Antisthène

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Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 13 août 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Antisthenes Bust, Vatican Museums (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Buste d'Antisthène, musées du Vatican
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Antisthène d'Athènes (c. 445-365 avant J.-C.) était un philosophe grec qui fonda l'école cynique. Il était un disciple de Socrate et apparaît dans le Phédon de Platon comme l'une des personnes présentes à la mort de Socrate. Il est également l'un des principaux interlocuteurs dans les œuvres de Xénophon, Memorabilia et Symposium , et le professeur de Diogène de Sinope.

Antisthène, comme Criton, faisait partie des plus anciens élèves de Socrate et Charles Kahn écrit qu'il était considéré comme le plus important disciple de Socrate (Kahn, 4-5). Il croyait que la vertu pouvait être enseignée et que seuls les vertueux étaient vraiment nobles. Il convient toutefois de noter que le terme "vertu" est ici une traduction du mot grec arété, qui signifiait quelque chose de plus proche de "l'excellence personnelle" que le mot "vertu".

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Dans le Ménon de Platon, il est affirmé que l'arete ne pouvait pas être enseigné (sinon les pères nobles auraient produit des fils nobles, ce qui n'était pas le cas, empiriquement), mais Antisthène soutenait le contraire en affirmant qu'il avait appris l'arété de Socrate et que, par conséquent, l'arété pouvait être enseigné. Il le prouva en transmettant son propre exemple d'arete à son élève Diogène de Sinope (c. 404 - 323 avant J.-C.), qui allait devenir un exemple de la vision cynique et inspirer Cratès de Thèbes (c. 360 - 280 avant J.-C.) à faire de même.

L'influence de Socrate

L'école cynique fondée par Antisthène soulignait l'importance de vaincre l'adversité en l'acceptant.

Les élèves de Socrate fondèrent tous des écoles de philosophie grecque d'un type ou d'un autre, et toutes étaient si diverses que le fait que tant d'hommes aient pu interpréter ses enseignements de manière si différente témoigne de la qualité de la philosophie de Socrate. Le philosophe hédoniste Aristippe, par exemple, prétendait suivre l'exemple de Socrate en menant une vie à la recherche du plaisir, tandis que Platon affirmait poursuivre la vision de Socrate par une discipline ascétique de l'esprit.

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Antisthène, lui aussi, affirmait que sa philosophie était fondée sur la vision originale de Socrate. Il semble presque impossible, à première vue, qu'Aristippe, Platon et Antisthène aient pu avoir le même professeur, tant leurs philosophies sont différentes à première vue. Pourtant, toutes trois sont sous-tendues par cette même vertu si chère à Socrate : l'importance d'être libre d'être fidèle à soi-même et à ses propres convictions dans la vie. L'école cynique fondée par Antisthène insistait sur l'importance de surmonter l'adversité en l'acceptant, sur le fait que l'arété est la même pour les femmes que pour les hommes, et que cette excellence personnelle se manifeste dans les actes plus que dans les paroles. Ces mêmes valeurs, exprimées différemment, étaient enseignées par Platon et Aristippe.

Jeunesse

En ce qui concerne ses débuts, le biographe Diogène Laërce (IIIe siècle de notre ère) écrit :

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Antisthène, fils d’Antisthène, était Athénien. On dit cependant que sa mère était étrangère : comme on lui en faisait un jour un reproche, il répondit : « La mère des dieux était bien Phrygienne. » II paraît, en effet, que sa mère était Thrace ; c’est ce qui fit dire à Socrate, lorsqu’il se fut distingué au combat de Tanagre, que, né de père et de mère athéniens, il n’eût point montré un pareil courage. Il se moquait lui-même de l’orgueil que montraient les Athéniens à propos de leur qualité d’indigène, et disait qu’ils avaient cela de commun avec les limaçons et les sauterelles.

Son premier maître fut Gorgias le rhéteur, et de là vient qu’il affecte la forme oratoire dans ses dialogues, surtout dans ceux intitulés de la Vérité et Exhortations. [2] Hermippus rapporte qu’il avait eu dessein de faire au milieu des Grecs assemblés aux jeux isthmiques la critique et l’éloge des habitants d’Athènes, de Thèbes et de Lacédémone, mais qu’il y renonça ensuite lorsqu’il vit le nombre des spectateurs accourus de ces trois villes. Il finit par s’attacher aux leçons de Socrate, et en retira de tels fruits qu’il engagea ses 2 propres disciples à les suivre avec lui. Comme il habitait le Pirée, il lui fallait faire chaque jour un chemin de quarante stades pour venir entendre Socrate. Formé par lui à la patience et au courage, jaloux d’imiter sa noble impassibilité d’âme, il fonda l’école cynique et proclama que le travail est un bien en prenant pour exemple le grand Hercule parmi les Grecs et Cyrus chez les Barbares. (I, II, trad. Remacle)

Antisthenes Bust
Buste d'Antisthène
shakko (CC BY-SA)

Antisthène le cynique

L'œuvre d'Antisthène était centrée sur l'éthique (bien qu'il ait également écrit sur la physique, la logique et la littérature) et il semble s'être consacré intensivement à ce sujet. Il rédigea également une critique littéraire de l'Odyssée, un essai sur la mort et des ouvrages traitant de tous les sujets, de la musique aux "usages du vin". Diogène Laërce affirme qu'il existe "dix volumes de ses écrits", mais il ne reste aujourd'hui que son Ajax et son Ulysse. Il est considéré comme le premier philosophe cynique ("cynique" venant du grec pour "chien", kynos, ou kynikos qui signifie "semblable à un chien") et, par son exemple, enseigna à Diogène de Sinope et à d'autres, comme Cratès, comment vivre véritablement et sans honte. Concernant l'origine du nom "cynique", Diogène Laërce écrit :

Antisthène enseignait dans le Cynosarge, gymnase peu éloigné des portes de la ville, et auquel, suivant quelques-uns, la secte cynique doit son nom. On l’avait lui-même surnommé Aplocyon.

Le mot "cynique" n'avait pas la même signification à l'époque qu'aujourd'hui et ne signifiait pas "sceptique" ou quelqu'un qui croit que les êtres humains ne sont motivés que par l'intérêt personnel et les désirs personnels, mais signifiait "chien" en ce sens que les cyniques étaient considérés comme vivant comme des chiens. Antisthène et ses disciples possédaient peu de choses à part leurs manteaux et leurs sacs, vivaient là où ils pouvaient trouver un abri et ne semblaient pas s'adonner à un quelconque travail. L'évolution du mot "cynique" vers sa signification actuelle peut provenir du manque de considération des cyniques pour les théories acceptées sur l'éthique, la moralité, les dieux et la façon appropriée de vivre sa vie.

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L'école cynique était caractérisée par la discipline de l'abnégation et le rejet des objets matériels inutiles.

Antisthène ou Diogène ?

La question de savoir si Antisthène était, en fait, le fondateur de l'école cynique ou si cet honneur revient à Diogène de Sinope a longtemps été contestée. On prétend qu'Antisthène n'a pas pu enseigner à la fois à Diogène de Sinope et à Cratès de Thèbes et qu'il est impossible que Cratès ait ensuite enseigné à Zénon de Citium (c. 336 - 265 avant J.-C.), car il vécut longtemps après la mort de ces hommes.

Cet argument prétend en outre que la chronologie contestée a été créée plus tard par les stoïciens afin de relier les enseignements de Zénon de Citium directement à Socrate. L'autre camp affirme qu'Antisthène avait en fait pour élèves Diogène de Sinope et Cratès de Thèbes et que Cratès aurait certainement pu enseigner et influencer Zénon de Citium. Cette affirmation est également contestée par les spécialistes qui affirment que Diogène arriva à Athènes après la mort d'Antisthène et soulignent qu'Aristote désigne les disciples d'Antisthène comme des "Antisthéniens" et non comme des "Cyniques". Ce débat n'a pas encore été résolu dans les cercles d'érudits, mais la majorité soutient qu'Antisthène fonda l'école cynique et enseigna à Diogène de Sinope la philosophie cynique qui trouva sa pleine expression plus tard à travers Zénon de Citium.

Diogenes by Jean-Leon Gerome
Diogène de Jean-Léon Gérome
Wikipedia User: Singinglemon (Public Domain)

L'école cynique

L'école cynique se caractérisait par une discipline d'abnégation qui rejetait le luxe, le statut social, l'acquisition de richesses et d'objets matériels inutiles. On pensait qu'en se libérant des conventions sociales associées au fait d'"être quelqu'un", on serait libre de devenir soi-même. Puisque la vertu pouvait être enseignée et que la vertu (ou, plus précisément, l'excellence personnelle) menait au contentement, on pouvait mener la vie la plus heureuse en plaçant la poursuite de sa propre vertu avant tout.

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Le gain matériel étant souvent considéré comme une entrave à cette quête, il était rejeté au profit de la vie ascétique. En outre, les préoccupations concernant l'avenir et le destin d'une personne étaient considérées comme superflues et comme une distraction inutile. Les adeptes de la philosophie d'Antisthène étaient encouragés à se concentrer sur le présent et à se contenter de ce qu'ils avaient et de ce qu'ils faisaient au jour le jour, plutôt que de perdre du temps à s'inquiéter de ce qu'ils pourraient faire ou de l'endroit où ils pourraient être demain. À propos de la philosophie d'Antisthène, Diogène Laërce écrit :

Voici ses principales sentences : La vertu peut être enseignée[11]. Ceux-là sont nobles qui sont vertueux. La vertu suffit à donner le bonheur, sans qu’elle nécessite autre chose que la force d’un Socrate. Elle consiste dans l’action et non pas dans les paroles ni les doctrines. Le sage se suffit à lui-même, car il a en lui tout ce qui appartient aux autres. L’obscurité du nom est un bien égal à la souffrance. Le sage ne vit pas d’après les lois de sa patrie, mais d’après la vertu. Il prendra femme pour avoir des enfants, et il aimera, car seul le sage sait quelles femmes il faut aimer. Dioclès lui attribue encore les sentences suivantes : Au sage, rien n’est étranger, rien ne cause d’embarras. L’homme de bien est digne d’être aimé. Il faut prendre des amis vertueux. Il faut prendre pour alliés ceux qui ont l’âme noble et juste. La vertu est une arme qu’il faut toujours garder sur soi. Il vaut mieux attaquer tous les coquins du monde avec une poignée de braves gens qu’une poignée de braves gens avec une assemblée de coquins. Il faut surveiller ses ennemis, car ils voient les premiers nos défauts. Il faut estimer un homme de bien plus qu’un parent. Pour l’homme et pour la femme la vertu est la même. Ce qui est bien est beau, ce qui est mal est laid. Tout ce qui est injuste, il faut le considérer comme devant nous être étranger. La prudence est le plus sûr des remparts, car jamais il ne tombe, et jamais il n’est livré par trahison. Il nous faut construire dans nos âmes des remparts inexpugnables. (V)

Antisthène mourut à Athènes d'une maladie qui pourrait être la consomption. On dit qu'il supporta sa maladie et sa mort imminente avec calme et acceptation, comme une simple partie de la vie qu'il avait tant appréciée, et qu'il ne voyait donc aucune raison de se plaindre.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2014, août 13). Antisthène [Antisthenes of Athens]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13143/antisthene/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Antisthène." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le août 13, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13143/antisthene/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Antisthène." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 13 août 2014. Web. 16 déc. 2024.

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