les directions et les événements astrologiques.
Avec l'arrivée du christianisme en Irlande, puis en Écosse, les rites funéraires furent christianisés et sont connus par les écrits. Bien que le Christ ait alors été présenté comme la puissance supérieure qui réconforterait et conduirait les morts vers l'au-delà, on pense que cette divinité ne fit que remplacer le dieu païen plus ancien qui figurait auparavant dans les rituels. Ce même processus de "christianisation" des anciens rituels et rites funéraires eut lieu dans toutes les cultures où le christianisme s'implanta, et notamment à Rome. C'est dans la ville de Rome que les traditions catholiques en matière d'enterrement virent le jour et se développèrent pour devenir les coutumes les plus courantes pour les enterrements modernes en Occident, qu'ils soient laïcs ou religieux.