La Grande Muraille de Chine est un ouvrage de fortification située dans le nord de la Chine. Elle s'étend d'ouest en est sur 21 196 km, à partir du col de Jiayuguan (à l'ouest) jusqu'aux monts Hushan dans la province du Liaoning (à l'est), et se termine au niveau du golfe de Bohai. Elle traverse onze provinces/municipalités (ou dix, selon certaines autorités) et deux régions autonomes (Mongolie intérieure et Ningxia).
La construction de la muraille commença sous la dynastie Qin (221-206 av. J.-C.), sous le premier empereur Shi Huangdi (r. de 221 à 210 av. J.-C.), et se poursuivit pendant des centaines d'années sous de nombreuses dynasties différentes. La Grande Muraille actuelle est presque entièrement l'œuvre de la dynastie Ming (1368-1664), qui ajouta les tours de guet caractéristiques et étendit la longueur et la largeur du mur. Ce monument national désormais célèbre tomba en ruine après la dynastie Ming, lorsque la dynastie Qing (1644-1912) prit le pouvoir et étendit la frontière de la Chine vers le nord, rendant le mur obsolète. Les efforts de restauration et de préservation n'ont commencé sérieusement que dans les années 1980, et la muraille a été déclarée site du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1987.
La muraille originale
Au cours de la période dite des États combattants (vers 481-221 av. J.-C.), les différentes régions de Chine se battirent pour le contrôle du pays lors de l'effondrement de la dynastie des Zhou orientaux (771-256 av. J.-C.). Un État sortit victorieux de cette lutte : l'État de Qin, qui se prononce 'chin' et qui donné son nom à la Chine. Le général qui mena l'État de Qin à la victoire était le roi Ying Zheng, qui prit ensuite le nom de 'Qin Shi Huangdi' (premier empereur) après avoir conquis les autres États.
Shi Huangdi ordonna la construction de la Grande Muraille pour consolider son empire et le protéger contre les invasions. Les sept États en guerre avaient chacun des murs le long de leur frontière pour se défendre, mais Shi Huangdi les fit détruire après sa prise de pouvoir. Pour montrer que toute la Chine ne faisait plus qu'un, l'empereur décréta qu'une grande muraille serait construite le long de la frontière nord pour se défendre contre les guerriers à cheval des Xiongnu, nomades de Mongolie ; il n'y aurait plus de murailles marquant les frontières entre les différents États de la Chine, car il n'y aurait plus d'États séparés.
Son mur s'étendait le long d'une ligne située plus au nord que la ligne actuelle, marquant ce qui était alors la frontière entre la Chine et les plaines mongoles. La muraille fut construite par des conscrits et des condamnés de droit commun qui furent expédiés dans le nord sous bonne garde depuis toute la Chine à cette seule fin. Shi Huangdi n'était pas un souverain bienveillant et s'intéressait davantage à sa propre grandeur qu'au bien-être de son peuple. Sous la dynastie Qin, sa muraille n'était pas considéré par le peuple chinois comme un symbole de fierté ou d'unité nationale, mais comme un lieu où les gens étaient envoyés pour travailler pour l'empereur jusqu'à leur mort.
La Muraille de la dynastie Ming
La muraille actuelle, dont l'image est si connue, n'est pas celle de Shi Huangdi, qui date d'environ 221 av. J.-C. Il ne subsiste aujourd'hui qu'une infime partie de la muraille des origines. À la chute de la dynastie Qin en 206 av.J.-C., le pays plongea dans une guerre civile restée dans l'histoire sous le nom de conflit Chu-Han (206-202 av. J.-C.). Cette guerre opposait les généraux Xiang-Yu de Chu (232-202 av. J.-C.) et Liu-Bang de Han (c. 256-195 av. J.-C.), les deux chefs qui s'étaient imposés comme les plus puissants parmi ceux ayant contribué à renverser la dynastie Qin.
Après sa victoire sur Xiang-Yu en 202 av. J.-C. lors de la bataille de Gaixia, Liu-Bang devint le premier empereur de la dynastie Han (202 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.) et poursuivit la construction de la muraille en tant que mesure de défense. Il fut également le premier empereur à utiliser la muraille comme moyen de réguler le commerce à destination du nord le long de ce qui allait devenir les Routes de la Soie (mieux connues sous le nom de Route de la Soie), que l'empereur Wu Ti (r. de 141 à 87 av. J.-C.), de la dynastie Han tardive, étendit et ouvrit au commerce entre la Chine et l'Europe en 130 av. J.-C.
Les dynasties suivantes apportèrent toutes leurs propres contributions et réparations à la muraille jusqu'à ce que la dynastie Ming ne se lance dans un projet de construction de grande envergure afin de protéger le pays des envahisseurs nomades venus de Mongolie. C'était la même raison qui avait inspiré la vision originelle de Shi Huangdi. C'est peut-être dans cette similitude d'objectif que se trouve l'explication de la croyance selon laquelle la muraille actuelle date de la dynastie Qin. Les Ming construisirent la partie de la muraille jalonnée de plus de 25 000 impressionantes tours de guet, dont la hauteur varie entre 5 et 8 mètres, 6 mètres à la base et 5 mètres au sommet.
La Muraille du Liaoning
Outre la création de cette muraille monumentale, la dynastie Ming a également enclavé son centre agricole le plus important, la province de Liaoning, derrière une fortification connue sous le nom de Muraille du Liaoning (également connue sous le nom de Muraille de Liaodong). Depuis 2009, cette muraille est une source de frictions entre la Chine et la Corée du Nord. Le gouvernement chinois a en effet affirmé avoir découvert récemment des portions de la Grande Muraille près de la frontière avec la Corée du Nord, dans les monts Hushan.
La Corée du Nord a affirmé que la 'Grande Muraille récemment découverte' lui appartenait de fait et ne faisait donc pas partie de la Grande Muraille de Chine. La section de la muraille faisant l'objet du litige fait sans aucun doute partie de la Muraille du Liaoning. Ce tronçon de muraille ne peut en aucun cas être comparé à la Grande Muraille et n'a jamais été construit pour l'être. Il s'agissait d'un simple rempart défensif construit en pierres et en terre, ainsi qu'avec tout ce qui était disponible, dans le but d'empêcher les invasions du Liaoning par le nord. Des douves avaient été creusées de chaque côté de la muraille afin de faire davantage obstacle à toute éventuelle force d'invasion.
La Muraille du Liaoning et la Grande Muraille se sont toutes deux révélées également inefficaces en matière de défense contre les invasions. Les invasions mandchoues en provenance du nord commencèrent vers 1600 et se poursuivirent jusqu'en 1644, date à laquelle la Grande Muraille fut ouverte aux envahisseurs. À cette époque, la Chine était à nouveau en proie à des troubles, une rébellion ayant été organisée contre la dynastie Ming. Le général Ming Wu Sangui (1612-1678), qui s'était proclamé empereur, permit aux Mandchous de franchir la Grande Muraille en échange de leur aide pour vaincre les rebelles. Au lieu de cela, les Mandchous s'emparèrent du pouvoir, chassèrent la dynastie Ming et instaurèrent la dynastie Qing. La victoire des Mandchous sur les Ming fit que la frontière de la Chine se trouvait désormais à une certaine distance au nord de la Grande Muraille, et comme celle-ci n'était plus d'aucune utilité pour la défense du territoire, elle fut négligée et tomba en ruine jusqu'à l'avènement de la République de Chine en 1912, date à laquelle elle fut jugée utile pour contrôler l'immigration et l'émigration.
Restauration moderne et le mythe de la Lune
Au fil des ans, un certain nombre de tentatives furent déployées dans le but d'entretenir la structure, mais ce n'est pas avant 1980 que le gouvernement chinois fit de la muraille une priorité en tant qu'attraction touristique génératrice de revenus. Ce n'est qu'en 1987 qu'elle a été officiellement inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, mais même avec ce classement, la muraille continue à progressivement s'effriter. Aujourd'hui, selon les historiens et les conservateurs qui évaluent l'état du site, il ne reste qu'environ 372 km de muraille dans un état de conservation stable.
Parmi les légendes qui circulent aujourd'hui au sujet de la Grande Muraille de Chine, la plus célèbre et la plus communément répétée est qu'il s'agirait de la seule construction humaine visible depuis l'espace ; ce n'est pas vrai. Cette affirmation trouve son origine dans l'essayiste anglais Sir Henry Norman, qui écrivit en 1895 que la muraille était 'la seule construction humaine visible depuis l'espace'. Son observation était basée sur le fait que l'on pouvait voir des cratères et des canaux sur la lune, et que par conséquent, il serait possible pour un observateur situé sur la lune de voir quelque chose d'aussi long et imposant que la Grande Muraille sur terre. Ils semblent être nombreux ceux qui croient que l'affirmation selon laquelle la muraille peut être vue depuis la Lune est basée sur des récits de première main d'astronautes ou sur le travail de scientifiques et d'astronomes, mais il s'agit en fait de l'invention d'un homme qui a écrit à une époque où les voyages dans l'espace n'étaient pas encore possibles. Les chercheurs et les scientifiques modernes, ainsi que ceux qui ont voyagé sur la lune, ont réfuté cette affirmation à plusieurs reprises.
D'autres idées reçues concernant la muraille sont qu'elle était l'une des sept merveilles du monde antique, qu'elle date de la dynastie Qin en 221 av. J.-C. et qu'elle a été construite pour être un symbole de fierté nationale. Les deux dernières affirmations, comme nous l'avons vu ci-dessus, sont clairement fausses, tout comme la première ; les sept merveilles du monde antique étaient toutes situées dans la région méditerranéenne de la Grèce, de l'Égypte et de la Turquie. La Grande Muraille fait toutefois partie de celles qui ont été élues comme l'une des sept nouvelles merveilles du monde par la New 7 Wonders Foundation en 2007. La Grande Muraille est visitée par plus de quatre millions de personnes chaque année et, même si elle ne peut être vue depuis la lune, elle fait partie des structures humaines les plus reconnaissables au monde.