La Corée, située sur une large péninsule de la côte Est du continent asiatique, est habitée par l'Homme depuis la période du Néolithique. Gojoseon qui exista durant la deuxième partie du premier millénaire avant notre ère fut le premier Etat notable à régner sur ce territoire. Du premier siècle AEC au 7e siècle EC, la péninsule fut divisée entre les royaumes de Baekje, Goguryeo et Silla ainsi que la confédération de Gaya. Cette époque fut appelée la période des Trois Royaumes. Grâce à l'aide apportée par l'Empire Chinois, le royaume de Silla finit par conquérir les autres royaumes coréens et forma le Royaume Unifié de Silla qui régna sur la péninsule jusqu'en l'an 935 EC. A partir du 10e siècle, le territoire fut dirigé par le royaume de Goryeo jusqu'à que celui-ci perde son indépendance face aux invasions mongoles du 13e siècle.
Malgré d'importantes périodes de conflits, des liens culturels et politiques furent maintenu avec son voisin chinois tout au long de son histoire. Le Japon fut lui aussi un partenaire commercial important de la Corée, échangeant aussi au point de vue culturel. La Corée contribua aussi grandement à l'histoire du monde grâce notamment à l'invention des caractères mobiles en métal, à ses superbes céladons, à ses magnifiques couronnes d'or de la période Silla, au plus vieil observatoire astronomique d'Asie, à de très belles statuettes bouddhiques en bronze doré, à ses pagodes en pierre, au hanji (le papier le plus cher du monde), ou encore au ondol, le système de chauffage par le sol coréen.
La préhistoire de la Corée
La péninsule coréenne fut habitée à partir du 10 000 avant notre ère (peut-être même avant) par des chasseurs cueilleurs. La première colonie connue sur le territoire remontrait à 6 000 AEC. De nombreux mégalithes datant du deuxième millénaire avant notre ère parsèment encore aujourd'hui le paysage coréen. On en recense plus de 200 000 sur toute la péninsule. Ces dolmens construits de plusieurs imposantes dalles de pierre servaient probablement de monuments funéraires. D'autres types de sépultures prenaient la forme de cistes, renfermant les objets de valeurs du défunt tel que des bijoux d'amazonites enterrés avec son corps, le tout délimité par des pierres.
Les habitations de cette période étaient habituellement semi-enterrées avec un foyer au centre et un toit supporté par des piliers. Les villages étaient généralement situés à flanc de colline et parfois encerclé par une enceinte en bois. Les découvertes archéologiques ont mis à jour des bijoux faits de pierres, d'os et de coquillages, des outils bifaces en pierre, des pilons et des mortiers de pierre, des faucilles, des binettes et des pointes de flèche en ardoise. Les premières poteries, des bols bruns à fond plats décorés avec de fines entailles, attestent d'une culture commune avec les communautés de la province du Liaoning et celles du Liaodong en Chine. Les poteries du Néolithique ainsi que les objets fabriqués à base d'obsidienne indique aussi de premiers échangent maritimes avec l'archipel du Japon.
La pratique de l'agriculture débuta durant le deuxième millénaire avant notre ère et prospéra avec l'arrivée par la Chine de la culture du riz aux alentours de 700 AEC. Cette période concorde avec l'Âge du Bronze en Corée apporté par la culture du métal venu de Mandchourie. La présence de pièces de bronze travaillées, tel que des épées, des cloches et des miroirs, dans certaines tombes des rives du fleuve Taedong suggère un système avec une élite tribale. D'autres objets de bronze furent aussi retrouvés comme des poignards, des têtes de lances, des boucles de ceintures et des haches. L'Âge du Fer coréen débuta lui au 3e siècle AEC comme le prouvent les tombes d'époques retrouvées dans la région de Gyeongju. C'est à cette période que le premier royaume coréen, Gojoseon, fut fondé.
Gojoseon
Selon les légendes rapportées par le Samguk Yusa (Souvenirs des Trois Royaumes) au 13e siècleEC, Gojoseon fut fondé en l'an 2333 avant notre ère par Dangun Wanggeom, le descendant du dieu Hwanung et d'une ourse transformée en femme. Les recherches archéologiques suggèrent plutôt que le pays se serait formé à partir d'alliance de petits villages fortifiés dans la région des fleuves Daedong et Liao entre le 7e et le 4e siècle AEC. Bien qu'il soit mentionné dans les Mémoires du Grand Historiens écrit par l'historien chinois Sima Qian aux alentours de -100, les historiens actuels continuent à débattre bien des questions telles que : Etait-ce un état à proprement parlé ? Quand a-t-il existé ? Où se situait sa capitale ? Quels était les territoires sous son contrôle ?
Gojoseon prospéra grâce aux progrès agricoles (dû aux outils en fer amenés de Chine) et à ses nombreuses ressources naturelles comme l'or, l'argent, le cuivre, l'étain et le zinc. C'est notamment à cette époque que furent inventés le ondol, le fameux système de chauffage par le sol, ainsi que les premières poteries en grès gris de Corée. Cependant, Gojoseon fut affaibli par les attaques répétitives de son voisin l'état de Yan au 3e siècle AEC et un long déclin s'ensuivit. Le pays s'effondra finalement un siècle plus tard et son successeur, Wiman Joseon, ne résista lui non plus pas très longtemps et fut conquit par la dynastie Han de Chine (206 AEC - 220 EC). Les Han cherchaient à mettre la main sur les ressources naturelles du pays (surtout sur son sel et son fer) et divisèrent le Nord de la péninsule en quatre commanderies directement gérées par le gouvernement chinois.
Les territoires au Nord de Gojoseon devinrent le royaume de Goguryeo (Koguryo), tandis que le Sud de la péninsule fut divisé en trois états Han (sans aucun lien avec la dynastie Han de Chine) Byeonhan, Mahan et Jinhan durant la période des Samhan. Ces confédérations deviendront par la suite les royaumes de Baekje (Paekche), Gaya (Kaya) et Silla durant la période des Trois Royaumes. Ces royaumes bénéficieront de la culture avancée apportée par les réfugiés des anciens royaumes de Gojoseon et de Wiman Joseon.
La période des Trois Royaumes
Les quatre états coréens de la Période des Trois Royaumes (de 57 AEC à 668 EC) étaient en conflit perpétuel et les alliances entre ces pays ainsi qu'avec les deux puissances voisines chinoise et japonaise ne cessaient de changer. Selon les légendes rapportées par le Samguk Sagi (Mémoires historiques des Trois Royaumes) écrit au 12e siècle, cette période débuta au 1er siècle AEC. Cependant, les historiens préfèrent désigner le 2e ou 3e siècle de notre ère (voir même plus tard) comme date plus juste pour parler d'état avec un pouvoir centralisé.
Goguryeo, dont la capitale se situait à Pyongyang, a particulièrement prospéré au 5e siècle durant le règne de Gwanggaeto le Grand (391-413), qui en grand conquérant assit la domination du royaume sur le Nord de la péninsule, une bonne partie de la Mandchourie et une partie de la région chinoise de Mongolie Intérieur. D'autre part, le royaume de Silla, et sa capitale Geumseong (aujourd'hui Gyeongju), se développa énormément durant le règne du roi Beopheung (r.514-540 EC), atteignant un haut niveau de centralisation et prospérant sur la côte Est de la péninsule grâce aux innovations de l'agriculture, comme la charrue et le système d'irrigation. La confédération de Gaya, coincée entre les deux puissants royaumes du Sud, ne réussi malheureusement pas à concentrer son pouvoir et à être stable. Elle s'effondra après que Silla ne se soit emparé de la cité-état Geumgwan Gaya (ou Bon-Gaya) en 532 EC. Baekje, de son côté, s'en sortit bien durant le 4e siècle sous le règne du roi Geunchogo et installa sa capitale à Hanseong (actuel Gwangju). Entre 433 et 553 EC, leur alliance avec Silla apporta une certaine stabilité au Sud de la Corée. Mais alors qu'en 554, à la bataille de la forteresse Gwansanseong (actuel Okcheon), Baekje tenta de réclamer des territoires perdus lors d'une invasion de le part de Silla, leur armée de 30 000 hommes fut vaincue et le roi Seong de Baekje fut tué.
Le système politique des trois royaumes était semblable aux systèmes mis en place par les royaumes qui leur succéderont: le roi gouvernait avec l'aide de hauts fonctionnaires choisis parmi l'aristocratie et les fonctionnaires nommés par le gouvernement administraient les provinces grâce à l'aide des chefs de tribus locaux. La majorité de la population était paysans et payait des taxes avec leurs récoltes et leurs ressources. Le gouvernement pouvait obliger ses sujets à servir dans l'armée ou à effectuer des travaux d'intérêts généraux. Tout en bas de l'échelle sociale se trouvaient les esclaves (généralement des prisonniers de guerre ou des gens criblés de dettes) ainsi que les criminels qui étaient forcés de travailler sur les terres de l'aristocratie. La société était divisée et hiérarchisée en fonction du statut social, comme dans le royaume de Silla où l'inflexible système des os sacrés se basait sur la naissance et imposait un certains style vie à chaque tranche sociale (le montant de leurs impôts, leurs vêtements, leur carrière, etc.).
Les conflits entre les différents états coréens se résolurent avec l'intervention extérieure de la Chine. Goguryeo avait rejeté avec succès trois invasions de la dynastie chinoise Sui au 7e siècle EC, et lorsque la nouvelle dynastie Tang (618-907 EC) tenta une nouvelle attaque en 644, le grand général Yang Manchun les repoussa une nouvelle fois. Goguryeo avait joint ses forces à celle de Baekje et réussi à envahir le territoire de Silla deux ans auparavant, mais les Tang n'en restèrent pas là et s'allièrent à Silla afin de vaincre les deux autres royaumes. En 660, l'armée de 50 000 hommes de Silla menée par le général Kim Yusin joint à la force navale de 130 000 hommes envoyée par l'Empereur Tang écrasèrent Baekje et son roi, Uija, fut envoyé en Chine. Puis en 667, Pyongyang tomba et l'année suivante le roi de Goguryeo, Bojang, fut fait prisonnier avec 200 000 de ses sujets. Cependant, Silla n'ayant pas l'intention de devenir le vassal de l'Empire chinois, vainquit le reste des troupes Tang lors des batailles de Maesosong (675 EC) et Kibolpo (676). Après cela, Silla prit le contrôle de toute la péninsule en 668 EC et forma un nouveau royaume, le royaume du Silla Unifié.
Silla Unifié
Le royaume de Silla unifié (668-935 EC) fut la première dynastie à régner sur l'entièreté de la péninsule coréenne. A la même époque, le royaume de Balhae (Parhae) apparut au Nord, mais la majorité de son territoire se trouvant en Mandchourie, la plupart des historiens s'accordent pour dire que ce n'était pas un état coréen à proprement parlé.
Le royaume de Silla était divisé en neuf provinces (trois pour chaque territoire des trois anciens royaumes) et cinq cités suppléant la capitale. Geumseong, prit ensuite le nom de Seorabeol, resta la capitale du royaume et sa population augmenta jusqu'à 900 000 habitants, bénéficiant d'un programme de reconstruction, de lieux de loisirs ainsi que de nombreux temples. Le territoire était hiérarchisé en régions, préfectures, comtés et villages. Afin d'asseoir son autorité, les rebelles et nobles des anciens royaumes vaincus furent forcés de s'exiler et les chefs de villages furent contraint d'envoyer leurs fils ainés travailler pour le gouvernement ou dans l'armée. Le royaume prospéra grâce à une agriculture florissante, les systèmes d'irrigations augmentant grandement les rendements, et au commerce via la mer de Chine. L'absence prolongée de guerre permis aussi à l'art et aux sciences de prospérer comme jamais auparavant.
Le pays commença son déclin à partir du 8e siècle EC, en grande partie dû à la rigidité de sa structure sociale basée sur le système des os sacrés. Ce système dictait tous les droits et obligations des individus en fonction de leur naissance. Non seulement l'impossibilité de s'élever socialement causait une stagnation des idées et des innovations mais l'aristocratie commença à jalouser le pouvoir du roi. A l'autre bout de l'échelle sociale, le mécontentement grandissait de plus en plus chez les paysans dont les taxes ne faisaient qu'augmenter. Pour couronner le tout, les propriétaires terriens de provinces devenaient petit à petit incontrôlables pour le pouvoir. En d'autres termes, l'état s'effondrait de l'intérieur.
Deux individus en particulier causèrent beaucoup de problèmes aux rois de Silla. Un certain Gyeon Hwon, un leader de la paysannerie, profita des troubles politiques pour faire renaître en 892 EC l'ancien royaume de Baekje dans le Sud-Ouest du pays; tandis que Gung Ye un noble devenu moine rétablit le royaume de Goguryeo au Nord en 901. S'en suivit une nouvelle lutte désordonnée pour le pouvoir comme lors de la période des Trois Royaumes, si bien qu'on appela celle-ci la période des Trois Royaumes Postérieurs. Gyeon Hwon attaqua Geumseong en 927 EC tandis que la tyrannie fanatique et impopulaire de Gung Ye le mena à la mort, tué par ses propres suiveurs. Son premier ministre, le talentueux Wang Geon, lui succéda en 918 ECet il attaqua le nouveau Baekje puis Silla, porté par son extraordinaire leadership. Le dernier roi de Silla, Gyeongsun, capitula en 935 et laissa Wang Geon unifier une nouvelle fois le pays mais sous un nouveau nom, celui du royaume de Goryeo.
Goryeo
La dynastie de Goryeo (Koryo) régna sur la Corée de 918 à 1392 EC. Le nom de ce royaume est celui qui donna son nom au pays en occident (Corée en Français, Corea en Espagnol et en Italien, Korea en Anglais et en Allemand…). Wang Geon se proclama roi et choisit la ville de Songdo (actuel Gaeseong) située au centre du pays comme nouvelle capitale. En hommage à son immense contribution à la création d'un nouveau royaume, il fut nommé à titre posthume Taejo, le grand fondateur. Ce nouveau royaume n'était malheureusement pas exempt de menaces extérieures. La tribu nomade des Khitan (Qidan) au Nord attaqua Goryeo à deux reprises. Ils furent finalement vaincu en 1033 EC et une muraille fut construite tout du long de la frontière Nord du pays.
A partir de ce moment, le pays prospéra et sa capitale compta plus de 1 000 échoppes à son apogée. Pour la première fois en 996 EC, le pays frappa sa propre monnaie, puis à partir de 1101EC le Unbyong (ou Hwalgu), une monnaie en forme de vase d'argent en forme de péninsule coréenne, fut mis en circulation par l'état. L'impression par caractère mobile en métal fut inventée et l'ancienne méthode utilisant des supports en bois fut perfectionnée. De ce fait, cette période vit l'essor des textes bouddhiques et de l'intérêt pour l'histoire du pays, à l'instar des célèbres chroniques Samguk Sagi (Mémoires historiques des Trois Royaumes) écrites en 1145 par Kim Pu-sik.
La prospérité ayant aussi ses propres inconvénients, les troubles sociaux, la décadence et la corruption de l'élite gouvernementale ne cessèrent de croire. Des révoltes éclatèrent en 1126 puis en 1135 EC avant d'être immédiatement étouffées par le gouvernement. Mais ces litiges atteignirent leur paroxysme durant le règne du roi Uijong, critiqué pour avoir construit de somptueux palais et parcs. L'armée, désœuvrée et exclue de la haute société, fomenta un coup d'état en 1170. Le roi Uijong fut remplacé par son frère Myeongjong qui servit simplement de pantin à l'armée. Des décennies de troubles conflictuels entre les différentes classes sociales s'ensuivirent accompagnés d'assassinats, de révoltes d'esclaves et de nouveaux coups d'état. Mais le pire restait encore à venir pour le pays. Gengis Khan, après avoir unifié les tribus mongoles, balaya la Chine. Puis son fils, Ögedeï Khan, porta son attention sur le royaume coréen en 1231 EC. Goryeo fut forcé de délocaliser sa capitale sur l'île de Ganghwa l'année suivante. Tandis que l'élite était confortablement installée sur l'île, le reste de la population dut faire face seul à six invasions mongoles dans l'intervalle de trois décennies. En 1258, la population excédée assassina le dirigeant militaire et réinstalla le roi dans ses pleins pouvoirs. La paix fut faite avec les Mongols mais la Corée perdit son indépendance à leur profit. Le pays ne retrouva son autonomie qu'avec l'effondrement du royaume et la création d'une nouvelle dynastie par le général Yi Seong-Gye en 1392, la dynastie Joseon.
Relations avec la Chine et le Japon
Les premières relations entre la Chine et la Corée remontraient selon la légende à l'arrivée du sage Gija (appelé Jizi en Chine) et de ses 5 000 partisans dans le royaume de Dangun. Quand ce dernier décida de se retirer dans les montagnes afin d'y méditer, Gija fut promu roi de Gojoseon en 1122 AEC. Ce mythe serait la représentation de l'arrivée de l'Age du Fer sur la péninsule.
Le commerce entre les deux régions se poursuivit tout au long de cette période. De l'or, de l'argent, du bronze, du ginseng, du chanvre, des pignons de pins, du mobilier, du papier et des chevaux étaient exportés en Chine. Tandis que de la soie, le thé, les épices, les médicaments, les céramiques, les livres et du matériels d'écriture en étaient importés. La culture chinoise a probablement été apportée par les réfugiés fuyant les conflits de la période des royaumes combattants du 4e siècle AEC. Les preuves archéologiques les plus probantes attestant de l'influence de la Chine à cette époque restent les tombeaux retrouvés dans la région du fleuve Daedong où plusieurs chevaux ont été retrouvés enterrés avec les défunts comme cela était de coutume en Chine. Plus tard, les liens culturels se feront plus évident notamment avec l'adoption du système d'écriture chinois, l'utilisation de l'appellation royale 'wang' et de leurs monnaie. Ces liens seront aussi très visibles dans la littérature et l'art. Maîtres et apprentis se rendaient ainsi souvent en Chine pour étudier.
De façon similaire, des liens diplomatiques et culturels se formèrent avec l'archipel du Japon dès l'Age du Bronze. Le pays de Wae (Wa en Japonais) entretenait ainsi une relation privilégiée avec la confédération de Gaya. Ce dernier, plus avancé technologiquement, exportait de grande quantité de fer sur l'archipel. Cependant, quel pays avait le plus de pouvoir sur l'autre est encore débattu par les spécialistes. La culture de Baekje s'exporta aussi au Japon, notamment par les voyages d'enseignants, de savants et d'artistes apportant avec eux la culture chinoise et les textes de Confucius. Le royaume de Silla continua d'entretenir des liens privilégiés avec la partie Sud de l'archipel, notamment durant les périodes de Nara et Heian. Enfin, Goryeo fit de même en poursuivant les échanges commerciaux et particulièrement ceux d'armes et d'éventails.
La religion en Corée
Les états coréens qui pratiquaient traditionnellement le chamanisme adoptèrent le confucianisme puis le Bouddhisme venus de Chine. Ce dernier deviendra par ailleurs religion d'état à partir du 4e siècle EC dans les différents royaumes de la péninsule. Les principes du confucianisme furent appliqués à l'administration et comptaient comme partie intégrante dans les examens donnant accès aux postes gouvernementaux. Cependant le bouddhisme fut la religion la plus adoptée et des temples et des monastères fleurirent un peu partout sur le territoire. Le clergé bouddhiste, grâce à leurs terres, au soutien royal et à l'exemption de taxe, devint riche et aussi puissant qu'un pays à part entière. Certains monastères possédaient même leurs propres forces armées composées de moines guerriers et de laïcs. Le bouddhisme était non seulement pratiqué par les élites, qui bien souvent envoyaient leurs fils étudier dans un monastère, mais était aussi pratiqué par les classes les plus pauvres.
L'art coréen
Une grande quantité de poteries en grès gris fut produite durant la période des Trois Royaumes. La céramique était décorée de fines incisions et on découpait et appliquait des morceaux d'argiles supplémentaires pour créer un effet de treillis. Le style de poterie le plus apprécié de tout temps en Corée est le céladon de Goryeo. Ceux-ci possèdent un vernis lisse et ont généralement de fins motifs incrustés (sanggam), souvent des représentations bouddhiques comme la fleur de lotus, la grue ou les nuages. Cette technique fut apportée de Chine au 9e siècle EC, mais fut rapidement améliorée par les potiers coréens. Ils devinrent tellement qualifiés que leurs produits s'exportaient jusqu'en Chine. Encore aujourd'hui, les céladons coréens font partie des céramiques les plus chères au monde.
C'est dans les tombes datant du royaume de Goguryeo qu'est le mieux représenté l'art des peintures murales en Corée. Plus de 80 de ces tombes possèdent une chambre funéraire joliment décorée de peintures représentant la vie quotidienne, des portraits du défunt et des créatures mythiques du folklore coréen. Les peintures étaient faites directement à même la pierre ou bien sur un enduit de chaux.
L'art bouddhique était très populaire dans le pays et le bronze doré était souvent utilisé pour produire des statuettes de Bouddha, Maitreya ou Bodhisattva. Des figures monumentales furent aussi sculptées dans la roche et les falaises. Le bronze doré était aussi utilisé pour confectionner des bruleurs d'encens, des boîtes à reliques et des couronnes. Les plus célèbres de ces couronnes sont celles de la dynastie de Silla faites avec des feuilles d'or. Elles possédaient une structure en forme de branche d'arbre ou de bois de cerf, rappelant le lien des anciennes dynasties coréennes avec le chamanisme. Des bijoux de toutes sortes ont été fabriqués à l'aide de techniques avancées d'orfèvrerie, tel que le câblage, le poinçonnage, la découpe et la granulation. Le jade, sculpté en croissant de lune, était une pierre populaire pour embellir les ornements scintillants. Une autre des compétences métallurgiques des coréens du Royaume de Silla Unifié était le moulage de cloches massives en bronze (pomjong) qui étaient utilisées dans les temples bouddhiques afin d'annoncer les offices.
L'architecture coréenne
Les meilleurs vestiges de l'architecture en Corée durant la préhistoire sont les mégalithes, les murs de fortifications et les tombes. De remarquables exemples de cette architecture sont les dolmens en forme de table présents sur l'île de Ganghwa et qui datent du premier millénaire AEC durant l'Age du Bronze coréen. Des menhirs, sûrement sans lien avec les rites funéraire mais plutôt utilisés comme repères géographiques, ont aussi été retrouvés sur tout le territoire.
Malheureusement, il existe très peu de monuments datant d'avant le 16e siècle qui aient survécu jusqu'à nos jours. De ce fait l'architecture de ces périodes est essentiellement étudiée grâce aux peintures murales des chambres funéraires et aux quelques structures toujours visibles telle la pagode en pierre du temple Mireuksa à Iksan, construite au temps du royaume de Baekje et qui possède encore six de ses sept ou neuf étages initiaux. A l'image des pagodes de Dabotap et Seokgatap, construites au 8e siècle EC au temple de Bulguksa près de Gyeongju, les pagodes en pierre sont l'unique contribution coréenne à l'architecture bouddhique.
Durant la période des Trois Royaumes, les tombes prenaient typiquement la forme de grands tumulus de terre. Ces monticules possédaient des chambres funéraires faites de pierre et possédaient généralement une entrée à l'horizontal (sauf pour celles du royaume de Silla qui n'en possédaient pas). L'une des plus grandes tombes découverte à ce jour est celle retrouvée dans l'ancienne capitale de Goguryeo, Gungnae (actuel Tonggou), et étant possiblement la tombe du roi Gwanggaeto (r.391-412). La tombe mesure 75 mètres de long et est faite de blocs de pierre de trois mètres par cinq.
L'une des structures en pierre les plus remarquables datant du royaume de Silla Unifié est la grotte Seokguram située près du temple Bulguksa à l'Est de Gyeongju. Construite entre 751 et 774, elle est composée d'une rotonde principale où se situe une gigantesque statue d'un Bouddha assit. Un autre monument intéressant de la même période est l'observatoire astronomique de Cheomseongdae. Datant du milieu du 7e siècle EC et haut de neuf mètres, il agit comme cadran solaire et possède une ouverture au Sud de sa structure captant à l'intérieur de l'observatoire les rayons du soleil à chaque équinoxe. C'est le plus vieil observatoire d'Asie de l'Est encore observable de nos jours.
Une des particularités intéressantes de l'architecture coréenne est visible sur les grandes demeures et les monuments importants tels que le hall de la Vie Infinie (Muryangsujeon) du temple Pusok à Yongju qui fut construit au 13e siècle EC. C'est l'un des plus vieux édifices en bois encore debout en Corée. Les toits de ces bâtiments sont courbés à la fois afin de permettre l'écoulement de l'eau de pluie mais aussi assez solides pour résister au poids de la neige qui s'accumule en hiver. Ils sont aussi très hauts afin de permettre à l'air de circuler lors des mois de forte chaleur. Les toits étaient fait de poutres en bois et recouvert de tuiles (giwa) disposées sur une couche de terre afin d'isoler le bâtiment de la chaleur et du froid. A la fois très esthétique et pratique, la courbure du toit, et notamment ses extrémités tournées vers le haut (cheoma), permettait aux rayons du soleil de pénétrer le bâtiment en hiver tout en créant un peu d'ombre en été.
Les cloisons des maisons traditionnelles coréennes (hanok) étaient faites de bois et de papier et fonctionnaient bien souvent suivant le système de portes coulissantes (changhoji). Le plancher (maru) était en bois et légèrement surélevé afin de permettre aux pièces d'être rafraichies en été et d'être chauffées grâce au système de chauffage au sol (ondol) en hiver. Ce système fonctionne grâce à un réseau de conduits fait de pierre et de papier paraffiné sous le plancher qui fait passer de l'air chaud à partir d'un foyer central dans tout le sous-sol de la maison. Les portes et les fenêtres étaient faites de quadrillages en bois (changsal) souvent sculptés dans des treillis très décoratifs (kkotsal). La maison était divisée en plusieurs espaces bien définis les uns des autres et possédait généralement une cour ou un jardin clôturé.
Enfin la topographie proche du bâtiment était grandement étudiée par les architectes afin qu'il soit intégré d'une façon harmonieuse dans son environnement naturel (pungsu) et de pouvoir profiter du panorama (andae). Ainsi, le meilleur endroit possible était un site adossé à une montagne afin de bloquer le vent et face à une plaine traversée d'une rivière afin de fournir une énergie positive (gi) au bâtiment.
This content was made possible with generous support from the British Korean Society.