Religion Phénicienne

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 04 avril 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais, italien, persan, espagnol
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Reshef (by Elie_plus, CC BY-SA)
Reshef
Elie_plus (CC BY-SA)

La religion phénicienne, comme dans beaucoup d'autres cultures anciennes, était une partie inséparable de la vie quotidienne. Des temples étaient construits à l'effigie de dieux tels que Baal, Astarté et Melqart, des offrandes et des sacrifices leur étaient régulièrement offerts, les membres de la famille royale jouaient le rôle de grands prêtres, et même les navires portaient leurs représentations. Influencés par leurs prédécesseurs et leurs voisins, les Phéniciens répandirent leurs croyances autour de la Méditerranée, partout où ils commercèrent et établirent des colonies, et leur religion continua d'évoluer et fut perpétuée par leur plus grande colonie, Carthage.

Sources

Les détails de la mythologie, des dieux et des pratiques de la religion des Phéniciens sont rares en raison de la rareté des documents écrits. Ceux-ci proviennent principalement d'inscriptions fouillées dans diverses villes phéniciennes, car aucun ouvrage religieux unique, tel que l'équivalent phénicien de la Bible, n'a survécu, si tant est qu'il y en ait eu un. Les sources secondaires, écrites longtemps après le déclin des cités phéniciennes d'origine, comprennent des bribes de Plutarque et de Lucien de Samosate, ainsi que des fragments de l'œuvre de l'historien du Ier siècle de notre ère, Philon de Byblos, qui cita lui-même abondamment une œuvre antérieure du prêtre phénicien Sanchoniathon de Berytus. Alors qu'on pensait autrefois qu'il s'agissait d'un personnage mythique, les fouilles archéologiques d'Ugarit suggèrent que Sanchoniathon a réellement existé.

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Des historiens ultérieurs, comme le néo-platonicien Damascios (Ve siècle), citent le travail de Mochus, qui a écrit une histoire de la Phénicie, mais l'original est aujourd'hui perdu. Il existe également des descriptions des pratiques religieuses dans les colonies de la Phénicie, comme Carthage, mais il est possible que ces pratiques aient absorbé les traditions locales et évolué au fil du temps, de sorte qu'une comparaison directe avec les villes originelles de la Phénicie peut être problématique. Enfin, il existe des passages de l'Ancien Testament dans lesquels les Phéniciens sont désignés sous le nom de Cananéens, où ils sont dépeints sous un jour particulièrement négatif, tout comme dans les sources romaines désireuses de dépeindre les Carthaginois vaincus et leurs fondateurs phéniciens comme totalement non civilisés et débauchés.

Le dieu Melqart représente la monarchie, la mer, la chasse et la colonisation.

Principaux dieux phéniciens

Bien que les sources historiques présentent quelques difficultés d'interprétation, la religion phénicienne était remarquablement constante, presque certainement en raison de la géographie de la région où les Phéniciens étaient contenus sur la côte étroite du Levant et adossés aux montagnes créant une frontière avec leurs voisins araméens et hébreux. Cela ne veut pas dire qu'elle était uniforme dans toute la région, car la Phénicie antique était un ensemble de cités-États plutôt qu'un seul État homogène. Chaque ville avait son dieu principal et son panthéon, par exemple, même si certains, comme Astarté, étaient vénérés dans toute la Phénicie. La mythologie de l'origine du monde à partir de l'union des éléments primitifs du Vent et du Désir, suivie par des créatures écloses d'un œuf, qui génèrent à leur tour l'humanité, semble également un élément commun à la mythologie de la création des différentes cités. Au-delà des trois grandes villes que sont Byblos, Sidon et Tyr, on sait peu de choses sur les pratiques religieuses des autres cités phéniciennes.

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Byblos

Ēl, Baâlat et Adonis étaient particulièrement vénérés à Byblos. Ēl était d'origine sémitique et, bien qu'assimilé à Elyôn dans la Bible, était une divinité distincte. Il était important mais pas particulièrement actif dans la vie quotidienne des Phéniciens, ce qui conduisit les Grecs à l'assimiler à leur Cronos. Baâlat était une divinité féminine associée à la terre et à la fertilité. Elle est souvent appelée Baâlat Gebal ou "Dame Baâlat de Byblos" et fréquemment mentionnée dans les inscriptions où elle est invoquée par les rois pour que leur règne soit couronné de succès. Des autels et des monuments construits en métaux précieux lui étaient dédiés. Ses équivalents dans d'autres cultures du Proche-Orient étaient Ishtar, Innin et Isis. Adonis, familier de la mythologie grecque, représentait pour les Phéniciens le cycle annuel de la nature. Là encore, il partage certaines caractéristiques avec des divinités de cultures voisines, notamment Osiris en Égypte et Tammuz à Babylone et en Assyrie.

Baal Statue
Statue de Baal
Jastrow (Public Domain)

Sidon

Le dieu le plus important de Sidon était Baal, probablement équivalent en fonction à Ēl de Byblos, il était le chef du panthéon mais détaché du culte quotidien. La ville possédait cependant au moins un temple qui lui était dédié. Astarté (Ashtart dans les inscriptions sémitiques et Ashtoret dans la Bible), qui avait de nombreux temples dédiés et était l'équivalent de Baâlat à Byblos, était beaucoup plus importante. Les rois de Sidon étaient appelés les prêtres d'Astarté, et celle-ci apparaît fréquemment dans les inscriptions phéniciennes subsistantes. Dans l'art, elle est souvent représentée avec un croissant sur la tête, une référence à son association étroite avec la lune. Un troisième dieu important à Sidon était Eshmoun, qui n'apparaît pas avant le VIIe siècle avant notre ère et qui était l'équivalent d'Adonis. Des temples étaient construits en son nom et il était associé à la guérison, c'est pourquoi les Grecs l'ont identifié comme leur Asclépios.

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Gold Plaque From Tell el-Ajjul
Plaque en or de Tell el-Ajjul
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Tyr

Le dieu suprême de Tyr était Melqart (également orthographié Melkart), équivalent de Baal à Sidon et probablement confondu avec lui dans plusieurs passages de la Bible. Melqart, en outre, assumait certaines des caractéristiques d'Adonis et d'Eshmoun car il était au centre d'un festival de la résurrection chaque année (février-mars). Il était considéré comme représentant la monarchie, la mer, la chasse et la colonisation. En outre, il était responsable du succès commercial de la ville en tant que découvreur de la teinture que les Phéniciens extrayaient du murex, qu'ils utilisaient pour créer leur célèbre tissu pourpre.

Un temple durable avait été dédié à Melqart dans la ville et avait été visité par Hérodote qui décrivit ses colonnes d'entrée en or et en émeraudes, et par Alexandre le Grand, qui fit un sacrifice sur son autel. Le dieu était représenté sur les pièces de monnaie de Tyr sous les traits d'un dieu de la mer chevauchant un hippocampe. Melqart fut exporté dans de nombreuses colonies phéniciennes du pourtour méditerranéen et était particulièrement vénéré à Carthage qui envoya un tribut annuel au temple de Melqart à Tyr pendant les siècles suivants. Les Grecs l'identifiaient à Hercule. L'autre divinité importante de Tyr était Astarté, qui avait également son propre temple, construit par le roi Hiram au 10e siècle avant notre ère.

Autres dieux

Outre les dieux déjà mentionnés, les Phéniciens vénéraient également Réshep (ou Réshef), le dieu du feu et de la foudre, Dagon, le dieu du blé, à qui l'on attribue l'invention de la charrue, et Shadrapa, associé aux serpents et à la guérison. Le dieu Chusor était censé avoir inventé le fer et le travail des métaux, et plusieurs divinités étaient des personnifications d'idéaux, comme Sydyk et Misor, qui représentaient respectivement la Justice et la Droiture. D'autres dieux étaient vénérés en plus de ceux-ci, bien que moins nombreux que dans la plupart des anciennes religions polythéistes. Pour ces dieux mineurs, il est devenu presque impossible de les séparer des divinités similaires des cultures voisines, et des associations mal comprises appliquées par des auteurs vivant des siècles après que la culture phénicienne ait déjà été absorbée par le grand monde méditerranéen.

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Phoenician Religious Sacrifice
Sacrifice religieux phénicien
O.Mustafin (Public Domain)

Le culte

Les Phéniciens vénéraient leurs dieux, comme nous l'avons vu, dans des temples construits à cet effet sur des sites bien visibles dans les villes. Bien que les Phéniciens ne semblent pas avoir construit d'idoles de leurs dieux pour les placer à l'intérieur de leurs temples comme dans de nombreuses autres cultures anciennes. Ils pratiquaient également leur culte sur des sites naturels considérés comme sacrés, tels que certaines montagnes, des rivières, des bosquets d'arbres et même des rochers. Les rivières portaient le nom des dieux, comme la rivière Adonis près de Byblos et la rivière Asclepius qui traversait Sidon. Dans ces sites naturels, de petits sanctuaires étaient construits, mais parfois aussi de plus grandes structures, par exemple à Aphka, une colline à l'extérieur de Byblos, où un sanctuaire entier se développa.

Les cérémonies qui se déroulaient dans ces lieux consistaient à prier, à brûler de l'encens, à verser des libations et à offrir aux dieux des sacrifices d'animaux, des aliments et des biens précieux. En outre, des colonnes votives en bois (aserah) ou en pierre (betyl) étaient placées sur les autels sacrificiels. Elles portaient des prières et étaient décorées de fleurs et de branches d'arbres lors des fêtes. Dans le cas d'Astarté, il était de tradition que les femmes se prostituent en son honneur. En cas de danger particulier, par exemple en cas de guerre ou de catastrophe naturelle, des sacrifices humains, principalement d'enfants, étaient également effectués, comme l'indiquent des références bibliques et romaines exagérées, les colonies phéniciennes et l'art. Le lieu où se déroulait ce rite, en imitation du sacrifice par Ēl de son propre fils, est connu sous le nom de topheth (tophet), et l'acte de sacrifice molk. Les victimes étaient tuées par le feu, bien que l'on ne sache pas exactement comment, et il n'existe aucune preuve archéologique provenant de Phénicie, seulement de ses colonies.

Les temples et les sites sacrés étaient administrés par une classe de prêtres et de prêtresses. Il semble probable que la plus haute classe de prêtres était étroitement associée à la famille royale. Les rois et les princes pouvaient également exercer eux-mêmes des fonctions religieuses. Non seulement les prêtres participaient aux cérémonies publiques et aux fêtes, mais ils s'occupaient également des processus funéraires tels que l'embaumement. Ce fait et la présence d'offrandes votives dans les tombes taillées dans la roche révèlent que les Phéniciens croyaient en une vie après la mort. Les inscriptions dans les tombes invitent à ne pas déranger les morts et indiquent qu'il existe un monde souterrain pour ceux qui n'avaient pas mené une vie pieuse.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, avril 04). Religion Phénicienne [Phoenician Religion]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12383/religion-phenicienne/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Religion Phénicienne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 04, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12383/religion-phenicienne/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Religion Phénicienne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 04 avril 2016. Web. 03 déc. 2024.

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