Perdiccas

Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 15 novembre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Battle of Hydaspes mosaic (by Jorge António, Public Domain)
Mosaïque de la bataille de l'Hydaspe
Jorge António (Public Domain)

Perdiccas (mort en 321 av. J.-C.) était l'un des commandants d'Alexandre le Grand et, après sa mort, le gardien du trésor, le régent de Philippe III et d'Alexandre IV et le commandant de l'armée royale. Lorsqu'Alexandre le Grand franchit l'Hellespont et jeta sa lance sur le rivage de l'Asie Mineure, il entama avec sa fidèle armée un périple de dix ans qui le mènerait jusqu'aux confins de l'Asie, bâtissant un empire sans précédent. Cependant, la mort soudaine du jeune roi en 323 avant notre ère laissa un vaste royaume sans chef et dans le désarroi le plus total; il n'y avait pas d'héritier immédiat ni de successeur désigné. Perdiccas s'avança sur le devant de la scène pour proposer une solution. La chevalière du roi à la main, il tenta de préserver l'intégrité de l'empire. Malheureusement, d'autres fidèles du roi étaient d'un avis différent. En fin de compte, les différents commandants prirent possession de leur petite part du gâteau territorial, ne laissant à Perdiccas qu'une infime chance de reconstruire ce qui avait déjà été perdu.

Débuts

La plupart des informations historiques sur Perdiccas ne sont pas flatteuses, car elles sont assombries par le récit hostile que Ptolémée fait d'Alexandre et de sa conquête de la Perse dans son histoire. Ptolémée Ier et Perdiccas étaient en conflit permanent depuis Babylone, conflit qui aboutirait à la mort de Perdiccas. Cependant, en dehors de l'histoire de Ptolémée, la plupart des versions fiables affirment qu'il avait à peu près le même âge qu'Alexandre (peut-être un peu plus) et qu'il était le fils d'un noble macédonien de la maison d'Orestide, une famille royale qui avait autrefois régné sur un petit royaume indépendant dans les hautes terres de Macédoine, mais qui avaient été privés de pouvoir par Philippe II, le père d'Alexandre.

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Philip II of Macedon
Philippe II de Macédoine
Fotogeniss (CC BY-SA)

Perdiccas fut d'abord page à la cour impériale de Pella, mais en 336 avant notre ère, il devint membre de l'élite de l'infanterie de Philippe II, en tant que porteur de bouclier ou hypaspiste. Plus tard dans la même année, en tant que garde du corps du roi, Perdiccas fut l'un de ceux qui poursuivirent Pausanias, le meurtrier de Philippe. La raison du meurtre: Pausanias croyait que le roi l'avait trahi et voulait se venger. Lorsque la botte de l'assassin s'accrocha à une vigne alors qu'il montait à cheval, il fut immédiatement tué par ses poursuivants. L'histoire continue de débattre sur la question de savoir si Olympias, la mère d'Alexandre, eut oui ou non un rôle à jouer dans la mort de son mari. Nombreux sont ceux qui pensent qu'elle aurait encouragé Pausanias à tuer Philippe pour assurer l'ascension d'Alexandre sur le trône. L'un d'entre eux, Plutarque, a écrit dans sa Vie d'Alexandre,

... Pausanias, ayant reçu, à l’instigation d’Attalus et de Cléopâtre, le plus sanglant outrage, sans en avoir pu obtenir justice, assassina Philippe. On attribua à Olympias la plus grande part dans ce meurtre : on l’accusait d’avoir excité le jeune homme, déjà irrité contre le roi. (Trad. A Pierron , Remacle)

Révolte à Thèbes

Avec Parménion, Coénos, Cleitos le Noir et Ptolémée, le jeune Perdiccas fut l'un des grands hommes qu'Alexandre avait hérités de son père. Peu après la mort de Philippe II, une rébellion éclata dans toute la Grèce: Thèbes, Athènes, la Thessalie et la Thrace se révoltèrent. Sous l'impulsion de l'orateur athénien Démosthène, beaucoup de Grecs pensaient qu'Alexandre était incapable de gouverner, ne voyant en lui qu'un jeune arriviste. Le nouveau roi entreprit de prouver qu'il était aussi bon, sinon meilleur, que son père. Au cours de ces rébellions, Perdiccas combattit aux côtés du jeune Alexandre en Illyrie et, lorsque la révolte éclata à Thèbes - on croyait qu'Alexandre était mort en Illyrie -, il suivit son roi vers le sud. Plutarque écrit : "... il (Alexandre) franchit immédiatement le col des Thermopyles, disant qu'à Démosthène, qui l'avait traité d'enfant pendant qu'il était en Illyrie... il apparaîtrait comme un homme devant les murs d'Athènes" (12).

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Alexander the Great in Combat
Alexandre le Grand au combat
Warner Brothers (Copyright, fair use)

Une immense armée composée de Macédoniens et d'alliés de Platée, d'Orchomène et de Thespies se tenait à l'extérieur des murs de Thèbes, attendant tout signe de reddition. Selon l'historien Philip Freeman dans son livre Alexandre le Grand, Alexandre se mit en colère - une "rage démesurée" (63) - et décida de ne pas attendre la reddition; il voulait faire de Thèbes un exemple, surtout après qu'ils l'aient traité de tyran.

En tant que "jeune soldat enthousiaste qui voulait impressionner son roi" (Freeman, 63), Perdiccas, en tant que capitaine de la garde, campait au sud-est de Thèbes. Sans consulter Alexandre, il prit d'assaut les portes de la ville et, avant que quiconque ne s'en rende compte, se retrouva à l'intérieur des murs, suivit immédiatement par un autre bataillon; l'assaut commença et, avec lui, "les cris emplissent l'air" (Freeman, 64). Bien que certains récits diffèrent, Alexandre n'avait guère d'autre choix que de s'engager dans l'assaut. Freeman écrit que le résultat final de la bataille fut "une bravoure peu commune mêlée de boucherie et d'horreur" (64), puisque 6 000 Thébains moururent et 30 000 furent capturés. La ville elle-même fut rasée. La chute de Thèbes avait atteint son but, car les villes de toute la Grèce avaient cessé de se rebeller. Perdiccas avait prouvé qu'il était un commandant compétent, mais il y avait un prix à payer. Dans ses Expéditions d'Alexandre, l'historien Arrien écrit que "Perdiccas fut blessé alors qu'il tentait de franchir la deuxième palissade: il fut ramené à la base, mais sa blessure était grave et ce n'est qu'avec difficulté qu'on lui sauva la vie" (58).

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Campagne perse et mort d'Alexandre

Perdiccas suivit Alexandre lors de sa traversée de l'Asie Mineure et combattit les Perses à la bataille du Granique, à la bataille d'Issos et à la bataille de Gaugamèles. Tout au long de la campagne de Perse, il reçut plusieurs promotions, passant du statut de taxiarque à la tête d'une brigade de pezhetairoi à celui de garde du corps en 330 avant notre ère. Avant que l'armée ne rencontre le roi Poros au fleuve Hydaspe, Perdiccas et Héphestion furent envoyés en avant par la passe de Khyber avec trois bataillons et la moitié de la cavalerie d'accompagnement pour rassembler des provisions et se préparer à franchir le fleuve. Après la victoire contre le roi Poros, Perdiccas accompagna Alexandre lors de l'affrontement contre les Malliens, où le roi reçut l'une de ses blessures les plus graves, une flèche lui transperçant le poumon. On suppose que c'est Perdiccas qui aurait retiré la flèche.

Alexander Sarcophagus
Détail du sarcophage d'Alexandre
James Carnehan (CC BY)

C'est à Babylone, alors qu'Alexandre était sur son lit de mort, que Perdiccas se fit remarquer. C'est là que le roi remit sa chevalière à son nouveau chiliarque Perdiccas, qui avait été promu chiliarque ou grand vizir après la mort inattendue d'Héphestion. Avec la mort du roi (10 juin 323 av. J.-C.), l'empire qu'il avait construit tomba dans le chaos. Malheureusement, Alexandre n'avait pas réussi à lui donner un successeur. L'histoire nous apprend que les derniers mots du roi furent "au meilleur", mais personne ne comprit ce que ces mots signifiaient. Bien que sa femme Roxanne ait été enceinte du futur Alexandre IV, il n'y avait personne pour diriger l'empire, et Perdiccas prit le contrôle de sa propre initiative. Il s'empara également du corps du roi avec l'intention de le ramener dans un tombeau en Macédoine. En fait, malgré les convictions de ses compagnons d'armes, beaucoup s'accordent à dire que Perdiccas était un bon choix. D'après la plupart des témoignages, il était de sang royal et avait une carrière militaire remarquable. De plus, même si beaucoup de gens ne l'aimaient pas, en particulier Ptolémée Ier, il pensait qu'il était tout à fait capable de gérer une crise.

Guerres des Diadoques

La question de savoir qui devait gouverner obligea les commandants à trouver un accord. Perdiccas choisit de soutenir le demi-frère d'Alexandre, Philippe Arrhidée (considéré par la plupart comme un imbécile) ou d'attendre la naissance du bébé de Roxane; Philippe servirait de Philippe III jusqu'à ce qu'Alexandre IV, né en août 323 av. J.-C., ne soit en âge de régner. La réunion ne se déroula pas sans heurts. Bien que personne n'ait sérieusement favorisé le fils d'Alexandre, Héraclès, par sa maîtresse Barsine, Méléagre, un commandant d'infanterie, mena une révolte de courte durée, favorisant Philippe III plutôt qu'Alexandre IV - l'enfant à naître fut rejeté parce qu'il n'était qu'à moitié macédonien. La révolte fut étouffée lorsque Méléagre fut tué par Perdiccas dans un sanctuaire où il s'était réfugié. Pour assurer l'ascension de son fils sur le trône, Roxane, avec la bénédiction de Perdiccas, empoisonna l'autre épouse d'Alexandre, Statira (alias Barsine fille de Darius), et sa sœur Drypétis (épouse d'Héphestion), et les jeta dans un puits. Plutarque écrit :

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Jalouse de Statira, elle lui écrivit, au nom d’Alexandre, une lettre supposée pour la faire venir :Statira trompée arrive. Roxane la fait mourir avec sa sœur, qui l’avait accompagnée, et ordonne qu’on jette leurs corps dans un puits qu’elle fait combler ensuite ; crime dont Perdiccas fut le confident et le complice. Perdiccas fut, en effet, celui qui jouit, dans les premiers temps, de la plus grande autorité (ibid)

Diadochi Satraps 323 BCE
Satrapies des Diadoques en 323 av. J.-C.
Fornadan (CC BY-SA)

Finalement, bien que les commandants aient provisoirement accepté le plan de Perdiccas, ils choisirent de se partager le royaume. Ils se réunirent dans la salle du trône du roi à Babylone; Ptolémée Ier choisit de gouverner l'Égypte, Antipater conserva la Macédoine et la Grèce, tandis qu'Antigone Ier le Borgne reçut la majorité de l'Asie Mineure. Perdiccas ne reçut ni territoire ni satrape, mais devint gardien du trésor, régent de Philippe III et d'Alexandre IV, et commandant de l'armée royale. Pour espionner Ptolémée, Perdiccas choisit Cléomène de Naucratis pour rester en Égypte en tant que ministre des finances. Malheureusement, le projet de réunification de l'empire n'aboutirait jamais. Les différents commandants et leurs descendants s'affrontèrent pendant trois décennies au cours des guerres des Diadoques.

Après la mort d'Alexandre, Perdiccas, la chevalière du roi à la main, tenta de maintenir l'empire intact.

Le mariage devint un problème pour Perdiccas, du moins lorsqu'il tenta de l'utiliser à des fins politiques. Lors de la tentative d'Alexandre de marier ses commandants à des épouses perses, Perdiccas reçut la fille du gouverneur de Médie. Plus tard (on sait peu de choses sur son épouse perse), il envisagea d'épouser la fille d'Antipater, Nicée, et de former une alliance avantageuse; il était également prévu que Ptolémée épouse la fille d'Antipater, Eurydice. Pendant ce temps, Cléopâtre, la sœur d'Alexandre le Grand, désormais veuve, se rendit en Asie Mineure, où elle jeta son dévolu sur Perdiccas. Antipater et Olympias le considèrent tous deux comme un gendre potentiel; Antipater voulait qu'il épouse Nicée, tandis qu'Olympias espérait qu'il épouserait Cléopâtre. Perdiccas fut pris dans un dilemme: épouser Nicée l'alignerait sur les autres généraux, mais épouser l'héritière de l'Épire et de la Macédoine, Cléopâtre, le conduirait à un trône à Pella. Il finit par épouser Nicée, mais envoya Eumène, qui commandait ses forces en Asie Mineure, à Sardes, en Asie Mineure, pour informer Cléopâtre qu'il avait l'intention de rejeter Nicée et de l'épouser, trahissant ainsi complètement Antipater. Malheureusement, lorsqu'elle découvrit qu'il s'était déjà marié, Cléopâtre rejeta l'offre.

Ce sentiment de trahison, combiné à l'avancée de Perdiccas et d'Eumène en Asie Mineure, ne laissa à Antipater et à son collègue régent Cratère d'autre choix que de se joindre à Antigone dans une guerre (322 -321 av. J.-C.) pour forcer Perdiccas à quitter le pouvoir. Antigone et son fils Démétrios avaient d'abord cherché refuge en Macédoine lorsque Eumène était entré en Asie Mineure. La guerre se termina par la mort de Cratère, l'isolement d'Eumène, et Antipater emmena Philippe III et Alexandre IV en Macédoine. La reine régnante Olympias n'était pas du tout satisfaite de ce dénouement.

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Mort et héritage

Perdiccas ne participa pas à la guerre en Asie mineure ; au lieu de cela, en 321 avant notre ère, il était en route pour l'Égypte. Ptolémée Ier avait enlevé le corps d'Alexandre en Syrie et l'avait envoyé à Memphis, avant de le transférer à Alexandrie. Les deux hommes se disputaient âprement depuis Babylone et, après le détournement du corps du roi par Ptolémée et le meurtre de Cléomène, Perdiccas estima qu'il n'avait guère d'autre choix que d'envahir l'Égypte, de vaincre Ptolémée et de s'emparer à la fois de son territoire et de son trésor. Cependant, en trois tentatives infructueuses, il ne parvint pas à traverser le Nil. Après l'échec de sa troisième et dernière tentative et la perte de 2 000 soldats, la loyauté de ses hommes commençait à faiblir, car ils avaient vu mourir trop de leurs amis. Les désertions se multiplièrent, les pots-de-vin échouèrent. Finalement, trois de ses officiers autrefois loyaux, Peithon, Antigénès et Séleucos, entrèrent dans sa tente et le poignardèrent.

Perdiccas était un commandant compétent et loyal envers Alexandre et l'empire qu'il avait construit. Son seul rêve était de maintenir le royaume jusqu'à ce qu'il soit réunifié sous un seul chef, Alexandre IV, le fils d'Alexandre le Grand. Malheureusement, il n'était pas très populaire auprès de nombreux anciens commandants, en particulier Ptolémée Ier d'Égypte, et avec la division du territoire à Babylone, les chances d'une réunification avaient été réduites à néant. À la fin, Perdiccas perdit le contrôle et sa guerre contre Ptolémée entraîna sa mort. Les guerres des Diadoques dureraient encore trois décennies, mais les descendants de Ptolémée régneraient sur l'Égypte jusqu'à l'époque de Jules César. La Macédoine, chère au roi, tomba aux mains de l'Empire romain. Le rêve d'empire d'Alexandre s'était éteint avec lui.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant en Histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2016, novembre 15). Perdiccas [Perdiccas]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11344/perdiccas/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Perdiccas." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 15, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11344/perdiccas/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Perdiccas." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 15 nov. 2016. Web. 19 nov. 2024.

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