Volsinies

Définition

Mark Cartwright
par , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié sur 08 mars 2017
Disponible dans d'autres langues: Anglais
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Mars of Todi (by Jean-Pol Grandmont, CC BY-SA)
Mars de Todi
Jean-Pol Grandmont (CC BY-SA)

Volsinies (ou Volsinii, aujourd'hui Orvieto), située en Italie centrale, était une importante ville étrusque depuis le VIIIe siècle avant notre ère, époque à laquelle elle était connue sous le nom de Velzna. Les représentants de la Ligue étrusque se réunissaient chaque année sur le site lors du plus important festival étrusque, au sanctuaire Fanum Voltumnae. Volsinies fut détruite par les Romains au IIIe siècle avant notre ère, et la population restante s'installa dans une nouvelle localité à proximité, l'actuelle Bolsena.

Débuts de la colonie

Volsinies était une colonie villanovienne de plus de 100 ha, ce qui en faisait l'une des plus grandes de la culture villanovienne, précurseur des Étrusques, qui s'épanouit entre 1100 et 750 avant notre ère pendant l'âge du fer en Italie centrale. La ville était divisée en deux parties situées à chaque extrémité de l'acropole. La ville prospéra grâce à ses terres agricoles fertiles dans la vallée de la Paglia et à la proximité du Tibre moyen, qui lui permettait de commercer avec les sites voisins. La plupart des cimetières de cette période furent creusés et reconstruits par la suite, si bien que peu de vestiges ont été retrouvés, hormis des tessons de poterie.

Une ville étrusque prospère

Volsinies continua à prospérer à partir du VIIe siècle avant notre ère, comme l'indique le grand nombre de tombes familiales construites sur le site. Des poteries à figures noires furent produites à Volsinies, mais elles étaient de qualité médiocre. Les sculpteurs utilisaient la pierre volcanique locale, le tuf, et plusieurs statues ont été mises au jour sur le site. Volsinies était un centre de fabrication réputé pour la poterie de bucchero et les objets en bronze, notamment des outils et des lampes, dont plusieurs exemples nous sont parvenus. Des liens commerciaux et culturels avec le monde méditerranéen sont attestés par des importations, notamment de poteries attiques aux VIe et Ve siècles avant notre ère. La ville produisait également sa propre monnaie, frappée de l'inscription Velzna. Enfin, un autre indicateur de la prospérité de Volsinies est constitué par les inscriptions qui indiquent que la ville fonda plusieurs colonies dans les territoires septentrionaux.

Les dirigeants étrusques se réunissaient chaque année au sanctuaire Fanum Voltumnae de Volsinies pour discuter de la politique à suivre et élire un président.

Malgré l'essor de la ville, cette période ne fut pas entièrement pacifique, comme l'illustre la construction d'environ 7 km de murs de fortification. Les villes étrusques se battaient souvent les unes contre les autres car elles s'agrandissaient et l'augmentation de la population nécessitait davantage de ressources. La tombe franque de Vulci, datant du IVe siècle avant notre ère, possède une célèbre peinture murale montrant des hommes de cette ville en train de se battre contre des Étrusques de Volsinies et de Sovana.

Le Fanum Voltumnae

Volsinies était peut-être membre de la Ligue étrusque, une confédération de 12 (ou peut-être 15) villes étrusques. Elles comprenaient Cerveteri, Chiusi, Populonia, Tarquinia, Vulci et Volterra. On sait très peu de choses sur cette ligue, si ce n'est que ses membres avaient des liens religieux communs et que les dirigeants se réunissaient chaque année au sanctuaire de Fanum Voltumnae pour discuter de la politique à suivre et élire un président, le sacerdos Etruriae. Le sanctuaire était sacré pour le dieu ou la déesse Veltha (Voltumna), une divinité liée à la végétation et à la guerre. L'emplacement exact du sanctuaire n'est pas connu, mais la plupart des historiens considèrent la région d'Orvieto comme la meilleure candidate. Le festival annuel, qui attirait des visiteurs d'Étrurie et d'ailleurs, comprenait des jeux, de la musique et une foire, mais comme la plupart des participants campaient à l'extérieur de la ville, il est peu probable que l'emplacement du site soit jamais déterminé avec certitude.

Etruscan Civilization
Civilisation étrusque
NormanEinstein (GNU FDL)

Relations avec Rome et déclin

Le statut de Volsinies en tant que ville régionale importante était menacé par la stature croissante de sa voisine méridionale, Rome. Rome était sur le sentier de la guerre et fit des incursions répétées en territoire étrusque; Veii fut célèbrement mise à sac en 396 avant notre ère après un siège de 10 ans. Bien que Volsinies ne soit jamais venue à l'aide de ses villes sœurs étrusques, elle attaqua Rome inexplicablement en 394 avant notre ère, avec son allié Sappinum. L'expédition fut un désastre et 8 000 guerriers étrusques furent capturés. Le pire était à venir un siècle plus tard, lorsque les terres autour de Volsinies furent ravagées. La ville tenta de défendre ses intérêts mais fut sévèrement battue par une armée romaine dirigée par le consul Lucius Postumius Megellus, avec 2 800 guerriers étrusques tués. Rusellae (aujourd'hui Roselle) fut ensuite mise à sac en 294 avant notre ère, un avertissement brutal de la futilité de s'opposer à Rome. Selon Tite-Live, les villes étrusques de Volsinies, Perusia et Arretium négocièrent alors une paix avec Rome. Le prix à payer pour une trêve de 40 ans était de 500 000 as par ville.

En effet, en 284 avant notre ère, les habitants de Volsinies profitèrent de l'invasion d'une armée de Gaulois pour se joindre à eux et attaquer Arezzo (Arretium), une ville étrusque fidèle à Rome. Une armée romaine de secours fut défaite, mais l'année suivante, les Romains, menés par P. Cornelius Dolabella, remportèrent une victoire décisive à la bataille du lac Vadimon. Volsinies fut attaquée en 280 avant notre ère, ainsi que plusieurs autres villes étrusques. Les Romains se révélèrent être des ennemis tenaces et mortels.

Battle Scene, Francois Tomb, Vulci
Scène de Bataille, Tombe François, Vulci
Yann Forget (Public Domain)

En 264 avant notre ère, Volsinies devint l'une des dernières cités étrusques à tomber dans les interminables guerres avec Rome. Les citoyens aristocrates de Volsinies demandèrent l'aide des Romains pour réprimer une révolte populaire interne (et d'esclaves), mais ils obtinrent plus que ce qu'ils souhaitaient lorsque les Romains attaquèrent et détruisirent la ville après un long siège. Les survivants furent relogés de force à Bolsena, une ville voisine beaucoup moins défendable, qui reçut alors le nom romain de Volsinii Novi. Les auteurs romains décrivirent la destruction totale de Volsinies et la confiscation de plus de 2 000 statues de bronze, destinées à être fondues pour la fabrication de pièces de monnaie. Les vestiges archéologiques de Volsinii Novi comprennent un forum et les fondations de plusieurs maisons. La ville originale de Volsinies renaîtrait cependant de ses cendres. En effet, sa nécropole et le sanctuaire associé restèrent en usage pendant une bonne partie de la période romaine, tout comme les jeux de Voltumnae, et Volsinii/Orvieto devint par la suite une importante ville médiévale. C'est l'architecture de cette période qui est visible sur le site aujourd'hui, toujours situé de manière impressionnante sur l'acropole naturelle où se trouvait autrefois Volsinies.

Vestiges archéologiques

C'est précisément parce que les Romains détruisirent le site et que la ville actuelle se trouve directement sur celui-ci que les vestiges archéologiques datant de l'époque étrusque sont peu nombreux. Il y a des vestiges du temple dit du Belvédère, un temple de la fin du Ve siècle avant notre ère, dédié à une divinité inconnue (bien qu'une offrande votive inscrite suggère Tinia, la divinité suprême du panthéon étrusque). Le bâtiment fut construit sur une plate-forme en blocs de tuf et présente les éléments de conception typiques de nombreux temples étrusques, avec un porche avant à colonnade et étendu (avec deux rangées de quatre colonnes), une cella intérieure de trois pièces et une enceinte sacrée environnante. Le temple mesurait 16,9 x 21,91 mètres. Des figures en terre cuite provenant du temple sont exposées au musée archéologique d'Orvieto. Bien que fragmentaire, un groupe, selon l'historien N.J. Spivey, pourrait représenter des héros grecs tirant au sort pour savoir qui combattrait Hector pendant la guerre de Troie.

Il existe des vestiges d'au moins sept autres temples à Volsinies. L'un d'entre eux, dont nous avons connaissance grâce à des sources romaines, était dédié à Nortia, une divinité liée à Menerva et peut-être au destin. Le rituel de son temple consistait à planter chaque année un clou dans l'édifice pour fixer les destins de l'année. Plus tard, cette coutume fut utilisée pour éviter les fléaux et les catastrophes.

Etruscan Tombs, Volsinii
Tombes étrusques, Volsinies
AWIB-ISAW (CC BY)

Dans la nécropole de Crocifisso del Tufo, de petites tombes carrées aux toits en encorbellement ont été disposées en quadrillage régulier le long des rues. Chaque tombe est surmontée d'un monticule de terre (non couvert) et de pierres tombales. De nombreuses tombes portent une inscription sur le linteau de leur porte unique qui indique l'occupant principal de la tombe. D'après ces inscriptions, les historiens estiment qu'il y avait environ 90 familles riches à Volsinies dans la seconde moitié du VIe siècle puis du Ve siècle avant notre ère. De nombreux noms sont d'origine non étrusque (ombrienne, celte, sabine, etc.), ce qui souligne le caractère cosmopolite de la ville à son apogée et son rôle de plaque tournante du commerce et des échanges culturels. Certaines tombes présentent des intérieurs peints montrant des scènes de la vie quotidienne et notamment des banquets. Une deuxième nécropole similaire est en cours de fouille au sud de l'agglomération de Cannicella et comprend un temple carré du Ve siècle avant notre ère avec deux cellas.

Parmi les œuvres d'art étrusques conservées à Volsinies figure une statue d'Aphrodite ( ?) en demi grandeur, provenant du sanctuaire de la nécropole de Cannicella. Elle date d'environ 520 avant notre ère et portait des boucles d'oreilles, un collier et un diadème, probablement en métal précieux mais aujourd'hui perdu. La tête barbue d'un dieu du temple de San Leonardo, datant du Ve siècle avant notre ère, est probablement une représentation de Tinia. Enfin, l'une des plus belles figurines en bronze produites par les Étrusques, le Mars de Todi, est attribuée à Volsinies. Datant du début du IVe siècle avant notre ère, ce personnage saisissant porte une cuirasse et tenait autrefois une lance. Elle mesure 142 cm de haut et fut découverte rituellement enterrée dans une tranchée bordée de pierres, après avoir été frappée par la foudre. Elle est aujourd'hui exposée dans les musées du Vatican à Rome.

À propos du traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

A propos de l'auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

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Style APA

Cartwright, M. (2017, mars 08). Volsinies [Volsinii]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Récupéré de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10103/volsinies/

Le style Chicago

Cartwright, Mark. "Volsinies." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. Dernière modification mars 08, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10103/volsinies/.

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Cartwright, Mark. "Volsinies." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 08 mars 2017. Web. 20 nov. 2024.

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