Lettres d'Amarna

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Définition

Priscila Scoville
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 06 novembre 2015
Disponible dans ces autres langues: anglais, grec, portugais, espagnol
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The Amarna Letters (by Osama Shukir Muhammed Amin, Copyright)
Lettres d'Amarna
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Les Lettres d'Amarna sont un ensemble de correspondances datant du 14ème siècle av. JC, échangées entre les souverains du Proche-Orient ancien et de l'Égypte. Ce sont peut-être les premiers exemples de diplomatie internationale. Leurs sujets les plus courants sont des négociations de mariage diplomatique, des déclarations d'amitié et des échanges de matériels. Le nom ‘Lettres d'Amarna’ dérive du lieu où les tablettes furent trouvées, l'ancienne ville d'Akhetaton (construite sur ordre du pharaon Akhenaton), connue aujourd'hui sous le nom de Tell el-Amarna, en Égypte.

Les premières lettres furent découvertes en 1887, et datent du 14ème siècle av. JC. Elles constituent le premier système diplomatique international que nous connaissions, c'est-à-dire qu'elles contiennent des règles, des conventions et des institutions concernant la communication et de la négociation. Bien qu'il existât déjà une autre forme de relation au début du 3ème millénaire av. JC, il s'agissait d'une simple communication écrite entre la Mésopotamie et la Syrie. Avec le temps s’ajoutèrent quelques règles basées sur la nécessité et se développa le début des mécanismes diplomatiques qui culmineront dans le système d'Amarna. Ainsi, la diplomatie fut créée pour être utilisée comme un outil dans le processus de création d'un empire.

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Même si la forme la plus simple de communication entre états existait déjà, c'est le système diplomatique amarnien qui étendit les relations dans tout le Proche-Orient, établissant pour la première fois des termes d'égalité entre les grandes puissances (Babylone, les Hattis, l'Égypte, le Mitanni, l'Assyrie). Les Lettres d'Amarna nous montrent que les grands rois du monde antique avaient à la fois des responsabilités et des privilèges qu'ils détenaient avec pouvoir et respect. Ainsi, le système amarnien apporta un concept de stabilité et de paix, bien que pas toujours réelle, pendant plus de deux siècles.

Amarna Letter Tablet from Tushratta
Tablette d'Amarna, Lettre de Tushratta, de Mittani
Priscila Scoville (CC BY-NC-SA)

Les tablettes couvrent les règnes des souverains Amenhotep III, Akhenaton, et peut-être Smenkhkarê ou Toutânkhamon, de la 18ème dynastie d'Égypte. Le système continua cependant à être utilisé pendant environ cent ans après la fin de la période amarnienne.

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COHEN et WESTBROOK NOUS DISENT QUE LES LETTRES D'AMARNA SONT LE PREMIER SYSTÈME DIPLOMATIQUE CONNU.

Les chercheurs R. Cohen et R. Westbrook nous disent l'importance d'étudier les lettres amarniennes et que l’on devrait leur accorder plus d'attention aujourd'hui car ces tablettes constituent le premier système diplomatique connu. En observant les mécanismes utilisés dans le passé, nous pouvons en savoir plus sur les différents types de relations et sur la manière dont ils évoluèrent et se modifièrent au fil du temps. Cela signifie que nous pouvons en apprendre davantage sur les contacts entre des civilisations aussi éloignées, et reconnaître que l'isolement ne faisait pas partie de la vie antique. En prenant conscience de la sophistication des relations internationales à cette époque, nous pouvons améliorer considérablement notre façon de percevoir le passé lointain.

Structure des Lettres

Il existe 382 tablettes connues, classées chronologiquement et géographiquement avec l'acronyme ‘EA’, par J. A. Knudtzon, en 1907. Cependant, lorsque ce linguiste organisa les tablettes dans ‘Die El-Amarna-Tafeln’, seulement 358 étaient connues, les 24 autres, à l'exception des EA 80-82, furent analysées en 1970 par Anson F. Rainey.

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Amarna Letter from Biridiya
Lettre d'Amarna de Biridya, de Megiddo
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Certaines de ces tablettes (au nombre de 32) ne sont pas des lettres, mais probablement du matériel d’apprentissage pour les scribes. Les lettres elles-mêmes furent classées par Jean Nougayrol en deux groupes, ‘lettres d'envoi’ et ‘lettres d'injonction’. La majeure partie de la correspondance est en fait une combinaison de ces deux types, c'est-à-dire que les lettres indiquent les cadeaux envoyés et demandent quelque chose en retour.

La plupart des lettres furent reçues par des Égyptiens, et seules quelques-unes furent écrites par le pharaon. Nous ne savons pas pourquoi ces lettres se trouvaient réunies, peut-être n'ont-elles jamais été envoyées ou étaient-elles des copies archivées. Il y a aussi deux autres subdivisions, à côté des lettres d’apprentissage: les lettres internationales (que les souverains égyptiens échangeaient avec les grandes puissances du Proche-Orient et les royaumes indépendants) et les lettres administratives (échangées dans la région Syrie-Palestine, principalement avec des vassaux égyptiens).

Amarna Letter from Abdi-Tirshi
Lettre d'Amarna de Abdi-Tirshi, de Hazor
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Matériels d’Apprentissage

Dans l'état actuel de la recherche, nous ne savons pas grand-chose de ces 32 tablettes d'apprentissage. Elles ont des thèmes variés tels que des mythes et des épopées (EA 356-59, et probablement EA 340 et EA 375), des syllabaires (EA 348, 350, 379), des textes lexicaux (EA 351-54, 373), des listes de dieux (EA 374), un conte d'origine hourrite (EA 341), une liste de mots égyptiens écrits en cunéiforme avec des équivalences babyloniennes (EA 368), enfin, une tablette est peut-être une amulette (EA 355). Selon William Moran, les autres (EA 342-47, 349, 260-61, 372, 376-77, 380-81) sont trop fragmentées et leur contenu reste à déterminer.

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Correspondance Internationale

Les lettres de ce groupe peuvent être divisées entre celles échangées avec les royaumes indépendants et celles échangées avec les grandes puissances.

  • Royaumes indépendants: il n'y a que deux lieux dans cette catégorie, à savoir Arzawa (EA 31-32) et Alashiya (EA 33-40). Arzawa était située sur la côte sud de l'Anatolie. L'alliance avec l'Égypte se fit via un mariage diplomatique. Alashiya se trouvait à Chypre et était connue comme source de cuivre.
  • Grandes puissances: elles constituaient un groupe fermé au sein duquel les royaumes étaient traités sur un pied d'égalité. Il s'agissait des territoires les plus influents et les plus prospères. L'Égypte n'entra dans ce groupe qu'après les campagnes de Thoutmosis III. Les autres étaient Babylone, Hatti, Mitanni et l'Assyrie. Comme ils étaient égaux, ils avaient une relation ‘fraternelle’ et devaient employer une forme spécifique lorsqu'ils s'écrivaient. Tout d'abord, ils devaient identifier qui écrivait et pour qui la lettre était écrite, puis faire part de leurs souhaits à l'autre, comme le montre l'exemple ci-dessous [d’une lettre du roi du Mittani à Akhénaton]:

Dit à Naphurreya, roi d'Égypte, mon frère, mon gendre, que j'aime et qui m'aime: ainsi dit Tushratta, Grand Roi, roi du Mitanni, ton beau-père, qui t'aime, ton frère. Pour moi, tout va bien. Pour toi, que tout aille bien. Pour Tiyi, ta mère, pour ta famille, que tout aille bien. Pour Tadu-Heba, ma fille, ton épouse, pour le reste de tes épouses, pour tes fils, pour tes magnats, pour tes chars, pour tes chevaux, pour tes troupes, pour ton pays, et pour tout ce qui t'appartient, que tout aille très, très bien. (EA 27).

Le reste de la lettre était moins stéréotypé, faisant des demandes ou énumérant des objets envoyés. Comme nous l'avons dit, ils présentaient normalement à la fois des demandes et des cadeaux. Les sujets les plus courants étaient les négociations de mariage diplomatique, les déclarations d'amitié et les échanges de matériels.

Amarna Letter from Yapahu
Lettre d'Amarna de Yapahu, de Gazru
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Correspondance Vassale

Sous le règne de Thoutmosis III, l'armée égyptienne alla jusqu'à l’Euphrate, établissant un empire en Canaan. Ces territoires devinrent vassaux de l'Égypte, et quelques exemples sont Amurru (EA 60-67, 156-71), Byblos (EA 68-138, 362, 139-40), Damas (EA 194-97), et Qadesh (EA 189-190).

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Les vassaux égyptiens s'adressaient au pharaon en l'appelant "mon seigneur" ou "mon Soleil", et commençaient généralement les lettres selon un modèle similaire à celui-ci [message de Rib-Hadda, roi de Byblos, au Pharaon]:

Dit au roi, mon seigneur, le Soleil : Message de Rib-Hadda, ton serviteur. Je tombe aux pieds de mon seigneur 7 fois et 7 fois (EA 85).

Les vassaux, en théorie, devaient obéir à leurs seigneurs, et bien que les vassaux égyptiens déclarent et affirment constamment leur loyauté au Pharaon, certains d'entre eux furent des traîtres, négociant avec les Hittites, comme Qadesh et Amurru. D'autres, comme Byblos et Damas, étaient vraiment loyaux envers l'Égypte mais étaient réprimés par les traîtres.

Amarna Letter from Shipti Ba'al of Lagash
Lettre d'Amarna de Shipti Ba'al, de Lagash
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Les Lettres Aujourd'hui

Comme indiqué précédemment, nous connaissons 382 tablettes, mais toutes ne furent pas trouvées en même temps, ce qui signifie que différents groupes d'archéologues et d'universités découvrirent différentes parties, ainsi les tablettes sont aujourd'hui disséminées dans le monde entier. On peut les voir dans des musées comme le Vorderasiatisches Museum (Berlin), le British Museum (Londres), le Louvre (Paris), et le Musée égyptien (Le Caire).

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En 1992, William Moran traduisit les 350 lettres en anglais pour la première fois. Grâce à son livre, The Amarna Letters, la correspondance peut maintenant être facilement explorée par les chercheurs du monde entier; avant cela, seule la version en cunéiforme était disponible. En 2014, une nouvelle édition des lettres a été publiée par Anson F. Rainey et éditée par William M. Schniedewind et Zipora Cochavi-Rainey. Le livre, The El-Amarna Correspondence, contient des traductions, des transcriptions cunéiformes et des commentaires des lettres.

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Bibliographie

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Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

Priscila Scoville
BA, MA and PhD candidate in History. Universidade Federal do Rio Grande do Sul, Brazil. I currently study Ancient Egypt and its relations with the Near East in time of Akhenaten.

Citer cette ressource

Style APA

Scoville, P. (2015, novembre 06). Lettres d'Amarna [Amarna Letters]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13329/lettres-damarna/

Style Chicago

Scoville, Priscila. "Lettres d'Amarna." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le novembre 06, 2015. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13329/lettres-damarna/.

Style MLA

Scoville, Priscila. "Lettres d'Amarna." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 06 nov. 2015. Web. 21 déc. 2024.

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