Sculpture romaine

13 jours restants

Investissez dans l'enseignement de l'Histoire

En soutenant notre organisation reconnue d'utilité publique, World History Foundation, vous investissez dans l'avenir de l'enseignement de l'Histoire. Votre don nous aide à transmettre à la nouvelle génération les connaissances et les compétences dont elle a besoin pour comprendre le monde qui l'entoure. Aidez-nous à démarrer la nouvelle année prêts à publier des contenus historiques fiables et gratuits pour tous.
$1916 / $10000

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Vanina Delhaye
publié le 25 août 2013
Disponible dans ces autres langues: anglais, italien, espagnol
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
Marcus Aurelius Equestrian Statue (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Satue équestre de Marc Aurèle
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

La sculpture romaine associe la perfection idéalisée de la sculpture grecque classique à un plus grand désir de réalisme. Elle intègre également des préférences et styles artistiques venus d'Orient pour créer des images de pierre et de bronze qui comptent parmi les plus belles œuvres de l'Antiquité. Avec des artistes travaillant de part et d'autre d'un vaste empire et un public dont les goûts ont évolué au fil des siècles, la sculpture romaine est remarquable de par sa diversité.

Mis à part leur propre contribution, les sculpteurs romains ont aussi, grâce à leurs copies de chefs-d'œuvre grecs plus anciens, conservé pour la postérité des productions inestimables. Elles auraient autrement complètement disparu de l'art mondial, en particulier celles faites en bronze de grande valeur.

Supprimer la pub
Publicité

Évolution

Tout comme les sculpteures grecs, les Romains travaillaient la pierre, les métaux précieux, le verre et la terre cuite, mais ils privilégiaient le bronze et le marbre par-dessus tout pour leurs plus belles œuvres. Cependant, comme le métal a toujours été fortement réutilisé, la plupart des exemples de sculpture romaine nous étant parvenus sont en marbre.

Le penchant romain pour la sculpture grecque et hellénistique a fait qu'une fois l'approvisionnement en œuvres originales épuisé, les sculpteurs n'ont eu d'autre choix que de réaliser des copies dont la qualité variait en fonction des compétences du sculpteur. En effet, il existait une école dédiée à la copie des originaux grecs à Athènes et Rome même. Cette dernière était dirigée par Pasitélès ainsi qu'Archesilaos, Evander, Glykon et Apollonios. La statue en marbre d'Oreste et Electre datant du premier siècle av. JC, désormais exposée au musée archéologique de Naples, est un exemple d'œuvre de cette école. Les sculpteurs romains produisaient également des copies miniaturisées de nombreux originaux grecs, souvent en bronze, qui étaient collectionnées par des amateurs d'art et exposés dans des vitrines à la maison.

Supprimer la pub
Publicité

Colossal Bronze Hand of Constantine I
Main en bronze colossale de Constantin Ier
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Toutefois, les sculpteurs romains commencèrent à explorer de nouvelles pistes d'expression artistique, s'éloignant ainsi de leurs racines étrusques et grecques. Au milieu du Ier siècle av. JC, les artistes romains cherchèrent à saisir et créer des effets d'optiques d'ombre et de lumière pour un plus grand réalisme. Dans l'Antiquité tardive, on remarque même une ressemblance avec l'impressionnisme, à l'aide de jeux de lumière et de formes abstraites.

La sculpture devint aussi plus monumentale grâce à des statues massives et plus grandes que nature d'empereurs, de dieux et de héros, tel que la gigantesque statue en bronze de Marc Aurèle à cheval, ou celle encore plus grande de Constantin Ier (seuls la tête, une main et quelques membres nous sont restés). Les deux sont aujourd'hui exposées aux Musées du Capitole. Vers la fin de l'Empire, la sculpture de personnages tendait à manquer de proportion. Les têtes en particulier étaient élargies, et les formes souvent présentées plus plates et de face, ce qui révèle l'influence de l'art oriental.

Supprimer la pub
Publicité
C'est dans l'art du portrait que la sculpture romaine s'illustre vraiment.

Il est important de différencier deux «marchés» très distincts pour la sculpture romaine: d'abord celui de la classe dirigeante aristocratique au penchant pour une sculpture plus classique et idéaliste, puis le marché plus «provincial» de la classe moyenne semblant préféré un type de sculpture plus affectif et naturaliste, surtout pour l'art du portrait et les œuvres funéraires (bien que les limitations des artistes éloignés des grands centres urbains aient également pu jouer un rôle dans les différences de styles). On peut trouver une comparaison intéressante de ces deux approches sur la Colonne de Trajan à Rome et sur un trophée à Adamclisi, les deux commémorant les mêmes campagnes daciques.

Statuaire et sculpture de portraits

Tout comme les sculpteurs grecs, les Romains adoraient représenter leurs dieux en statues. Lorsque les empereurs romains commencèrent à se prétendre de nature divine, ils devinrent à leur tour les sujets de statues souvent colossales et idéalisées, et généralement représentés le bras levé vers la foule et prenant une pose adéquatement autoritaire (comme l'Auguste de Prima Porta).

Les statues pouvaient aussi être utilisées à des fins décoratives dans les maisons ou jardins et pouvaient être miniaturisées, particulièrement en métaux précieux comme l'argent. Un exemple de ce genre de statues propre aux Romains sont les Lares Familiares. Celles-ci sont généralement en bronze et représentent les esprits protecteurs de la maison. Elles étaient habituellement exposées par paire dans une niche au sein de la maison et représentaient des personnages jeunes aux bras levés et aux cheveux longs, portant une tunique et des sandales.

Supprimer la pub
Publicité

Roman Portrait Bust
Buste de portrait romain
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Cependant, c'est plus particulièrement dans l'art du portrait que la sculpture romaine s'illustre vraiment et se différencie des artistes grecs ou d'autres traditions artistiques. Le réalisme de la sculpture de portrait romaine pourrait bien s'être développée à partir de la tradition consistant à conserver dans la maison ancestrale des masques funéraires en cire des membres de la famille décédés, et portés par des pleureuses lors des funérailles. Très souvent, il s'agissait de représentations fidèles où même les imperfections et les traits physiques moins flatteurs d'un visage précis était gravés. Transférés dans la pierre, nous avons alors de nombreux exemples de bustes de portraits privés qui s'éloignent des portraits idéalisés de la sculpture antérieure. Le sujet est présenté comme vieux, ridé, balafré ou flasque; en bref, ces portraits disent la vérité.

Encore une fois, pour les portraits officiels de la classe dirigeante, le sujet continua à être idéalisé, contrairement à ceux de la classe populaire. Par exemple, la statue d'Auguste en tant que pontifex maximus montre l'empereur bien plus jeune et tonique qu'il ne l'était en réalité au moment de la création de l'œuvre (fin du Ier siècle av. JC). Cependant, à partir du règne de Claude au milieu du Ier siècle ap. JC, et encore plus sous Néron et la dynastie des Flaviens, l'art du portrait officiel visait de temps en temps à plus de réalisme. À la même époque, les portraits féminins étaient également remarquables pour leurs coiffures élaborées et sans nul doute source d'inspiration incontournable en matière de mode.

Sous Hadrien, un retour aux images idéalisées comme dans la sculpture grecque classique s'opéra (par exemple la statue colossale d'Antinoüs, vers 130 ap. JC), mais on observe une innovation importante quant à la représentation plus naturelle des yeux dans le marbre. Auparavant, la pupille et l'iris étaient seulement peints sur la statue. Désormais, ils étaient eux aussi sculptés, comme c'était déjà le cas pour les œuvres en bronze ou en terre cuite.

Supprimer la pub
Publicité

The Braschi Antinous
Antinoüs, Braschi
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Le réalisme fut à nouveau de mise avec les Antonins, et on retrouve des caractéristiques tels que les pattes d'oie ou les traits flasques. À la même époque il existait une tendance à polir le marbre au niveau des parties correspondant à la peau, ce qui contraste particulièrement avec les cheveux sculptés en profondeur et non polis. De plus, c'est à cette période qu'avoir un torse complet au lieu d'un portrait jusqu'aux épaules devint à la mode (voir, par exemple, le buste de Commode en Hercule, vers 190-192 ap. JC aux Musées du Capitole à Rome). Le buste de Caracalla (vers 215 ap. JC) exposé dans le même musée est un autre bon exemple de l'abandon de l'idéalisme dans l'art du portrait de l'élite: l'empereur a une barbe rasée de près, un visage tourné de façon déterminée, des lèvres crispées et un regard sévère qui laissent clairement transparaître son caractère.

À la fin de l'Empire romain, l'art du portrait aristocratique devint conventionnel et délaissa toute tentative visant à capturer les attributs physiques du sujet. Les représentations d'empereurs comme Dioclétien, Galère ou Constantin Ier (voire la tête colossale en bronze aux Musées du Capitole), par exemple, n'ont presque aucune caractéristique physionomique discernable. Il s'agit peut-être là d'une tentative d'affirmer la distance de l'empereur vis-à-vis des simples mortels, ainsi que sa proximité avec le divin.

Ara Pacis Augustae
Ara Pacis Augustae
Manfred Heyde (CC BY-SA)

Sculpture architecturale

La sculpture sur les bâtiments romains pouvait être simplement décorative, ou avoir une portée plus politique. Par exemple, sur les arcs de triomphe (qui généralement commémoraient des victoires militaires), la sculpture saisissait en détails des événements clés de la campagne, ce qui renforçait le message présentant l'empereur comme un personnage victorieux et symbole de l'étendue de la civilisation romaine à travers le monde connu. C'est particulièrement clair avec l'Arc de Constantin à Rome (vers 315 ap. JC) qui montre des "barbares" vaincus et réduits en esclavage pour souligner l'idée de l'hégémonie romaine. De même, sur des colonnes comme celle de Trajan (vers 113 ap. JC), la sculpture représente l'empereur en tant qu'excellent chef: méticuleusement préparé, innovant sur le plan militaire et source d'inspiration pour ses troupes. Ce genre de représentation de personnes réels et de figures historiques spécifiques dans la sculpture architecturale contraste nettement avec la tradition grecque, où les grandes victoires militaires sont habituellement présentées sous forme de métaphores mettant en scène des personnages mythologiques tel que les Amazones ou les centaures, comme c'est le cas sur le Parthénon.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Les autels pouvaient aussi être utilisés pour présenter les personnalités importantes sous un jour favorable. L'autel de Domitius Ahenobarbus à Rome (vers 100 av. JC) pourrait être le premier dans son genre, et représente peut-être l'orateur Marcus Antonius. L'autel le plus célèbre est l'Ara Pacis d'Auguste (terminé en 9 av. JC) à Rome, une œuvre de maçonnerie énorme représentant les participants et les spectateurs d'une procession religieuse. Contrairement à la sculpture officielle plus tardive, la représentation de l'empereur est ici minimisée. Ce qui donne son sens au monument est le rendu des personnages en pleine action. Ils donnent l'impression d'avoir été pris en photo à un instant T: un enfant tire sur une toge, la sœur d'Auguste demande à deux bavards de se taire et ainsi de suite.

Roman Sarcophagus (Detail)
Sarcophage romain ( Détail)
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Sculpture funéraire

Les bustes funéraires et les stelae (pierres tombales) font partie des formes de sculptures les plus répandues dans le monde romain. Ces statues peuvent montrer le défunt seul ou accompagné de leur conjoint, leurs enfants ou même leurs esclaves (voir la pierre tombale du marchant de maïs Ampudius datant du Ier siècle ap. JC, désormais au British Museum). Les personnages portent généralement une toge et les femmes imitent la posture de la déesse Pudicitia, avec une main au niveau du menton en signe de remord. Il est également fréquent de trouver des autels dans les cimetières avec des bas-reliefs relatant le vie du défunt ou des scènes pastorales. Les individus les plus riches peuvent représenter plusieurs générations de membres de leur famille.

À partir du IIe siècle ap. JC, l'inhumation (par opposition à la pratique plus traditionnelle de la crémation) devint plus courante, et l'on vit se développer un marché pour les sarcophages. Faits en pierre, ils présentent souvent des scènes mythologiques sculptées en haut-relief sur les quatre faces et même sur le couvercle. Les sarcophages "asiatiques" sont les plus décorés, avec des reliefs presque en ronde-bosse. Le style proconnèse a une sculpture au-dessus de jeunes filles portant des guirlandes et le style «romain» possède un côté vide pour placer le sarcophage contre un mur. Toujours à partir du IIe siècle ap. JC, la sculpture peut inclure un portrait du défunt, généralement sous une apparence héroïque comme par exemple un général victorieux ou, plus tard, au sein d'un panneau ou d'un tondo dédié à cet effet sur l'avant.

Exemples exceptionnels

On considère les deux grands panneaux en relief sur l'Arc de Titus à Rome la première tentative réussie de création de profondeur et d'espace en sculpture. Ces panneaux représentent des scènes du triomphe de l'empereur en 71 ap. JC suite à ses campagnes en Judée. Sur le premier on peut voir Titus conduisant un quadrige et sur le second, le butin obtenu au temple de Jérusalem. La perspective est réalisée grâce aux personnages fondus dans l'arrière-plan, et sculptés avec un relief plus haut plus ils se rapprochent du premier plan. Le relief est aussi plus élevé au centre de la scène, et l'arrière-plan est légèrement incurvé. Une scène animée de profondeur et de mouvement est ainsi créée.

Temple of Solomon Treasure, Arch of Titus
Trésor du Temple de Salomon, Arc de Titus
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

La statue équestre en bronze de Marc Aurèle mesurant 3,52 m est l'une des statues de bronze les plus imposantes nous étant parvenues de l'Antiquité. Elle fut probablement érigée entre 176-180 ap. JC à un emplacement inconnu à Rome. La statue commémore soit les victoires de l'empereur sur les tribus germaniques en 176 ap. JC, soit sa mort en 180 ap. JC. La survie remarquable de la statue est attribuée au fait que l'empereur pourrait avoir été confondu avec Constantin. Des travaux de restauration, dont la statue avait grandement besoin, ont eu lieu à la fin des années 1980. La sculpture se détériorait peu à peu à l'air libre, mais elle est désormais mise à l'honneur dans une pièce construite à cet effet dans les Musées du Capitole de Rome.

Le portait de Commode en Hercule (vers 190-192 ap. JC) est un exemple remarquable illustrant comment l'art du portrait de l'élite romaine peut être à la fois réaliste et idéaliste. Les traits de l'empereur sont clairement reconnaissables et son expression inspire au spectateur l'indifférence d'une personne sûre d'elle. Cependant, l'artiste révèle aussi, sciemment ou non, une part de l'arrogance et des faiblesses de l'empereur tristement célèbre. Mortimer Wheeler le décrit de façon percutante :

L'empereur aux traits lisses et efféminés, aux bras faibles, au visage fragile et flasque entouré de son auréole de cheveux trop taillés et profondément forés, empestant la brillantine, avec sa peau de lion, sa massue et les minuscules "pomme des Hespérides" qu'il tient dans sa main frêle et manucurée, est un éloquent simulacre aussi délicat que brutal. Il ne fait aucun doute que cette statue ravissait, en même temps qu'elle le révélait, le pervers sadique qu'elle a immortalisé si fidèlement. (1964, 170)

Commodus As Hercules
Commode en tant qu'Hercule
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Conclusion

En définitive, la sculpture romaine nous a non seulement fourni des copies inestimables de chefs-d'œuvre grecs antérieurs, mais elle a également apporté ses propres créations elles-mêmes magnifiques. Parmi les contributions uniques que les Romains ont offert à la sculpture, on peut inclure l'utilisation de récits historiques et un réalisme sans précédent dans l'art du portrait. On retrouve des empereurs grandioses vêtus comme des dieux ou des représentations plus humbles de simples mortels qui, grâce au rendu de traits physiques précis et à des expressions pleine d'émotions, nous permettent de nous sentir un peu plus proches d'un peuple qui a vécu il y a si longtemps.

Supprimer la pub
Publicité

Bibliographie

World History Encyclopedia est un associé d'Amazon et perçoit une commission sur les achats de livres sélectionnés.

Traducteur

Vanina Delhaye
Passionnée par l'histoire et les langues, Vanina a orienté son parcours professionnel de façon à pouvoir allier ces deux domaines. C'est ainsi qu'elle est devenue traductrice et guide-conférencière indépendante, spécialisée en art et histoire.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2013, août 25). Sculpture romaine [Roman Sculpture]. (V. Delhaye, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11875/sculpture-romaine/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Sculpture romaine." Traduit par Vanina Delhaye. World History Encyclopedia. modifié le août 25, 2013. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11875/sculpture-romaine/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Sculpture romaine." Traduit par Vanina Delhaye. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 25 août 2013. Web. 18 déc. 2024.

Adhésion