Lois de Dracon

Définition

Antonios Loizides
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 12 juin 2015
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Athens Acropolis (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Acropole d'Athènes
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Dracon était un aristocrate qui, au VIIe siècle avant notre ère, se vit confier à Athènes la tâche de composer un nouveau corpus de lois. Nous ne disposons d'aucun indice particulier concernant sa vie et sa biographie générale et la seule certitude est qu'en tant qu'aristocrate et homme instruit, il se trouvait au bon endroit au bon moment pour saisir l'occasion qui lui était offerte de légiférer. Pendant les balbutiements du système juridique athénien, Dracon composa le premier code de lois écrit de la ville dans le but de réduire les décisions arbitraires de punition et les querelles de sang entre les parties. En fin de compte, les lois aidèrent et légitimèrent le pouvoir politique de l'aristocratie et lui permirent de consolider son contrôle sur les terres et les pauvres. Célèbres pour leur sévérité, les lois finirent par être remplacées par Solon en 594 avant notre ère.

Contexte historique

Après la création des cités-États (πόλις-κράτος, polis-kratos) en Grèce, vers le 8e siècle avant notre ère, les souverains des grandes villes comme Athènes commencèrent à perdre du pouvoir. Le roi, afin de maintenir le pouvoir et la sécurité dans sa ville, commença à partager les terres avec divers nobles qui avaient d'abord été membres de son conseil de guerre. Plus tard, ces nobles créèrent la phalange hoplite (οπλιτική φάλαγγα, oplitiki falagga). La phalange n'était pas seulement un groupe militaire, elle se transforma peu à peu en un corps politique et finit par obtenir le pouvoir du roi. C'est ainsi que naquit l'aristocratie. À Athènes, les aristocrates contrôlaient la terre et détenaient la plupart des privilèges, des droits politiques et, bien sûr, de l'argent. La loi était entre leurs mains et n'était écrite qu'à leurs propres fins et de leur propre point de vue. La plupart des Athéniens devaient vivre dans une relative pauvreté et, sous ce régime, les simples ouvriers et agriculteurs n'avaient d'autre choix que de se laisser gouverner par les aristocrates. Peu à peu, les Athéniens se retrouvèrent dans une ville où le pouvoir politique, l'argent, les terres et, surtout, le contrôle de la loi (non écrite) se trouvaient entre les mains d'un très petit nombre de personnes.

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Les lois de Draco étaient connues pour leur cruauté et leur préférence pour les riches propriétaires terriens par rapport à ceux qui devaient de l'argent.

La justice n'a pas toujours été rendue par des juges agissant en vertu d'une loi écrite ou d'une loi commune applicable à tous. Dans l'Athènes primitive, la justice ne consistait pas à appliquer une norme écrite à une situation ou à un litige. Il n'existait pas de guides de détermination des peines ou de précédents judiciaires explicitement écrits sur lesquels s'appuyer. Au contraire, c'était aux victimes elles-mêmes qu'il incombait d'exiger une rétribution ou une compensation pour tout crime. Si la victime était décédée, c'était à la famille de se venger ou de demander réparation. Ces querelles de sang pouvaient durer des générations, les familles cherchant à se venger d'une perte, admettant rarement la faute et cherchant toujours l'absolution. (Salowey & Northen Magill).

Débuts d'un système juridique

Au fil du temps, des groupes de citoyens se réunirent pour réfléchir à la manière de prévenir les transgressions ou de punir les criminels d'autres régions et d'éviter ainsi des guerres prolongées fondées sur des querelles de sang. Des assemblées populaires étaient convoquées à cet effet lorsque l'action affectait l'ensemble de la communauté. Au fil des ans, les chefs de l'aristocratie athénienne commencèrent à rendre leurs décisions. Ce système n'était pas sans poser de problèmes, car ces "chefs" recevaient souvent des pots-de-vin.

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En outre, selon Aristote, dans l'Athènes antique, il était permis d'emprunter et, en guise de garantie ou de dépôt de garantie, il était "permis d'emprunter à quelqu'un d'autre, avec une garantie, ses biens et sa liberté personnelle".(Constitution athénienne, 1306b 22-25, 1307a 7). Le problème fondamental n'était donc pas seulement de savoir qui possédait la terre ou le pouvoir politique, mais que de nombreux petits propriétaires terriens s'endettaient progressivement et commençaient à perdre leurs terres, finissant par devenir les serviteurs des riches. Le problème majeur était qu'aucune loi n'avait été rédigée à ce sujet et que les pauvres n'étaient pas en mesure de se présenter devant un tribunal où seuls des aristocrates jugeaient et où aucune loi écrite n'existait pour les protéger.

Vers 632 avant notre ère, un aristocrate et ancien vainqueur des jeux olympiques, appelé Kylon (Κύλων), tenta de vaincre le parti aristocratique qui gouvernait Athènes et de devenir un tyran unique. En fait, Kylon essayait d'utiliser la volonté des Athéniens pour obtenir un changement, c'est-à-dire un changement contre les aristocrates qui détenaient les terres et le pouvoir politique à Athènes à cette époque. La tentative de se faire tyran, au final, fut un échec et ses partisans furent massacrés par les aristocrates et Kylon fuit vers son beau-père, Theageni (Θεαγένη), le tyran de Mégara (Mέγαρα). Si l'on approfondit un peu l'affaire, on s'aperçoit que Kylon essayait vraiment de tirer profit de cette volonté des pauvres (principalement des agriculteurs et des petits propriétaires terriens) qui avaient perdu leurs terres au profit des riches propriétaires terriens, principalement en raison de dettes et du fait qu'aucune loi n'avait jamais été écrite à Athènes à cette époque et que, par conséquent, les terres étaient détenues par quelques aristocrates et que la justice n'existait nulle part.

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Si l'on résume les deux faits ci-dessus, la rébellion de Kylon et la réaction des paysans et des petits propriétaires terriens, on arrive à la conclusion qu'il fallait enfin rédiger des lois. En effet, les aristocrates demandèrent à Dracon (Δράκων) de rédiger le premier code juridique d'Athènes. Cela se passa en 621/620 avant notre ère. Le texte des lois ne fut conservé que par Aristote dans son livre La Constitution athénienne.

Lois de Dracon

Les lois de Dracon étaient connues pour leur cruauté et leur préférence pour les riches propriétaires terriens par rapport à ceux qui devaient de l'argent. Sa série de punitions drastiques (à l'origine du terme "draconien") pour divers crimes ne resta pas longtemps en vigueur et n'atteignit certainement pas son but. Ce code de lois rudimentaire, dont nous ne connaissons que les dispositions relatives à l'homicide, aurait été écrit, selon la tradition et le mythe, avec du sang, en raison de sa cruauté apparente. Voici quelques exemples cités dans La Constitution d'Athènes (traduit par l'auteur d'après Inscriptiones Greacae 1 115):

...les droits politiques (à Athènes) ne peuvent appartenir qu'à ceux qui portent des armes. Ces droits sont surtout réservés aux seigneurs de rang inférieur, alors que pour être élu général ou chef de la cavalerie (ίππαρχος, ipparxos), il faut avoir une fortune de plus de 100 mnes, une femme athénienne légitime et des enfants de plus de 10 ans.

Celui qui tue un autre Athénien, volontairement ou par accident, doit être banni d'Athènes pour toujours. Si le meurtrier présente ses excuses à la famille de l'homme assassiné et que celle-ci les accepte, il peut rester à Athènes.

Un parent de la victime d'un meurtre peut chasser et arrêter le meurtrier et le remettre aux autorités qui le jugeront. Si un parent tue le meurtrier, il ne sera pas autorisé à entrer dans le Forum athénien ("αγορά", agora), à participer à des compétitions ou à pénétrer dans des lieux sacrés...

Fin du code de Dracon

Le code juridique de Dracon fut plus tard considéré comme intolérablement sévère, en particulier en ce qui concernait la peine de mort pour les crimes insignifiants; il ne satisfaisait probablement pas non plus les dirigeants contemporains, puisque Solon, qui était l'archonte en 594 avant notre ère, abrogea plus tard le code de Dracon et publia de nouvelles lois, en ne conservant que les lois de Dracon sur l'homicide. La cruauté de ces lois était peut-être le seul moyen de maintenir le pouvoir au sein du parti aristocratique et d'éviter les querelles de sang qui pouvaient durer des générations. En outre, les aristocrates trouvèrent un moyen de s'assurer des terres en les prenant légitimement aux pauvres selon des lois écrites, en plus de leur véritable pouvoir politique. Selon le code juridique de Dracon, les dirigeants exerçaient le pouvoir dans le respect de la loi et, à leurs yeux, de la justice.

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Bibliographie

  • Aristotle. (n.d.). Η. Rackham,. The Athenian Constitution. . Loeb Classical Library. Cambridge, MA: Harvard University Press· Λονδίνο: William Heinemann Ltd. Ανατ. 1971., 1971
  • Cartledge, P. Ancient Greece: A History of Eleven Cities. Oxford University Press, 2009
  • "Biography" Historic Lives: The Ancient World, Prehistory-476, accessed 1 Dec 2016.
  • Forrest, W. G. The Emergence of Greek Democracy. NY: McGraw-Hill Companies., 1969
  • Press Syndicate of the University of Cambridge. Cambridge Illustrated History: Ancient Greece. University of Cambridge, 2004
  • Ramou, A. Apo ti filetiki koinonia stin politiki (From clan to State). Athens: Kardamitsa, 2000

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Antonios Loizides
Enseignant de l'histoire, le grec ancien et moderne, et le latin. PDG/Directeur technique de l'institut privé Alphaomega à Nicosie, Chypre.

Citer cette ressource

Style APA

Loizides, A. (2015, juin 12). Lois de Dracon [Draco's Law Code]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13788/lois-de-dracon/

Style Chicago

Loizides, Antonios. "Lois de Dracon." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 12, 2015. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13788/lois-de-dracon/.

Style MLA

Loizides, Antonios. "Lois de Dracon." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 12 juin 2015. Web. 21 nov. 2024.

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