Goths

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Yves Palisse
publié le 12 octobre 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais, italien, portugais, espagnol
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
Visigothic Fibula (by Walters Art Museum, CC BY-SA)
Fibule Wisighote
Walters Art Museum (CC BY-SA)

Les Goths étaient une tribu germanique souvent citée pour son rôle déterminant dans la chute de l'Empire romain et sa prise de pouvoir subséquente dans la région de l'Europe du Nord, à commencer par l'Italie. Avant d'entrer en contact avec Rome, ils auraient certainement eu une longue histoire, mais il n'en existe aucune trace écrite.

Hérodote les présente d'abord comme des Scythes, n'oublions pas cependant qu'Hérodote ne s'embarrassait pas de détails lorsqu'il s'agissait de définir les peuples qu'il considérait comme des 'barbares'. Ainsi, il est entièrement possible qu'il ait classé les Goths comme des 'Scythes' tout simplement parce qu'ils occupaient des régions entourant la mer Noire, qui étaient traditionnellement des territoires scythes.

Supprimer la pub
Publicité

Il convient toutefois de noter que les historiens modernes récusent l'identification des Goths avec les Scythes. La source principale de l'histoire des Goths est l'ouvrage de Jordanès, l'Histoire des Goths (VIe siècle), qui présente une version à moitié mythique de l'histoire de ce peuple. C'est pourquoi son témoignage est accueilli avec un certain degré de scepticisme par quelques historiens et complètement rejeté par d'autres. L'ouvrage de Jordanès était en effet la synthèse d'une œuvre beaucoup plus longue, aujourd'hui perdue, de Cassiodore, un fonctionnaire romain ayant servi à la cour du roi goth Théodoric le Grand (vers 454-526). Or, il est généralement admis que Cassiodore avait inventé une grande partie de son histoire pour légitimer le règne de Théodoric en conférant aux Goths un passé illustre. L'origine géographique des Goths reste inconnue à ce jour.

La Postérité des Goths est difficile à établir, jusqu'à ce que l'on ne se rende compte que sans eux, le monde moderne n'existerait pas.

Ils apparaissent pour la première fois dans l'histoire romaine dans le récit que fait Pline l'Ancien (vers l'an 75) des voyages de l'explorateur Pythéas dans le nord de l'Europe et de son interaction avec le peuple qu'il appelle les Gutones, une tribu germanique identifiée comme étant les Goths (une identification confirmée par le récit de Ptolémée, un écrivain qui vécut peu de temps après Pline). Les Goths font l'objet d'une étude assez complète dans l'ouvrage de Tacite intitulé la Germanie (98), où ils sont décrits en détail. En outre, un certain nombre d'auteurs ultérieurs, tels qu'Ammien Marcellin (vers 390), qui rédigea une suite aux histoires de Tacite, s'intéressèrent également à l'histoire des Goths.

Supprimer la pub
Publicité

Les Goths furent définis plus tard par Cassiodore et classés en deux catégories: les 'Wisigoths' (Goths de l'Ouest) et les 'Ostrogoths' (Goths de l'Est), mais ils ne se désignaient pas eux-mêmes à l'origine par ces appellations. L'affirmation selon laquelle les Wisigoths étaient à l'origine gouvernés par une famille nommée Balthi (ou Baltes) et les Ostrogoths par l'illustre famille Amal semble contenir une part de vérité, mais on pense qu'elle aurait été enjolivée par Cassiodore ou, peut-être, par Jordanès.

Origine et migration possibles

Jordanès, qui avait des origines gothes, affirme que les Goths provenaient de Scandinavie, il écrit:

Supprimer la pub
Publicité

Or, de cette île de Scandza, comme d'une ruche de races ou d'une matrice de nations, les Goths seraient sortis, il y a bien longtemps, sous la conduite de leur roi, du nom de Berig. Dès qu'ils débarquèrent de leurs navires et posèrent le pied sur la terre, ils donnèrent immédiatement leur nom à ce lieu. Aujourd'hui encore, on dit qu'il s'appelle Gothiscandzan. (57)

Des historiens tels que Peter Heather ont identifié Gothiscandza avec la ville de Gdansk, dans la Pologne moderne. Cette théorie est généralement corroborée par des preuves archéologiques, bien qu'elle ne soit pas acceptée par tous les historiens, en particulier Michael Kulikowski. En effet, selon Kulikowski, puisque Jordanès est la seule source dont nous disposons sur l'histoire et les migrations des premiers Goths, et qu'une grande partie de ses travaux est sujette à caution, la théorie de la migration depuis la Scandinavie doit en toute logique être rejetée.

Gothic Warriors
Guerriers Goths
Amplitude Studios (CC BY-NC-SA)

Heather soutient cependant qu'il reste encore plus qu'assez de preuves de bonne qualité pour établir que la migration germanique du nord fut un facteur majeur dans la révolution stratégique du troisième siècle' (114). Il soutient également que cette migration aurait eu lieu des siècles avant que les Goths ne viennent jouer leur rôle essentiel dans la chute de Rome et dans le développement de l'Europe du Nord. C'est le degré de confiance que l'on accorde au récit de Jordanès ainsi que l'interprétation des preuves archéologiques qui déterminent le fait que l'on accepte ou non l'origine scandinave des Goths.

Selon Kulikowski, la thèse situant le lieu d'origine des Goths au nord de la mer Noire est une 'fantaisie fondée sur le texte'. En effet, pour lui les preuves archéologiques ont été interprétées pour correspondre au récit de Jordanès au lieu d'être évaluées selon leurs propres mérites (Heather, 113). Ce débat est loin d'être clos et, à l'heure actuelle, aucune nouvelle preuve n'est venue étayer l'un ou l'autre point de vue.

Supprimer la pub
Publicité

S'il est tout à fait possible que l'actuelle Gdansk soit l'ancienne Gothiscandzan, on ne saurait le prouver de manière concluante, même si la découverte en 1873 de plus de 3 000 tombes gothiques en Poméranie orientale, en Pologne (datant du Ier au IVe siècle) tend à confirmer cette affirmation. Cette découverte, appelée culture de Wielbark (du nom du village polonais où les tombes ont été découvertes), fait l'objet de la même controverse que celle évoquée plus haut, dans la mesure où les historiens qui soutiennent la thèse de Jordanès la perçoivent comme une validation de cette théorie, tandis que ceux qui la contestent affirment que le site a tout simplement été interprété de manière à donner raison aux travaux de Jordanès.

L'historien Walter Goffart soutient le point de vue selon lequel il ne faut pas interpréter les preuves archéologiques dans le contexte du travail de Jordanès, parce qu'elles ne sont tout simplement pas fiables. Selon Goffart, il n'existe pas d''histoire des Goths' avant leur interaction avec Rome et les récits qu'en ont fait les écrivains romains. Goffart affirme la théorie suivante:

Je suis de l'opinion de ceux qui considèrent que les Germains ne se sont jamais mélangés avec d'autres nations, mais qu'ils constituent une race pure, homogène et marquée d'un caractère distinct. C'est pourquoi, malgré leur grand nombre, ils ont tous un air de famille: des yeux bleus et sévères, des cheveux roux, des corps larges, puissants dans les efforts soudains, mais peu enclins au labeur, et encore moins capables de supporter la soif et la chaleur. Leur climat et leur sol les ont habitués à supporter le froid et la faim.

Même le fer n'est pas abondant chez eux, comme on peut le déduire de la nature de leurs armes. Ils se servent rarement d'épées ou de lances larges; mais ils portent généralement une lance, appelée dans leur langue framée, qui a une lame de fer, courte et étroite, mais si tranchante et maniable que, selon l'occasion, ils l'emploient soit pour combattre de près, soit pour combattre de loin.

Supprimer la pub
Publicité

Cette lance et un bouclier constituent tout l'armement de la cavalerie. Les fantassins disposent en outre d'armes de jet, plusieurs par homme, qu'ils lancent à une distance immense. Ils sont soit nus, soit légèrement couverts d'un petit manteau, et ne tirent aucune fierté de leur équipement: seuls leurs boucliers sont ornés des couleurs les plus vives. Peu d'entre eux sont équipés d'une cotte de mailles et c'est tout juste si l'on en rencontre quelques-uns qui portent un casque ou un heaume. Leurs chevaux ne sont remarquables ni par leur beauté ni par leur rapidité, et on ne leur apprend pas les diverses évolutions que nous pratiquons. La cavalerie s'avance en ligne droite ou tourne une fois à droite, en un corps si compact qu'aucun n'est en retard sur les autres. Leur principale force, dans l'ensemble, consiste en leur infanterie; c'est pourquoi, dans un engagement, celle-ci est mêlée à la cavalerie, tant l'agilité de ces fantassins, qu'ils choisissent parmi l'ensemble de leur jeunesse et placent en tête de ligne, s'accorde bien avec la nature des combats équestres.

Pour ce qui est de l'élection de leurs rois, ils tiennent compte de la naissance; pour ce qui est des généraux, ils tiennent compte de leur vaillance. Leurs rois ne disposent pas d'un pouvoir absolu ou illimité, et leurs généraux commandent moins par la force de l'autorité que par celle de l'exemple. S'ils sont audacieux, aventureux et remarquables dans l'action, ils obtiennent l'obéissance par l'admiration qu'ils inspirent.

Les Germains ne traitent aucune affaire, publique ou privée, sans être armés; mais il n'est pas d'usage qu'une personne prenne les armes avant que l'État n'ait approuvé sa capacité à s'en servir.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Sur le champ de bataille, il est déshonorant pour le chef d'être surpassé en bravoure; il est déshonorant pour les compagnons de ne pas égaler leur chef; mais c'est l'opprobre et l'infamie pour toute la vie que de se retirer du champ de bataille en lui survivant.

Dans les intervalles entre les guerres, ils passent leur temps moins à la chasse qu'à un repos léthargique, partagé entre le dormir et les plaisirs de la table. Tous les guerriers les plus braves, confiant le soin de la maison, des affaires familiales et des terres aux femmes, aux vieillards et à la partie la plus faible des domestiques, s'abandonnent à l'oisiveté. Leur boisson est une liqueur préparée à partir d'orge ou de blé qui, par fermentation, prend une certaine ressemblance avec le vin.

(La Germanie 17)

Cette description correspond aux récits ultérieurs sur les Goths, mais les historiens invitent à la prudence avant de conclure que les Goths postérieurs étaient le même peuple que celui dont parlait Tacite. À l'instar de la tribu des Alamans, l'identité tribale des Goths aurait subi une transformation entre le Ier siècle, époque à laquelle Tacite écrivait, et les IIIe et IVe siècles, époque à laquelle de nombreux autres récits furent rédigés. Heather précise:

Tous les groupes germaniques qui se trouvent au cœur des États successeurs de l'Empire romain de cette période - les Goths, les Francs, les Vandales, et ainsi de suite - peuvent être présentés comme de nouvelles unités politiques, créées en marche, beaucoup d'entre elles recrutant leurs adhérents au sein d'un large éventail de populations, dont certaines n'étaient même pas de langue germanique. Les unités politiques formées par les Germains au cours du premier millénaire n'étaient donc pas des groupes fermés reflétant une histoire linéaire, mais des entités qui pouvaient être créées et détruites et qui, entre-temps, augmentaient et diminuaient en taille en fonction des circonstances historiques. (20)

Les Goths qui, plus tard, s'allieraient aux Huns ou les combattraient selon les circonstances, et se battraient parfois pour et parfois contre Rome, n'étaient peut-être pas les mêmes que ceux décrits par Tacite, mais, contrairement aux Alamans, il semble qu'il y ait une plus grande probabilité qu'ils l'aient été, car les descriptions ultérieures semblent correspondre assez étroitement aux descriptions antérieures. En matière de religion, par exemple, les Goths décrits par Tacite pratiquaient le même type de paganisme tribal et nordique que celui défendu plus tard par des rois goths tels qu'Athanaric au IVe siècle. Le culte des ancêtres, la vénération de la nature et la reconnaissance des sites naturels sacrés, ainsi que les totems tribaux faisaient partie intégrante de la religion des Goths du Ier siècle, tout comme des Goths ultérieurs, jusqu'à l'arrivée du christianisme.

Langue et religion

La langue gothique est connue grâce à la traduction de la Bible du Grec en gothique par le missionnaire Ulfilas vers 350. Il s'agissait d'une langue de type teutonique, mais qui semble avoir été très différente des autres langues germaniques parlées dans la région. La traduction de la Bible gothique est basée sur l'onciale grecque (une forme d'écriture qui n'utilise que des majuscules), dont Ulfilas s'inspira pour créer sa Bible à l'aide de runes gothiques. On ne sait pas si cette langue avait déjà été écrite auparavant et, comme il ne reste que des fragments de la Bible d'Ulfilas, il est impossible de répondre à cette question. Cependant, la plupart des historiens pensent qu'Ulfilas fut le premier à consigner par écrit la langue parlée.

Bien entendu, le but des efforts d'Ulfilas était de poursuivre son travail de missionnaire parmi les Goths dans les meilleures conditions possibles, ce qui ne faisait pas l'unanimité parmi les Goths et, en particulier, parmi les dirigeants de la communauté gothique. Il convient de rappeler que la religion des Goths avant l'arrivée du christianisme était un paganisme nordique qui mettait l'accent sur la présence des esprits de la terre, des ancêtres et sur la primauté des dieux nordiques.

Le christianisme présentait quant à lui une vision totalement différente de l'univers, avec un Dieu unique, trônant au plus haut des cieux, qui avait envoyé son fils sur terre pour racheter l'humanité. Toutefois, le christianisme était considéré comme une 'religion romaine', donc une menace pour les traditions et le mode de vie des Goths. C'est pourquoi Les dirigeants goths prirent des mesures pour mettre un terme aux activités des missionnaires au sein de leur peuple. Ces mesures prirent le plus souvent la forme de persécutions brutales. Ces persécutions montèrent les familles gothiques les unes contre les autres et jouèrent sans doute un rôle important dans la guerre civile des Goths, mais les autorités gothiques semblent avoir considéré qu'elles valaient la peine d'être mises en œuvre pour tenir à distance l'influence de Rome.

Les Goths et Rome

La première invasion gothique de Rome eut lieu en 238, avec l'attaque de la ville d'Histia, dans l'actuelle Hongrie, qui avait été intégrée à l'Empire romain depuis l'an 30. On ne connaît pas exactement les raisons qui poussèrent les Goths à se lancer dans une telle invasion, mais il est fort probable que la faiblesse de l'empire à cette époque ait fait de villes provinciales comme Histia des cibles attrayantes pour les Goths ainsi que pour d'autres tribus. En effet, les Romains n'étaient plus en mesure de répondre avec la puissance militaire dont ils disposaient autrefois.

Military Camp in Medieval Northern Europe
Campement militaire dans l'Europe médiévale nordique
Mohawk Games (Copyright)

À cette époque, Rome traversait une période connue sous le nom de Crise du troisième siècle (235-284), au cours de laquelle l'empire connut une agitation constante qui aboutit à son éclatement en trois régions distinctes. Quelle qu'ait pu être leur motivation initiale, les Goths continuèrent à faire de nouvelles incursions en territoire romain. Les décennies suivantes furent marquées par un certain nombre de victoires des Goths sur les Romains. Ainsi, lors de la bataille d'Abrittus, en 251, les Romains furent écrasés par le roi goth Cniva (c. 250-c. 270). L'empereur Dèce et son fils trouvèrent tous deux la mort au cours de ce désastre militaire.

En outre, grâce à une marine nouvellement formée, les Goths se mirent à effectuer des raids sur les régions côtières et à pratiquer la piraterie. Ils conservèrent le contrôle de la région jusqu'à leur défaite face à l'empereur Aurélien (270-275 de notre ère) en 270. Au cours de cette bataille, le roi des Goths, Cannabaudes (qui était probablement le même homme que Cniva), fut tué avec 5 000 de ses hommes et les Goths furent repoussés en Dacie.

À ce stade de leur histoire, les Goths n'étaient pas considérés par les Romains comme des êtres humains, mais plutôt comme de dangereux parasites. L'historien Herwig Wolfram décrit ainsi la vision romaine des 'barbares' en général et des Goths en particulier au IIIe siècle:

Ce sont des barbares; leur langue ne semble nullement humaine, on croirait plutôt entendre des bredouillages et des borborygmes primitifs. Les barbares parlent également plusieurs langues à la fois ou séparément, car à leurs yeux, la langue n'est pas un critère d'appartenance à une tribu. Sous l'assaut de leurs horribles chansons, le mètre classique du poète antique est réduit à néant. Leur religion n'est que superstition et, sans être vraiment païenne, elle n'est guère plus qu'une forme corrompue de christianisme, une hérésie et pire encore. Car les barbares ne peuvent ni penser ni agir rationnellement; les débats théologiques leur sont totalement étrangers. À l'approche d'un orage, ils craignent que le ciel ne leur tombe sur la tête, renoncent à tout avantage éventuel sur le champ de bataille et s'enfuient. En même temps, ils sont animés d'une abominable pulsion morbide: ils se réjouissent véritablement à l'idée de mourir. Même leurs femmes participent au combat. Les barbares sont possédés par des démons qui les poussent à commettre les actes les plus horribles. Pour leurs contemporains, les barbares étaient plus proches de l'animal que de l'homme, et ils se demandaient même s'ils faisaient bien partie du genre humain. (6)

Le fait que les Romains aient considéré les Goths comme des êtres inférieurs ne les empêcha pas de les incorporer dans les rangs de leur armée. Ainsi, les Goths combattirent aux côtés des Romains lors des guerres romano-persanes et participèrent à la bataille de Misiche en 244, qui se solda par une défaite romaine et propulsa Philippe l'Arabe (244-249 de notre ère) au pouvoir à Rome. Le narratif historique accepté des Goths est qu'ils effectuèrent ensuite des incursions incessantes en territoire romain, alors même que leurs congénères combattaient dans les forces romaines. De plus, il est généralement admis que les Goths contribuèrent de manière significative à la chute de Rome. Des études historiques récentes ont toutefois remis en question ce point de vue et, comme l'écrit Goffart:

Selon le scénario traditionnellement accepté, les peuples germaniques auraient été en mouvement depuis le troisième ou le premier siècle avant J.-C. Ils se seraient engagés dans des migrations de masse périodiques, les tribus du nord exerçant ainsi une pression migratoire de plus en plus forte sur les peuples ayant émigré plus tôt vers le sud. C'est ainsi que la frontière romaine, qui avait pourtant résisté aux grandes migrations pendant plusieurs siècles, aurait fini par céder aux alentours de l'an 400. Les hordes germaniques en mouvement se seraient alors élancées pour s'installer sur le territoire de l'Empire. Cependant, les nombres concernés par cette dernière étape finale se révèlent remarquablement modestes: il ne s'agit tout au plus que d'une poignée de peuples, chaque groupe ne comptant que quelques dizaines de milliers d'individus. En outre, un grand nombre d'entre eux (si ce n'est tous) furent accueillis dans les provinces romaines sans pour autant déposséder ni transformer les sociétés d'accueil (4-5).

On pense aujourd'hui que s'il y eut bien des affrontements entre les armées de Rome et celles des Goths entre les années 238 et 400 (notamment la première guerre des Goths de 376 à 382 de notre ère), une partie importante de la population de l'Empire romain était d'origine gothique et avait adopté le mode de vie des Romains. Un certain nombre de batailles de la première guerre des Goths résultait de différends sur des accords fonciers, de promesses faites et non tenues, ou de mauvais traitements infligés aux Goths par les Romains.

Avant l'invasion de 238, les Goths avaient vécu le long des frontières romaines sans être ni amis ni ennemis de Rome. Après l'an 244, certains Goths vécurent comme des Romains, un grand nombre d'entre eux servirent dans l'armée, tandis que d'autres continuèrent à vivre là où ils avaient l'habitude de le faire et conservèrent leur culture gothique. Ceux qui s'étaient installés près des frontières de l'Empire romain, ou dans ses provinces, se séparèrent de ceux qui étaient restés dans leurs régions ancestrales. Ils allaient plus tard être connus sous le nom de Wisigoths, du nom de l'unité militaire romaine dans laquelle ils servaient, Visi-Vesi (bien que leur nom d'origine ait été les Tervinges), tandis que ceux qui étaient restés là où ils avaient toujours vécu étaient désignés sous le nom d'Ostrogoths (dont le nom d'origine était les Greuthunges).

Ces noms ultérieurs ne provenaient pas du peuple lui-même, mais de termes établis par Cassiodore au VIe siècle, selon lesquels on entendait par 'Wisigoths' les 'Goths de l'ouest' et par 'Ostrogoths' les 'Goths de l'est'. Cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y ait pas eu d'Ostrogoths dans les légions romaines ni de Wisigoths résidant en Germanie. Les deux noms semblent avoir été créés pour faciliter la référence aux peuples goths suivant les régions où ils résidaient ou s'ils combattaient pour ou contre Rome.

Athanaric et Fritigern: La guerre civile des Goths

La guerre civile des Goths, qui opposa Athanaric et Fritigern au début de l'année 370, fut à l'origine d'une rupture majeure entre les Goths Thervinges. Wolfram écrit que 'une tradition confuse [de documents sur cette guerre] ne permet pas d'en connaître la date exacte' (70). Athanaric était roi des Goths (certaines sources prétendent qu'il fut leur premier roi), un poste connu sous le nom de 'reiks' (prononcé 'rix') qui signifiait 'juge'. Des sources anciennes affirment que, lorsqu'il était plus jeune, Athanaric avait juré à son père de ne jamais faire confiance aux Romains et de ne jamais poser le pied sur le sol romain.

Les historiens modernes, sans écarter cette possibilité, supposent que son rôle de juge lui interdisait peut-être de quitter la région occupée par les Goths parce qu'il incarnait l'esprit de son peuple et qu'il ne pouvait pas dévaloriser sa position en se rendant dans un autre pays (qui, selon ses croyances, aurait été guidé par d'autres divinités) et en laissant son peuple sans chef, même pour une brève période.

En tout état de cause, Athanaric était un ennemi juré de Rome, tandis que Fritigern cherchait à gagner les faveurs de Rome en s'associant à l'empereur Valens. La différence de religion de ces deux hommes complique encore leur relation. Fritigern était un chrétien arien, tandis qu'Athanaric observait rigoureusement les croyances païennes traditionnelles de son peuple, qu'il avait juré de défendre en tant que juge. Fort de ce rôle, il organisa la persécution des Goths chrétiens.

Leurs divergences creusèrent un fossé tel entre les Goths païens et les Goths chrétiens qu'ils finirent par entrer en guerre les uns contre les autres. Athanaric vainquit Fritigern, qui fit appel à l'aide de Valens. L'empereur, également chrétien arien, vola naturellement à son secours. Selon certaines sources, c'est à ce moment-là que Fritigern se convertit au christianisme dans le cadre de l'accord conclu avec Valens.

Selon d'autres sources, il était déjà Chrétien, ayant été converti par l'entremise du missionnaire Ulfilas le Goth (311-383 de notre ère), qui fut le premier à introduire la nouvelle foi dans la région des Goths. Sa mission avait le soutien de Rome, pour qui le fait d'unifier les Goths sous les croyances religieuses romaines permettrait de les 'civiliser' et de réduire les risques de conflit. Il est possible que Fritigern se soit converti, avec ses disciples, à la demande de Valens, mais comme les deux hommes étaient déjà en étroit contact avant la conversion enregistrée vers l'an 376, Fritigern était sans doute déjà chrétien, même s'il ne l'était que de nom.

Valens, Capitoline Museums
Valens, musées capitolins
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Selon toute probabilité, comme le suppose Wolfram, Fritigern voyait dans une alliance avec Valens le moyen le plus rapide d'être admis dans les territoires de l'empire et de pouvoir installer son peuple dans la Thrace romaine. C'est pourquoi, à la demande de l'empereur, il fit plus tard une exhibition publique de sa conversion à la chrétienté arienne. Entre les années 367 et 369, Valens livra plusieurs fois bataille à Athanaric, mais le chef goth l'emporta à chaque fois sur les Romains, les attirant de plus en plus profondément dans son territoire pour les entraîner dans une guerre de harcèlement.

Bien que les sources ne fassent pas état de lourdes pertes de part et d'autre, ces récits (comme beaucoup d'autres de l'époque) manquent souvent de fiabilité, et il est possible que l'armée de Valens ait souffert davantage que les sources romaines n'aient bien voulu l'admettre. L'armée romaine continua néanmoins à marcher et à combattre en formation contre un ennemi qui connaissait le terrain et pouvait frapper sans prévenir et disparaître dans la forêt à volonté. Ce type de guerre devait être très démoralisant pour les troupes et, si Athanaric avait pu poursuivre le combat, il aurait sans doute été vainqueur.

Cependant, il en fut empêché par l'arrivée des Huns. Leurs raids avaient gravement perturbé la chaîne d'approvisionnement alimentaire des Goths et, l'absence de commerce avec Rome entraînant une pénurie de nourriture, Athanaric fut contraint de négocier un traité de paix avec Valens. Les deux chefs d'État signèrent finalement ce traité sur un bateau situé au centre du Danube, afin qu'Athanaric ne rompe pas son vœu de ne jamais poser le pied sur le sol romain et que Valens ne compromette pas son statut d'empereur de Rome en rencontrant le chef goth (un homme qu'il prétendait avoir vaincu) en terre gothique.

Le traité n'était conclu qu'entre Valens et les Goths reconnaissant l'autorité d'Athanaric dans la mesure où Fritigern était déjà un allié de Rome. Cette division entre les Goths ne ferait que s'accentuer au cours des décennies suivantes avec l'invasion de la région par les Huns menés par leur roi et chef, Attila.

Attila le Hun

Il est communément admis que les Goths furent poussés dans les provinces de l'Empire par les Huns. C'est vrai pour les années 376-378, mais ce n'est pas un juste reflet des relations entre les Goths et les Romains dans leur ensemble. Comme nous l'avons déjà indiqué, de nombreux Goths vivaient dans les provinces romaines et servaient dans l'armée romaine. Alaric Ier (394-410 de notre ère), le futur roi des Wisigoths, servit lui-même Rome en tant que soldat avant son ascension au pouvoir et son éventuel sac de Rome en 410. Il ne se décida à assiéger la ville qu'une fois que ses demandes répétées auprès des Romains pour que son peuple soit traité correctement eurent été systématiquement ignorées. La guerre d'Alaric contre Rome illustre la tension qui avait toujours existé entre les Goths et les Romains. Les Goths se battaient pour Rome mais, trop souvent à leur goût, ils n'étaient pas traités sur un pied d'égalité avec les citoyens romains.

Attila the Hun by Delacroix
Attila le Hun par Delacroix
Eugene Delacroix (Public Domain)

Les Huns étaient une autre 'tribu barbare' employée par l'armée romaine. Il s'agissait d'une tribu nomade qui vivait dans la région connue sous le nom de Caucase (à la frontière entre Europe et Asie) et qui est mentionnée pour la première fois par Tacite dans son ouvrage intitulé la Germanie (98) sous le nom de Hunnoi. Ils vainquirent une autre tribu germanique, les Alains, puis s'attaquèrent aux Greuthunges (Ostrogoths) qu'ils soumirent.

Ils attaquèrent ensuite les Tervinges (Wisigoths) qui s'enfuirent à travers les frontières de Rome. En 376, Fritigern demanda à l'empereur romain Valens l'asile sous la protection de Rome, ce qui lui fut accordé, et les Goths sous son règne traversèrent le Danube pour s'installer en territoire romain. Les mauvais traitements infligés aux Goths par les administrateurs provinciaux entraînèrent leur rébellion sous Fritigern et la bataille d'Andrinople (9 août 378), au cours de laquelle Valens fut tué et dont l'empire ne se remit jamais complètement. Traditionnellement, de nombreux historiens considèrent la bataille d'Andrinople comme la véritable date de la fin de l'Empire romain et citent l'invasion des Huns, qui conduisit les Goths jusqu'à Rome, comme l'un des principaux facteurs ayant contribué à cet événement.

Les Huns constituaient une menace persistante pour Rome, même s'ils servaient souvent comme mercenaires dans l'armée romaine, et ce même après l'accession d'Attila au rang de chef suprême. Quelle qu'ait été l'importance du rôle joué par Attila dans la disparition de Rome, il est certain qu'il exerça une forte influence sur la destinée des Goths. Ce sont en effet les premiers raids hunniques en territoire goth, vers 376, qui amenèrent tant de Goths à traverser le Danube pour se rendre à Rome et qui servirent de base à la vision traditionnelle d'une 'invasion gothique' de l'Empire romain. Ce sont toutefois les campagnes d'Attila qui provoquèrent l'aggravation définitive de la rupture entre les Goths et leur dispersion finale.

En 435, Attila et son frère Bléda négocièrent avec Rome le traité de Margus, censé maintenir la paix. Ils violèrent ensuite rapidement le traité et lancèrent des raids sur les territoires romains. Après avoir pillé de nombreuses villes et massacré leurs habitants, ils extorquèrent d'énormes sommes à Rome pour ne pas recommencer.

À la mort de Bléda, en 444, Attila devint le seul souverain des Huns et se lança dans un harcèlement quasi continu de l'empire. Il envahit la région de la Mésie (les Balkans) en 446/447, puis la Gaule (en 451) et l'Italie (en 452) jusqu'à sa mort en 453. Les Goths furent divisés par l'invasion des Huns et la guerre d'Attila contre Rome ne fit qu'accentuer cette rupture, les Ostrogoths se battant principalement pour les Huns et les Wisigoths se battant contre eux. Lors de la célèbre bataille des champs catalauniques en 451, des Goths, ainsi que des Alamans, se battirent dans les deux camps.

Après la mort d'Attila, les Goths, divisés, conservèrent leurs nouvelles identités distinctes. Le roi d'Italie, Odoacre (433-493), était peut-être Wisigoth, Ostrogoth ou d'une autre ethnie germanique, mais, quoi qu'il en soit, il fournit un foyer aux soldats principalement wisigoths sous son commandement en s'appropriant un tiers des terres d'Italie dès son arrivée au pouvoir.

Les Ostrogoths qui avaient combattu sous les ordres d'Attila rejoignirent les forces romaines ou s'en retournèrent dans leur patrie où ils servirent sous les ordres de leur roi, Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths (454-526). Théodoric fit assassiner Odoacre en 493 et devint à son tour roi d'Italie. Jusqu'à sa mort en 526, il régna sur un royaume séparé, mais égal, composé de Romains et de Goths.

Après sa mort, le pays entra dans une période de troubles qui culmina avec la deuxième guerre des Goths (535-554). Au cours de la dernière partie de ce conflit, les Goths d'Italie, menés par le roi des Ostrogoths, Baduila (plus connu sous le nom de Totila), combattirent les forces de l'Empire romain d'Orient dirigées par le général Bélisaire. Totila fut vaincu à la bataille de Taginae en 552, au cours de laquelle il fut mortellement blessé. Après sa mort, les Goths poursuivirent leur lutte pour l'indépendance vis-à-vis de Rome jusqu'à ce qu'ils ne soient complètement vaincus en 553 à la bataille du mont Lactarius (alias bataille du Vésuve).

Dès 554, leur cause était désespérée et les Goths commencèrent à se disperser dans les régions du nord de l'Europe (l'Italie, la France et l'Espagne actuelles). En 562, le nom d''Ostrogoth' était pratiquement inconnu et le royaume des Wisigoths était devenu celui des Francs. Leurs noms ne sont plus cités aujourd'hui que dans les livres d'histoire.

Europe in 526 CE
L'Europe en 526
Ramsey Muir (Public Domain)

Postérité

L'historien Herwig Wolfram écrit:

Quiconque s'intéresse à l'histoire des Goths doit s'attendre à être incompris, rejeté, voire stigmatisé. Cela n'est guère surprenant, car le sujet est chargé du poids idéologique d'une volonté, au cours des siècles, soit de rejeter les Goths en tant qu'incarnation de tout ce qui est mauvais et maléfique, soit de s'identifier à eux et à leur histoire glorieuse. (1)

Wolfram souligne qu'aucune autre nationalité, par exemple les Celtes, ne semble porter autant de bagages émotionnels et historiques que les Goths. Ils sont soit traditionnellement tenus pour responsables de la destruction de la civilisation de l'Empire romain, qui plongea la culture occidentale dans un 'âge des ténèbres', soit considérés comme des héros qui refusèrent de se plier au joug de Rome (les personnages d'Athanaric, de Fritigern, d'Alaric Ier et de Totila en sont les meilleurs exemples). Il est cependant tout à fait possible de considérer les Goths sous ces deux aspects. En effet, des études récentes présentent une vision des Goths plus équilibrée que celle du 'soit-soit', qui les a si longtemps définis. L'historien Philip Matyszak écrit:

Jusqu'à récemment, on partait automatiquement du principe que la civilisation romaine était une bonne chose. Rome a porté le flambeau de la civilisation au sein des ténèbres barbares et, après les inconvénients liés à la conquête, Rome a apporté le droit, l'architecture, la littérature et d'autres avantages similaires aux peuples conquis... Il existe aujourd'hui un autre point de vue, qui suggère que Rome est devenue la seule civilisation de la région méditerranéenne au prix de la destruction d'une demi-douzaine d'autres civilisations. Certaines de ces civilisations étaient aussi avancées que celle de Rome, voire plus. D'autres étaient en cours de développement, et la forme qu'elles auraient pu prendre est aujourd'hui perdue à jamais. (9)

Étant donné que les historiens se sont principalement appuyés sur des sources romaines pour présenter l'histoire des Goths, ce peuple est fréquemment assimilé au concept du 'barbare mal dégrossi' ou du 'noble sauvage'. En réalité, ils n'étaient ni l'un ni l'autre. Comme le souligne Wolfram, leur histoire ne peut être assimilée à celle de l'ancien peuple allemand, ni à celle du peuple slave, ni à celle d'aucun peuple vivant actuellement (74-75).

Les Goths sont entrés dans l'histoire à un moment charnière du déclin de l'Empire romain et ont joué leur rôle dans ce drame. Avec la disparition de l'Empire, ils ont régné sur deux grands royaumes: celui d'Odoacre et de Théodoric le Grand en Italie, et celui de Théodoric Ier en France. En Totila, le dernier grand roi des Ostrogoths, ils ont produit l'un des plus brillants chefs militaires de l'histoire, capable de rivaliser avec le légendaire Bélisaire de Rome, surnommé le 'dernier des Romains'. La victoire de Bélisaire marque la fin de l'histoire des Goths.

Il est donc difficile au premier abord de déterminer exactement en quoi consiste la postérité des Goths pour le monde moderne, jusqu'à ce que l'on se rende compte que, sans eux, il n'existerait pas. Le royaume d'Odoacre préserva les meilleurs aspects de l'Empire romain et celui de Théodoric le Grand maintint cette préservation. La civilisation occidentale s'est poursuivie après la chute de Rome, une entité qui se désintégrait chaque jour davantage et qui serait de toute façon tombée même si les Goths n'avaient jamais posé ne fût-ce que la pointe d'une botte sur le sol romain. Il est même permis de penser que ce sont les Goths qui ont préservé la lumière de la civilisation occidentale, alors même qu'ils ont contribué à renverser l'empire qui l'avait fait naître.

Supprimer la pub
Publicité

Questions & Réponses

Qui étaient les Goths?

Les Goths étaient une tribu germanique dont l'histoire fut écrite pour la première fois à l'époque romaine. Leur culture était très sophistiquée, mais on se souvient surtout d'eux comme de "barbares" qui contribuèrent à la chute de l'Empire romain en Occident.

D'où venaient les Goths?

L'origine des Goths est encore débattue, mais de nombreux spécialistes pensent qu'ils venaient de Scandinavie.

Quand la Bible fut-elle traduite du grec en gothique?

La Bible fut traduite du grec en langue gothique par le missionnaire gothique Ulfilas vers 350 ap. J.-C.

Pourquoi les Romains considéraient-ils les Goths comme des barbares?

Les Romains considéraient les Goths comme des barbares car leur langue était incompréhensible et leurs coutumes étrangères.

Traducteur

Yves Palisse
Linguiste passionné d'Histoire, Yves P Palisse est un traducteur indépendant possédant des années d’expérience dans les domaines de la traduction, de l’analyse des médias et du service à la clientèle. Après avoir beaucoup voyagé dans toute l'Europe, Il a fini par poser ses bagages à londres en 1999. Il a une passion pour les sciences humaines, le droit et la justice sociale.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2014, octobre 12). Goths [The Goths]. (Y. Palisse, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13289/goths/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Goths." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. modifié le octobre 12, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13289/goths/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Goths." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 12 oct. 2014. Web. 22 nov. 2024.

Adhésion