Vandales

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 25 novembre 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol, Turc
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Genseric (Gaiseric) Sacks Rome 455 CE (by Mathiasrex, Public Domain)
Sack de Rome par Genséric, 455 ap. JC
Mathiasrex (Public Domain)

Les Vandales étaient une tribu germanique, mentionnée pour la première fois dans l'histoire romaine dans l'Histoire Naturelle de Pline l'Ancien (77 ap. JC). L'historien romain Tacite les mentionne également dans sa Germania (vers 98 ap. JC), mais il les appelle aussi les ‘Lugii’. Leur nom peut signifier ‘les vagabonds’, et Pline et Tacite leur donnèrent le nom de ‘Vandilii’ (Vandales). Le nom ‘vandale’ est devenu synonyme de destruction à la suite des récits d'auteurs romains décrivant leur comportement violent en général, et le sac de Rome en 455 ap. JC, en particulier.

L'historien Torsten Cumberland Jacobsen, entre autres, a fait remarquer que cette identification de la destruction gratuite avec les Vandales est malheureuse. Jacobsen écrit :

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Malgré la connotation négative que leur nom porte aujourd'hui, les Vandales se comportèrent bien mieux lors du sac de Rome que beaucoup d'autres envahisseurs barbares. (52)

Parmi les nombreuses autres tribus germaniques, les Vandales faisaient partie du mouvement que les historiens appellent ‘L'Errance des Nations’, qui se déroula en gros entre 376 et 476 ap. JC (bien que l'on pense généralement qu'il commença plus tôt et se poursuivit plus tard), au cours duquel des migrations à grande échelle eurent lieu (souvent en raison des incursions des Huns), rapprochant les tribus germaniques de l'Empire Romain et d'autres cultures.

Les Vandales franchirent la frontière romaine vers 270 ap. JC, et firent partie de l'histoire de Rome à partir de cette date jusqu'à la Bataille de Tricaméron, en Afrique du Nord, en 534 ap. JC. Le roi vandale Gélimer (règne 530-534 ap. JC) fut vaincu par le général romain Belisaire (505-565 ap. JC) lors de cette bataille, après quoi les Vandales cessèrent d'exister en tant qu'entité cohérente.

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Histoire Ancienne

On pense que les Vandales étaient originaires de Scandinavie et qu'ils migrèrent vers la Silésie vers 130 av. JC. On les a identifiés à la culture de Przeworsk de l'Âge du Fer en Pologne, bien que ceci ait été contesté, de même que pour celle des Goths identifiée à celle de Wielbark de Pologne. Jacobsen, dans son ouvrage intitulé A History of the Vandals, écrit :


Pour tenter de retracer l'origine des Vandales, nous devons combiner des sources archéologiques et historiques, qui sont au mieux fragiles et contradictoires. En raison de la difficulté et de la rareté des sources, toute affirmation concernant l'histoire des Vandales devrait être précédée de "Nous pensons qu'il est possible que…", et se terminer par "... mais nous n'avons que peu ou pas de preuves réelles". (3)

On ne sait même pas si ‘Vandales’ était leur nom d'origine, car Tacite les appelle à la fois Vandales et Lugii, et les historiens ne savent pas si les Vandales étaient une tribu dominante dont les Lugii étaient un sous-groupe, ou si la tribu entière était simplement désignée par deux noms. Quoi qu'il en soit, il semble clair, d'après l’oeuvre de Tacite, qu'il existait un certain nombre de tribus germaniques distinctes que les auteurs romains appelaient ‘Vandales’. À un moment donné, la tribu se divisa en unités distinctes (ou fut peut-être toujours distincte et décida seulement de se séparer), et deux de ces tribus, les Sillings et les Hasdings, migrèrent vers le sud.

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ROME FUT CONTRAINTE DE DEMANDER LA PAIX ET DE RÉTABLIR LE TRAITÉ DE 442 AP. JC, PERMETTANT AUX VANDALES DE FAIRE CE QU'ILS VOULAIENT QUAND ILS LE VOULAIENT.

Les Vandales Silings n'allèrent pas loin et restèrent en Silésie (à peu près la Pologne moderne), tandis que les Hasdings habitaient la région des montagnes des Sudètes. Les Hasdings furent invités en Dacie par les Romains en tant qu'alliés pendant les guerres Marcomaniques de 166 à 180 ap. JC, mais pendant et après le conflit, ils semblent avoir causé plus de problèmes à Rome qu'ils ne lui apportèrent d'aide.

Les sources "difficiles et maigres" dont parle Jacobsen interviennent ici car, selon l'Histoire de Pierre le Patrice, les Vandales étaient les alliés de Marc Aurèle alors que, selon l’historien Eutrope, ils étaient ses adversaires. L'historien Dion Cassius (155-235 ap. JC) rapporte qu'ils n'étaient ni l'un ni l'autre, mais simplement des agriculteurs et des fédérés de Rome qui, en 171 ap. JC, furent autorisés à vivre en Dacie sous la domination de leurs rois Raus et Raptus. Si l'on ne sait donc pas exactement quelles étaient leurs relations avec Rome au début, ils s'engagèrent en tout cas progressivement dans des hostilités avec elle.

Guerre avec Rome

Vers 270 ap. JC, ils faisaient régulièrement des incursions dans les territoires romains, et en 271 ap. JC, ils furent repoussés et vaincus par l'empereur Aurélien (r. 270-275 ap. JC). Auparavant cependant, ils avaient été les alliés de Rome et, comme les Goths, ils servaient dans l'armée. Aurélien les repoussa au-delà du Danube. Dans son Histoire des Goths, Jordanès écrit :

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En ce temps-là, ils habitaient le pays où vivent maintenant les Gépides, près des rivières Marisia, Miliare, Gilpil, et la Grisia qui dépasse en taille les précédentes. Ils avaient alors à l'est les Goths, à l'ouest les Marcomans, au nord les Hermunduli, et au sud l’Hister, qui s'appelle aussi le Danube. À l'époque où les Vandales habitaient cette région, une guerre fut déclenchée contre eux par Gébéric, roi des Goths, sur la rive du fleuve Marisia que j'ai mentionné. Là, la bataille fit rage pendant un certain temps à armes égales. Mais bientôt Wisimar lui-même, roi des Vandales, fut renversé, avec la plus grande partie de son peuple. Lorsque Gébéric, le fameux chef des Goths, eut conquis et dépouillé les Vandales, il retourna à la place d'où il était venu. Alors, le reste des Vandales qui s'étaient échappés, rassemblant une bande de leur peuple peu guerrier, quittèrent leur malheureux pays et demandèrent à l'empereur Constantin la Pannonie. Ils s’y établirent pendant environ soixante ans et obéirent aux ordres des empereurs comme des sujets. (83-84)

Les Vandales étaient principalement des agriculteurs qui aménageaient leurs terres, généralement dans les vallées fluviales, de manière à former un village circulaire. Ils vivaient des cultures et de l'élevage d'animaux de boucherie, et aussi du commerce. Jacobsen écrit : "Les maisons étaient d'une ou deux pièces, avec des murs en bois ou en osier recouverts d'argile... Les Vandales étaient également des artisans. Parmi les métiers, le forgeage des armes était très respecté" (6). Ils étaient également habiles dans la fabrication de bijoux, de céramiques et de tissages. Ils étaient gouvernés par un roi (ou deux, qui exerçaient probablement un pouvoir égal) et semblent avoir eu une classe supérieure de noblesse. Jacobsen note qu'ils étaient réputés pour leurs compétences en matière d'équitation et "qu'un rôle important était de s'occuper des chevaux pour la guerre" (6).

Les sources antiques décrivent les Vandales comme grands, blonds et beaux, et bien qu'il soit fait bien sûr mention de leur vie domestique et de leur structure sociale, l'accent est souvent mis sur leur brutalité à la guerre. L'empereur romain Probus (r. 276-282 ap. JC) les vainquit deux fois en 277 et 278 ap. JC et en tua un grand nombre, soit parce qu'ils ne voulaient pas se comporter conformément au traité de paix, soit parce qu'ils ne cessaient pas de se battre. Ceux qui survécurent et se soumirent furent incorporés dans l'armée romaine et envoyés en Grande-Bretagne.

Constantin Ier (r. 324-337 ap. JC) regroupa les Vandales en Pannonie en 330 ap. JC, où ils coexistèrent avec leurs voisins romains, sauf pour ce qui concernait la religion. Les Vandales étaient des Chrétiens ariens, tandis que les Romains étaient des Chrétiens trinitaires (ou nicéens). Les différences religieuses causèrent des problèmes entre Vandales et Romains, mais ils furent oubliés temporairement, lors de l'invasion de la région par les Huns.

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En 376 ap. JC, alors que les Goths de Fritigern (mort en 380 ap. JC) fuyaient les Huns, ils furent autorisés à entrer dans l'empire comme, bien sûr, les citoyens romains vivant en Pannonie. Les Vandales, et de nombreuses autres tribus, ne le furent pas. Les invasions hunniques se poursuivirent jusqu'à ce que, en 406 ap. JC, un grand nombre de tribus barbares se soient rassemblées le long de la frontière romaine de l'autre rive du Rhin, en quête de sécurité à l'intérieur des frontières de l'empire. Le général romain Stilicon (359-408 ap. JC) avait réduit la garnison qui gardait la frontière car il avait besoin du maximum d'hommes pour combattre Alaric Ier (r. 395-410 ap. JC) et son armée goth.

Par une nuit d'hiver de 406 ap. JC, les Vandales traversèrent le fleuve gelé et se déversèrent dans l'empire. Ils ravagèrent la Gaule et se dirigèrent vers l'Hispanie, installant leur peuple dans les deux régions. Les hostilités entre les Vandales, les Francs, les Romains et d'autres tribus se poursuivirent jusqu'en 420 ap. JC, date à laquelle les Vandales s'emparèrent de plusieurs des ports les plus importants d'Hispanie et furent en mesure de construire une marine pour se défendre contre Rome.

À cette époque, Gunderic (l. 379-428 ap. JC) était roi des Vandales et des Alains et parvenait à tenir les Romains à distance. Il eut cependant moins de succès contre les Wisigoths d'Hispanie qui habitaient déjà la région à l'arrivée des Vandales. Gunderic mourut en 428 ap. JC et c'est c’est son demi-frère, Genséric (ou Gaiseric, r. 428-478 ap. JC) qui lui succéda, et qui deviendrait le plus grand roi vandale et l'un des monarques les plus efficaces du monde antique.

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Règne de Genséric

Alors que les Vandales consolidaient leur pouvoir en Espagne et combattaient les Wisigoths, l'Empire Romain souffrait de ses habituels problèmes d'intrigues de cour. L'Empereur d’Occident était Valentinien III (r. 425-455 ap. JC), qui n'était alors qu'un enfant, et le pouvoir réel appartenait à sa mère, Galla Placidia (392-450 ap. JC) et au général Flavius Aetius (391-454 ap. JC). Les Romains favorisaient généralement soit Aetius, soit Galla, et les deux étaient presque constamment occupés à essayer d'élaborer des plans visant à contrecarrer les projets de l'autre.

Vers 428 ap. JC, Aetius conçut un plan dans lequel un de ses rivaux, le général Boniface (mort en 432 ap. JC), qui régnait en Afrique du Nord, fut accusé de trahison envers Valentinien III et Galla Placidia. Aetius demanda à Galla de faire venir Boniface d'Afrique du Nord pour répondre aux accusations, tout en glissant à Boniface que Galla prévoyait de l'exécuter à son arrivée. Lorsque Boniface fit savoir à Galla qu'il ne viendrait pas, Aetius déclara que c'était la preuve de sa trahison.

C'est à ce moment-là, selon l'historien Procope de Césarée, que Boniface invita les Vandales d'Hispanie à venir en Afrique du Nord en tant qu’alliés contre une invasion romaine. Boniface, comme Galla devait le reconnaître bientôt, était innocent des charges contre lui, et comme il contrôlait six provinces en Afrique du Nord et la puissance militaire pour les défendre, il ne devait pas avoir eu besoin d'un accord avec les Vandales. Néanmoins, comme Aetius et Galla étaient des ennemis redoutables, Boniface aurait pu envoyer l'invitation à Genséric afin de rassembler autant d'hommes que possible.

Selon un autre récit de l'invasion de l'Afrique du Nord par les Vandales, Genséric aurait été blessé lors d'une chute de cheval et serait devenu boiteux. Il aurait ainsi décidé de mener désormais la guerre par la mer, ce qui le conduisit à envahir afin d'établir une base navale à Carthage. Les historiens ont discuté le pour et le contre ces deux affirmations et la question n'est pas close. Le plus probable est que Genséric voulait simplement pour son peuple une patrie riche en ressources et exempte de Wisigoths, et qu'il profita donc de la situation confuse des Romains pour envahir lorsqu'il sentit que Boniface ne pouvait rien faire. Ou bien, il accepta simplement l'invitation de Boniface avec un plan en tête pour prendre la province. L'Afrique du Nord était le principal fournisseur de céréales de l'Empire Romain, et si Genséric la contrôlait, il serait en mesure de négocier efficacement avec les Romains à son avantage.

Quelles qu'aient été ses raisons, Genséric conduisit 80 000 de ses concitoyens d'Hispanie en Afrique du Nord en 429 ap. JC. Les historiens continuent de débattre pour savoir s'il s'agissait de 80 000 ou de 20 000 personnes, mais l'historien Walter A. Goffart (à la suite d’autres) note :

Le fait que Geiseric ait conduit 80 000 Vandales et peuples associés d'Espagne en Afrique en 429 est considéré comme la seule information certaine que nous ayons sur la taille des groupes barbares à l'époque des invasions. La certitude vient du fait qu'elle est attestée par des informateurs apparemment indépendants, l'un latin, l'autre grec. (231)

Une fois en Afrique, si l'on accepte l'affirmation selon laquelle Boniface l'avait invité, il se retourna contre son hôte et mena ses forces contre l'armée impériale. Il s'empara de la ville d'Hippone (où Saint Augustin était alors évêque) après un siège de quatorze mois, et quelques années plus tard, de Carthage. Il enchaîna les victoires, conquit des villes jusqu'à ce qu'il soit maître de l'Afrique du Nord et que les Vandales aient leur propre patrie, au grand dam de Rome. L'historien Roger Collins écrit : "La détermination à reconquérir l'Afrique domina la politique impériale occidentale pendant les quinze années suivantes" (90). Les Romains ne devaient cependant y parvenir qu'après la mort de Genséric.

Routes of the Barbarian Invaders
Itinéraire des invasions barbares
The Department of History, United States Military Academy (Public Domain)

Sac de Rome

Depuis leur port de Carthage, les Vandales lançaient désormais leur flotte à volonté et contrôlaient la Méditerranée, qui appartenait auparavant à Rome. La marine de Genséric pillait tous les navires qui croisaient son chemin et faisait des raids sur les côtes. Les plans et les tentatives des Romains pour chasser Genséric et son peuple d'Afrique du Nord n'aboutirent à rien, et ainsi en 442 ap. JC, les Romains reconnurent le Royaume Vandale comme une entité politique légitime, et un traité fut signé entre Genséric et Valentinien III.

En 455 ap. JC, Valentinien assassina Aetius et fut lui-même assassiné peu après par Pétrone Maxime. Genséric prétendit que cela annulait le traité de 442 ap. JC, qui n'avait été valide qu'entre lui et Valentinien. Il fit voile vers l'Italie avec sa flotte, débarqua sans résistance à Ostie et marcha sur Rome. Les Romains reconnurent que leur force militaire était insuffisante pour faire face aux Vandales et firent donc confiance aux talents de diplomate du Pape Léon Ier (r. 440 à 461 ap. JC) qu'ils envoyèrent à la rencontre de Genséric pour implorer sa clémence.

Léon dit à Genséric qu'il était libre de piller la ville mais lui demanda de ne pas la détruire ni de faire de mal aux habitants - et Genséric accepta. Cette décision fut très avantageuse pour Genséric sur de nombreux points, mais surtout parce que l'Italie souffrait d'une famine et que, lorsqu'il débarqua à Ostie, Genséric reconnut que son armée ne pourrait pas faire un siège prolongé de la ville parce qu'elle n'aurait rien eu à manger, et que les murs de Rome étaient redoutables. Son assentiment à la demande de Léon était donc plus un acte d'opportunité et de prudence que de pitié.

Les Vandales s'emparèrent de tout ce qui avait de la valeur, qu'il s'agisse de trésors personnels, d'ornements de bâtiments ou de statues, mais ils ne détruisirent pas la ville et peu de personnes furent blessées en dehors de Pétrone Maxime qui fut tué par une foule romaine alors qu'il tentait de fuir; il fut capturé en dehors des murs. Les Vandales pillèrent la ville, puis rejoignirent leurs navires et rentrèrent chez eux, emmenant avec eux un certain nombre d'otages de haut niveau, dont la veuve de Valentinien III et ses filles. L’historien Roger Collins écrit :

Le sac de Rome en 455 ap. JC eut pour effet immédiat de faire paraître la menace vandale sur l'Italie bien plus sérieuse que [les autres]. Bien que les Vandales soient immédiatement retournés en Afrique avec leur butin, l'épisode fit prendre conscience en un jour de ce qui ne semble pas avoir été correctement évalué auparavant, à savoir, la vulnérabilité de l'Italie, et de Rome en particulier, aux raids maritimes. (88)

Réalisant qu'ils ne pouvaient plus se permettre de tolérer les Vandales en Afrique du Nord, les Romains rassemblèrent leurs forces et lancèrent une attaque en 460 ap. JC. Genséric, qui était toujours attentif aux mouvements militaires romains, lança alors une attaque préventive et détruisit ou captura la majeure partie de la flotte romaine. En 468 ap. JC, les moitiés orientale et occidentale de l'Empire s'unirent contre les Vandales et envoyèrent contre eux l'ensemble de leur flotte. Genséric surprit les Romains et les vainquit, détruisant 600 de leurs navires et capturant les autres. Rome fut obligée de demander la paix et le général Ricimer qui, en réalité, gouvernait l'Empire romain d'Occident à ce moment là, dut accepter les conditions de Genséric, qui ne faisaient que reprendre le traité de 442 ap. JC, permettant aux Vandales de faire ce qu'ils voulaient quand ils le voulaient.

Mort de Genséric et Conflit avec Rome

Genséric mourut paisiblement de cause naturelle en 478 ap. JC. Tant qu'il régnait, les Vandales étaient en sécurité, mais après sa mort, le royaume vandale commença à décliner. Son fils Hunéric (r. 478-484 ap. JC) lui succéda. Il consacra plus de temps et d'énergie à persécuter les Chrétiens trinitaires de son royaume qu'à autre chose. À sa mort en 484 ap. JC, son neveu Gunthamund (r. 484-496 ap. JC) lui succéda. Il mit fin aux persécutions des Trinitaires par les Chrétiens ariens et rappela les évêques et le clergé catholiques qui s'étaient exilés. Gunthamund mourut en 496 ap. JC et fut remplacé par Thrasamund (r. 496-523 ap. JC), qui gouverna efficacement jusqu'en 523 ap. JC, date à laquelle il mourut et fut remplacé par le fils d'Huneric, Hildéric (r. 523-530 ap. JC).

Genséric avait mis en place un système de succession selon lequel l'homme le plus âgé d'une famille accédait au pouvoir à la mort du roi. Il espérait ainsi éviter les problèmes de succession, ce qui fut le cas, mais cela garantissait aussi que les rois monteraient sur le trône à un âge de plus en plus avancé. Hildéric avait une soixantaine d'années lorsqu'il devint roi, et ceux qui lui succédèrent étaient dans la même tranche d'âge. L'historien Guy Halsall écrit : "L'âge des derniers rois vandales explique sans doute leur manque de vigueur dans la gestion des problèmes qui assaillaient leur royaume" (295).

Les Maures se soulevèrent contre les royaumes vandales du nord et défirent les forces d'Hildéric vers la fin de son règne (la date n'est pas connue). Le neveu de Thrasamund, Gélimer, se lassa de la gestion incompétente du royaume par Hildéric et le fit emprisonner, ainsi que sa famille, après cette défaite contre les Maures. Cependant, ce n'était pas seulement le manque de compétences militaires d'Hildéric qui dérangeait Gélimer, mais aussi son adoption du Christianisme trinitaire. Gélimer, comme Genséric et la majorité des Vandales, était un Chrétien arien. Gélimer prit le trône et commença à rétablir les persécutions des Chrétiens trinitaires de l'époque d'Hunéric.

Coin of King Gelimer
Pièce du Roi Gélimer
Classical Numismatic Group, Inc. (CC BY-SA)

Sa politique anti-trinitaire provoqua la colère de l'Empereur Romain d'Orient Justinien Ier (r. 527-565 ap. JC), qui lui envoya une lettre sévère lui demandant d'arrêter immédiatement les persécutions et protestant contre le traitement d'Hildéric. Géimer répondit que "rien n'était plus souhaitable qu'un monarque s'occupe de ses affaires" et continua à gouverner comme il l'entendait. Justinien, qui était un Trinitaire fervent et un ennemi de la croyance arienne, vit dans la réponse de Gélimer une excuse pour envahir l'Afrique du Nord et chasser définitivement les Vandales: il devait monter une croisade en quelque sorte, pour sauver les Trinitaires d'Afrique du Nord des persécutions de Gélimer (bien que cette affirmation soit contestée et que certains spécialistes notent que Justinien Ier voulait seulement reconquérir les ports romains perdus sur la côte). L'historien J. F. C. Fuller écrit :

Travailleur insatiable et centralisateur, Justinien était appelé "l'empereur qui ne dort jamais". Il se considérait non seulement comme l'héritier des Césars, mais aussi comme le chef suprême de l'Église, et tout au long de son règne il eut deux idées fixes: l'une était la restauration de l'Empire d'Occident, l'autre la suppression de l'hérésie arienne. C'est pourquoi toutes ses guerres occidentales prirent le caractère de croisades, car il se sentait investi de la mission d'amener les peuples païens dans le giron chrétien... Bon juge des hommes, il choisit Bélisaire, un jeune officier de sa garde du corps, pour commander l'armée d'Orient. (307)

Bataille finale contre Rome

Bélisaire débarqua en Afrique du Nord avec une flotte de 500 navires, 20 000 marins, 10 000 fantassins, 5 000 cavaliers et 92 petits navires de guerre mus par 2 000 rameurs esclaves. Gélimer, quant à lui, ne savait même pas que l'armée avait quitté Constantinople. Lorsqu'il apprit que l'armée byzantine se trouvait à dix miles de Carthage, au défilé d'Ad Decimum, il fit exécuter Hildéric et sa famille, ainsi que tous ses amis et partisans qu'il put trouver, afin que l'ancien roi ne puisse pas remonter sur le trône. Gélimer décida alors d'une attaque à trois volets qui devait détruire l'armée d'invasion. Fuller écrit:

Le plan d'opérations de Gelimer était très compliqué: il décida, une fois que son ennemi serait entré dans le défilé d'Ad Decimum, de lancer une attaque combinée sur lui à partir de trois directions. Pendant que [son frère] Ammatas sortait de Carthage et engageait l’avant-garde byzantine, lui-même avec son armée devait tomber sur l'arrière du corps principal de l'ennemi, et en même temps son neveu, Gibamond, devait se déplacer sur les collines de l'ouest et attaquer le flanc gauche de l'ennemi. Procope s'étonne que l'armée de Bélisaire ait pu échapper à la destruction. Mais alors qu’une bonne coordination était la condition du succès, à une époque sans horloge cela aurait été un coup de chance extraordinaire que les trois colonnes se soient engagées simultanément. (312)

Ammatas frappa avant que les deux autres forces ne soient en position et fut tué. Après sa chute, ses troupes s'enfuirent dans la panique et furent fauchées par l'armée byzantine. Gibamond attaqua ensuite le flanc gauche et fut rapidement mis en déroute par la cavalerie hun de Bélisaire. Gélimer arriva tardivement et manqua complètement l'arrière de l'ennemi, ne trouvant que le champ de bataille jonché de corps, et son frère mort. Cependant, ses forces étaient toujours bien supérieures à celles de Bélisaire, et s'il s'était lancé à la poursuite des Byzantins à ce moment-là, il aurait peut-être gagné la guerre. En réalité, il était tellement bouleversé par la mort d'Ammatas qu'il refusa de faire avancer son armée avant d’avoir donné un enterrement correct avec tous les rites à son frère. Ce retard permit à Bélisaire d'atteindre Carthage et de la prendre sans effort.

Carthage and its Harbour
Carthage et son port
The Creative Assembly (Copyright)

Gélimer marcha sur Carthage avec une énorme armée et l'assiégea. Ils détruisirent l'aqueduc et coupèrent l'approvisionnement en eau de la ville, si bien que Bélisaire, bien qu'en infériorité numérique, estima qu'il n'avait pas d'autre choix que de marcher et de rencontrer les forces de Gélimer sur le terrain. Ils se rencontrèrent à Tricaméron, en décembre 533 ap. JC. Bélisaire prit soin de placer ses troupes de manière à dissimuler son infériorité numérique. Il ordonna que la bataille commence par une charge de cavalerie, qui brisa les lignes vandales et les dispersa en une heure.

Alors que la cavalerie abattait les Vandales en fuite, Bélisaire fit avancer son infanterie et Gélimer, selon Procope, regarda les forces byzantines marchant vers lui et "sans dire un mot ni donner un ordre, sauta sur son cheval et s'enfuit sur la route de Numidie" (IV. iii. 20). Alors que leur roi fuyait le champ de bataille, l'armée vandale fut prise de panique, rompit les rangs et essaya de se sauver comme elle pouvait.

Lorsque les Byzantins atteignirent le camp des Vandales, celui-ci était désert, ils rompirent les rangs et commencèrent à le piller. Procope observe que si Gélimer avait seulement réfléchi à la question, "ou avait eu une once de courage", il aurait simplement retiré son armée au-delà du camp, l'aurait laissée comme appât pour l'ennemi, et "une fois qu'ils seraient tombés dessus, il serait tombé sur eux et aurait regagné son camp et son royaume". C'était la tactique que Bélisaire craignait que Gélimer n'emploie en fait, et il essaya d'organiser ses hommes au cas où une attaque surprise se produirait dans la nuit. Aucune attaque n’eut cependant lieu, et le lendemain, Bélisaire envoya ses hommes à la poursuite de Gélimer, qui fut finalement capturé en mars 534 ap. JC, et ramené enchaîné à Constantinople comme part du triomphe de Bélisaire.

Fin des Vandales

Le royaume vandale d'Afrique du Nord était tombé, et avec lui les Vandales furent dispersés. De nombreux Romains avaient épousé des femmes vandales et les ramenèrent à Constantinople. De nombreux autres Vandales avaient été tués lors des batailles d'Ad Decimum et de Tricaméron, et d'autres encore avaient été tués par les Maures. Les conflits entre Chrétiens trinitaires et ariens éclatèrent à nouveau après la défaite de Gélimer et le retour de Bélisaire à Constantinople, et sans gouvernement ferme, les deux groupes s'entretuèrent jusqu'à ce que les Maures, voyant une opportunité, n'attaquent par le sud et ne détruisent une grande partie de la population.

Justinien avait vaincu les Vandales et ramené l'Afrique du Nord dans le giron romain mais, comme l'observe Fuller, "cinq millions d'Africains disparurent par les guerres et le gouvernement de l'empereur Justinien" (316). Les Vandales qui survécurent continuèrent à vivre sous la domination romaine en Afrique du Nord ou émigrèrent en Europe, mais ils ne formèrent plus jamais un groupe ethnique cohésif.

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Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2014, novembre 25). Vandales [Vandals]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13434/vandales/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Vandales." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le novembre 25, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13434/vandales/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Vandales." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 25 nov. 2014. Web. 20 nov. 2024.

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