Pélopidas (c. 410 - 364 avant J.-C.) était un général thébain doué et le chef de la Bande Sacrée d'élite qui, avec Épaminondas, est connu pour avoir aidé Thèbes à atteindre sa plus grande puissance. En battant les puissants Spartiates dans plusieurs batailles, Pélopidas poursuivit sa carrière militaire par des campagnes réussies en Thessalie. Il est le sujet de l'une des biographies des Vies de Plutarque.
Jeunesse et carrière
Pélopidas, fils d'Hippoclès, vit le jour dans une famille aristocratique thébaine. Selon Plutarque, il était généreux avec son argent mais vivait de façon austère. Il se maria et eut des enfants; il avait pour passions la lutte et la chasse. Nous savons que dans sa jeunesse, Pélopidas combattit contre Sparte lors du siège de Mantinée en 386 avant Jésus-Christ. Selon Plutarque, il se battit côte à côte avec l'autre futur grand général de Thèbes, Épaminondas, et ce dernier, bien que blessé à deux reprises, lutta désespérément pour protéger Pélopidas, encore plus gravement blessé, lui sauvant ainsi la vie. Lorsque Sparte prit le contrôle de l'acropole thébaine (Kadmeia ou Cadmée) en 382 avant J.-C., Pélopidas s'enfuit à Athènes.
Pélopidas se fit connaître pour la première fois en 379 avant J.-C., l'année où il fut nommé boeotarque, le plus haut poste du gouvernement thébain. Il occupera ce poste pas moins de 13 fois. Pélopidas s'était illustré à la tête d'un groupe d'exilés thébains et avait chassé la garnison spartiate de la Cadmée en 379 avant J.-C. L'année suivante, il contribua à l'instauration d'un gouvernement démocratique à Thèbes. La ville était désormais à la tête de la Ligue béotienne (ou confédération béotienne), prête à poursuivre son expansion territoriale. Thèbes semblait avoir trouvé l'un de ses plus grands dirigeants. Comme le dit Plutarque,
Après qu’on lui eut donné pour la première fois le commandement des troupes, il ne se passa plus une année sans qu’il fût élu chef militaire : il guerroya jusqu’à sa mort soit comme capitaine du bataillon sacré, soit, plus souvent encore, comme béotarque. (Pélopidas, 82, trad. Remacle)
Pélopidas, à la tête de la Bande Sacrée d'élite, est célèbre pour avoir vaincu une armée spartiate à Tégyres, en Béotie, en 375 avant Jésus-Christ, lors d'une attaque rapide et agressive dans un col étroit. C'était la première fois que la Bande sacrée était utilisée comme unité de combat distincte. Fondée par Gorgidas et composée de 300 fantassins hoplites liés par paires homoérotiques, l'idée était que les soldats se battraient mieux si leur amant était à leurs côtés. Cependant, c'est lors de l'importante bataille de Leuctres, en 371 avant J.-C., que Pélopidas établit sa réputation de brillant commandant lorsque, avec son collègue général Épaminondas, il infligea une défaite décisive à Sparte.
Bataille de Leuctres
À Leuctres, Épaminondas prit le commandement général de l'armée tandis que Pélopidas commanda à nouveau la Bande Sacrée, positionnée sur l'aile gauche thébaine. Les stratégies employées par Épaminondas dans la bataille n'étaient pas entièrement nouvelles, mais dans le passé, elles avaient été utilisées plus par nécessité que par planification, et personne ne les avait jamais combinées pour créer une telle formule gagnante. Épaminondas renforça massivement son aile gauche, il utilisa la cavalerie devant les lignes hoplites, il décida d'attaquer en angle et d'utiliser une formation en échelon, et il a opta pour une attaque frontale directe sur la position du commandant adverse (mené par Pélopidas et la Bande Sacrée). Ces mouvements étaient, collectivement, la stratégie militaire préméditée la plus innovante et la plus dévastatrice jamais vue dans la guerre grecque et les Spartiates n'avaient aucune réponse.
La défaite de la puissante Sparte choqua le monde grec, et le monument de la victoire érigé par les Thébains sur le site est encore visible aujourd'hui. Thèbes créa ensuite une nouvelle capitale arcadienne à Mégalopolis et était désormais fermement établie comme la plus puissante cité-État de Grèce, une position qu'elle consolida avec les deux généraux qui envahirent le territoire spartiate de la Laconie en 370 avant J.-C., prirent la Messénie en 369 avant J.-C. et, de manière générale, démantelèrent tous les liens restants dans la Ligue du Péloponnèse.
Campagnes en Thessalie
En 369 avant J.-C., Pélopidas et Épaminondas furent accusés d'avoir outrepassé leur autorité et d'avoir servi au-delà de leur mandat de boéotarques, mais ils furent tous deux acquittés. Pendant qu'Épaminondas faisait campagne dans le sud, Pélopidas le fit en Thessalie, au nord. Il forgea une alliance entre Thèbes et la Thessalie et conquit Larissa des mains d'Alexandre II de Macédoine, ramenant au passage le futur roi macédonien Philippe comme otage à Thèbes où il étudia la tactique militaire. Les choses ne se passèrent pas aussi bien contre le tyran Alexandre de Phères en 368 avant Jésus-Christ, et Pélopidas fut lui-même fait prisonnier. Ce n'est qu'avec l'arrivée d'Épaminondas et d'une armée béotienne qu'il fut libéré en 367 avant Jésus-Christ. La même année, Pélopidas fut envoyé en mission auprès du roi perse Artaxerxès II pour obtenir de Thèbes la protection de ses intérêts en Grèce, mais ses alliés rejetèrent les conditions négociées. Les Perses promirent cependant de fournir aux Thébains une flotte de 200 navires.
De retour en Grèce, Pélopidas prit sa revanche sur Alexandre en 364 avant J.-C. lorsqu'il le vainquit, lui et sa plus grande armée, à Cynoscéphales en Thessalie, forçant ainsi les Macédoniens à rejoindre la Ligue Béotienne. Malheureusement, Pélopidas ne profita pas de la victoire puisqu'il fut tué au cours de la bataille alors qu'il chargeait imprudemment l'ennemi en solitaire. Une statue fut érigée en son honneur sur le site sacré de Delphes. Comme le résume Plutarque,
Que les Thébains qui se trouvaient à cette journée aient été fort affligés de la mort de Pélopidas, qu’ils appelaient leur père, leur libérateur, leur maitre, l’homme qui leur avait appris à soutenir les luttes les plus grandes et les plus nobles, on n’en sera point étonné. (Pélopidas, 101)
Peu après la mort de Pélopidas, en 362 avant J.-C., Épaminondas lui aussi tomba lors de la bataille indécise de Mantinée contre une alliance menée par les Spartiates et les Athéniens. Avec la perte de leurs deux grands généraux, la domination thébaine commença à décliner, et Sparte et Athènes devinrent à nouveau les deux principaux acteurs de la Grèce.