Les propylées sont le nom donné aux portes monumentales ou aux entrées d'un espace spécifique, généralement un temple ou un complexe religieux, qui servaient de séparation symbolique entre les parties profanes et religieuses d'une ville. Les exemples moins complexes avec une seule entrée sont connus sous le nom de propylon. Les propylées étaient une caractéristique de l'architecture minoenne en Crète au 17e siècle avant notre ère (par exemple à Ayia Triada) et de l'architecture mycénienne au 14e siècle avant notre ère (par exemple à Tiryns). Dans la Grèce classique, un Propylon monumental constituait l'entrée du sanctuaire d'Olympie, mais les plus célèbres et les mieux conservés sont les magnifiques Propylées de l'acropole d'Athènes.
Les Propylées d'Athènes furent construits dans le cadre du grand programme de reconstruction d'Athènes de Périclès vers 437 avant J.-C. et furent conçus comme une entrée monumentale vers le plateau de l'acropole et le grand temple d'Athéna, le Parthénon. Le projet fut lancé alors que le Parthénon était sur le point d'être achevé et fut supervisé par l'architecte Mnésiclès qui réussit à surmonter les difficultés d'intégration de la structure dans l'architecture existante du bastion d'Athéna Nike et de l'enceinte d'Artémis Brauronia, ainsi que les différences d'altitude du site choisi. Les travaux furent suspendus en 431 avant J.-C. à la suite des premières phases de la guerre du Péloponnèse, mais ne reprirent en fait jamais. Cependant, les principales parties de la vision de Mnésiclès avaient heureusement été réalisées.
L'entrée principale de l'acropole avait toujours été située sur le côté ouest de l'escarpement depuis l'époque mycénienne et les Propylées furent construits sur le site exact de l'ancien Propylon (un modeste porche à colonnes) construit à partir de 490 avant notre ère et détruit par les Perses en 480 avant notre ère. Construits en marbre blanc pentélique, les nouveaux Propylées sont disposés sur un axe est-ouest et furent conçus pour refléter le style architectural et les proportions du Parthénon voisin. Un talus raide de 80 mètres de long et 10 mètres de large (avec des marches ajoutées sous Claude vers 52 de notre ère) mène aux Propylées qui se composent d'un porche central dans le style d'un temple dorique avec une façade à six colonnes doriques, un couloir avec trois colonnes ioniques de chaque côté et six autres colonnes doriques sur la sortie du côté ouest. Des ailes indépendantes se dressent de part et d'autre du porche et ce sont les chambres intérieures de ces annexes qui constituaient la partie du projet original laissée inachevée. L'une de ces ailes, la Pinacothèque, mesure 10,75 mètres sur 9 et devait à l'origine servir de galerie d'art et de lieu de banquet. Les Propylées comportaient en fait cinq entrées, quatre pour les piétons et une entrée centrale plus grande pour le trafic sur roues. L'intérieur du toit à caissons était orné d'étoiles et de palmettes dorées sur fond bleu.
La portée des poutres horizontales du toit des Propylées est particulièrement impressionnante et beaucoup plus longue que la norme architecturale grecque de l'époque. Pour renforcer la résistance à la traction et donc la capacité de charge des poutres en marbre qui supportaient les poutres du toit, de courtes barres de fer incurvées furent insérées dans des creux dans le marbre qui, lorsqu'elles étaient pressées à plat par le poids des poutres de couverture, réduisaient le risque de déplacement de la pierre lors de l'assemblage du toit. La seule autre utilisation connue du métal comme aide structurelle dans l'architecture grecque est le temple de Zeus à Agrigente (vers 490 avant J.-C.).
Devant les Propylées se trouve un piédestal massif en marbre gris d'Hymette, haut de 10 mètres (29 pieds), sur lequel se trouvait autrefois une sculpture de quadrige (char à quatre chevaux) honorant le roi de Pergame, Eumène II, après sa victoire aux Jeux Panthéniques de 178 avant Jésus-Christ. Au premier siècle de notre ère, le socle fut réutilisé pour porter les statues d'Antoine et de Cléopâtre et, après leur effondrement lors d'un ouragan en 31 de notre ère, le monument fut reconsacré en 35 de notre ère à Marcus Vipsanius Agrippa, considéré comme un grand bienfaiteur de la ville.
Au fil des siècles, le bâtiment servit de palais épiscopal byzantin, de palazzo florentin et de résidence de gouverneur turc. Au milieu du XVIIe siècle, un coup de foudre ou un coup de canon enflamma le stock de poudre à canon des Propylées et l'explosion qui en résulta endommagea gravement le bâtiment. Cependant, aux 20e et 21e siècles, des travaux de restauration ont permis aux Propylées de retrouver un peu de leur gloire d'antan et ils remplissent toujours leur fonction d'origine pour le visiteur moderne en tant que fabuleuse entrée des merveilles architecturales de l'acropole.