Cerdic

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Définition

Joshua J. Mark
par , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié sur 30 décembre 2014
Disponible dans d'autres langues: Anglais
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Cerdic of Wessex (by Guardian Unlimited, Copyright, fair use)
Cerdic de Wessex
Guardian Unlimited (Copyright, fair use)

Cerdic (r. de 519 à 534) était le roi des Saxons de l'Ouest et le fondateur du Wessex. Son influence fut si profonde que les généalogies ultérieures de la monarchie anglaise prétendaient que tous les souverains de Grande-Bretagne, à l'exception de Canute, Hardecanute, les Harolds et Guillaume le Conquérant, descendaient de lui. La raison précise pour laquelle il fut si influent est cependant débattue car les sources anciennes se contredisent dans leurs récits de sa vie, de qui il était et de ce qu'il accomplit - à tel point qu'un certain nombre d'historiens doutent aujourd'hui de l'existence même de Cerdic.

Les sources anciennes, les légendes traditionnelles et les romans ultérieurs affirment qu'il combattit le roi Arthur, mais aussi qu'il reçut le Wessex de ce roi. D'autres historiens affirment que Cerdic était le personnage historique sur lequel reposent les légendes arthuriennes et relient Arthur et Cerdic au héros gallois Caradoc Vreichvras, tandis que d'autres auteurs affirment que Cerdic était le modèle pour Mordred dans les cycles arthuriens. Il est tour à tour décrit comme un comte britannique ayant dirigé une armée saxonne, un noble anglais, un commandant saxon, un héros gallois et un roi anglais.

Sa représentation dans le film Le Roi Arthur (2004) est emblématique du problème que pose l'identification de son identité réelle. Ce film (dans lequel il est interprété par l'acteur suédois Stellan Skarsgård), qui se présentait comme historiquement exact et prétendait s'appuyer sur des sources originales, dépeint Cerdic comme un chef de guerre saxon vaincu par Arthur à la bataille du mont Badon; or Cerdic n'est jamais mentionné dans aucun récit de cette bataille, même s'il semble qu'il était déjà suffisamment connu pour qu'il l'ait été s'il y avait pris part.

Il est généralement admis que Cerdic ait bel et bien existé et qu'il fonda le Wessex; les détails, cependant, ont été perdus, ce qui entraîna des enjolivures sur sa vie.

Les principales sources sur la vie et le règne de Cerdic sont l'historien Nennius (9e siècle), la Chronique anglo-saxonne (9e-12e siècles) et Geoffrey de Monmouth (12e siècle), entre autres. Comme les informations le concernant dans ces sources sont si peu nombreuses, les auteurs ultérieurs semblent s'être sentis obligés de combler ces vides, ce qui donna lieu à diverses interprétations de la vie de Cerdic.

Le fait que tant d'auteurs ultérieurs aient ressenti le besoin de le faire témoigne de l'importance de Cerdic dans l'histoire anglaise. Il est généralement admis que Cerdic fut un personnage historique réel qui fonda le Wessex, puis se lança dans des campagnes d'expansion de son royaume et, essentiellement, fonda la nation connue aujourd'hui sous le nom d'Angleterre ; les détails de ces campagnes, cependant, ne furent jamais enregistrés ou ont été perdus, ce qui entraîna les enjolivures sur sa vie mentionnés ci-dessus.

Cerdic dans la Chronique anglo-saxonne

La Chronique anglo-saxonne est un ensemble de manuscrits dont la rédaction débuta à la fin du IXe siècle, sous le règne d'Alfred le Grand (849-899). Elle continua à être écrite, éditée et réécrite jusqu'au 12e siècle et relate l'histoire de la Grande-Bretagne de l'an 1 à 1154. Les problèmes liés à la fiabilité de la Chroniques anglo-saxonne ont été notés par de nombreux historiens au cours des siècles. La principale difficulté réside dans le fait que les entrées (enregistrées sur une ou deux lignes par événement et par an) fournissent peu de détails sur les événements et se répètent souvent au cours des différentes années.

Une autre difficulté est de comprendre exactement à quelle année on se réfère puisque la pratique consistant à dater le début de l'année au 1er janvier n'avait pas encore été mise en œuvre. Certains scribes semblent considérer le début de la nouvelle année comme étant Noël, tandis que d'autres le datent à Pâques. Une inscription pour 519 pourrait donc avoir eu lieu en l'an 520 ou 518. Dans le cas de Cerdic, ces problèmes ont obligé les historiens à se mettre d'accord sur les dates les plus probables et à travailler à partir de là. Bien que cette méthode permette de construire un récit de la vie et du règne de Cerdic, cela ne signifie pas que les dates généralement acceptées soient les bonnes.

Britain, c. 600 CE
Bretagne, an 600
Hel-hama (CC BY-NC-SA)

L'historien John Morris, dans son ouvrage controversé de 1973, L' âge d'Arthur, fait de nombreuses affirmations qui ont été critiquées par les historiens, mais qui sont souvent exactes lorsqu'il s'agit de décrire les sources sur lesquelles on doit s'appuyer. En ce qui concerne la Chronique anglo-saxonne, il écrit:

Les premières entrées de Saxe occidentale dans la Chronique saxonne sont exceptionnellement confuses, dupliquées sous différentes dates et, à première vue, contradictoires. Cette confusion a une cause particulière. Les ambiguïtés plus faciles à comprendre des annales du Kent et du Sussex sont les conséquences d'une mémoire défaillante et d'une tradition mal comprise; mais les entrées du Wessex sont le résultat d'une invention délibérée des érudits du IXe siècle, conçue pour servir les besoins politiques de leur époque. Leur histoire est que le royaume du Wessex doit son origine à Cerdic qui commandait un certain nombre de forces saxonnes distinctes sous la direction de chefs nommés, à une date initialement fixée à environ 480. Cerdic est le seul fondateur d'un royaume anglais dont le nom est sans équivoque britannique. Ses pedigrees à eux seuls sont des inventions pures et simples, car ses "ancêtres" sont tirés des traditions d'autres dynasties anglaises et les rois Wessex ultérieurs sont représentés comme ses descendants par des liens improbables et contradictoires qui créditent certains d'entre eux de deux ou trois pères différents. (103-104)

La version standard de l'histoire de Cerdic à laquelle Morris fait référence raconte que Cerdic arriva dans le Hampshire en l'an 495 avec son fils, Cynric, à bord de cinq navires et qu'il vainquit immédiatement les Gallois (ou, alternativement, les Bretons). Après cette victoire, il s'installa dans le Wessex, d'où il poursuivit sa campagne pour établir le royaume des Saxons occidentaux en 519, lorsqu'il fut couronné roi. Cette version de sa vie est basée sur les entrées de la Chronique anglo-saxonne, qui se lisent comme suit :

  • 495 : Ici deux aldormen, Cerdic et son fils Cynric, abor¬ dèrent (en Grande-Bretagne) avec cinq navires, au lieu dit Cerdices ora, et le jour même de leur arrivée, ils livrèrent un combat aux Gallois.
  • 508 : Ici Cerdic et Cynric tuèrent un roi breton nommé Natanleod, et 5000 hommes avec lui; plus tard, le territoire jusqu'à Charford surl’Avon fut appelé Netley.
  • 514 : Ici des Saxons de l'ouest arrivèrent en Grande-Bre¬ tagne avec trois navires; à l’endroit nommé Cerdices ora. Stuf et Wihtgar livrèrent un combat aux Bretons et les mirent en fuite.
  • 519. Ici Cerdic et Cynric montèrent sur le trône de Wessex, et la même année, ils livrèrent une bataille aux Bretons au lieu dit à présent Charford. Et la race royale de Wessex a régné à partir de ce jour.
  • 527 : Ici Cerdic et Cynric livrèrent une bataille aux Bretons, au lieu dit Cerdices leag.
  • 530 : Ici Cerdic et Cynric prirent l’île de Wight et tuèrent plusieurs hommes dans le burg de Carisbrooke
  • 534 : Ici Cerdic mourut, et son fils Cynric continua de régner pendant vingt-six hivers, et ils avaient légué toute l'île de Wight à Stuf et Wihtgar, deux de leurs parents.

Ce récit est assez simple, mais il manque de détails pour créer une histoire complète ; c'est pourquoi les auteurs ultérieurs ont ressenti le besoin de fournir leurs propres détails. S'inspirant des sources antérieures, l'historien George H. Townsend créa son ouvrage The Manual of Dates en 1862 et, pour l'année 520 de notre ère, il écrit comment Cerdic "combattit le célèbre roi Arthur". D'autres chercheurs ont également suggéré un lien étroit avec Arthur, certains affirmant que Cerdic était le fils ou le neveu d'Arthur et d'autres affirmant qu'ils étaient des adversaires.

La bataille de 527 à Cerdices leag est une autre possibilité (outre le conflit de 520) proposée comme une bataille entre Cerdic et Arthur. Il est toutefois admis qu'en 530, Cerdic conquit l'île de Wight, ayant déjà établi son royaume et disposant clairement d'une armée et d'une marine. Ces entrées dans la Chronique et les interprétations ultérieures provenant d'autres sources illustrent la difficulté de concilier les sources de l'époque en un récit unique et cohérent.

L'historien Nennius, qui aurait écrit son Historia Brittonum en 828, affirme qu'Arthur ne perdit jamais une seule de ses douze célèbres batailles qui auraient eu lieu au 6e siècle. Il semble peu probable que si Arthur avait vaincu Cerdic en 520 ou 527, il lui aurait permis de continuer à régner sur le Wessex, et encore moins de conquérir l'île de Wight en son propre nom et pour sa propre gloire.

Cerdic en tant qu'Arthur

Les historiens John C. et Joseph W. Rudmin affirment que la difficulté de réconcilier les sources anciennes sur Cerdic avec celles d'Arthur est facilement résolue une fois que l'on reconnaît qu'il s'agit de la même personne. Concernant la fondation du Wessex par Cerdic et son règne ultérieur, et l'affirmation selon laquelle Arthur régna sur le même territoire à la même époque, ils écrivent :

Il n'y a pas de bonne solution au problème du contrôle d'Arthur sur le territoire et la date de la fondation du royaume saxon du Wessex - à moins qu'il ne l'ait dirigé lui-même ! Si, en l'an 500, le souverain du centre-sud de la Grande-Bretagne était Arthur, et que le souverain du centre-sud de la Grande-Bretagne était Cerdic, alors Arthur était Cerdic. Pendant plus de mille ans, la littérature de la Grande-Bretagne a eu un roi perdu et une victoire oubliée. Maintenant, l'identité du héros national du Pays de Galles a été découverte et il s'est avéré être le fondateur du royaume d'Angleterre (24).

Les preuves, soulignent-ils, parlent d'elles-mêmes dès lors que l'on se rend compte que Cerdic est identique au héros gallois Caradoc Vreichvras (également connu sous le nom de Caradoc Breifbras dans les légendes arthuriennes). Pour ne citer que quelques-unes des comparaisons qu'ils font : "Arthur" et "Vreichvras" signifient tous deux "bras fort" ; tous deux sont associés au Wessex et, en particulier, à Winchester ; tous deux sont des fils illégitimes ; tous deux dominent la région connue plus tard sous le nom de Wessex vers l'an 500 ; Arthur est le fils d'Uther et d'Ygraine tandis que Cerdic est le fils d'Elesa et d'Isaive ; et Arthur épouse Guenièvre de Cornouailles, Cerdic épouse Guignier de Cornouailles. Toutes ces similitudes, dit-on, prouvent qu'Arthur et Cerdic sont un seul et même personnage historique dont les exploits étaient si remarquables qu'ils ont été mythifiés par des auteurs ultérieurs sous le nom de Légendes arthuriennes, qui ont finalement été rassemblées, éditées et considérablement développées par Sir Thomas Malory au 15ème.

Knights of the Round Table
Les Chevaliers de la Table Ronde
Evrard d'Espinques (Public Domain)

Le problème avec l'affirmation des Rudmin, comme ils l'admettent eux-mêmes, est qu'elle "fait trop d'hypothèses" et donc, "selon les normes de certains historiens... n'est pas un document acceptable" (2). Il n'en reste pas moins que leur affirmation est intéressante à considérer, même si elle ne peut être définitivement prouvée. L'un des problèmes les plus sérieux de leur affirmation est que si le Cerdic britannique est identique au héros gallois Vreichvras, même si cela pouvait être prouvé, il reste la difficulté de prouver que Vreichvras était Arthur, puisque Vreichvras est connu comme un chevalier de la Table Ronde qui servit à la fois sous Uther et Arthur et n'est jamais identifié comme l'un ou l'autre. Il est reconnu comme l'ancêtre des derniers rois de Gwent dans la légende galloise, et comme un noble gallois, mais pas comme un roi des Bretons.

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Cerdic en tant que comte britannique

S'il est peu probable que Cerdic soit Arthur, il est encore moins probable qu'il soit saxon. Même si la Chronique anglo-saxonne semble présenter Cerdic comme un chef de guerre saxon, un certain nombre d'historiens autres que Morris ou les Rudmin (comme le professeur Johann P. Sommerville de l'Université du Wisconsin) ont noté que "Cerdic" est un nom britannique et non saxon. Un certain nombre d'historiens affirment que Cerdic était un comte britannique qui fut chassé de la région et se réfugia en Bretagne, d'où il revint en 495 à la tête d'une force saxonne.

La preuve que Cerdic était un comte britannique associé aux Saxons est suggérée non seulement par son nom, mais aussi par des passages des œuvres de Nennius et de Geoffrey de Monmouth. L'historien Frank D. Reno, écrivant sur la nationalité de Cerdic, déclare :

Plummer, la plus grande autorité sur les manuscrits de la Chronique, a ceci à dire sur l'entrée de 495, la toute première entrée dans laquelle Cerdic fait une apparition : "495 - L'arrivée des Saxons occidentaux ; la fondation, comme il a été prouvé, de l'Angleterre. Il est curieux de constater que le fondateur traditionnel du royaume saxon occidental, la source à laquelle remontent tous les pedigrees saxons occidentaux, porte le nom de Cerdic, Certic, si proche du gallois Ceredig, Ceretic. Il n'est pas inutile de rappeler que dans Nennius, chapitre 37, Ceretic est le nom de l'interprète du roi Hengist". (111)

Dans le passage du chapitre 37, un "Ceretic" sert d'interprète entre Vortigern, roi des Bretons, et Hengist des Saxons, et des historiens ont affirmé que Cerdic, le futur roi de Saxe occidentale, n'est autre que Ceretic l'interprète de Nennius. L'érudit Richard Barber cite les lignes de Nennius concernant Ceretic à la cour de Vortigern :

Aucun autre Breton parmi les Bretons ne connaissait le saxon, à l'exception de cet homme ; et il s'appliqua à en acquérir la connaissance (ou à le lire) jusqu'à ce qu'il soit capable de comprendre le discours saxon.

(La figure d'Arthur, 112)

Cerdic, selon ces affirmations, était un comte influent qui pouvait parler la langue saxonne et qui commandait également une force militaire impressionnante. Geoffrey de Monmouth mentionne Cerdic en tant qu'allié de Hengist et Vortigern au chapitre VI.13 de son Historia regum Britanniae (Histoire des rois de Bretagne) lorsque Vortigern et Hengist font appel à des "guerriers galants" pour venir les aider à vaincre les barbares : "Cerdic arriva avec trois cents navires (Nennius dit 40), tous remplis d'une armée, et Vortigern les reçut tous avec gentillesse, leur accordant des largesses sans compter. Car c'est par eux qu'il conquit tous ses ennemis et gagna tous les champs de bataille."

Vortigern & Merlin
Vortigern et Merlin
PKM (Public Domain)

À un moment donné, après avoir servi Vortigern, Cerdic décida de quitter le continent pour la Bretagne, il rassembla une force saxonne et revint en 495. L'apparente facilité de ses victoires entre 495 et 519 suggère à certains historiens qu'il était déjà un chef connu et respecté. Les historiens (y compris les Rudmin) font référence au nom original de la région du Wessex, "Gewisse", comme une preuve supplémentaire que Cerdic et ses partisans étaient déjà connus dans le pays avant 495, car ils interprètent le nom de lieu "Gewisse" comme étant lié au mot allemand "gewiss" ("certainement" ou "sûr"), qui était le même mot en vieux saxon et avait la même signification. Le royaume de Gewisse, selon cet argument, aurait été connu sous ce nom parce que Cerdic était "certainement connu" ou "sûrement connu" et que son territoire était donc appelé "le royaume de celui qui est connu". D'autres explications de l'origine du Wessex sous le nom de "Royaume de Gewisse" ont beaucoup moins de sens, comme l'affirmation selon laquelle il aurait été nommé en l'honneur de la mère de Cerdic.

Le Cerdic de l'Histoire

La vérité derrière le nom original du royaume, comme une grande partie de la vie de Cerdic, ne sera peut-être jamais connue et est toujours débattue de nos jours. Aux IXe et XIIe siècles, la notion de "précision" dans le compte rendu des événements historiques n'était pas soumise aux mêmes normes qu'aujourd'hui et, comme nous l'avons vu plus haut, chaque source semble indiquer un type de récit légèrement, voire significativement, différent. Même Nennius, qui est régulièrement considéré comme fiable, est suspect ; comme le note Barber, "Nennius... est à la fois un antiquaire aux motivations politiques et un auteur conscient des traditions continentales" (85).

Son récit doit donc être lu à la lumière de ces motifs et traditions, et non comme une histoire objective. On reproche depuis longtemps à Geoffrey de Monmouth d'avoir inventé de larges pans de son "histoire", jusqu'à affirmer qu'il ne fit que traduire un ouvrage ancien qu'il avait trouvé. Chaque auteur qui s'est penché sur le sujet de la vie et du règne de Cerdic semble avoir eu un objectif particulier à mettre en avant (comme l'a dit Morris, ci-dessus). L'historien Roger Collins commente ce point, concernant l'"histoire" et les noms de lieux, en écrivant :

Il existe un fossé chronologique infranchissable entre la période de fondation supposée du royaume fictif du Wessex à la fin du Ve siècle et la période suivante dans laquelle apparaissent ceux qui sont censés être membres de sa maison régnante, dans la seconde moitié du VIe siècle. Une grande partie des informations relatives à la phase initiale est de nature nettement "folklorique" ou rationalisante : par exemple, Cerdic et Cynric débarquent à un endroit appelé Cerdices ora ; ils tuent un roi "gallois" appelé Natanleod, et par la suite ce district est appelé Natanleod (Netley près de Southampton), et ainsi de suite. On doit soupçonner que les noms de lieux ont précédé les personnes auxquelles ils font référence, plutôt que l'inverse, et que l'histoire de ces dernières a été concoctée pour expliquer l'existence des premières (178).

Ce même paradigme pourrait s'appliquer au nom original du royaume avant qu'il ne soit connu sous le nom de "Royaume des Saxons occidentaux", puis raccourci en "Wessex". Il se peut également que Cerdic était, en fait, connu dans la région et qu'il s'y était déjà fermement établi avant son départ, pour quelque raison que ce soit, vers la Bretagne ; ou peut-être pas. Il n'y a aucun moyen d'affirmer avec autorité la véracité de nombreux "faits" supposés concernant la vie de Cerdic, sauf qu'il était connu comme le fondateur du Wessex.

Saxon Square-Headed Bow Brooch
Broche à nœud à tête carrée saxonne
Metropolitan Museum of Art (Copyright)

Même l'affirmation selon laquelle tous les monarques anglais descendent de Cerdic est sujette à caution puisque, comme le note Collins, "les informations généalogiques sont également douteuses. [La Chronique ne précise jamais la relation entre Ceawlin, le dernier roi saxon, et Cerdic et Cynric, bien qu'il soit dit dans l'entrée de l'année 560 qu'il succéda au royaume de Wessex qu'ils créèrent" (178). La généalogie douteuse est le résultat de scribes ultérieurs ayant leur propre motivation ; la nationalité de Cerdic a dû être modifiée par la généalogie ultérieure du 9ème siècle pour l'aligner sur les Angles, qui gagnèrent en puissance à partir de leur royaume de Northumbrie pour finalement régner sur tout le pays, au lieu des Britanniques qui faisaient partie des peuples qui furent conquis. Morris écrit :

Un souverain portant un nom britannique, sans tradition ancienne d'ancêtres ou de descendants anglais, est tout simplement britannique. Bien qu'il ait été le premier souverain du futur Wessex que les Anglais ont connu plus tard, la revendication des rois du Wessex du neuvième siècle à la suzeraineté sur tous les Anglais ne pouvait pas être fondée sur l'autorité d'un roi britannique. Il devait être traité comme un Anglais. Les relations sont inventées, mais la substance de la tradition qui a dû être déguisée est elle-même ancienne. Cerdic est considéré comme le souverain de la région de Winchester-Southampton à la fin du cinquième siècle en tant que commandant des Saxons qui débarquèrent dans cette région, et en tant que roi qui a constamment combattu avec les Anglais contre les armées britanniques ... Les fouilles [de nos jours] permettent de localiser et de dater les maisons de ses fédérés, et suggèrent où il les a construites (104).

Il y avait, semble-t-il, un homme du nom de Cerdic qui est arrivé ou revenu en Angleterre en 495, fonda le Wessex et établit un puissant royaume qui, avec le temps, allait devenir la nation connue sous le nom d'Angleterre. L'Angleterre, le "pays des Angles", adopta ce premier roi comme son fondateur, l'anglicisa à travers ses généalogies et en fit l'un des leurs. Qui était le véritable Cerdic, ce qu'il fit, et pourquoi il marqua tant les esprits, reste incertain ; le Cerdic qui a été créé par les auteurs ultérieurs est le Cerdic de l'histoire.

À propos du traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

A propos de l'auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

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Style APA

Mark, J. J. (2015, décembre 30). Cerdic [Cerdic]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Récupéré de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13503/cerdic/

Le style Chicago

Mark, Joshua J.. "Cerdic." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. Dernière modification décembre 30, 2015. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13503/cerdic/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Cerdic." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 30 déc. 2015. Web. 21 déc. 2024.

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