La Torah, également connue comme le Pentateuque (en grec, 'cinq livres'), est le premier recueil de textes de la Bible hébraïque. Il traite des origines, non seulement des Israélites mais aussi du monde entier. Bien que traditionnellement le mot hébreu 'torah' ait été traduit par 'loi', du fait de sa traduction par 'nomos' ('loi') dans la Septante (traductions grecques de la Bible hébraïque), il est mieux traduit et compris comme 'enseignement' ou 'instruction'. La Torah est le résultat d'un long processus d'édition (ou de révision, comme disent les chercheurs). Cela signifie que l'on ne peut pas désigner une date unique comme date de composition. La plupart des biblistes pensent que les dernières expurgations majeures ont eu lieu après 539 AEC, lorsque Cyrus le Grand conquit l'Empire Néo-Babylonien. La Torah était, et continue d'être, le corps central des textes sacrés (écritures) pour le Judaïsme du fait qu'elle se concentre sur les coutumes appropriées (rituelles, éthiques, théologiques etc.) pour la vie des tribus d'Israël. Mais comment vivre exactement la Torah était, et continue d'être, une question compliquée.
Structure
La Torah est composée de cinq livres, qui nous présentent un récit complet, de la 'Création' à la mort de Moïse sur les rives du Jourdain. La question de la relation entre l'histoire et les récits de la Torah est complexe. Bien que la Torah mentionne des lieux historiques (par exemple Ur dans Genèse 11) et des personnages historiques (par exemple Pharaon, peut-être Ramsès II, dans Exode 1), nous n'avons aucune trace archéologique ou écrite des événements spécifiques ou des acteurs clés (par exemple Moïse) décrits.
Genèse
La Genèse se décompose en quatre parties. La première partie constitue l''histoire primitive', qui raconte l'histoire du monde depuis la 'Création' jusqu'à l'appel d'Abraham. La deuxième partie est le 'cycle d'Abraham' (Genèse 12:1-25:18), qui raconte l'histoire d'Abraham depuis son appel jusqu'à sa mort. La troisième partie est le 'cycle de Jacob' (25:19-36:43), qui raconte l'histoire de Jacob depuis sa naissance jusqu'aux rêves de son fils Joseph. La quatrième partie est le 'cycle de Joseph' (37-50), qui raconte l'histoire de Joseph et de ses frères. Le récit de la Genèse commence par la 'Création' du monde, mais avec chaque partie, le récit se concentre. Il passe de l'ensemble de l'ordre créé à l'humanité, puis se resserre sur une famille spécifique (celle d'Abraham), puis sur l'un de ses fils (Jacob/Israël), et enfin aboutit à la 'création' de la tribu d'Israël et à la présence des Israélites en Égypte.
Exode
Exode peut être divisé en trois sections: la libération d'Égypte (Exode 1:1-15:21), le don de la loi à Moïse sur le Sinaï (15:22-31:18), et le début de l'errance de 40 ans (une génération) dans le désert (32-40).
Lévitique
Contrairement au reste de la Torah, le Lévitique contient très peu de matériel narratif, mais il est lié au récit d'Exode. Le matériel de la source P (voir ci-dessous) dans Exode décrit principalement la construction des outils cultuels (par exemple l'Arche d'Alliance). Dans Lévitique, l'accent est mis sur la promulgation du culte, en particulier le rôle des Lévites, qui est d'enseigner la distinction entre 'le saint et le commun', et entre le 'pur et l'impur' (Lévitique 1:10; 15:31).
Nombres
Il existe deux façons de comprendre la structure de Nombres. D'abord, on peut voir sa structure comme géographique, chaque section correspondant à un endroit particulier de l'errance dans le désert: le désert du Sinaï (1:1-10:10), le pays à l'est du Jourdain appelé aussi 'Transjordanie' (10:11-22:1 ), et le pays de Moab (22:2-36:13). Cependant, il y a deux événements clés qui peuvent aussi être utilisés pour comprendre la structure du livre, ce sont les deux recensements militaires des chapitres 1 et 26.
Deutéronome
Deutéronome vient du grec deutéronomion (deuxième loi), mauvaise traduction de l'expression hébraïque mishneh hattorah hazzot ('une copie de cette loi') dans Deutéronome 17:18. C'est aussi le seul livre de la Torah dont la rédaction soit spécifiquement attribuée à Moïse.
Quatre superscriptions éditoriales clarifient la structure du Deutéronome. La partie 1 (1:1-4:43) est principalement Moïse réfléchissant sur l'histoire des Israélites, du Sinaï (ou Horeb comme il est appelé dans le Deutéronome) à la Transjordanie, et une discussion sur le destin du peuple de Dieu. La partie 2 (4:44-28:68) est la partie clé du livre car elle contient le don de la Torah (l'enseignement et l'instruction faisant autorité) dictant comment Israël doit vivre (éthiquement, cultuellement, politiquement, socialement, etc.) s'il veut assurer son existence politique. La partie 3 (29-32) contient une alliance que Moïse conclut avec Israël et raconte la nomination de Josué à sa succession. La quatrième partie 4 (33-34) se termine par la bénédiction des tribus d'Israël et un récit sur la mort et l'inhumation de Moïse. Le Deutéronome, et partant la Torah, conclut avec le peuple d'Israël déterminé à entrer dans la Terre Promise.
Composition
Traditionnellement, il était largement supposé (par les Juifs comme les Chrétiens) que Moïse était l'auteur de la Torah, cependant cette hypothèse commença à être remise en question au 17ème siècle EC. Au 19e siècle EC, le bibliste allemand Julius Wellhausen présenta dans ses Prolegomena zur Geschichte Israels ('Prolégomènes à l'Histoire d'Israël', publié pour la première fois en allemand en 1878 EC) la première formulation majeure de ce que l'on appelle l''Hypothèse Documentaire'. L'Hypothèse Documentaire a fait l'objet d'une révision significative depuis, et pour de nombreux chercheurs, en particulier en Amérique du Nord, elle reste la théorie dominante pour expliquer la composition de la Torah.
En termes simples, cette théorie déclare que l'ensemble de la Torah est composé de quatre sources principales: J (Yahviste), E (Elohiste), D (Deutéronomiste) et P ('Priestly', Sacerdotale). Il est fort probable que ces sources ne soient pas des textes, mais des groupes particuliers d'individus qui étaient initialement responsables de la composition et de la transmission des sources (en tant que traditions orales et/ou compositions écrites), qui furent ensuite incorporées dans la Torah par la source P. Les chercheurs utilisent 'source' d'une manière très générale dans ce contexte, pour tenir compte de l'ambiguïté de ce qu'étaient ces 'sources'.
La source J tire son nom du fait qu'elle préfère le Tétragramme (les quatre lettres) YWHW (généralement prononcé comme 'Yahweh', bien que cette prononciation soit débattue), pour le nom du dieu d'Israël. La raison pour laquelle il s'agit de la source J et non de la source Y est que la théorie fut avancée pour la première fois en Allemagne, où YHWH est orthographié avec un J et non avec un Y. YHWH est fait pour apparaître très humain (par exemple, il est censé marcher avec les humains [voir Genèse 2]), les personnages d'Abraham, Isaac et Jacob ne sont pas idéalisés dans le récit, et la moralité n'est pas absolue. De plus, c'est le Royaume de Juda qui est mis en valeur. Cette source est traditionnellement datée entre 1000 et 900 AEC, ce qui est peut-être contemporain des cours de David et de Salomon.
Comme J, la source E tire son nom de son nom préféré pour le dieu d'Israël. Elle utilise le mot hébreu générique elohim, qui peut signifier 'dieux' ou 'dieu' (comme termes génériques pour d'autres divinités), ou encore 'Dieu' (spécifiquement, le dieu d'Israël). Contrairement à J, E met l'accent sur le Royaume du Nord, Israël. La source E avait Dieu parlant directement à Abraham, plutôt que parlant à l'humanité. Cette source est généralement datée du 8ème ou 9ème siècle AEC, et était probablement une importation du Royaume d'Israël. E et J ont probablement été remaniées ensemble à un moment donné avant la période de l'Exil, J étant la source primitive, remaniée avec E. Par conséquent, certains chercheurs traitent J et E comme une seule source (la source JE), ou omettent E complètement.
D, ou le Deutéronome, est très probablement une école de scribes réformateurs de l'époque de Josias, roi du royaume de Juda, vers 621 AEC. D est responsable du livre du Deutéronome et de peu de chose d'autre dans la Torah. Cependant, il est probablement responsable (en tant qu'auteurs et/ou réviseurs) des livres de Josué, Juges, Samuel, Rois (connu sous le nom d'Histoire Deutéronomiste), de même que réviseur de Jérémie et de sections du Livre des Douze Petits Prophètes (d'Osée à Malachie ). D est caractérisé par une moralité absolue, un culte centré sur le Temple de Jérusalem et le cycle du péché et de la repentance. Il est possible qu'une forme de ce que nous connaissons sous le nom de Deutéronome ait été trouvée par le Grand Prêtre de Josias (2 Rois 22, 2 Chroniques 34).
P, la Source Sacerdotale, est la plus facilement identifiable des trois sources responsables de Genèse - Nombres. Cette source est caractérisée par les grandes lignes, l'ordre, la généalogie, le rituel et le sacrifice. Comme J, P se concentre sur Juda. Alors que JE est clairement narrative, P contient à la fois un récit (comme le récit de la 'Création' dans Genèse 1 et le récit du Déluge de Genèse 6-8) et du matériel rituel (tel que le Code de Sainteté du Lévitique 17-26). Cela rend très difficile la caractérisation du genre de P. On pense généralement que c'est la dernière des quatre sources à composer et à rédiger la Torah, probablement active pendant la période perse (539 - vers 330 AEC).
L'Hypothèse Documentaire n'est pas sans problèmes. Il a été reconnu depuis longtemps que E manque d'un flux narratif clair. Si jamais ce fut une source indépendante, elle fut depuis longtemps absorbée par J. Pour cette raison, les chercheurs tendent à parler de JE plutôt que de J et E. Comme pour E, il est difficile d'identifier un récit J continu traversant l'ensemble de la Torah.
De plus, bien qu'elle soit la seule source qui puisse être facilement identifiée tout au long de la Torah, il semble que P ne soit pas vraiment une source indépendante, mais qu'elle ait été intentionnellement composée de manière à s'insérer dans le matériel narratif de J et E. Les déconnexions dans le récit entre Genèse et Exode rendent improbable une source continue allant de Genèse à Nombres. Par exemple, seuls quelques versets (Genèse 50:14, 24; Exode 1:8-7) expliquent, superficiellement, le passage de Joseph de deuxième personnage le plus puissant d'Égypte à quelqu'un d'inconnu du pharaon, et celui des Israélites, de nomades à Canaan à esclaves en Égypte. De même, un seul passage de Genèse (15:13-16) donne une indication que les Israélites devront d'abord quitter Canaan, puis retourner à la Terre Promise.
Devant ces problèmes, il y a chez les chercheurs européens, une tendance générale à s'écarter de la compréhension traditionnelle de l'Hypothèse Documentaire, pour comprendre Genèse et l'histoire de Moïse (Exode et suivants) comme deux récits originaux concurrents, ensuite révisés ensemble par la source P. Ils voient encore J et E (ou JE) dans Genèse, mais ne pensent pas que J ou E soient des sources complètes parcourant l'ensemble de la Torah. P reste considéré comme le rédacteur final, et D, le responsable de l'Histoire Deutéronomiste.