Art de la Guerre des Assyriens

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Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 02 mai 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Assyrian Siege Warfare (by Amplitude Studios, Copyright)
Guerre de siège assyrienne
Amplitude Studios (Copyright)

L'Assyrie commença en tant que petite communauté commerciale centrée sur l'ancienne ville d'Assur et se développa pour devenir le plus grand empire du monde antique avant les conquêtes d'Alexandre le Grand et, après lui, de l'Empire romain. Si les compétences administratives des Assyriens étaient impressionnantes et s'ils pouvaient être adeptes de la diplomatie lorsque cela s'avérait nécessaire, ce n'est pas grâce à cela que l'empire se développa pour dominer le monde antique, de l'Égypte au sud, en passant par le Levant et la Mésopotamie, jusqu'à l'Asie mineure; c'est bel et bien grâce à leurs compétences en matière de guerre.

La machine de guerre assyrienne fut la force militaire la plus efficace du monde antique jusqu'à la chute de l'empire en 612 avant notre ère. Le secret de sa réussite résidait dans une armée permanente professionnellement entraînée, des armes en fer, des compétences techniques avancées, des tactiques efficaces et, surtout, une impitoyabilité totale qui caractérisait les Assyriens vis-à-vis de leurs voisins et de leurs sujets et qui, aujourd'hui encore, est à l'origine de la réputation de l'Assyrie. Une phrase souvent répétée par les rois assyriens dans leurs inscriptions relatives aux conquêtes militaires est "j'ai détruit, dévasté et brûlé par le feu" les villes et les régions qui résistaient à la domination assyrienne.

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Les rois assyriens ne se laissaient pas faire et leurs inscriptions décrivent avec force le sort réservé à ceux qui osaient les défier. L'historien Simon Anglim écrit:

Les Assyriens ont créé la première grande armée et le premier grand empire du monde. Deux facteurs ont permis de les maintenir en place: leurs capacités supérieures en matière de guerre de siège et leur recours à la terreur pure et simple. La politique assyrienne consistait à toujours exiger que l'on fasse des exemples de ceux qui leur résistaient; cela incluait la déportation de peuples entiers et d'horribles châtiments physiques. Une inscription provenant d'un temple de la ville de Nimroud relate le sort des dirigeants de la ville de Suru, sur l'Euphrate, qui se sont rebellés contre le roi Assurbanipal et ont été reconquis par lui:

J'ai construit un pilier à la porte de la ville et j'ai écorché vif tous les chefs qui s'étaient révoltés et j'ai recouvert le pilier de leurs peaux; j'ai enfermé certains d'entre eux dans le pilier, et j'en ai empalé d'autres sur le pilier avec des pieux". De tels châtiments n'étaient pas rares. De plus, des inscriptions consignant ces actes vicieux de châtiment furent affichées dans tout l'empire pour servir d'avertissement. Pourtant, cette cruauté officiellement sanctionnée semble avoir eu l'effet inverse: si les Assyriens et leur armée étaient respectés et craints, ils étaient surtout détestés et les sujets de leur empire étaient dans un état de rébellion quasi permanent. (185-186)

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Comme les États sujets tentaient de se séparer de l'empire chaque fois qu'ils sentaient qu'ils avaient une chance de réussir, une armée permanente était nécessaire pour assurer la stabilité de l'empire contre les ennemis de l'intérieur et, comme les royaumes voisins comme l'Urartu et l'Élam faisaient souvent des incursions dans le territoire assyrien, une armée professionnelle était également nécessaire pour la défense nationale. Ces considérations n'entraînèrent toutefois pas de changements pratiques dans l'armée avant le règne de Tiglath-Phalazar III (745-727 av. J.-C.).

Sous l'Empire assyrien, la déportation d'une grande partie de la population conquise était une politique courante.

Armée assyrienne primitive

L'armée assyrienne était une force redoutable bien avant l'accession au trône de Tiglath-Phalazar III. Dès le règne de Shamshi-Adad (1813-1791 av. J.-C.), l'armée assyrienne se révéla être une force de combat efficace. Au cours de la période dite du Moyen Empire, des rois comme Assur-Uballit Ier (1353-1318 av. J.-C.) employèrent l'armée avec une grande efficacité dans la conquête de la région du Mitanni et le roi Adad Nerari Ier (1307-1275 av. J.-C.) étendit l'empire par des conquêtes militaires et écrasa rapidement les rébellions internes.

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Adad Nerari Ier conquit complètement le Mitanni et mit en place ce qui deviendrait la politique standard de l'empire assyrien: la déportation d'une grande partie de la population. Une fois le Mitanni sous contrôle assyrien, Adad Nerari Ier décida que le meilleur moyen de prévenir tout soulèvement futur était d'expulser les anciens occupants du territoire et de les remplacer par des Assyriens. Il ne faut cependant pas y voir un traitement cruel des captifs. L'historienne Karen Radner écrit à ce sujet:

Les déportés, leur travail et leurs capacités étaient extrêmement précieux pour l'État assyrien, et leur réinstallation était soigneusement planifiée et organisée. Il ne faut pas imaginer des déplacements à pied de fugitifs démunis, proies faciles pour la famine et la maladie: les déportés devaient voyager le plus confortablement et le plus sûrement possible, afin d'arriver à destination en bonne forme physique. Chaque fois que des déportations sont représentées dans l'art impérial assyrien, les hommes, les femmes et les enfants voyagent en groupe, souvent à bord de véhicules ou d'animaux et jamais attachés les uns aux autres. Il n'y a aucune raison de mettre en doute ces représentations, car l'art narratif assyrien n'hésite pas à montrer des scènes d'une extrême violence. (1)

Les déportés étaient soigneusement choisis pour leurs capacités et étaient envoyés dans des régions qui pouvaient tirer le meilleur parti de leurs talents. Les membres de la population conquise n'étaient pas tous choisis pour être déportés et les familles n'étaient jamais séparées. Les segments de la population qui avaient activement résisté aux Assyriens étaient tués ou vendus comme esclaves, mais la population en général était absorbée dans l'empire grandissant et était considérée comme assyrienne. Cette politique serait suivie par les rois qui succéderaient à Adad Nerari Ier jusqu'à l'effondrement de l'empire assyrien en 612 avant notre ère.

Warfare Scene, Balawat Gate
Scène de guerre, porte de Balawat
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Tiglath-Phalazar Ier (1115-1076 av. J.-C.) revitalisa l'armée et étendit encore l'empire. Les succès militaires de ces rois et de leurs successeurs sont d'autant plus impressionnants qu'ils ne disposaient que d'une armée à temps partiel. Dans le monde antique, les armées étaient composées de conscrits qui étaient pour la plupart des agriculteurs. Les campagnes militaires se déroulaient donc en été, entre la plantation des cultures au printemps et leur récolte à l'automne. Les guerres ne se déroulaient pas du tout pendant les mois d'hiver.

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Ce paradigme changea sous Tiglath Phalazar III, qui modifia complètement la façon dont les guerres seraient désormais menées: il créa la première armée professionnelle au monde. L'historien D. Brendan Nagle écrit:

L'armée était une force de combat intégrée composée d'infanterie, de cavalerie et de forces spéciales telles que les frondeurs et les archers. C'était la première armée à combiner systématiquement les techniques d'ingénierie et de combat. Ses ingénieurs mirent au point des engins de siège, construisirent des ponts, creusèrent des tunnels et perfectionnèrent les systèmes d'approvisionnement et de communication. L'utilisation généralisée d'armes en fer lui permit d'envoyer un grand nombre de soldats sur le terrain. (49)

En 743 avant notre ère, Tiglath-phalazar III marcha vers le nord pour vaincre le royaume d'Urartu, qui était depuis longtemps un puissant ennemi des Assyriens.

Une armée professionnelle

Tiglath Phalazar III décréta que les hommes seraient désormais engagés et formés comme soldats professionnels et que le service militaire serait un emploi à plein temps. Il développa le commerce, la production d'armes en fer, l'acquisition de chevaux et la construction de chars de guerre et d'engins de siège.

Une fois que son armée avait atteint son efficacité maximale, il la mit à l'œuvre. En 743 avant notre ère, il marcha vers le nord pour vaincre le royaume d'Urartu, qui était depuis longtemps un puissant ennemi des Assyriens. Une fois l'Urartu sous contrôle assyrien, il marcha vers l'ouest en Syrie et frappa le royaume d'Arpad, allié de l'Urartu, en 741 avant J.-C. Il assiégea la ville pendant trois ans et, lorsqu'elle tomba, la fit détruire et massacra ses habitants. Les survivants furent déportés dans d'autres régions.

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Des campagnes comme le long siège d'Arpad n'auraient pu être menées que par une armée professionnelle comme celle que Tiglath-Phalazar III avait créée et, comme le note l'historien Dubovsky, cette expansion de l'Empire assyrien n'aurait pu avoir lieu sans "la nouvelle organisation de l'armée, l'amélioration de la logistique et de l'armement" et, en particulier, l'utilisation d'armes en fer à la place du bronze (153). Les armes en fer pouvaient être produites en masse pour équiper une force de combat beaucoup plus importante que celle qu'il était possible d'envoyer sur le terrain auparavant et, bien entendu, elles étaient plus résistantes que les armes en bronze.

Cependant, comme l'explique Dubovsky, "même si nous pouvons distinguer une amélioration dans l'armement de Tiglath-Phalazar III, en particulier dans les engins de siège, les armes seules ne sont jamais capables de gagner une guerre à moins d'être utilisées dans le cadre d'une campagne soigneusement planifiée" (153). Les brillants succès de Tiglath-Phalazar III dans les batailles reposaient sur ses stratégies militaires et sa volonté de faire tout ce qui était nécessaire pour atteindre ses objectifs.

Tiglath Pileser III
Tiglath-Phalazar III
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Il disposait également de la force de frappe la plus importante, la mieux entraînée et la mieux équipée de l'histoire du monde jusqu'à cette époque. L'érudit Paul Kriwaczek décrit dans le passage suivant comment l'armée serait apparue à un adversaire vers 740 avant notre ère:

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Il aurait vu, au centre de la formation, le corps principal de l'infanterie, des phalanges compactes de lanciers, les pointes de leurs armes scintillant au soleil, chacune disposée en dix files de vingt rangs. Il aurait été émerveillé - et peut-être tremblant - par la discipline et la précision de leurs manœuvres, contrastant avec la relative liberté des armées précédentes, car les réformes avaient introduit une structure de commandement hautement développée et efficace. Les fantassins combattaient par escouades de dix, chacune dirigée par un sous-officier, et regroupées en compagnies de cinq à vingt escouades sous le commandement d'un capitaine. Ils étaient bien protégés et encore mieux équipés, car l'Assyrie alignait les toutes premières armées de fer: épées de fer, lames de lance de fer, casques de fer et même écailles de fer cousues en guise d'armure sur leurs tuniques. L'armement en bronze n'offrait pas de véritable concurrence: ce nouveau matériau, moins cher, plus dur et moins cassant, pouvait être affûté de manière plus tranchante et conserver son tranchant bien plus longtemps. Le minerai de fer ne se trouvant pas dans le nord de la Mésopotamie, tous les efforts furent faits pour placer toutes les sources proches de ce métal sous le contrôle des Assyriens. Les lanciers assyriens étaient également plus mobiles que leurs prédécesseurs. Plutôt que des sandales, ils portaient désormais l'invention militaire assyrienne qui fut sans doute l'une des plus influentes et des plus durables de toutes: la botte militaire. En l'occurrence, il s'agissait de chaussures en cuir qui montaient jusqu'au genou, à semelles épaisses, et munies de plaques de fer pour protéger les tibias, ce qui permettait pour la première fois de combattre sur n'importe quel terrain, qu'il soit accidenté ou humide, montagneux ou marécageux, et en toute saison, hiver comme été. Il s'agissait de la première armée tout temps et toutes saisons. (236)

En outre, il y avait les archers et les frondeurs, les archers équipés du nouvel arc composite qui pouvait tirer à longue distance sur l'infanterie qui avançait, et, au premier rang, les engins de siège des troupes de choc et

...des formations de chars, des plates-formes mobiles pour les projectiles, l'équivalent antique des chars d'assaut. Ces chars n'étaient plus tirés au pas lent par des ânes, mais par des animaux beaucoup plus rapides, plus grands et plus robustes: les chevaux. Chaque char était propulsé par quatre de ces bêtes. (Kriwaczek, 237)

Assyrian Battle Scene
Scène de bataille assyrienne
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Avec cette immense armée, Tiglath-Phalazar III établit fermement l'immensité de l'Empire assyrien. En 736 avant notre ère, son empire englobait l'ensemble de la Mésopotamie et du Levant, une région qui s'étendait du golfe Persique à l'Iran actuel, jusqu'à la mer Méditerranée et Israël. C'est cet empire et cette formidable armée qu'il léguerait à son fils cadet Sargon II (722-705 av. J.-C.), fondateur de la dynastie des Sargonides et plus grand roi de l'empire néo-assyrien.

L'armée néo-assyrienne et la guerre de siège

Bien que l'engin de siège ait été utilisé plus tôt dans l'empire, c'est au cours de la période connue sous le nom d'Empire néo-assyrien (934-610 av. J.-C. ou 912-612 av. J.-C.) qu'il fut le plus efficace. Anglim écrit:

Plus que toute autre chose, l'armée assyrienne excellait dans la guerre de siège et fut probablement la première force à disposer d'un corps distinct d'ingénieurs... L'assaut était leur principale tactique contre les villes lourdement fortifiées du Proche-Orient. Ils mirent au point une grande variété de méthodes pour ouvrir des brèches dans les murs ennemis: des sapeurs étaient employés pour saper les murs ou pour allumer des feux sous les portes en bois, et des rampes étaient construites pour permettre aux hommes de franchir les remparts ou de tenter une brèche dans la partie supérieure du mur, là où il était le moins épais. Des échelles mobiles permettaient aux assaillants de franchir les douves et d'attaquer rapidement n'importe quel point des défenses. Ces opérations étaient couvertes par des masses d'archers, qui constituaient le noyau de l'infanterie. Mais la fierté du train de siège assyrien résidait dans ses engins. Il s'agissait de tours en bois à plusieurs étages, dotées de quatre roues et d'une tourelle au sommet et d'un, ou parfois de deux, béliers à la base. (186)

Les campagnes de Sargon II étaient des modèles d'efficacité, de brillantes tactiques militaires, de courage et d'impitoyabilité.

Sargon II utilisa efficacement les engins de siège lors de ses campagnes et étendit l'empire plus loin que n'importe quel roi avant lui. Son règne est considéré comme l'apogée absolue de l'empire assyrien et ses campagnes étaient des modèles d'efficacité, de brillantes tactiques militaires, de courage et d'impitoyabilité.

Le siège assyrien le mieux documenté est cependant celui de la ville de Lakish sous Sennachérib, le fils de Sargon II (705-681 av. J.-C.). Sennachérib, comme tous les autres rois assyriens, était fier de ses conquêtes militaires et les faisait représenter en détail sur les reliefs qui bordaient les couloirs de son palais à Ninive.

Le siège de Lakish (701 av. J.-C.) commença, comme c'est souvent le cas dans les conflits militaires, par l'arrivée d'émissaires assyriens sur les remparts de la ville pour exiger la reddition. Les habitants furent informés que s'ils se rendaient, ils seraient bien traités, tandis que s'ils résistaient, ils subiraient le même sort que tous ceux qui avaient résisté avant eux. Même s'il était bien connu que les Assyriens étaient sans pitié, les défenseurs de Lakish choisirent de tenter leur chance et de conserver leur ville. Anglim décrit la progression du siège une fois les envoyés retournés au campement assyrien:

La ville fut d'abord encerclée pour empêcher toute fuite. Ensuite, on fit avancer les archers qui, sous le couvert de boucliers géants, dégagèrent les remparts. Le roi utilisa alors la méthode assyrienne qui avait si bien fait ses preuves: il construisit une rampe en terre près du mur ennemi, la recouvrit de pierres plates et fit avancer une machine qui combinait une tour de siège et un bélier. Les Assyriens organisèrent alors un assaut sur deux fronts. La tour futt montée sur la rampe et le bélier fut amené à s'appuyer sur le milieu du mur ennemi. Les archers de la tour dégagèrent les créneaux tandis que les archers au sol se rapprochèrent du mur pour couvrir l'assaut de l'infanterie à l'aide d'échelles. Les combats semblent avoir été intenses et l'assaut dura probablement plusieurs jours, mais les Assyriens finirent par entrer dans la ville. L'archéologie a révélé que la ville fut pillée et que des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants furent passés au fil de l'épée. Le relief du siège [de Ninive] montre des prisonniers implorant la pitié aux pieds de Sennachérib. D'autres moins chanceux, peut-être les dirigeants de la ville, furent empalés sur des pieux. (190)

Neo-Assyrian Empire
L'Empire néo-assyrien
Ningyou (Public Domain)

La rampe en terre mentionnée par Anglim est encore visible aujourd'hui sur le site de Tel Lachish en Israël. Des fouilles ont permis de découvrir de nombreux objets anciens datant du siège, notamment un grand nombre de pointes de flèches provenant à la fois des Assyriens et des défenseurs, des restes d'armes et plus de 1500 crânes. Lakish devait servir de rappel aux autres villes de la futilité de résister à l'armée assyrienne. Anglim écrit:

Grâce à ces méthodes de siège et d'horreur, de technologie et de terreur, les Assyriens devinrent les maîtres incontestés du Proche-Orient pendant cinq siècles. Au moment de leur chute, leur expertise en matière de technologie de siège s'était répandue dans toute la région. (188)

Le fait que la rampe de siège de Lakish soit toujours en place plus de 2 000 ans après sa construction, alors que la ville qu'elle contribua à conquérir a disparu depuis longtemps, témoigne des compétences des ingénieurs assyriens qui l'ont construite.

Le fils et successeur de Sennachérib, Essarhaddon (681-669 av. J.-C.), utiliserait les mêmes tactiques que son père, de même que son fils, Assurbanipal (668-627 av. J.-C.), le dernier grand roi de l'empire assyrien, qui remporta de tels succès dans les batailles qu'il détruisit tout le pays d'Élam en 647 av. J.-C. L'historienne Susan Wise Bauer écrit: "Les villes élamites brûlèrent. Les temples et les palais de Suse furent pillés. Sans autre raison que la vengeance, Assurbanipal ordonna que les tombes royales soient ouvertes et que les ossements des rois soient emmenés en captivité" (414). Lorsqu'il saccagea et détruisit la ville de Suse, il laissa derrière lui une tablette qui témoigne de son triomphe sur les Élamites:

Suse, la grande ville sainte, demeure de leurs dieux, siège de leurs mystères, je l'ai conquise. J'ai pénétré dans ses palais, j'ai ouvert ses trésors où s'amassaient l'argent et l'or, les biens et les richesses... J'ai détruit la ziggourat de Suse. J'ai brisé ses cornes de cuivre brillant. J'ai réduit à néant les temples de l'Élam, j'ai dispersé au vent leurs dieux et leurs déesses. J'ai dévasté les tombeaux de leurs rois anciens et récents, je les ai exposés au soleil, et j'ai emporté leurs ossements vers le pays d'Assur. J'ai dévasté les provinces de l'Élam, et j'ai semé du sel sur leurs terres.

Tout Élamite qui aurait pu avoir la moindre prétention au trône fut ramené à Ninive comme esclave. Conformément à la politique assyrienne, Assurbanipal déplaça ensuite une grande partie de la population dans toute la région et laissa les villes vides et les champs stériles. Bauer écrit:

Assurbanipal n'a pas reconstruit le pays après l'avoir détruit. Il n'a pas installé de gouverneurs, il n'a pas réinstallé les villes dévastées, il n'a pas essayé de faire de cette nouvelle province d'Assyrie autre chose qu'un terrain vague. L'Élam resta ouvert et sans défense. (414)

Cela s'avérerait plus tard être une erreur, car les Perses s'emparèrent peu à peu du territoire qui avait été l'Élam et procédèrent à la reconstruction et à la fortification des villes. À terme, ils contribueraient à renverser l'Empire assyrien.

Les fils d'Assurbanipal, Ashur-etli-Ilani et Sin-Shar-Ishkun, n'héritèrent pas de ses compétences militaires ou politiques et, avant même sa mort, ils luttaient l'un contre l'autre pour le contrôle de l'empire. Après sa mort en 627 avant notre ère, leur guerre civile épuisa les ressources de l'empire et donna aux régions sous contrôle assyrien l'occasion de s'affranchir.

Alors que les princes luttaient pour le contrôle de l'empire, ce même empire était en train de disparaître. Le régime de l'empire assyrien était perçu comme trop dur par ses sujets, malgré les progrès et le luxe que le statut de citoyen assyrien pouvait apporter, et les anciens États vassaux se révoltèrent.

En l'absence d'un roi fort sur le trône, et alors que l'empire était largement dépassé, il n'y avait aucun moyen de l'empêcher de se désintégrer. Toute la région finit par se révolter et les grandes villes assyriennes comme Assur, Kalhu et Ninive furent pillées et brûlées par les Mèdes, les Perses, les Babyloniens et d'autres encore. Les archives historiques des Assyriens et la vaste bibliothèque d'Assurbanipal, constituée de tablettes d'argile relatant leurs progrès en matière de médecine, de littérature, de religion et de connaissances scientifiques et astronomiques, furent ensevelies sous les murs en ruine de leurs villes, mais leur technologie et leurs tactiques militaires furent fermement imprimées dans les civilisations et les cultures qu'ils avaient conquises.

Cette technologie et leur modèle militaire furent incorporés dans les armées de ceux qui leur succédèrent. La puissance militaire et les tactiques romaines ultérieures, y compris les engins de siège et le massacre en masse de ceux qui résistaient à la domination romaine, ne faisaient que développer le modèle de guerre que les Assyriens avaient créé des siècles auparavant.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2018, mai 02). Art de la Guerre des Assyriens [Assyrian Warfare]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12928/art-de-la-guerre-des-assyriens/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Art de la Guerre des Assyriens." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mai 02, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12928/art-de-la-guerre-des-assyriens/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Art de la Guerre des Assyriens." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 02 mai 2018. Web. 08 sept. 2024.

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