Alaric

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Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Yves Palisse
publié le 04 septembre 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais, malais, portugais, espagnol
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Alaric Entering Athens (by Unknown, Public Domain)
Alaric entrant dans Athènes
Unknown (Public Domain)

Alaric Ier (r. de 394 à 410) était un chef militaire goth célèbre pour son sac de Rome en 410. C'était la première fois que la ville était mise à sac depuis plus de 800 ans. Bien que l'on ne sache pas grand-chose de sa famille, on sait qu'il devint le chef des tribus Tervinges et Greuthunges (connues plus tard sous le nom de Wisigoths et d'Ostrogoths, respectivement). À la tête de ses combattants Goths, il mit les Balkans et l'Italie sous coupe réglée, mettant à sac la capitale romaine, avant de s'enfoncer plus au sud et de mourir peu après, en l'an 410. Après la mort d'Alaric, son beau-frère Athaulf conduisit les Goths en Gaule.

La prise de pouvoir d'Alaric

Pendant des siècles, les habitants de Rome avaient vécu confortablement derrière les murs de leur ville. L'empire ne cessait de s'étendre et l'armée romaine, sous le commandement d'une longue série de chefs militaires compétents, maintenait les redoutables barbares à l'écart des portes de la ville. Malheureusement, la suprématie de Rome commença à décliner lentement lorsque l'empire fut divisé en deux par Dioclétien et que la base du pouvoir se déplaça progressivement vers Constantinople et vers l'empereur qui y résidait. Ce déplacement du pouvoir politique et économique affaiblit Rome et la rendit vulnérable. Un jeune général romain démobilisé profita de cette situation pour mettre à sac la ville autrefois qualifiée d'éternelle: il s'appelait Alaric.

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Bien que considéré comme un barbare, Alaric était un chrétien qui avait reçu sa formation militaire dans l'armée romaine. Il commanda les alliés goths et combattit aux côtés des Romains lors de la bataille du Frigidus (alias bataille de la rivière froide) en 394, une bataille qui opposait l'empereur d'Orient Théodose Ier à l'empereur usurpateur d'Occident Eugène. Peu après cette bataille, en 395, l'empereur Théodose, le dernier à avoir unifié et gouverné les deux moitiés de l'empire, mourut. L'Empire romain fut à nouveau divisé. L'ennemi juré d'Alaric (et plus tard son allié), l'ambitieux Flavius Stilicon (359-408), devint régent (ou du moins prétendit l'être) pour les deux fils de l'ancien empereur, Arcadius et Honorius (395-423). Arcadius devint empereur d'Orient (il mourut en 408), tandis que le jeune Honorius finit par monter sur le trône d'Occident.

Alaric et Stilicon

LORSQU'UN SYMPATHISANT ANONYME OUVRIT LA PORTA SALARIA, UNE ARMÉE DE 'BARBARES' DIRIGÉE PAR ALARIC S'ENGOUFFRA DANS ROME. C'EST AINSI QUE LE PILLAGE COMMENÇA; IL DEVAIT DURER TROIS JOURS.

Stilicon, magister militum ou commandant en chef (fils d'une mère romaine et d'un père vandale), entra en conflit avec Alaric. À l'origine de ce conflit, un traité signé en 382 entre les Romains et les Goths, après la guerre des Goths, qui autorisait ces derniers à s'installer dans les Balkans, mais uniquement en tant qu'alliés, et non en tant que citoyens. Le traité les obligeait en outre à servir dans l'armée romaine, ce qui inquiétait de nombreux Goths. Les pertes considérables qu'ils subirent à la bataille du Frigidus confirmèrent leurs craintes: ils avaient été placés en première ligne, devant les légions romaines régulières, en tant qu''agneaux sacrificiels'.

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Alaric se berçait d'illusions: il pensait que le gouvernement de l'Empire romain d'Occident resterait stable et qu'il serait éternel, garantissant ainsi la sécurité de son peuple à tout jamais. Pour tenter de forcer la réécriture du traité, Alaric et son armée profitèrent de la tension croissante entre l'Est et l'Ouest pour mettre à sac de nombreuses villes dans les Balkans et en Grèce, avant d'envahir l'Italie en 402. Il ne se contentait pas de réclamer des céréales pour son peuple, il exigeait aussi de lui voir accorder la citoyenneté d'empire ainsi que sa nomination au titre de magister militum, c'est-à-dire de devenir son égal dans l'armée romaine. Stilicon refusa ces demandes avec la plus grande véhémence. Alaric fut contraint de battre en retraite à Vérone, mais en 406, il tenta de trouver un compromis. Suite à l'intercession de Jovius, l'agent d'Alaric, le général romain accepta d'écouter sa demande visant à obtenir des droits légaux à un territoire propre assortis du paiement d'un tribut annuel en or et en céréales. En contrepartie, Alaric devait aider Stilicon dans son projet d'invasion de l'empire d'Orient. En effet, alors qu'Arcadius régnait sur l'empire d'Orient, Stilicon s'était quant à lui assuré de l'empire d'Occident (il avait marié sa fille à l'empereur Honorius) et, avec l'aide d'Alaric, il attaquerait l'empire d'Orient et détrônerait Arcadius.

Head of Emperor Arcadius
Buste de l'empereur Arcadius
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Cet accord ne devait jamais se concrétiser. Alaric fit preuve de patience et attendit que Stilicon le rejoigne, mais, malgré ses bonnes intentions, il fut retardé par des problèmes survenus ailleurs dans l'ouest du pays. En effet, le roi goth Radagaise (alias Radogast) avait envahi l'Italie; les Vandales, les Alains et les Suèves avaient envahi la Gaule et le futur empereur Constantin III (une réelle menace pour le trône) emergea victorieux de l'île de Bretagne. Ces revers avaient vidé les caisses de l'État et rendu toute négociation impossible, ce qui ne manqua pas d'exaspérer Alaric. Comme de plus sa demande de 4 000 livres d'or (en paiement de son attente) ne reçut aucune réponse, il commença à rapprocher lentement son armée de l'Italie. En fait, Stilicon était tout à fait disposé à payer la somme demandée, mais le Sénat romain, sous l'influence du belliciste Olympius, ne l'entendait pas de cette oreille et déclara que les actions d'Alaric constituaient une déclaration de guerre.

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Sous l'impulsion d'Olympius, l'empereur décida d'envahir l'empire d'Orient. Stilicon déconseilla vivement à l'empereur de prendre la tête de l'armée, choisissant de diriger lui-même une armée. En l'absence de Stilicon, Honorius et Olympius se rendirent à Ticinum (actuelle Pavie), une ville italienne située juste au sud de Milan, sous prétexte de passer les troupes en revue. Cependant, Olympius, agissant sans l'autorisation de l'empereur, ordonna le massacre de milliers d'alliés goths, ce qui ne fit qu'attiser la colère d'Alaric. La dernière victime de ce massacre fut Stilicon lui-même, accusé de comploter avec Alaric. Cette trahison entraîna la défection de plus de 10 000 soldats qui rejoignirent l'armée d'Alaric. En 408, l'armée gothe mit à sac les villes d'Aquilée, Concordia, Altinum, Crémone, Bononia, Ariminum et Picenum, en évitant toutefois Ravenne, capitale de l'empire romain d'Occident et résidence de l'empereur Honorius. En revanche, Alaric n'hésita pas à s'attaquer à Rome, encerclant les 13 portes de la ville, bloquant le Tibre et imposant un rationnement généralisé. Au bout de quelques semaines, les rues de la ville étaient jonchées de cadavres en décomposition.

Alaric et le sac de Rome

Tandis que de plus en plus de troupes se rangeaient du côté d'Alaric, l'empereur Honorius ne faisait pas grand-chose pour aider la ville et s'opposer à lui. Les Goths étaient toujours considérés comme des barbares qui ne faisaient pas le poids face aux armées de l'empire. Bien que les caisses aient été pratiquement vides, le Sénat finit par céder et des chariots transportant deux tonnes d'or, 13 tonnes d'argent, 4 000 tuniques de soie, 3 000 toisons et 3 000 livres de poivre quittèrent la ville. Alaric assouplit le siège, espérant toujours négocier des conditions favorables, mais Honorius resta aveugle à la gravité de la situation. Tout en acceptant temporairement les exigences d'Alaric - qu'il n'avait jamais eu l'intention d'honorer - il envoya 6 000 soldats romains en renfort dans la ville, mais ils furent rapidement vaincus par Athaulf, le beau-frère d'Alaric.

Sack of Rome by the Visigoths
Sac de Rome par les Wisigoths
JN Sylvestre (Public Domain)

Réalisant l'impossibilité de poursuivre les négociations, surtout après que le général romain Sarus lui eut tendu une embuscade, Alaric retourna aux portes de Rome. Il avait tout essayé, même de faire nommer, sans succès, un sénateur acquis à sa cause, Attalus, en tant que nouvel empereur de Rome. Il alla jusqu'à prendre en otage la sœur d'Honorius, Galla Placidia, mais en vain. On lui avait refusé une alliance prévoyant le versement d'un tribut annuel d'or et de céréales, ainsi que l'attribution des provinces de Vénétie, de Norique et de Dalmatie. Dès lors, Alaric n'avait plus beaucoup d'options et, le 24 août 410, il se prépara à faire son entrée dans la cité de Rome, qui n'avait pas été mise à sac depuis l'an 390 av. J.-C. Lorsqu'un sympathisant anonyme ouvrit la Porta Salaria, une armée de 'barbares' s'engouffra dans Rome. C'est ainsi que le pillage commença; il devait durer trois jours. Alors que les maisons des riches étaient systématiquement pillées, les bâtiments incendiés et les temples païens détruits, les basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul furent épargnées. Fait étrange, lorsqu'Honorius apprit que Rome était sur le point de succomber il fut frappé de désespoir, non pas par amour pour la cité, mais parce qu'il pensait que son coq de combat bien-aimé, nommé Rome, avait péri.

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Alaric quitta la cité avec la ferme intention de s'installer en Sicile, puis en Afrique. Malheureusement pour lui, il ne fut jamais en mesure de réaliser son rêve et mourut peu de temps après, en l'an 410. Athaulf prit le contrôle de l'armée et finit par conduire les Goths en Gaule. Alaric n'avait reculé devant aucun effort pour assurer un foyer à ses compatriotes Goths: le sac de Rome était son dernier espoir. La cité ne devait jamais s'en remettre. Selon l'interprétation païenne, l'incendie de Rome était le résultat de la christianisation de la ville. D'autres considéraient Rome comme un symbole du passé, le nouveau centre de l'empire étant Constantinople. En l'an 476, soit 66 ans après la mort d'Alaric, la ville finit par tomber aux mains d'Odoacre, ce qui sonna le glas de l'Empire romain d'Occident.

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Traducteur

Yves Palisse
Linguiste passionné d'Histoire, Yves P Palisse est un traducteur indépendant possédant des années d’expérience dans les domaines de la traduction, de l’analyse des médias et du service à la clientèle. Après avoir beaucoup voyagé dans toute l'Europe, Il a fini par poser ses bagages à londres en 1999. Il a une passion pour les sciences humaines, le droit et la justice sociale.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant en Histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2014, septembre 04). Alaric [Alaric]. (Y. Palisse, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13229/alaric/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Alaric." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. modifié le septembre 04, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13229/alaric/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Alaric." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 04 sept. 2014. Web. 21 déc. 2024.

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