Didius Julianus

Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 septembre 2013
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Didius Julianus (by Panairjjde, CC BY-SA)
Didius Julianus
Panairjjde (CC BY-SA)

Didius Julianus fut empereur romain de mars à juin 193 de notre ère. Le 28 mars de l'an 193, l'empereur romain Pertinax fut assassiné par la garde prétorienne et, comme son prédécesseur Commode, il ne laissa aucun successeur apparent. Deux prétendants possibles se présentèrent à la Garde. Ces "protecteurs" du trône impérial avaient juré qu'aucun nouvel empereur ne serait choisi sans leur approbation et une "vente aux enchères" s'ensuivit, à la suite de laquelle le trône fut finalement attribué au plus offrant - Didius Julianus, un ancien commandant, gouverneur et consul.

Jeunesse

Marcus Didius Julianus vit le jour le 30 janvier 133 de notre ère de Quintus Petronius Didius Severus de Mediolanum (Milan) et d'Æmilia Clara. Il fut élevé dans la maison de la mère de Marc Aurèle, Domitia Lucilla. Les avantages éducatifs qu'il y reçut lui permirent de gravir les échelons impériaux et de devenir un commandant efficace en Allemagne, le gouverneur de la Basse Allemagne et, à l'époque de l'empereur Pertinax, un sénateur et un co-consul. Malheureusement, sa carrière connut un bref coup d'arrêt lorsque l'empereur Commode le rappela à Rome avec plusieurs autres commandants, et il fut contraint de se retirer temporairement. Bien qu'aucune preuve n'existe, il a été suggéré qu'il aurait fait partie de la conspiration visant à assassiner l'empereur déchu.

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À la mort de l'empereur Pertinax, Julianus décida d'utiliser sa grande richesse pour acheter le trône, surenchérissant sur le préfet de Rome et le beau-père de Pertinax, Titus Flavius Suspicianus. Pour renforcer ses prétentions, il convainquit la Garde que Titus pourrait chercher à se venger de la mort de son gendre. Dans son Histoire romaine, Dion Cassius parle de la vente aux enchères : "Didius Julianus, à la fois insatiable avare et dépensier... toujours avide de révolution et qui avait été exilé par Commode... lorsqu'il apprit la mort de Pertinax, il se rendit en toute hâte au camp et, se tenant à la porte de l'enceinte, fit une offre aux soldats pour le pouvoir sur Rome".

Il... occupait son temps à mener une vie luxueuse et à pratiquer la débauche. Hérodien

Dans son ouvrage The Decline and Fall of the Roman Empire, Edward Gibbon a également écrit à propos de la vente aux enchères : "Cette offre infâme, l'excès le plus insolent d'autorisation militaire, diffusa telle la peine universelle, la honte et l'indignation dans toute la ville. Elle finit par parvenir aux oreilles de Didius Julianus." Pourtant, selon Gibbon, ce n'est pas son ego personnel mais la suggestion de sa femme et de sa fille qui l'aurait convaincu de postuler pour le trône. Gibbon ajoute que lorsque la garde porta Julianus dans les rues jusqu'au Sénat, elle fit défiler un homme "qu'elle avait servi et méprisé." Hérodien, dans son Histoire de l'Empire romain, parle de la réception de Julianus par le peuple de Rome. "Personne, cependant, ne cria les félicitations que l'on entendait habituellement lorsque les empereurs étaient accompagnés d'une escorte officielle ; au contraire, le peuple se tenait à distance, criant des malédictions et injuriant amèrement Julianus pour avoir utilisé sa richesse pour acheter le trône."

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Didius Julianus, empereur

Comme pour Pertinax, Julianus savait qu'il devait conserver le soutien de la garde prétorienne pour rester sur le trône impérial, ce qu'il ne parviendrait pas à faire. Il ne fallut pas longtemps au nouvel empereur pour admettre qu'il n'était pas aussi riche qu'il l'avait prétendu et qu'il y avait peu ou pas d'argent dans le trésor. Malheureusement pour Julianus, son achat du trône le rendit impopulaire auprès du Sénat et du peuple, et avec la perte du soutien des Gardes, ses jours sur le trône étaient comptés. Il ne s'en sortit pas mieux non plus lorsqu'il finit par assumer ses nouvelles responsabilités. Selon Hérodien, "il considérait ses devoirs envers l'État comme sans importance et occupait son temps à mener une vie luxueuse et à pratiquer la débauche."

Roman Emperor Septimius Severus
Empereur romain Septime Sévère
Carole Raddato (CC BY-SA)

Presque immédiatement après que Julianus eut assumé ses nouvelles fonctions, trois commandants exprimèrent leur intention de lui ravir le trône ; tous trois déclarèrent qu'ils avaient été choisis par Pertinax comme successeur. Le premier à déclarer son intention fut Gaius Pescennius Niger, gouverneur de Syrie et le choix préféré de beaucoup à Rome. Bien qu'il ait été nommé empereur par ses troupes (il avait même choisi Antioche comme capitale), il choisit d'attendre de rassembler plus de soutien avant de marcher sur Rome - il n'avait que quatre légions à sa disposition. Ensuite, ce fut Decimus Clodius Albinus, gouverneur de Grande-Bretagne, qui déclara ses intentions, mais il ne disposait que de trois légions. Enfin, il y eut Lucius Septimius Severus (alias Septime Sévère), gouverneur de la Pannonie supérieure, une province située sur le Danube. Il semble avoir été le plus fort des trois candidats avec 16 légions, soit l'ensemble de l'armée du Rhin et du Danube.

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Septime Sévère empereur

Le 9 avril 193, avec le soutien total de son armée, Sévère se déclara empereur à Carnuntum. Après avoir obtenu (ou acheté) le soutien d'Albinus, il marcha vers le sud en direction de Rome. En désespoir de cause, l'empereur Julianus ordonna à la Garde de construire des fortifications pour défendre la ville contre Sévère, mais elle refusa. Ensuite, Julianus demanda au Sénat de nommer Sévère co-consul, ce que le Sénat refusa également. Gibbon écrit : "...dans l'approche invincible et rapide des légions pannoniennes, il vit son inévitable perte." Le 1er juin 193 de notre ère, Julianus fut condamné à mort par le Sénat et, alors qu'il n'était pas encore entré dans la ville, Sévère fut reconnu en tant que nouvel empereur. Un assassin fut envoyé au domicile de Julianus, et le trouvant seul, il le poignarda et le décapita. Les dernières paroles de l'ancien empereur furent : "Mais quel mal ai-je fait ? Qui ai-je tué ?" Sa mort marquerait la fin du règne du deuxième empereur de "l'année des cinq empereurs".

Malheureusement pour Julianus et la postérité, on sait peu de choses sur ce qu'il accomplit lorsqu'il était sur le trône. La plupart des historiens se limitent à des commentaires sur la manière dont il avait obtenu le pouvoir et la façon ignoble dont il le perdit.

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Bibliographie

  • Cassius Dio. Roman History.
  • Gibbon, E. The Decline and Fall of the Roman Empire. The Heritage Press, 1946
  • Herodian. History of the Roman Empire.
  • Kerrigan, M. A Dark History: The Roman Emperors. Metro Books, 2008
  • Scarre, C. Chronicle of the Roman Emperors. Thames and Hudson, 1995

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant en Histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2013, septembre 23). Didius Julianus [Didius Julianus]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10441/didius-julianus/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Didius Julianus." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 23, 2013. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10441/didius-julianus/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Didius Julianus." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 sept. 2013. Web. 21 nov. 2024.

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