Confucius (Kong Zi, 'Maître Kong') était un philosophe chinois du 6ème siècle av. JC. Ses pensées, exprimées dans la philosophie du Confucianisme, ont influencé la culture chinoise jusqu'à nos jours. Confucius est un personnage dont l'image est magnifiée et il est difficile de séparer la réalité du mythe. Considéré comme le premier maître, ses enseignements sont exprimés en phrases courtes qui se prêtent à diverses interprétations.
Au premier plan de ses idées philosophiques est l'importance d'une vie vertueuse, de la piété filiale et du Culte des Ancêtres. Il insiste également sur la nécessité d'avoir des dirigeants bienveillants et économes, sur l'importance de l'harmonie morale intérieure et sur son lien direct avec l'harmonie du monde physique, et sur le fait que les dirigeants et les enseignants sont des modèles essentiels pour la société dans son ensemble.
Débuts de Confucius
On pense que Confucius vécut entre environ 551 et 479 av. JC, dans l'état de Lu (aujourd'hui, Shandong). Cependant, la première trace écrite de sa vie remonte à quelque quatre cents ans après sa mort, dans les Mémoires Historiques de Sima Qian (145-86 av. JC). Élevé dans la ville de Qufu (Shandong), Confucius travailla pour le Prince de Lu à divers titres, notamment comme directeur des Travaux Publics en 503 av. JC, puis comme directeur du Département de la Justice en 501 av. JC. Par la suite, il voyagea beaucoup en Chine et connut plusieurs petites aventures, notamment un emprisonnement de cinq jours dû à une erreur d'identité. Confucius fit face à l'incident avec une retenue typique, et on dit qu'il joua calmement de son instrument à cordes jusqu'à ce que l'erreur soit découverte. Il finit par retourner dans sa ville natale où il fonda sa propre école afin de transmettre aux étudiants les enseignements des anciens. Confucius ne se considérait pas comme un 'créateur' mais plutôt comme un 'transmetteur' de ces anciennes traditions morales. Son école était ouverte à toutes les classes, riches comme pauvres.
Œuvres de Confucius
C'est pendant qu'il enseignait dans son école que Confucius commença à écrire. Deux recueils de poésie sont le Classique des Odes (Shijing ou Shi king) et le Classique des Documents (Shujing ou Shu king). Les Annales des Printemps et des Automnes (Chun Qiu) racontaient l'histoire de l'état de Lu, et le Classique des Changements (Yi Jing ou Yi king) était un recueil de traités de divination. Malheureusement pour la postérité, aucun de ces ouvrages n'expose la philosophie de Confucius. Le Confucianisme dut donc être créé à partir de récits de seconde main. La documentation la plus fiable sur les idées de Confucius est considérée comme étant les Analectes (Lunyu) ou Entretiens de Confucius, bien qu'il n'y ait pas de preuve absolue que les dictons et les histoires courtes de cet ouvrage aient réellement été prononcés par Confucius. De plus, le manque de contexte et de clarté laisse beaucoup de ses enseignements ouverts à l'interprétation individuelle. Les trois autres sources majeures de la pensée confucéenne sont le Mencius (Meng Zi), la Grande Étude (Daxue) et le Juste Milieu (Zhongyong). Avec les Analectes, ces ouvrages constituent les Quatre Livres du Confucianisme, ou Classiques de Confucius. Avec ces textes, le Confucianisme devint religion d'état officielle de la Chine à partir du deuxième siècle av. JC.
Confucianisme
La philosophie chinoise, et en particulier le Confucianisme, fut toujours préoccupée par les questions pratiques de moralité et d'éthique. Comment l'homme doit-il vivre pour maîtriser son environnement, assurer un gouvernement approprié et atteindre l'harmonie morale? L'idée centrale du Confucianisme est que l'harmonie morale de l'individu est directement liée à l'harmonie cosmique; ce que l'un fait affecte l'autre. Par exemple, de mauvaises décisions politiques peuvent entraîner des catastrophes naturelles telles que des inondations. Un exemple de la corrélation directe entre le physique et le moral est illustré par le dicton "Le ciel n'a pas deux soleils et le peuple n'a pas deux rois". Une conséquence de cette idée est que, tout comme il n'y a qu'un seul environnement cosmique, il n'y a qu'une seule vraie façon de vivre et qu'un seul système politique correct. Si la société échoue, c'est parce que les textes sacrés et les enseignements ont été mal interprétés; les textes eux-mêmes contiennent la Voie, mais nous devons la chercher et la trouver.
Une autre facette importante des idées de Confucius est que les enseignants, et surtout les dirigeants, doivent montrer l'exemple. Ils doivent être bienveillants afin de gagner l'affection et le respect de la population et ne pas le faire par la force, ce qui est futile. Ils doivent également être des modèles de frugalité et de haute moralité. C'est pourquoi l'éducation chinoise a souvent privilégié la culture de la sensibilité morale plutôt que des compétences intellectuelles spécifiques. En outre, sous l'influence confucéenne, la politique chinoise s'est principalement concentrée sur l'intimité des relations plutôt que sur les institutions.
Mencius et Xun Zi
La pensée de Confucius fut développée et codifiée par deux philosophes importants, Mencius (ou Mengzi) et Xun Zi. Alors que tous deux pensaient que le sens de la moralité et de la justice de l'homme le séparait des autres animaux, Mencius pensait que la nature humaine était essentiellement bonne, tandis que Xun Zi, bien que n'ayant pas une position opposée, était légèrement plus pessimiste et soulignait donc l'importance de l'éducation et des rituels pour maintenir les gens sur la bonne voie morale.
Le Confucianisme énonça donc l'importance de quatre vertus que nous possédons tous : la bienveillance (ren), la droiture (yi), l'observation des rites (li) et la sagesse (zhi). Une cinquième a été ajoutée plus tard - la loyauté (xin) - ce qui correspondait parfaitement aux cinq éléments (dans la pensée chinoise) de la terre, du bois, du feu, du métal et de l'eau. Une fois encore, cela illustre la croyance selon laquelle il existe un lien étroit entre les sphères physique et morale. Ayant affirmé que tous les hommes possèdent de telles vertus, deux idées en découlent: l'éducation doit les nourrir et les cultiver, et tous les hommes sont égaux - "Entre les quatre mers, tous les hommes sont frères". Avec l'application appropriée, n'importe qui peut devenir un sage (sheng). Ce n'est pas le talent inné qui est important, mais la volonté de forger son caractère de la manière la plus vertueuse possible.
Héritage
Après sa mort en 479 av. JC, Confucius fut inhumé dans le tombeau de sa famille à Qufu et, au cours des siècles suivants, sa réputation grandit au point qu'il devint sujet de culte dans les écoles sous la dynastie Han (206 av. JC - 220 ap. JC) et que des temples furent établis en son nom dans toutes les capitales administratives sous la dynastie Tang (618-907 ap. JC). Pendant toute la période impériale, une connaissance approfondie des textes fondamentaux du Confucianisme était une nécessité pour réussir les examens de la fonction publique. Les personnes lettrées avaient souvent une tablette des écrits de Confucius bien en vue dans leur maison, et parfois aussi des statues de lui, le plus souvent assis et habillé en costume impérial pour symboliser son statut de 'roi sans trône'. Les images de son portrait étaient également populaires, notamment celles tirées de l'original perdu attribué à Wu Daozi et réalisé au 8e siècle ap. JC. Malheureusement, aucun portrait contemporain de Confucius n'a survécu, mais il est le plus souvent représenté comme un vieux sage aux longs cheveux gris et moustache, portant parfois des parchemins.
Ainsi, les enseignements de Confucius et de ses disciples firent partie intégrante de l'éducation chinoise pendant des siècles. L'influence du Confucianisme est encore visible aujourd'hui dans la culture chinoise contemporaine, avec l'accent qu'elle met sur les relations familiales, le respect, l'importance des rituels, la valeur accordée à la retenue et aux cérémonies, et la forte croyance dans le pouvoir et les bénéfices de l'éducation.