Philippe l'Arabe

Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 08 janvier 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Roman Coin of Philip the Arab (by Christopher Willis, GNU FDL)
Pièce romaine de Philippe l'Arabe
Christopher Willis (GNU FDL)

Philippe l'Arabe fut brièvement empereur de l'Empire romain de 244 à 249 de notre ère. En 244, l'empereur romain Gordien III réagit à un soulèvement dans les provinces orientales, fomenté par le roi perse Chapour Ier. Sous la direction du préfet de la garde prétorienne Gaius Furius Sabina Aquila Timesitheus (Timésithée), la révolte fut rapidement réprimée. Malheureusement, après la mort soudaine du commandant, son successeur, Philippe l'Arabe, fut déçu par son rôle de nouveau commandant et visa beaucoup plus haut: le trône impérial. Selon l'Histoire Auguste, "ce Philippe était de basse naissance mais arrogant et ne pouvait se contenir dans sa soudaine ascension à la fonction et sa bonne fortune immodérée, mais il commença immédiatement, par l'intermédiaire des soldats, à comploter contre Gordien qui avait commencé à lui faire confiance comme à un père".

Tout en feignant la dévotion envers l'empereur inexpérimenté, Philippe répandit de fausses rumeurs parmi les troupes selon lesquelles l'empereur était incompétent et trop jeune pour gouverner. Lorsque Philippe ne suivit pas les ordres de l'empereur d'attaquer Ctésiphon, Gordien s'impatienta et "accusa Philippe de ne pas se soucier des faveurs passées et d'être trop peu reconnaissant". Il donna le choix à l'armée: lui ou Philippe. Elle choisit Philippe. Bien que l'empereur ait plaidé pour que sa vie soit épargnée, Gordien trouva la mort le 25 février 244 de notre ère, près de la ville de Zaitha, sur l'Euphrate. Son corps fut incinéré et ramené à Rome. Sans attendre la décision du Sénat romain, Philippe monta sur le trône.

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Marcus Julius Verus Philippus avait vu le jour en 204 de notre ère à Philippopolis, dans le sud-ouest de la Syrie, fils d'un chef arabe nommé Marinus. Il serait le premier de sa race à devenir empereur. Philippe gravit rapidement les échelons et, lorsque le roi Chapour déclencha sa révolte en Orient, il voyagea avec Gordien en tant que préfet adjoint de la garde prétorienne. À la mort de Timesithée (peut-être sous les coups de l'ambitieux commandant), Philippe le remplaça, mais contrairement à son prédécesseur, il avait des vues sur le trône impérial. Cependant, Gordien s'interposait entre lui et son rêve.

Derrière le dos du jeune empereur, le commandant attribua le manque de nourriture et les livraisons tardives de céréales à l'incapacité de Gordien à gouverner. Lorsqu'il reçut l'ordre d'attaquer la capitale perse, Philippe résista, arguant de l'incompétence de l'empereur. Selon l'Histoire Auguste, c'est le rusé Philippe qui était à l'origine des livraisons tardives :

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...Timesithée avait stocké partout une telle quantité de fournitures que l'administration romaine ne pouvait pas tomber en panne. Mais Philippe intrigua d'abord pour que les navires céréaliers soient détournés, puis pour que les troupes soient déplacées vers des postes où elles ne pourraient pas obtenir de provisions. De cette façon, il les exaspéra rapidement contre Gordien, car ils ne savaient pas que le jeune homme avait été trahi par les intrigues de Philippe.

Philippe ajouta ensuite : "... il vaudrait mieux que règne quelqu'un qui sache commander l'armée et qui comprenne les affaires publiques".

Philippe envoya une lettre au Sénat romain, affirmant que Gordien était mort de causes naturelles. Le Sénat accepta cette affirmation - Philippe était considéré comme une personne très avenante - et le nomma rapidement nouvel empereur. Voyant la nécessité de consolider son pouvoir et comprenant les problèmes qui avaient assailli nombre de ses prédécesseurs, Philippe comprit qu'il était urgent de retourner à Rome. Il conclut rapidement une paix avec le roi Chapour, paix qui prévoyait le versement d'une importante indemnité annuelle aux Perses, et partit pour Rome. Avant son départ, il confia à son frère Gaius Julius Priscus le contrôle des provinces orientales.

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Malheureusement, Philippe ne connaîtrait que peu de paix tout au long de son bref règne. Peu après son arrivée à Rome, les Carpiens traversèrent le Danube.

Malheureusement, Philippe ne connaîtrait que peu de paix tout au long de son bref règne. Peu après son arrivée à Rome, les Carpiens traversèrent le Danube. Lorsque le commandant romain Severanus (beau-frère de Philippe) fut incapable de réprimer le soulèvement, Philippe fut contraint d'intervenir, mais sa victoire lui valut le titre de Carpicus Maximus. Il semble également qu'il ait combattu les Germains à la même époque, puisqu'il reçut le titre supplémentaire de Germanicus Maximus. Ces victoires lui permirent de nommer César son fils Philippe, âgé de cinq ans. En 247 de notre ère, le jeune César accéda au rang d'Auguste avec la même autorité que son père, y compris le titre de chef des prêtres. Malheureusement, la paix ne fut pas de longue durée le long du Danube. Les légions romaines de Mésie et de Pannonie exprimèrent leur désaccord avec les termes de la paix avec les Carpiens et déclarèrent leur commandant Tiberius Claudius Marinus Pacatianus empereur. Pacatianus était l'un des nombreux prétendants au trône impérial. Philippe proposa de quitter son poste d'empereur, mais cette idée fut rapidement rejetée. Heureusement, la rébellion fut de courte durée et prit fin lorsque Pacatinaus fut tué par ses propres soldats.

Les problèmes de Philippe ne s'arrêtèrent cependant pas là. La nomination de son frère pour gouverner l'Est s'avéra être une mauvaise décision. Non seulement Priscus était financièrement irresponsable, mais la dureté de son régime obligea l'armée à nommer Jotapianus, qui prétendait être apparenté à l'ancien empereur Alexandre Sévère, au poste d'empereur. La rébellion fut matée en 249 de notre ère; le futur empereur fut également tué par ses propres troupes. En raison des tentatives continues de Philippe de contrôler les finances de l'empire en réduisant les paiements d'indemnités, d'autres rébellions se développèrent le long du Danube et du Rhin, menées respectivement par Silbannacus et Sponsien.

Roman Emperor Philip the Arab
L'empereur romain Philippe l'Arabe
Carole Raddato (CC BY-SA)

En 249 de notre ère, les Goths se rebellèrent car, une fois de plus, Philippe avait réduit les paiements promis par Gordien III. Les légions romaines, sous le commandement inefficace de Severanus, désertèrent au profit des Goths. Plaçant plusieurs légions sous son commandement, Philippe envoYA Quintus Decius Valerinus comme nouveau gouverneur de la Mésie et de la Pannonie pour tenter de rétablir l'ordre. Son leadership apportA la paix et la stabilité. Après la défaite des Goths, les hommes de troupe proclamèrent Dèce empereur. Disposant de légions supplémentaires et encouragé par ses troupes, Dèce marcha vers Rome en septembre 249 de notre ère. Les armées de Philippe et de Dèce se firent face à Béroé, en Macédoine, où Philippe fut vaincu et tué. Peu après, son fils et héritier, âgé de onze ans, fut tué au camp prétorien de Rome et Dèce fut proclamé nouvel empereur.

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Philippe l'Arabe fut le premier de plusieurs empereurs éphémères qui régneraient sur le vaste Empire romain pendant les trois décennies suivantes. Bien que le bref règne de Philippe ait été essentiellement consacré à des combats incessants, il apporta quelques contributions à l'empire. Bien que ses restrictions budgétaires aient provoqué des rébellions le long des frontières, il mit un frein aux abus du Trésor. Parmi les nombreux projets de travaux publics, il fit construire de nouveaux réservoirs pour remédier aux pénuries d'eau à Rome, et il tenta de décentraliser le gouvernement en nommant plusieurs nouveaux gouverneurs provinciaux. En outre, malgré le prix exorbitant, il dirigea la célébration du millième anniversaire de la ville avec des jeux somptueux au Cirque Maxime. Curieusement, des années après sa mort, il fut considéré par certains comme le premier empereur chrétien; une rumeur circulait en raison de son traitement favorable des chrétiens ; cependant, le fait que Philippe ait fait déifier son père semble réfuter cette idée.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant en Histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2014, janvier 08). Philippe l'Arabe [Philip the Arab]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12416/philippe-larabe/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Philippe l'Arabe." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 08, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12416/philippe-larabe/.

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Wasson, Donald L.. "Philippe l'Arabe." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 08 janv. 2014. Web. 21 nov. 2024.

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