Chiusi

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 26 janvier 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Etruscan Dancers (by James Blake Wiener, CC BY-NC-SA)
Danseurs étrusques
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Chiusi (nom étrusque: Clevsin, romain: Clusium), située en Italie centrale, fut une importante ville étrusque du VIIe au IIe siècle avant notre ère. Les relations avec les Romains se détériorèrent lorsque le roi de Chiusi, Lars Porsenna, attaqua Rome à la fin du VIe siècle avant notre ère, contribuant ainsi à la fin de la monarchie romaine. Néanmoins, malgré l'importance croissante de la République, Chiusi prospéra jusqu'à la période hellénistique. Les nombreuses tombes en pierre de la ville ont révélé de vibrantes peintures murales, de belles œuvres d'art étrusques, de grands sarcophages en terre cuite et le célèbre cratère grec à figures noires, le vase François.

Débuts de la colonisation

Située dans le centre de l'Italie, juste à l'ouest du lac Trasimène, Chiusi était une colonie villanovienne (1000-750 av. J.-C.), culture précurseur des Étrusques. Les premières tombes du site contenaient de grands récipients en terre cuite à l'intérieur desquels étaient placées des jarres canopes contenant les restes incinérés du défunt. Les jarres, qui mesurent généralement un demi-mètre de haut, sont conçues pour ressembler à des figures humaines, parfois avec un masque en bronze, vêtues de vêtements, de ceintures et de bijoux, et assises sur des trônes miniatures en pierre, en bronze ou en terre cuite. Les jarres illustrent l'adoption par Chiusi, et par l'Étrurie en général, de l'art et des pratiques culturelles de la Méditerranée orientale, bien que la préférence de Chiusi pour la crémation de ses morts ait duré plus longtemps que dans d'autres villes étrusques. À partir du VIIe siècle avant notre ère, les défunts étaient inhumés dans des tombes taillées dans la roche, souvent composées d'une cavité principale et de plusieurs cavités latérales plus petites. Certaines des premières tombes en pierre contiennent également des jarres canopes, ce qui témoigne d'un changement progressif des pratiques funéraires. Certaines tombes possèdent des peintures murales intérieures représentant des scènes de la mythologie grecque et étrusque.

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Chiusi bénéficiait de terres agricoles fertiles, de forêts et de sa situation sur des routes intérieures reliant plusieurs autres villes étrusques.

Une ville étrusque prospère

Chiusi était membre de la Ligue étrusque, une confédération souple de 12 (ou peut-être 15) villes (ou peuples) étrusques. Elles comprenaient Cerveteri (Cisra), Populonia (Puplona), Tarquinia (Tarchuna) et Vulci (Velch). On sait très peu de choses sur cette ligue, si ce n'est que ses membres avaient des liens religieux communs et que les dirigeants se réunissaient chaque année au sanctuaire Fanum Voltumnae, près d'Orvieto (lieu exact encore inconnu).

Chiusi bénéficiait de terres agricoles fertiles pour la production de céréales, de forêts pour le bois, et de sa situation sur des routes intérieures reliant plusieurs autres villes étrusques. Ces routes suivaient des vallées naturelles et des fleuves tels que le Tibre et l'Arno, faisant de Chiusi un important point de connexion entre le nord et le sud de l'Étrurie. Les tentacules commerciaux de Chiusi s'étendaient d'ailleurs bien au-delà, comme l'attestent les découvertes de récipients en bronze provenant de la ville sur des sites celtiques en Suisse et en Allemagne. D'après les inscriptions, dont la ville est particulièrement riche, il semble également que les citoyens de Chiusi aient participé à l'expansion générale des villes étrusques vers le nord, en établissant des colonies dans la vallée du Pô, encore relativement inhabitée à l'époque.

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Etruscan Civilization
Civilisation étrusque
NormanEinstein (GNU FDL)

Chiusi possédait ses propres ateliers de fabrication et était réputée pour son travail du bronze (en particulier les chaudrons et les candélabres) et la sculpture sur pierre. Cette dernière utilisait le calcaire fin local connu sous le nom de pietra fetida et était sculptée, en particulier, pour les récipients funéraires, les sarcophages, les stèles et les marqueurs de tombes. Ces objets étaient sculptés de scènes décoratives en relief de la vie quotidienne, d'épisodes de la mythologie et de créatures tutélaires telles que des sphinx et des lions ailés. La pierre était ensuite peinte de couleurs vives, en grande partie perdues aujourd'hui sur les exemplaires qui ont survécu. Un autre type de production était la poterie bucchero, la poterie brillante presque noire fabriquée par les Étrusques.

Relations avec Rome

Un personnage célèbre de Chiusi est Lars Porsenna, le roi qui, selon la tradition, assiégea Rome vers 508 avant notre ère. Selon les sources romaines, il voulait remettre sur le trône Tarquin le Superbe, qui était, comme beaucoup des premiers rois de la ville, d'origine étrusque. Porsenna se retira finalement après avoir été impressionné par la force d'âme de son ennemi et s'attaqua plutôt à la ville latine d'Ariccia, mais sans succès. Selon une autre version de l'histoire, Porsenna aurait été victorieux et Rome se serait rendue au roi étrusque qui, loin d'installer Tarquin le Superbe sur le trône, aurait aboli la monarchie romaine et aurait attaqué Ariccia. En fin de compte, Tarquin le Superbe serait en effet le dernier roi de Rome, alors que la République s'engageait sur le chemin de la gloire. L'écrivain romain Pline parle d'un monument impressionnant et d'un tombeau en l'honneur de Porsenna, situé à l'extérieur des murs de la ville de Chiusi et comprenant cinq énormes pyramides, dont il ne reste aucune trace aujourd'hui.

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Etruscan Canopic Figure Urn
Urne à motif canope étrusque
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Chiusi semble avoir évité le déclin général dont souffrirent d'autres villes étrusques, en particulier les villes côtières, à la suite de la montée en puissance de Syracuse aux Ve et IVe siècles avant notre ère et de sa prise de contrôle des routes commerciales maritimes lucratives. À en juger par les tombes et les objets funéraires du IIIe siècle avant notre ère, la ville était plus prospère que jamais, même s'il fallut résister à une attaque des Celtes du Nord. Il est prouvé qu'au IIe siècle avant notre ère, la richesse de Chiusi était telle, comme en témoigne la forte demande de l'élite foncière en matière d'art funéraire, que les artistes quittèrent des villes étrusques en déclin comme Tarquinia, qui n'avaient pas réussi à faire face à la menace qu'était Rome au IIe siècle avant notre ère. Pourtant, le tour de Chiusi allait finir par arriver et, en 80 avant notre ère, à la suite des campagnes de Sulla, la ville fut entièrement assimilée à la République romaine, ses habitants devinrent des citoyens romains et la culture étrusque tomba peu à peu dans l'oubli.

Vestiges archéologiques

Les tombes de Chiusi ont livré au monde des objets de grande valeur. L'un d'entre eux est le célèbre vase François. Ce grand cratère attique, datant d'environ 570-565 avant notre ère, est peut-être l'exemple par excellence du style de poterie grecque à figures noires, avec ses 270 figures humaines et animales dans des scènes tirées de toute une série de mythes. D'autres découvertes, moins importantes, comprennent des brûleurs d'encens en bronze, des flacons de parfum en verre, des boîtes en ivoire sculpté, des bijoux en or avec un travail de granulation et de repoussage, et des récipients incisés en argent doré.

Etruscan Bronze Youth Statuette
Statuette de jeune homme étrusque
The British Museum (Copyright)

Marqueurs de tombes et figurines

Plusieurs exemples de marqueurs de tombes datant du VIe siècle avant notre ère ont été conservés; ils servaient probablement de gardiens. Ils avaient autrefois une base ronde en forme de colonne et un sommet sculpté en buste de femme, les mains jointes sur la poitrine. Les statues creuses sculptées d'hommes et de femmes, debout ou assis sur un trône, sont un autre type de statue funéraire en pierre, peut-être utilisée comme récipient pour les cendres des défunts qu'elles représentaient. Les sarcophages et les stèles montrent des scènes de la vie quotidienne et révèlent des détails tels que les vêtements des femmes (robes longues ceinturées et manteaux courts), les danses funéraires accompagnées de musiciens (dont des hommes et des femmes habillés respectivement en satyres et en ménades), les jeux sportifs funéraires, les mariages, les banquets où hommes et femmes sont présents, et les courses de chars avec des détails tels que les spectateurs, les responsables des registres et les outres pour les vainqueurs.

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Etruscan Cinerary Urn, Chiusi
Urne cinéraire étrusque, Chiusi
The British Museum (Copyright)

Peintures murales des tombes

Parmi les tombes comportant des peintures murales, citons la tombe du Singe, construite entre 480 et 470 avant notre ère, qui présente une scène avec un singe assis dans un arbre et une autre où l'on voit une femme vêtue d'une robe rouge, assise sous un parasol, les pieds sur un tabouret, tandis qu'elle regarde un défilé de jongleurs, d'athlètes, de danseurs et de chars. Il est intéressant de noter que l'artiste aurait peut-être utilisé un modèle pour ses sujets, car non seulement certaines scènes ressemblent beaucoup à celles des tombes de Tarquinia, mais un couple de boxeurs, debout l'un face à l'autre, se reflète exactement dans les contours de l'autre.

Tombes hellénistiques

Les tombes de la période hellénistique à Chiusi se présentent sous deux formes. Le premier type est construit en blocs bien taillés et possède une voûte en berceau, à l'instar des tombes macédoniennes. Le second type comporte un tunnel d'entrée beaucoup plus impressionnant; certains font jusqu'à 25 mètres de long. L'intérieur, en revanche, est plus sobre, avec une simple chambre rectangulaire ou en forme de croix, bordée de bancs et de niches sur lesquels étaient déposés des jarres funéraires et des sarcophages. Les noms des occupants de la tombe sont souvent inscrits sur de grandes tuiles en terre cuite qui servaient à fermer les niches. Ces tombes furent utilisées pendant plusieurs générations et, dans certains cas, les tunnels d'entrée devinrent la tombe à proprement parler, sans chambre d'extrémité. Un exemple comporte 39 niches et semble être un précurseur des tombes romaines à columbariums qui abritaient un grand nombre de défunts.

Etruscan Funerary Portrait
Portrait funéraire étrusque
Carole Raddato (CC BY-SA)

Jarres et urnes funéraires

Outre les urnes funéraires canopes décrites ci-dessus, un autre contenant de cendres produit en grand nombre à Chiusi au cours du IIe siècle avant notre ère était composé d'une base rectangulaire avec une seule figure sculptée allongée sur le couvercle (quelques exemples ont un couple). Fabriquées à l'aide de moules en terre cuite, les bases présentent des scènes en relief tirées de la mythologie (en particulier des batailles et peut-être un écho de la lutte des Étrusques contre Rome), tandis que la figure supérieure, probablement une représentation idéalisée (mais pas toujours) du propriétaire des cendres conservées dans l'urne, est représentée soit endormie, soit allongée en train de prendre part à un banquet. Les urnes étaient peintes sur un engobe blanc avec des couleurs vives telles que le rouge, le bleu et le jaune. D'autres urnes plus petites en poterie de la période hellénistique ont une forme de cloche inhabituelle et sont peintes de guirlandes sur un fond blanc.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, janvier 26). Chiusi [Chiusi]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14697/chiusi/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Chiusi." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 26, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14697/chiusi/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Chiusi." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 26 janv. 2017. Web. 15 déc. 2024.

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