Sévère Alexandre

Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 28 octobre 2013
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Severus Alexander Bust, Milan (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Buste de Sévère Alexandre, Milan
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Sévère Alexandre fut empereur romain de 222 à sa mort prématurée en 235. À la demande de sa mère, de sa tante et de sa grand-mère, l'empereur Élagabal (Héliogabale) désigna son cousin Alexianus (le futur Sévère Alexandre) comme son héritier au cours de l'été 221 de notre ère. Après avoir pris conscience des conséquences possibles de ses actes, il planifia l'exécution du jeune César. Malheureusement pour Élagabal, le vent se retourna rapidement contre lui: au lieu de tuer le jeune Alexianus, lui et sa mère trouvèrent la mort aux mains de la garde prétorienne. Le 11 mars (certains disent le 13) 222 de notre ère, le Sénat romain accueillit le jeune homme de 13 ans comme nouveau souverain de l'empire.

Jeunesse

Julius Gessius Bassianus Alexianus (Sévère Alexandre) vit le jour dans la ville phénicienne de Césarée en 208 de notre ère (la date exacte n'est pas connue) de Gessius Marcianus et de Julia Avita Mamæa, nièce de Julia Domna, seconde épouse de l'empereur Septime Sévère. L'historien Hérodien écrit qu'Alexianus portait en fait le nom du roi macédonien Alexandre le Grand. Tout comme son cousin Élagabal, Alexianus était également prêtre du dieu soleil Élagabal dans la ville syrienne d'Emèse (Homs actuelle) - ce que sa mère ne voulait surtout pas ébruiter.

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Au cours de l'été 221 de notre ère, la mère et la grand-mère d'Alexianus, Julia Maesa, ainsi que sa tante, Julia Soaemias, convainquirent l'empereur Élagabal de nommer son jeune cousin héritier et de lui accorder le titre de César, en lui disant que cette nomination lui donnerait plus de temps pour prier et danser devant l'autel d'Élagabal. En réalité, ils craignaient que sa tentative de remplacer la religion traditionnelle de Rome par celle d'Élagabal, ainsi que son mode de vie peu orthodoxe, n'entraînent sa (et leur) ruine. Le plan d'Élagabal visant à assassiner son cousin échoua - on soupçonne une corruption possible de la garde prétorienne. Afin de le faire accepter par la garde, la mère d'Alexianus utilisa la même ruse que celle utilisée pour Élagabal, à savoir qu'Alexianus était le fils illégitime de l'empereur Caracalla.

Sévère alexandre était le deuxième plus jeune empereur romain de tous les temps.

Un jeune empereur

À la mort d'Élagabal, Alexianus, qui avait pris le nom de Marcus Aurelius Severus Alexander, fut confirmé par le Sénat romain en tant qu'empereur, ce qui faisait de lui le deuxième plus jeune empereur de l'histoire (après Élagabal). Toutefois, le jeune empereur ne se verrait jamais confier de véritable autorité, le gouvernement étant fermement placé entre les mains de sa mère et de sa grand-mère - cette dernière mourrait en 224 de notre ère. L'historien Dion Cassius écrit:

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Il proclama aussitôt sa mère Augusta, qui prit la direction des affaires et rassembla des sages autour de son fils, afin que ses habitudes soient correctement formées par eux; elle choisit aussi les meilleurs hommes du sénat comme conseillers, les informant de tout ce qu'il y avait à faire.

Pour faciliter la transition et effacer le souvenir d'Élagabal, ainsi que pour regagner la confiance des citoyens de Rome, le culte d'Élagabal fut banni et les anciens dieux rétablis. La mère d'Alexandre voulait présenter le jeune empereur comme un garçon romain typique, sans lien avec le "dieu syrien". La grande pierre noire qui trônait sur le mont Palatin, symbole du culte d'Élagabal, fut ramenée à Emèse. L'Elagabalium, le temple construit en l'honneur d'Élagabal, fut rebaptisé temple de Jupiter Ultor. Enfin, en signe d'apaisement, de nombreux membres de l'ancienne aristocratie, qui étaient bien plus compétents et expérimentés que les "hommes de main syriens" nommés sous Élagabal, furent rétablis dans leurs fonctions antérieures. Ces changements permirent au gouvernement de revenir à une mentalité plus conservatrice.

Bien que l'autorité de Sévère Alexandre ait été limitée, il y avait une personne qu'il s'efforça de protéger (en forte opposition avec sa mère et le Sénat): l'historien et sénateur Dion Cassius, qui avait été nommé consul pour la deuxième fois. Dans son Histoire romaine, Dion Cassius parle de sa relation avec Sévère Alexandre:

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Alexandre, cependant, n'en tint aucun compte et, au contraire, m'honora de diverses manières, notamment en me nommant consul pour la deuxième fois... Il craignit qu'ils ne me tuent s'ils me voyaient avec les insignes de ma fonction, et il me demanda de passer la période de mon consulat en Italie, quelque part en dehors de Rome.

Julia Mamæa, connue sous le nom de "Mère de l'empereur, du camp, du sénat et du pays", créa un comité de 16 sénateurs pour conseiller le jeune empereur, ce qui constituait une tentative flagrante d'aplanir les divergences entre le trône impérial et le sénat. Sur le plan personnel, elle employa également un conseiller privé nommé Domitius Ulpianus, ou Ulpien, commandant de la garde prétorienne et ancien avocat. Elle voyait en lui quelqu'un qui pourrait mettre son expertise juridique au service des affaires gouvernementales. Bien qu'il ait contribué à l'introduction de plusieurs réformes (réduction des impôts, nouveaux aqueducs et projets de construction), ses idées démodées sur la discipline en irritèrent plus d'un au sein de la Garde. En 224 de notre ère, cette aliénation entre la Garde et son commandant provoqua trois jours d'émeutes entre le peuple de Rome et la Garde. Ces émeutes entraînèrent la mort de deux commandants - Julius Flavianus et Gerinius Chrestus - tous deux tués sur ordre d'Ulpien. La garde prétorienne réagit en poursuivant et en tuant Ulpien dans le palais impérial. Son assassin, Marcus Aurelius Epagothus, fut "récompensé" (Alexandre et sa mère furent "persuadés" de procéder à la nomination) par le poste de gouverneur de l'Égypte, mais il serait lui aussi assassiné plus tard.

Severus Alexander Bust, Vatican Museums
Buste de Sévère Alexandre, Musées du Vatican
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Se souvenant des excès de son prédécesseur et espérant éviter toute controverse, Julia Mamæa ressentit le besoin de marier le jeune empereur à une famille patricienne respectable en 227 de notre ère. Elle choisit la famille de Seius Sallustius Macrinus, dont la fille Gnaea Seia Herennia Sullustia Barbia Orbiana serait la future épouse. Malheureusement pour Alexandre et Gnaea, la mère de l'empereur devint jalouse de la jeune mariée (elle ne voulait pas qu'une autre femme porte le titre d'Augusta) et la chassa du palais. Son père, dont certains pensent qu'il aurait reçu le titre de César, trouva un refuge pour eux deux dans le camp de la garde prétorienne, mais cela fut considéré comme un acte de rébellion; en conséquence, elle fut exilée en Afrique du Nord, et il fut exécuté. Alexandre ne se remarierait jamais.

Troubles dans l'empire

Alors que l'empire avait connu une paix relative sous le règne de l'empereur Élagabal, ce ne fut pas le cas avec Sévère Alexandre. Malgré les troubles au sein de l'armée et sans expérience militaire, Alexandre et, bien sûr, sa mère se dirigèrent vers l'est pour répondre aux tensions croissantes dans les provinces, arrivant à Antioche en 231 de notre ère. En 226 de notre ère, le roi perse Ardachir (Artaxerxès) avait renversé le roi parthe Artaban et s'était arrogé les pleins pouvoirs en tant que souverain parthe, se déplaçant rapidement en Mésopotamie, ce qui représentait une menace évidente pour les provinces orientales de Rome. Malgré l'échec d'un soulèvement en Égypte et sans le soutien total de son armée, l'empereur décida de lancer un assaut sur Ardachir. Les commandants romains optèrent pour une offensive sur trois fronts: une partie de l'armée pénétra dans le nord de l'Iran, une autre descendit l'Euphrate jusqu'au golfe Persique et la dernière se dirigea vers la capitale parthe de Ctésiphon. Malheureusement, l'extrême prudence d'Alexandre et l'absence d'attaque coordonnée entraînèrent de lourdes pertes et ce qu'on ne pourrait que qualifier de fiasco. Bien que considéré comme un "succès mitigé" puisque les forces perses n'avaient pas progressé, Alexandre rentra à Rome en 233 de notre ère avec le moral de l'armée sérieusement entamé, et l'empereur fut qualifié de lâche. En revanche, Ardachir fonderait la dynastie sassanide qui régnerait sur la Perse pendant plus de 400 ans.

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Arch of Alexander Severus, Dougga
Arc de Sévère Alexandre, Dougga
Carole Raddato (CC BY-SA)

Alors qu'il souffrait toujours d'un manque de soutien militaire, Alexandre et sa mère décidèrent de traverser le Rhin et de combattre les Germains qui attaquaient et pillaient les fortifications romaines dans l'est de la Gaule. Une fois de plus, il s'engagea dans la bataille sans plan précis (le seul plan était de payer les Germains) et sans le respect total de l'armée. Avec la réduction des dépenses militaires et la diminution des salaires et des primes décidées par Julia, l'armée se rendit compte des insuffisances d'Alexandre et chercha un nouvel empereur, Gaius Julius Verus Maximinus ou Maximin le Thrace, un barbare originaire de Thrace. Il deviendrait le premier de ce que les historiens appellent les "empereurs-soldats". L'historien Hérodien raconte que:

...les soldats s'indignaient amèrement de cette ridicule perte de temps. Selon eux, Alexandre ne manifestait aucune intention honorable de poursuivre la guerre et préférait les courses de chars et une vie aisée, alors qu'il aurait dû marcher pour punir les Germains de leur insolence.

Une mort prématurée

Au printemps 235, Maximin se vit décerner la pourpre (symbole de l'autorité impériale) par ses troupes. Celles-ci se dirigèrent alors rapidement vers le camp d'Alexandre.

Lorsqu'Alexandre apprit ce qui s'était passé, il fut pris de panique et complètement abasourdi par cette nouvelle extraordinaire. Il sortit précipitamment de la tente impériale comme un homme possédé, pleurant, tremblant et s'emportant contre Maximin pour son infidélité et son ingratitude. .... (Hérodien).

Alexandre et sa mère furent assassinés à Vicius Britannicus et, selon certaines sources, leurs corps furent ramenés à Rome. L'Historia Augusta affirme: "... il est généralement admis que ceux qui l'ont tué étaient des soldats, car ils lui ont lancé de nombreuses insultes, le traitant d'enfant et qualifiant sa mère d'avide et de cupide". Les auteurs ajoutent: "Alexandre a tout fait selon les conseils de sa mère, et elle a été tuée avec lui."

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Le nouvel empereur ne mettrait cependant jamais les pieds à Rome. Malheureusement, il n'était guère facile de placer qui que ce soit sur le trône impérial et, après la mort d'Alexandre, survint ce que l'on appelle "l'année des six empereurs". Il faudrait attendre un certain temps avant que Gordien III ne s'assoie, sans opposition, sur le trône impérial.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant en Histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2013, octobre 28). Sévère Alexandre [Alexander Severus]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12102/severe-alexandre/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Sévère Alexandre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 28, 2013. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12102/severe-alexandre/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Sévère Alexandre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 28 oct. 2013. Web. 13 mars 2025.

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