Narmer

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Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 01 février 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais, persan, espagnol, Turc
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Narmer Conquering His Enemies (by Unknown, Public Domain)
Narmer conquérant ses ennemis
Unknown (Public Domain)

Narmer (c. 3150 av. J.-C.) fut le premier roi d'Égypte qui unifia le pays de manière pacifique au début de la Première Période Dynastique (c. 3150 - 2613 av. J.-C.). Cependant, il a également été cité en tant que dernier roi de la période prédynastique (c. 6000 - 3150 av. J.-C.) avant l'avènement d'un roi nommé Ménès qui aurait unifié le pays par la conquête. Aux débuts de l'égyptologie, ces rois étaient considérés comme deux hommes différents. On pensait que Narmer avait tenté l'unification à la fin d'une période et que Ménès lui avait succédé, entamant ainsi l'ère suivante de l'histoire égyptienne.

Cette théorie est devenue de plus en plus problématique au fil du temps et peu de preuves archéologiques ont étayé l'existence de Ménès alors que Narmer était bien attesté dans les archives archéologiques. Le grand égyptologue Flinders Petrie (1853 - 1942) a proclamé Narmer et Ménès comme le premier pharaon de la première dynastie en ce sens que les deux noms désignaient un seul et même homme: Narmer était son nom et Ménès un titre honorifique.

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La même interprétation s'applique à l'autre pharaon associé à Ménès, Hor-Aha (c. 3100 av. J.-C.), le deuxième roi de la première dynastie, qui aurait également unifié l'Égypte sous un régime central. Si Hor-Aha était le souverain qui réalisa l'unification de la Haute et de la Basse-Égypte, alors "Ménès" était simplement son titre honorifique, signifiant "celui qui perdure". Certains spécialistes affirment qu'il n'y a aucune raison de se disputer pour savoir lequel de ces rois aurait unifié l'Égypte, car le pays ne fut pas véritablement unifié avant le règne de Khâsekhemoui (c. 2680 av. J.-C.), dernier roi de la deuxième dynastie et père du roi Djéser qui commença la troisième dynastie. Cette affirmation a toutefois été remise en question à plusieurs reprises, car il existe des preuves évidentes que le roi Den (vers 2990-2940 av. J.-C.) portait la couronne de Haute et de Basse-Égypte, ce qui indiquerait une unification sous son règne. Plus important encore, la palette de Narmer (une ancienne dalle de limon portant des inscriptions) montre tout aussi clairement Narmer portant la couronne de guerre de Haute-Égypte et la couronne d'osier rouge de Basse-Égypte, et il est donc généralement admis que l'unification eut lieu sous le règne du roi Narmer.

Les chercheurs pensent aujourd'hui que le premier roi pourrait être Narmer, qui unit la Haute et la Basse-Égypte vers 3150 avANT NOTRE èRE.

Les archives écrites et l'unification

Selon la chronologie de Manéthon (3e siècle avant notre ère), Ménès fut le premier roi d'Égypte. C'était un roi de Haute-Égypte, probablement originaire de la ville de Thinis (ou Hiérkanopolis), qui vainquit les autres cités-États autour de lui et conquit ensuite la Basse-Égypte. Le nom de ce roi est connu principalement par des documents écrits tels que la chronologie de Manéthon et la liste des rois de Turin (mais il n'est pas corroboré par des preuves archéologiques importantes), ce qui explique pourquoi les chercheurs pensent aujourd'hui que le premier roi pourrait être Narmer, qui unifia pacifiquement la Haute et la Basse-Égypte vers 3150 avant notre ère. Cette affirmation d'une unification pacifique est contestée en raison de la Palette de Narmer qui représente un roi, identifié avec certitude comme Narmer, en tant que figure militaire conquérant une région qui est clairement la Basse-Égypte. L'historien Marc Van de Mieroop commente ce point:

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La création de l'Égypte par des moyens militaires est un concept de base exprimé dans l'art de la période. Un ensemble important d'objets en pierre, dont des macédoines cermoniales et des palettes, contient des scènes de guerre et de combat entre hommes, entre animaux, et entre hommes et animaux. Alors que dans le passé les égyptologues lisaient littéralement les scènes de guerre comme des comptes rendus d'événements réels, aujourd'hui ils préfèrent les voir comme des déclarations stéréotypées de la royauté et de la légitimité du roi (33).

Cette nouvelle méthode d'interprétation des inscriptions anciennes, quelle que soit la valeur que certains lui accordent, ne signifie pas que ces interprétations sont exactes. L'argument contre de telles interprétations demande pourquoi, si ces inscriptions doivent être prises symboliquement, d'autres de périodes plus tardives - comme celles de Ramsès le Grand à la bataille de Qadesh - continuent d'être lues littéralement comme des documents historiques. Van de Mieroop commente plus loin: "Cette nouvelle approche rend impossible de dater l'unification de l'Égypte ou de l'attribuer à un individu spécifique sur la base de ces représentations" (33-34) mais note que, quoi qu'il en soit du premier souverain, "l'art de l'époque montre que les Égyptiens associaient unification et conflit" (34).

Narmer, Narmer Palette Detail
Narmer, détail de la palette de Narmer
NebMaatRa (CC BY-SA)

L'expert Douglas J. Brewer, quant à lui, ne voit aucun problème à considérer les inscriptions de manière symbolique. Le nom "Ménès" signifie "Celui qui dure" et, comme nous l'avons noté plus haut, pourrait être un titre et non un nom de personne, auquel cas il n'y a aucune difficulté à identifier le premier roi comme Narmer "qui dure". Le nom " Ménès " a également été trouvé sur une inscription en ivoire de Naqada associée à Hor-Aha, ce qui pourrait signifier que le titre fut transmis ou que Hor-Aha était le premier roi. Brewer note que ces inscriptions anciennes, comme la palette de Narmer, perpétuent "un scénario culturellement accepté et, par conséquent, devraient peut-être être considérées comme un monument commémorant un état d'unité atteint plutôt que de représenter le processus d'unification lui-même" (141). Pour des chercheurs comme Brewer, les moyens par lesquels l'unification fut réalisée ne sont pas aussi importants que le fait même de l'unification. Les détails de l'événement, comme ceux des origines de toute nation, ont pu être largement embellis par les auteurs ultérieurs. Brewer écrit :

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Ménès n'a probablement jamais existé, du moins en tant qu'individu responsable de tous les exploits qui lui sont attribués. Il s'agit plutôt d'une compilation d'individus réels dont les actes ont été enregistrés par la tradition orale et identifiés comme l'œuvre d'une seule personne, créant ainsi une figure centrale de héros pour l'unification de l'Égypte. Comme les personnalités de la Bible, Ménès était en partie fiction, en partie vérité, et les années ont masqué la frontière, créant une légende d'unification (142).

L'unification, selon Brewer (et d'autres) était "très probablement un processus lent stimulé par la croissance économique" (142). La Haute-Égypte semble avoir été plus prospère et sa richesse lui permit d'absorber systématiquement les terres de Basse-Égypte au fil du temps, à mesure qu'elle constatait qu'elle avait besoin de plus de ressources pour sa population et pour le commerce. Que le roi qui unifia le pays soit Narmer ou quelqu'un d'autre, ce roi jeta les bases de l'essor de l'une des plus grandes civilisations du monde antique. Flinders Petrie, et d'autres qui l'ont suivi, affirme que le fait que Narmer ait unifié l'Égypte par la force n'est pas pertinent, car il est presque certain qu'il dut maintenir le royaume par des moyens militaires, ce qui expliquerait sa représentation dans des inscriptions telles que la Palette de Narmer.

La Palette de Narmer

La Palette de Narmer (également connue sous le nom de Palette de la victoire de Narmer et de Palette de la Grande Hiérakonpolis) est une gravure en forme de bouclier, d'un peu plus de 64 cm de haut, représentant Narmer conquérant ses ennemis et unissant la Haute et la Basse-Égypte. Elle comporte certains des plus anciens heiroglyphes découverts à ce jour. La palette est sculptée dans un seul morceau de pierre de limon, couramment utilisée pour les tablettes cérémonielles de la première période dynastique de l'Égypte, et raconte l'histoire de la conquête de Narmer vers 3150 avant notre ère.

Narmer Palette [Two Sides]
La Palette de Narmer (deux faces)
Unknown Artist (Public Domain)

D'un côté, Narmer est représenté portant la couronne de guerre de la Haute-Égypte et la couronne d'osier rouge de la Basse-Égypte, ce qui signifie que la Basse-Égypte lui revint après la conquête. Sous cette scène se trouve la plus grande gravure de la palette: deux hommes enlacent le cou sinueux de bêtes inconnues. Ces créatures ont été interprétées comme représentant la Haute et la Basse-Égypte, mais rien dans cette section ne justifie cette interprétation. Personne n'a interprété de manière concluante la signification de cette section. Au bas de cette face de la palette, le roi est représenté comme un taureau brisant les murs d'une ville avec ses cornes et piétinant ses ennemis sous ses sabots.

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L'autre côté de la palette (considéré comme le verso) est une image unique et cohérente de Narmer avec sa massue de guerre sur le point d'abattre un ennemi qu'il tient par les cheveux. Sous ses pieds, deux autres hommes sont morts ou tentent d'échapper à sa colère. Un serviteur chauve se tient derrière le roi et tient ses sandales tandis que, devant lui et au-dessus de sa victime, le dieu Horus est représenté veillant sur sa victoire et la bénissant en lui apportant d'autres prisonniers ennemis.

Le sommet de la palette est gravé de têtes de taureaux que certains spécialistes interprètent comme des têtes de vaches. Ces spécialistes interprètent alors les têtes de vaches comme représentant la déesse Hathor. Il semble toutefois plus judicieux d'interpréter les gravures comme des têtes de taureaux, car un taureau figure en bonne place sur la palette et symboliserait la force et la vitalité du roi.

La palette de Narmer

La palette de Narmer a été découverte en 1897-1898 par les archéologues britanniques Quibell et Green dans le temple d'Horus à Nekhen (Hiérakonpolis), l'une des premières capitales de la première dynastie d'Égypte. Comme nous l'avons vu plus haut, elle était considérée comme le récit d'un événement historique réel jusqu'à une date assez récente où elle a été considérée comme une inscription symbolique. Il existe de nombreuses théories différentes concernant la palette et chacune semble tout à fait raisonnable jusqu'à ce que l'on entende la suivante et donc, à ce jour, il n'y a pas de consensus sur ce que l'inscription signifie ou si elle se rapporte à des événements historiques. Il semble toutefois évident, d'après l'ancienneté de l'inscription et des images, qu'un grand roi nommé Narmer eut quelque chose à voir avec l'unification de l'Égypte et l'on suppose qu'il aurait ensuite commencé son règne.

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Le règne de Narmer pour une Égypte unie

Avant le règne de Narmer, l'Égypte était divisée en deux régions: la Haute-Égypte (le sud) et la Basse-Égypte (le nord, plus proche de la mer Méditerranée). La Haute-Égypte était plus urbanisée et des villes comme Thinis, Hiérakonpolis et Naqda se développaient assez rapidement. La Basse-Égypte était plus rurale (d'une manière générale), avec de riches champs agricoles s'étendant depuis le Nil. Les deux régions se développèrent régulièrement pendant des milliers d'années au cours de la période prédynastique de l'Égypte, jusqu'à ce que le commerce avec d'autres cultures et civilisations n'entraîne un développement accru de la Haute-Égypte, qui conquit alors sa voisine, probablement pour obtenir des céréales ou d'autres cultures agricoles afin de nourrir la population croissante ou de faire du commerce.

Egyptian Djed
Djed égyptien
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Une fois que Narmer s'établit comme roi suprême, il épousa la princesse Neith-Hotep de Naqada dans le cadre d'une alliance visant à renforcer les liens entre les deux cités. La tombe de Neith-Hotep, découverte au XIXe siècle, est si élaborée qu'elle suggère qu'elle était plus que l'épouse du roi et certains chercheurs affirment qu'elle aurait régné après la mort de Narmer. Son nom, inscrit dans les sérails de l'époque, appuie cette affirmation, tout comme d'autres inscriptions, mais elle n'est pas encore universellement acceptée.

Les pratiques religieuses et l'iconographie se développèrent sous le règne de Narmer et des symboles tels que le Djed (le pilier à quatre étages représentant la stabilité) et l'Ânkh (symbole de la vie) apparaissent plus fréquemment à cette époque. Il mena des expéditions militaires en Basse-Égypte pour mater les rébellions et étendit son territoire en Canaan et en Nubie. Il lança de grands projets de construction et, sous son règne, l'urbanisation s'intensifia.

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Les villes égyptiennes n'atteignirent jamais l'ampleur de celles de la Mésopotamie, peut-être parce que les Égyptiens étaient conscients des menaces que représentait un tel développement. Les villes mésopotamiennes furent largement abandonnées en raison de la surexploitation des terres et de la pollution de l'eau, tandis que les villes égyptiennes, comme Xoïs (pour choisir un exemple au hasard), existèrent pendant des millénaires. Bien que les développements ultérieurs en matière de développement urbain aient assuré la pérennité des villes, les premiers efforts de rois comme Narmer auraient servi de modèle.

Les détails de son règne sont vagues en raison du manque de documents découverts à ce jour et, comme indiqué ci-dessus, de la difficulté d'interpréter les inscriptions qui ont été trouvées et identifiées positivement comme se rapportant à Narmer. Cependant, pour autant que l'on puisse en juger, il fut un bon roi qui établit une dynastie qui jeta les bases de tout ce que l'Égypte allait devenir.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2016, février 01). Narmer [Narmer]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14351/narmer/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Narmer." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le février 01, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14351/narmer/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Narmer." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 01 févr. 2016. Web. 21 déc. 2024.

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