Pausanias (510 - 465 av. J.-C.) était un régent et général spartiate qui connut la gloire en menant une force grecque combinée à la victoire sur les Perses lors de la bataille de Platée en 479 avant notre ère. Célèbre pour son manque de modestie à l'égard de son propre talent, il fut accusé de collusion avec les Perses tout au long de sa carrière et, malgré des succès à Chypre et à Byzance, il connut une fin particulièrement peu glorieuse. Il ne faut pas le confondre avec Pausanias, écrivain voyageur grec du IIe siècle de notre ère.
Jeunesse
Pausanias avait un pedigree royal et militaire. Son père était le roi Cléombrote et son oncle Léonidas, le roi spartiate qui s'était couvert de gloire lors de la défaite aux Thermopyles. Pausanias appartenait donc au clan des Agiades, la plus ancienne des deux maisons royales de Sparte. On ne sait rien d'autre de la vie personnelle de Pausanias, si ce n'est qu'il eut un fils, Pleistoanax. Il apparaît pour la première fois dans l'histoire en 480 avant notre ère, lorsqu'il sert de régent à son jeune cousin Pleistarchos, mais c'est en tant que général que Pausanias se ferait connaître.
Bataille de Platées
Lors de la bataille navale de Salamine, en septembre 480 avant notre ère, l'invasion de la Grèce prévue par Xerxès subit un sérieux revers, mais son immense armée était toujours intacte. Si les Grecs voulaient survivre en tant que cités-États indépendantes, ils devaient se battre et gagner sur terre; le champ de bataille se situait près de la petite ville de Platées, en Béotie, en 479 avant notre ère. Les auteurs anciens exagérèrent peut-être les chiffres, mais même avec une estimation plus prudente, la bataille aurait impliqué quelque 200 000 hommes armés, la plus grande bataille de ce type que la Grèce ait jamais connue et un chiffre comparable aux batailles de Waterloo et de Gettysburg.
Pausanias se vit confier le commandement des forces terrestres grecques combinées à Platées, tandis que Léotychidas, l'autre roi spartiate, dirigeait les forces navales grecques. Les Perses étaient commandés par Mardonios, gendre et neveu de Darius et cousin de Xerxès. Comme à Marathon en 490 avant J.-C., les hoplites grecs lourdement armés, disposés en une formation dense d'au moins huit hommes de profondeur appelée phalange, où chaque homme portait un lourd bouclier rond en bronze et combattait l'ennemi de près à l'aide de lances et d'épées, constituaient une formation contre laquelle les Perses ne pouvaient rien.
Contrairement à sa réputation ultérieure, Hérodote dépeint Pausanias comme un commandant pieux et respectueux, capable d'unir les forces grecques disparates en une unité de combat efficace. En outre, après la bataille, Pausanias, nous dit-on, refusa les appels à la mise au pilori de la tête de Mardonios, comme le Perse avait si tristement traité Léonidas aux Thermopyles. Les Grecs avaient remporté l'une des batailles les plus importantes de leur histoire et Pausanias n'hésita pas à revendiquer son leadership en tant que principale raison de sa victoire. Selon Thucydide, il érigea un trépied à Delphes, commémorant la victoire par l'inscription suivante :
Les Mèdes vaincus, le grand Pausanias élevé
Ce monument, pour que Phoebus soit loué.
(Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1.132)
Il existe également un célèbre poème de Simonide qui décrit la bataille et compare favorablement Pausanias au héros mythique Achille, le plus grand guerrier grec de tous les temps. La réputation de Pausanias était à son apogée, mais à partir de ce moment là, la chute était inévitable.
Byzance et les procès
Toute l'attention et les feux de la rampe sans précédent dont jouissait Pausanias lui valurent une réprimande officielle de la part des autorités spartiates austères et conservatrices, mais cela n'entrava pas la carrière du général. En effet, en 478 avant notre ère, il se vit confier le commandement d'une flotte grecque d'au moins 50 navires avec laquelle il s'empressa d'attaquer Chypre, puis de prendre Byzance sur le Bosphore.
Cependant, la politique sévère de Pausanias entraîna bientôt une révolte et les cités-États ioniennes demandèrent de l'aide à Athènes, la grande rivale de Sparte. Dans son pays également, on le soupçonnait d'être de mèche avec les Perses, notamment en libérant des prisonniers qui leur avaient été alliés. On parla même de lettres adressées au roi perse Xerxès pour lui demander la main de sa fille (Hérodote affirme plus vraisemblablement que la dame en question était la fille du satrape Mégabate, mais il n'y a aucune preuve pour l'une ou l'autre de ces affirmations).
[Image:523]
Sommé de retourner à Sparte, Pausanias fut jugé pour trahison. Une fois de plus, un général spartiate ayant réussi dans le monde grec avait inquiété le gouvernement spartiate en lui faisant croire que l'un de ses commandants avait l'ambition de régner sur toute la Grèce en tant que tyran. Pausanias fut cependant acquitté et put donc repartir pour Byzance où, selon Thucydide, il s'habillait et mangeait comme un Perse. Là, il se heurta au talentueux général athénien Cimon qui dirigeait les forces de la Ligue de Délos et qui reprit Byzance au profit d'Athènes. Pausanias s'enfuit à Colonae en Troade, en Asie Mineure. Une fois de plus, Sparte accusa Pausanias d'avoir négocié avec les Perses et, vers 471 avant J.-C., il fut jugé une seconde fois et acquitté une fois de plus par manque de preuves.
Révolte et mort des Hilotes
Pausanias se heurta une dernière fois à l'autorité spartiate lorsqu'il fut accusé d'avoir pris le parti des Hilotes dans leur révolte contre Sparte. Selon certains, il aurait même promis la liberté et la pleine citoyenneté aux travailleurs agricoles semi-libres traditionnels dont l'économie de Sparte dépendait depuis si longtemps. Trop c'était trop, et les dirigeants spartiates demandèrent l'arrestation de Pausanias. Trahi par l'un de ses serviteurs et voyant sa fin proche, Pausanias se réfugia dans le temple sacré d'Athéna Chalkioikos sur l'acropole de Sparte. C'est là qu'il mourut ignominieusement de faim. Afin de ne pas polluer la terre sacrée, Pausanias fut retiré du sanctuaire juste au moment de mourir. Bien que peu admiré de son vivant par les autorités, Pausanias fut, selon les instructions de l'oracle de Delphes, enterré en héros et un monument commun fut érigé à sa mémoire et à celle de Léonidas, où un culte du héros fut instauré.