Trajan, ou Marcus Ulpius Traianus, fut empereur romain de 98 à 117 de notre ère. Connu comme un souverain bienveillant, son règne fut marqué par des projets publics qui bénéficièrent à la population, comme l'amélioration du système routier délabré, la construction d'aqueducs, la construction de bains publics et l'extension du port d'Ostie. Trajan était également un excellent général et remporta trois conflits majeurs contre les Daces et en Orient, ce qui permit à l'Empire romain d'atteindre son ampleur maximum à ce jour.
L'ascension au pouvoir
Après avoir échappé à la mutinerie de la garde prétorienne, l'empereur romain Nerva, malade, commença à s'interroger sur sa propre mortalité et réalisa l'urgence de nommer un successeur. N'ayant pas d'enfants, il se rendit compte que sa seule option était d'adopter. Le choix ne fut pas difficile. Il nomma Marcus Ulpius Traianus - plus connu sous le nom de Trajan - récemment nommé gouverneur de la Haute-Allemagne comme son "fils". Le 28 janvier 98 de notre ère, Nerva moururt de mort naturelle et Trajan fut rapidement nommé empereur par le Sénat romain, le deuxième de ceux qui seront connus sous le nom des cinq bons empereurs.
Le nouvel empereur était né le 18 septembre 53 de notre ère à Italica (Séville) dans la province romaine d'Hispanie, devenant ainsi le premier empereur né hors de l'Italie, sa famille ayant ses origines dans le nord de l'Italie. Il était issu d'une famille à la réputation militaire très impressionnante. Son père, un soldat de carrière également nommé Marcus Ulpius Traianus, avait été gouverneur de la Bétique en Espagne et de la Syrie, commandant pendant la guerre juive de 67-68 de notre ère, et il fut également sénateur et consul romain. Le jeune Trajan entra dans l'armée à un âge précoce, servant comme tribun sous les ordres de son père en Espagne et commandant de la Septième Légion dans le nord de l'Espagne. Heureusement, l'utilité de Trajan avait été reconnue par Domitien (81-96 de notre ère), et il put ainsi éviter le règne de terreur de cet empereur paranoïaque. En janvier 89, le jeune commandant se rendit sur le Rhin pour aider Domitien à combattre Saturninus, le gouverneur rebelle de la Haute-Allemagne; malheureusement, il arriva trop tard pour se rendre utile. Malgré cela, Domitien lui témoigna sa reconnaissance en le nommant préteur (85 de notre ère) puis consul (91 de notre ère).
Après l'assassinat de Domitien en 96 de notre ère, le nouvel empereur Nerva nomma le très respecté Trajan gouverneur de Haute-Allemagne - une décision plutôt intelligente de la part de l'empereur puisqu'elle lui permit d'obtenir le soutien nécessaire des militaires. Peu après sa nomination, en octobre 97, Trajan reçut une note manuscrite de Nerva l'informant de son adoption. Bien que Trajan ne se soit pas précipité à Rome, il jugea nécessaire de résoudre la controverse entourant la mutinerie des gardes prétoriens qui avaient voulu punir les assassins de Domitien. Trajan fit venir les conspirateurs en Haute-Allemagne, en particulier Casperius Aelianus - le garde qui avait organisé la mutinerie - afin d'y recevoir une commission spéciale. Selon l'historien Dion Cassius, Trajan proposa "de les occuper et de les mettre ensuite à l'écart".
Débuts de règne
À la mort de Nerva en janvier 98 de notre ère, Trajan ne rentra pas immédiatement à Rome. Au lieu de cela, il inspecta les frontières du Rhin et du Danube, non seulement pour se protéger des Daces, mais aussi pour tester l'allégeance de nombreuses légions encore fidèles à Domitien. Enfin, au cours de l'été 99, il fit son entrée dans Rome à pied, où il se mêla aux citoyens et aux sénateurs. Pline le Jeune (61-112 de notre ère) - avocat, auteur et gouverneur de Bithynie - correspondait souvent avec l'empereur Trajan sur divers sujets. Après la mort de Nerva et l'ascension de Trajan, Pline écrivit l'une de ses nombreuses lettres au nouvel empereur : "Puissiez-vous alors, et par vos moyens, jouir de toute la prospérité digne de votre règne : à quoi j'ajoute mes souhaits, très excellent empereur, tant sur le plan privé que public, que votre santé et votre moral soient préservés fermes et ininterrompus."
Bien qu'il ait entretenu d'excellents rapports avec le Sénat, Trajan était toujours considéré comme un souverain absolu, mais pas au même degré que Domitien ou même Nerva. Dion Cassius a écrit : "Trajan se distinguait surtout par sa justice, par sa bravoure et par la simplicité de ses habitudes." En tant qu'empereur soucieux à la fois d'un bon gouvernement et du bien-être public, il institua une excellente politique intérieure - subvenant aux besoins des enfants des pauvres, restaurant le système routier délabré, ainsi que construisant de nouveaux ponts, aqueducs, bains publics, et un port moderne à Ostie. Enfin, il poursuivit la politique de son prédécesseur, qui consistait à réparer une grande partie du mal fait par Domitien en libérant des prisonniers et en rappelant des exilés.
Les campagnes de Dacie
Si les historiens l'ont identifié comme un empereur réfléchi, la véritable passion de Trajan était la guerre (et il était très doué pour cela). Au cours de son règne de 19 ans, il fut impliqué dans trois guerres majeures - les deux premières contre les Daces et la dernière sur la frontière orientale. Sous Domitien, il avait brièvement fait face au roi Décébale et aux Daces le long du Danube, mais sans grand succès. En 101 de notre ère, Trajan quitta Rome pour combattre les Daces qu'il battit rapidement à Tapae. Après une nouvelle attaque ratée, ils demandèrent immédiatement la paix. Cette fois, cependant, Décébale fut contraint de céder un territoire considérable au nord du Danube, mais le roi dace n'avait jamais été du genre à respecter un accord de paix.
En 105 de notre ère, Trajan retourna dans le nord pour combattre une fois de plus les Daces. Malheureusement pour Décébale, nombre de ses alliés l'abandonnèrent à l'approche de Trajan et de son armée romaine. Après la défaite du roi, les Romains poursuivirent leur route jusqu'à la capitale dace de Sarmizegetusa où tout le trésor fut saisi et renvoyé à Rome. Le royaume de Dacie fut absorbé par l'Empire, mais pour éviter toute perturbation, la Dacie fut vidée de plus d'un demi-million d'habitants et remplacée par des colons romains, ce qui en fit le "pays des Romains", la Roumanie actuelle. Après son retour à Rome, Trajan célébra sa victoire en organisant une série de combats de gladiateurs auxquels participèrent plus de 10 000 gladiateurs et qui causèrent la mort d'au moins 11 000 animaux.
Expansion
Pendant les six années suivantes, l'Empire connut une période de paix relative, mais en 114 de notre ère, la guerre s'abattit sur la frontière orientale. En réponse, Trajan quitta Rome pour la dernière fois, pour ne plus jamais revenir. La guerre commença lorsque les Parthes placèrent l'un des leurs sur le trône d'Arménie, un État tampon romain. Cela "bouleversa l'équilibre délicat du pouvoir" sur la frontière orientale. Trajan intervint, et l'Arménie devint une province de Rome. L'armée poursuivit sa route vers l'est et annexa la Mésopotamie, y compris la capitale parthe de Ctésiphon. Sous Trajan, l'Empire romain s'étendait désormais plus loin que jamais, de l'Écosse à la mer Caspienne. En 117 de notre ère, les Mésopotamiens se rebellèrent, obligeant Trajan à battre en retraite. Au cours de la bataille, Trajan faillit mourir lorsqu'une flèche qui lui était destinée tua l'un de ses gardes du corps. Dion écrit : "... l'ennemi, voyant sa majestueuse tête grise et son auguste visage, soupçonna son identité, tira sur lui et tua un cavalier de son escorte."
La rébellion de la population juive éclata en Cyrénaïque et se propagea à la fois en Égypte et à Chypre ; cependant, lorsque les troubles éclatèrent à la frontière nord, Trajan laissa son armée en Syrie et se retira à Rome. En chemin, il tomba malade (certains soupçonnent un empoisonnement) en atteignant Selinus en Cilicie ; il mourut le 9 août 117 de notre ère. Son corps fut ramené à Rome où il fut incinéré et enterré dans une urne au pied de la grande colonne Trajane.
Projets de construction
Rome se souviendrait de trajan au cours des générations suivantes, principalement grâce à deux cadeaux qu'il avait offerts à la ville - le Forum de Trajan et la Colonne de Trajan. Le Forum de Trajan, financé par la saisie du trésor de Dacie, fut inauguré en 112 de notre ère. La population de Rome, à l'époque de Trajan et de Nerva, avait atteint son maximum, près d'un million d'habitants, et elle avait besoin (et les gens pensaient qu'ils méritaient) d'un nouveau forum, non seulement une place de marché et un centre commercial, mais aussi un centre pour la politique, le commerce et la religion. Le forum se trouvait entre les collines du Quirinal et du Capitole. De chaque côté de la place se trouvaient deux bâtiments semi-circulaires de six étages, contenant de grandes salles et des pièces pour les bureaux. Au nord du forum se trouvait une nouvelle basilique, la basilique Ulpia, qui abritait les tribunaux. Après la mort de Trajan, l'empereur Hadrien ajouta une grande porte et une statue de Trajan chevauchant un char à six chevaux. L'architecte du forum, Apollodore de Damas, avait également conçu le pont de Trajan sur le Danube, le plus long pont en arc du monde jusqu'à sa destruction en 275 de notre ère. Malheureusement pour l'architecte, Hadrien le fit exiler puis exécuter.
Le deuxième cadeau de Trajan, la Colonne de Trajan, fut inaugurée en 113 de notre ère. À la base de la colonne de 100 pieds se trouvaient un certain nombre de frises représentant ses batailles contre les Daces. Une cage d'escalier permettait d'accéder à une plate-forme d'observation au sommet de la colonne, où se trouvait une statue de Trajan, remplacée plus tard par une statue de saint Pierre.
Héritier
Comme son prédécesseur, Trajan et sa femme n'avaient pas eu d'enfants et, comme Nerva, il choisit l'adoption pour résoudre les problèmes d'héritages. Il adopta et nomma le fils de son cousin Hadrien comme son successeur. Cependant, des rumeurs persistaient selon lesquelles Hadrien n'avait jamais été officiellement adopté. L'épouse de Trajan, Plotine, aurait utilisé une ruse - la falsification de documents - pour rendre l'adoption officielle, faisant ainsi d'Hadrien le troisième des cinq bons empereurs.