Qin Shi Huang (259-210 av. J.-C./r.221-210 av. J.-C., également connu sous le nom de Qin Shi Huangdi) fut le premier empereur de la Chine unifiée. Shi Huang signifie "premier empereur" et est un titre, pas un nom propre. La dynastie Qin (221-206 av. J.-C.) qu'il fonda (prononcée "Tchin") donna son nom à la Chine.
Il naquit Ying Zheng (également connu sous le nom de Zhao Zheng) de l'État de Qin, d'une danseuse nommée Zhao Ji et du roi Zhuangxiang de Qin. Selon l'historien Sima Qian (145/35-86 av. J.-C.), il n'était pas le fils de Zhuangxiang car sa mère était déjà enceinte de Lu Buwei, le riche marchand qui avait amené Zhao Ji au roi. Sima Qian étant hostile à Qin Shi Huang (comme presque tous les auteurs ultérieurs), cette affirmation a souvent été contestée. Qin Shi Huang est surtout connu comme l'empereur qui lança la construction de la Grande Muraille de Chine et d'une première version du Grand Canal.
Ascension au pouvoir
Le jeune prince grandit à la cour des Qin et monta sur le trône à l'âge de 12 ou 13 ans, après la mort de son père. Lu Buwei avait gravi les échelons de la cour pour devenir ministre et fut nommé régent jusqu'à la majorité de Ying Zheng. Toujours selon Sima Qian, Lu Buwei craignait que son fils ne le reconnaisse en tant que père et ne perde ainsi le trône. Il s'éloigna donc de Zhao Ji et encouragea un autre membre de la cour, Lao Ai, à lui tenir compagnie à sa place.
Lao Ai se déguisait en eunuque du palais et allait et venait de la chambre de la reine sans être soupçonné. Ils eurent ensemble deux fils qui furent gardés secrets de tous les membres de la cour, à l'exception de Lu Buwei. Lu Buwei pensa que l'un de ces fils secrets pourrait mieux servir en tant que roi de Qin, car il n'aurait alors plus à craindre d'être démasqué en tant que père du garçon, et il organisa donc un coup d'État.
En 238 avant notre ère, alors que le jeune roi était en voyage, Lao Ai utilisa la chevalière de Zhao Ji pour mobiliser une partie de l'armée en faveur de la révolte. Le roi envoya son armée contre les forces de Lao Ai, les vainquit et fit exécuter Lao en le faisant écarteler. Il fit ensuite exécuter toute la famille de Lao et plaça Zhao Ji en résidence surveillée. Lu Buwei se suicida par le poison. Le roi Ying Zheng nomma alors son proche collaborateur Li Siu Premier ministre et régna pleinement sur l'État de Qin.
Victoire sur les Royaumes combattants
La période des Royaumes combattants en Chine (c. 481-221 av. J.-C.) fut une époque où le gouvernement central de la dynastie Zhou, situé à Luoyang, n'était plus en mesure d'administrer efficacement le pays. Le pays s'était divisé en sept États distincts, Chu, Han, Qi, Qin, Wei, Yan et Zhao, qui s'affrontaient sans cesse pour la suprématie. Aucun de ces États ne se sentait suffisamment sûr de lui pour arracher à la dynastie Zhou le Mandat du Ciel (principe de légitimation d'un souverain), car aucun n'était en mesure de prendre l'avantage sur l'autre.
Chaque État se battait en utilisant les mêmes tactiques et stratégies que les autres et leurs objectifs furent encore plus entravés par les efforts du philosophe pacifiste Mo Ti, un ingénieur compétent, qui semble avoir fourni à chaque État les mêmes types de technologie afin de neutraliser tout avantage. Bien que l'État de Qin ait disposé d'une armée redoutable, d'armes en fer et de chars de guerre, le roi Zheng ne parvint pas à remporter une victoire significative sur les autres États.
L'un des hommes d'État les plus influents de Qin était l'homme politique Shang Yang (mort en 338 av. J.-C.), qui développa et codifia la philosophie du légalisme et prôna la guerre totale. Avant les réformes de Shang, la guerre était considérée comme un jeu noble d'habileté et de stratégie dans lequel on observait des règles précises qui ne pouvaient être enfreintes. Il était courant de permettre à une force ennemie de se mobiliser sur le terrain et même de se mettre en position sans être molestée. Un général en chef n'attaquait pas les non-combattants et était censé traiter l'ennemi vaincu avec honneur.
Lors de la bataille de Changping (260 av. J.-C.), les Qin utilisèrent l'idéologie de Shang pour vaincre l'État de Zhao, mais ne progressèrent guère par la suite. Le roi Zheng, utilisant pleinement les philosophies de Shang Yang et à la tête d'une armée de taille considérable, vainquit rapidement les six autres États. Han tomba en 230 av. J.-C., Zhao en 228, Wei en 225, Chu en 223, Yan en 222 et Qi en 221 av. J.-C. Zheng unifia ensuite les États sous son règne unique, réclama le mandat du ciel à la dynastie Zhou et se proclama premier empereur de Chine - "Shi Huang", fondateur de la dynastie Qin.
Empire Qin
Après avoir consolidé son empire, il s'intéressa à l'administration et, avec l'aide de Li Siu, "résolut de fonder la société chinoise non pas, comme auparavant, sur la coutume et l'autonomie locale, mais sur une loi explicite et un gouvernement central puissant" (Durant, 695). Dans un premier temps, ce gouvernement servit le peuple en ce sens que les politiques de Qin Shi Huang permirent de réaliser des projets de construction importants et d'assurer la prospérité. Durant écrit :
[Il] a simplifié les cérémonies officielles, émis une monnaie d'État, divisé la plupart des domaines féodaux, préparé la prospérité de la Chine en établissant la propriété paysanne du sol et ouvert la voie à l'unité en construisant de grandes routes dans toutes les directions à partir de sa capitale... Voyageant déguisé et sans armes, il prenait note des abus et des désordres, puis émettait des ordres sans équivoque pour y remédier. Il encourageait la science et décourageait les lettres. (696)
Au début de la dynastie Qin, tous les moyens étaient bons pour améliorer la vie de la population. Les murs et les fortifications qui délimitaient les frontières des différents Royaumes combattants furent détruits et la Grande Muraille fut construite à partir de leurs ruines, marquant la frontière nord de l'empire et protégeant le pays des tribus nomades en maraude. Au sud, le canal de Lingqu fut construit pour faciliter le transport et le commerce. Les armes des royaumes vaincus furent fondues et transformées en œuvres d'art.
Cette période de paix et de prospérité fut cependant de courte durée. En 213 avant notre ère, Li Siu, lassé d'entendre les érudits confucéens critiquer le régime en le comparant aux dynasties passées de l'"âge d'or", écrit : "Je suggère que les histoires officielles, à l'exception des Mémoires de Qin, soient toutes brûlées, et que ceux qui tentent de cacher [d'autres ouvrages] soient contraints de les apporter aux autorités pour qu'elles les brûlent" (Durant, 697). Bien que la vie pendant la période des Royaumes combattants ait été difficile, elle donna naissance aux cent écoles de pensée, qui comprenaient des écrits tels que ceux de Confucius, Mo Ti, Mencius, Teng Shih et Yang Zhu, parmi beaucoup d'autres.
En maintenant la stricte philosophie du légalisme de Shang Yang comme politique officielle du gouvernement (qu'il avait instituée au début de son règne), Qin Shi Huang réécrivit les codes juridiques, supprima la liberté d'expression, brûla les livres et mit à mort tous ceux qui refusaient de s'y conformer. Cette période de son règne est connue sous le nom de "Incendie des livres et enterrement des lettrés". Durant commente:
Le seul résultat permanent fut de conférer un parfum de sainteté à la littérature proscrite et de rendre Qin Shi Huang impopulaire auprès des historiens chinois. Pendant des générations, le peuple exprima son jugement sur lui en souillant sa tombe. (697)
Son propre fils, Fu Su, le critiqua en soulignant que Qin Shi Huang possédait dans sa bibliothèque privée des exemplaires des mêmes livres que ceux qu'il refusait au peuple.
Mort de Qin Shi Huang et chute des Qin
Qin Shi Huang avait déjà fait l'objet de tentatives d'assassinat par le passé, mais celles-ci se multiplièrent. "Il s'asseyait sur son trône avec une épée en travers des genoux et ne laissait personne savoir dans quelle pièce de ses nombreux palais il dormirait" (Durant, 697). Il devint obsédé par la mort et chercha des élixirs d'immortalité. N'y parvenant pas, il entreprit de se procurer une vie après la mort aussi confortable et sûre que celle qu'il vivait.
Il fit construire un palais qui lui servirait de tombeau et chargea des artisans de créer une armée de plus de 8 000 guerriers en terre cuite, entièrement armés, pour le protéger de l'autre côté. Le tombeau était si extravagant que l'on disait qu'il s'agissait d'une vision du ciel. Une fois construit, il fut enterré et piégé pour éviter les pillages.
En 210 avant notre ère, Qin Shi Huang mourut lors d'un voyage à la recherche de l'élixir de vie qui lui conférerait l'immortalité. Certaines sources indiquent qu'il mourut empoisonné après avoir bu ce qu'il pensait être l'élixir. Li Siu garda sa mort secrète jusqu'à ce qu'il ne puisse modifier le testament de l'empereur pour désigner comme héritier son jeune et souple fils, que Li Siu pensait pouvoir manipuler. Il fit ramener le corps de Qin Shi Huang à la capitale, dissimulé dans une caravane marchande de poissons morts afin de cacher l'odeur du cadavre en décomposition, il modifia le testament, puis annonça le décès du premier empereur et l'accession de son fils, Huhai, qui prit le nom de Qin Er Shi.
Le nouveau roi régna mal pendant trois ans et avait la réputation de tuer les messagers qui lui apportaient de mauvaises nouvelles (ce qui serait son seul héritage, l'origine du dicton "Ne tirez pas sur le messager"). Pendant cette période, Li Siu fut exécuté et son complice dans l'accession au pouvoir de Qin Er Shi, Zhao Gao, força le jeune empereur à se suicider.
À la suite de ce coup d'État, le neveu de Qin Er Shi monta sur le trône et fit exécuter Zhao Gao. À ce moment-là, avec un gouvernement en plein désarroi et sans héritier compétent au trône, le pays se révolta et la dynastie des Qin s'effondra. Il s'ensuivit une période de guerre civile entre les États de Chu et de Han (connue sous le nom de conflit Chu-Han, 206-202 av. J.-C.), qui fut résolue en faveur des Han à la suite de la bataille de Gaixia en 202 avant notre ère. Liu Bang (256-195 av. J.-C.) des Han monta alors sur le trône sous le nom de l'empereur Gaozu et fonda la dynastie Han, l'une des plus grandes de l'histoire de la Chine, qui régnerait de 202 av. J.-C. à 220 av. J.-C. et établirait de nombreux rites et traditions qui font aujourd'hui partie intégrante de la culture chinoise.