Art Carthaginois

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 21 juin 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Punic Mask (by Carole Raddato, CC BY-SA)
Masque punique
Carole Raddato (CC BY-SA)

L'art des Carthaginois était un mélange éclectique d'influences et de styles, comprenant des motifs égyptiens, la mode grecque, les dieux phéniciens et les motifs étrusques. Les métaux précieux, l'ivoire, le verre, la terre cuite et la pierre étaient transformés en objets hautement décoratifs, allant des ustensiles quotidiens aux pièces purement ornementales. Tout comme les Carthaginois importaient et exportaient toutes sortes de marchandises, leur art reflétait leur vaste réseau de contacts à travers la Méditerranée antique, mais ils finirent par produire leur propre art, qui mêlait de manière unique des éléments provenant d'autres cultures. Les qualités distinctives de l'art punique se manifestent surtout dans les stèles, les bijoux, les sculptures et les masques.

Les exemples d'art carthaginois qui ont survécu sont malheureusement peu nombreux par rapport aux cultures contemporaines, et leur portée est encore plus limitée par le fait que la majorité des artefacts proviennent d'un contexte funéraire et sont donc principalement de petite taille et de nature religieuse. L'art profane et les objets produits exclusivement pour leur valeur esthétique sont en effet rares. Néanmoins, il subsiste suffisamment d'exemples de bijoux, de figurines, de céramiques et d'objets en pierre pour suggérer que les Carthaginois n'étaient pas aussi pauvres sur le plan artistique que les historiens antérieurs ont cru bon de le prétendre.

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Influences

Carthage fut fondée au 9e siècle avant notre ère par des colons venus de la ville phénicienne de Tyr. Ce fait et les liens étroits que la ville entretenait avec la mère patrie signifient que l'art était fortement influencé par celui de la Phénicie, du moins dans ses premières années. Tout comme la Phénicie était elle-même un creuset de cultures diverses, dont la richesse reposait sur le commerce maritime, Carthage allait devenir une ville cosmopolite accueillant des visiteurs, des résidents et des artistes venus de toute la Méditerranée antique. L'art égyptien fut particulièrement influent et de nombreux motifs se retrouvent dans l'art carthaginois, comme la chèvre à la tête tournée vers l'arrière sous un arbre sacré ou les figures féminines rigides. L'art du Proche-Orient exerça également une forte influence, notamment sur les figurines du dieu Melqart/Baal. L'influence des artistes étrusques est particulièrement visible dans la décoration des poteries carthaginoises du IVe siècle avant notre ère.

Les artistes carthaginois répétèrent, combinèrent et firent évoluer les motifs de l'art égyptien, proche-oriental et grec pour produire un mélange éclectique de styles.

Mais l'art de Carthage s'est surtout inspiré du monde grec à partir du 5e siècle avant notre ère. Non seulement les Carthaginois appréciaient l'art grec, qu'ils emportaient comme butin de leurs campagnes en Sicile, mais ils produisaient également des imitations d'œuvres d'art. Il y avait une importante communauté grecque à Carthage, et nombre d'entre eux ont dû travailler comme artisans qualifiés dans les ateliers de la ville. À leur tour, ils auraient enseigné aux artistes locaux ou à la génération suivante. Nous connaissons au moins un artiste dont le père était un immigré grec mais qui signait ses œuvres "Boethus le Carthaginois" et qui était tellement apprécié que ses œuvres servaient d'offrandes à Olympie.

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L'identification de l'origine exacte de nombreuses œuvres d'art est un problème général, exacerbé par l'habitude des Puniques de copier des motifs et des styles étrangers. Traditionnellement, les historiens ont privilégié l'idée que, du moins en général, les pièces les plus raffinées étaient importées et que l'art plus rustique était fabriqué localement. Cette vision peu flatteuse est progressivement révisée à la suite de la découverte de vastes zones d'ateliers dans la ville, ce qui suggère un commerce d'exportation florissant, et par de nouvelles découvertes archéologiques, de sorte que la position selon laquelle tout l'art raffiné était importé devient de plus en plus indéfendable.

Phoenician-Punic Gold Pectoral
Pectoral en or phénicien-punique
José Luiz (CC BY-SA)

Matériaux

Les matériaux utilisés par les artistes carthaginois sont nombreux. Le verre coloré et la pâte de verre étaient utilisés pour fabriquer des perles de bijouterie et de petites amphores à parfum. L'ivoire était sculpté pour fabriquer des plaques décoratives qui pouvaient être accrochées aux murs ou ajoutées aux meubles. Parfois, des pierres semi-précieuses, du verre ou de la faïence étaient ajoutés à ces plaques pour leur donner plus d'éclat. Le même matériau était sculpté pour fabriquer des objets de la vie quotidienne tels que des manches de couteaux et de miroirs, des peignes, des petites boîtes et des intailles. La terre cuite était utilisée pour fabriquer des figurines de divinités, des masques, des brûleurs d'encens, des coupes simples, des bols et des jarres tréflées. Elle était également utilisée pour fabriquer des plaques décoratives circulaires. L'or était utilisé pour les bijoux et pouvait être martelé, coulé, granulé, repoussé ou appliqué sous forme de feuilles d'or. Les pendentifs en or qui ont survécu ont la forme de fruits, de petits bustes et d'objets de la nature tels qu'une chrysalide. La pierre, et dans de rares cas le marbre, était sculptée pour produire des stèles funéraires, des ossuaires et de petits temples placés au-dessus des tombes. Le bronze était utilisé pour les figurines, et les hachettes-rasoirs étaient particulièrement courantes. Laissés avec les défunts dans les tombes pour être utilisés dans l'au-delà, ils ont souvent un manche à tête de cygne ou d'ibis et sont magnifiquement incisés d'images de dieux du panthéon phénicien, grec ou égyptien.

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Supports et thèmes communs

Figurines et masques

Les figurines de déesse, probablement considérée comme une protectrice, sont relativement fréquentes dans les tombes et les sépultures anciennes. Elles étaient également offertes en guise de demande ou de remerciement pour une guérison. Les figures sont simplement représentées avec une tête à sommet plat et un corps cylindrique. Les figurines du dieu Melqart, assis sur un trône, la main droite levée en signe de bénédiction et coiffé d'un chapeau conique typique, furent également produites en grand nombre.

Carthaginian Portrait Bust
Buste carthaginois
The British Museum (Copyright)

À partir du IVe siècle avant notre ère, de nombreuses figurines affichent une influence grecque, en particulier dans leurs vêtements, tels que les robes chiton et peplos, et le manteau himation. Bien que les Carthaginois aient appliqué de nombreuses conventions de l'art grec à leur propre sculpture, il est frappant de constater qu'un élément qu'ils n'ont pas adopté est le nu. Les personnages puniques sont toujours vêtus. Des figures féminines jouant du tambourin ont été mises au jour sur divers sites carthaginois, et certaines de ces figures mêlent des vêtements grecs à des représentations égyptiennes ailées d'Isis portant un large collier typiquement égyptien. Comme pour les sculptures grecques, ces figures humaines étaient à l'origine peintes de couleurs vives.

Les cavaliers apparaissent sur plusieurs supports, notamment sur une plaque circulaire en terre cuite du VIe siècle avant notre ère provenant de Douïmes. Le guerrier porte un casque à crête, un bouclier circulaire et son chien court à côté de son cheval. Les récipients en forme d'animaux, de canards et de têtes de vaches sont un autre produit en terre cuite.

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Les masques grimaçants, fabriqués en terre cuite peinte, incisée et estampée, sont dotés d'expressions grimaçantes vivantes et de rides profondes. Les yeux vides et la bouche ouverte, ils étaient déposés dans les tombes pour éloigner les mauvais esprits ou accrochés aux murs des maisons dans le même but. Ils n'étaient certainement pas portés, car ils ne sont pas de taille réelle. Ces masques étaient produits en grand nombre mais sont tous uniques. Les masques de femmes souriantes (protomai) constituaient un autre type de masque, mais ils n'étaient pas aussi grotesques que les versions masculines. Ces deux types de masques pouvaient être fabriqués à l'aide de moules.

Les bijoux

Les colliers composés de perles de verre individuelles en forme de têtes masculines sont un élément typique de la bijouterie carthaginoise. Chaque visage porte des cheveux bouclés, une barbe et les grands yeux fixes que l'on retrouve si souvent dans les visages de l'art punique. Les perles étaient également fabriquées en or, en argent et en perles. Les Carthaginois qui en avaient les moyens portaient des pendentifs, des boucles d'oreilles, des bracelets, des anneaux de nez, des anneaux de cheville et des diadèmes. Tout comme pour les bijoux égyptiens, les lions, les faucons, les dieux, les fleurs de lotus et les palmettes étaient des formes typiques de décoration. De nombreuses perles en pâte vitreuse portent des motifs oculaires. Les Carthaginois, à l'instar des Égyptiens, portaient sur eux de minuscules rouleaux de papyrus sur lesquels étaient inscrits des formules magiques contre toutes sortes de catastrophes potentielles. Ces rouleaux étaient conservés dans des boîtes en métal précieux incisées des motifs mentionnés ci-dessus.

Carthaginian Necklace
Collier carthaginois
Carole Raddato (CC BY-SA)

Les amulettes en pâte de verre recouverte d'émail et les sceaux sculptés en or et en pierres semi-précieuses (agate et jaspe par exemple) représentaient souvent des divinités égyptiennes telles que Bès, Ptah et Isis, ou prenaient la forme de symboles égyptiens familiers tels que l'œil Oudjat, la couronne de Haute-Égypte et la fleur de lotus. Les scarabées étaient également produits en grand nombre à Carthage et étaient sculptés dans du jaspe, de la cornaline, du lapis-lazuli, de l'agate, du cristal de roche, du basalte et de la pâte de verre. Ils étaient portés comme protection contre toutes sortes d'accidents, comme symboles du rang social et de la citoyenneté, ou comme moyen d'améliorer la santé de certaines parties du corps. Les intailles sont un autre domaine d'influence grecque. Ces bijoux en ivoire incisés représentent souvent des scènes de la mythologie grecque, notamment Dionysos et Déméter.

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Objets décoratifs

Les œufs d'autruche sont l'un des objets décoratifs puniques les plus courants et l'un des produits d'exportation les plus populaires. Ceux-ci ont généralement leur sommet coupé, mais certains sont complets et étaient vidés par un seul petit trou dans la base. Ils étaient décorés de formes géométriques, de palmiers et de fleurs de lotus à l'aide de peinture rouge. Symbolisant la régénération ou l'œuf cosmique de la création, ils constituaient une offrande votive courante dans les tombes. Une autre utilisation consistait à peindre des fragments de coquilles avec des visages pour créer des masques miniatures.

Le verre était utilisé pour produire de petits récipients à deux anses utilisés pour conserver les parfums. Ces récipients étaient produits depuis longtemps en Phénicie et en Égypte, mais le type carthaginois se distingue par son verre bleu très foncé décoré de bandes jaunes, blanches ou turquoises obtenues en ajoutant de fines traînées de verre chaud sur la paroi principale intérieure.

Punic Stele with Goddess Tanit
Stèle punique avec la déesse Tanit
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Stèles

Les stèles de grès et de calcaire mesurant jusqu'à 1,5 mètre de haut sont le support le plus courant de l'art punique survivant. Elles étaient sculptées pour être placées au-dessus des tombes, en particulier dans le tophet, où beaucoup portent une décoration en forme de losange, d'hexagone ou de bouteille, ou le symbole de Tanit. Le type le plus ancien (VIIe-VIe siècle av. J.-C.) est un modèle architectural miniature d'un temple ou d'un autel en forme de trône. Ils sont connus sous le nom de cippi (sing. cippus) et copiaient souvent les façades des temples égyptiens et étaient surmontés d'un disque solaire et/ou d'un croissant de lune. Les types plus récents (à partir du Ve siècle av. J.-C.) ont un sommet triangulaire et s'inspirent de l'architecture grecque, avec des colonnes ioniques et des sphinx ailés utilisés comme éléments décoratifs courants. Un exemple remarquable de l'éclectisme de l'art carthaginois est la stèle placée au-dessus de la tombe d'Hadrumetum, vers 250 avant notre ère, dans le tophet de Carthage, avec sa colonne ionique unique surmontée d'un sphinx au-dessus duquel se trouvent des feuilles de palmier de type égyptien.

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À partir du IIIe siècle avant notre ère, il y eut parfois des tentatives de réalisation de portraits et de nombreuses stèles présentent des figures animales, un motif de main et une figure masculine assise sur une jambe pliée. La signification exacte de ces motifs et des motifs géométriques antérieurs fait encore l'objet de débats entre les historiens. De nombreuses stèles présentent des traces de stuc et de peinture et leur production ne fut nullement interrompue par la destruction de Carthage par les Romains au milieu du IIe siècle avant notre ère.

Tanit, Carthaginian Electrum Coin
Tanit sur une pièce carthaginoise en électrum
The British Museum (Copyright)

Sarcophages

Parfois, au lieu d'une stèle, les tombes possédaient un ossuaire en pierre sculptée pour conserver les ossements du défunt. D'origine proche-orientale, ces ossuaires pouvaient présenter une représentation en pied du défunt sur le couvercle et reproduire un portrait vivant du visage. L'ossuaire d'un prêtre du cimetière de Sante-Monique à Borj-el-Jedid, datant des IVe et IIIe siècles avant notre ère, en est un exemple. Les sarcophages puniques de grande taille mêlent généralement des formes égyptiennes à un portrait hellénistique de l'occupant sur le couvercle. Les premiers sarcophages sont les plus égyptiens, et la personne y est représentée de manière plane. Ensuite, à mesure que Carthage subit l'influence des Grecs dans l'art en général, les figures deviennent plus tridimensionnelles.

La monnaie

Des pièces puniques étaient frappées en Sicile à partir du Ve siècle avant notre ère et à Carthage même à partir du IVe siècle avant notre ère. Les motifs les plus courants sont une tête de cheval, un cheval entier monté par Niké, un palmier, Melqart armé d'une massue comme Hercule, un éléphant de guerre, la proue d'un navire de guerre, un lion devant un palmier et la tête d'une déesse, surtout Tanit, moins souvent Déméter et Koré (alias Perséphone), tous frappés sur les deux faces des pièces d'argent, d'or, d'électrum et de bronze.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, juin 21). Art Carthaginois [Carthaginian Art]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14742/art-carthaginois/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Art Carthaginois." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 21, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14742/art-carthaginois/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Art Carthaginois." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 21 juin 2016. Web. 07 sept. 2024.

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