L'art de la guerre carthaginois a été occulté par la défaite contre Rome au cours des guerres puniques, mais force est pourtant de constater que tout au long des six siècles précédents, Carthage avait connu une période de succès remarquable dans la conquête des territoires particulièrement riches de l'Afrique du Nord, de la péninsule ibérique et de la Sicile. En combinant les meilleures armées de mercenaires avec ses propres troupes d'élite et son immense flotte de guerre, Carthage put établir sa domination sur l'ensemble de la Méditerranée occidentale ainsi que protéger et étendre son vaste réseau de colonies et de comptoirs commerciaux entre le IXe et le IIIe siècle avant notre ère.
Le but de la guerre
Carthage fut fondée par la cité phénicienne de Tyr en 813 avant JC dans le but de faciliter son implantation le long des routes commerciales de la Méditerranée occidentale. Ensuite, la colonie prospéra et fonda ses propres colonies, prenant finalement le contrôle de l'ancien réseau phénicien. Une telle répartition géographique de ses intérêts vitaux rendait nécessaire la création d'une flotte de guerre pour protéger à la fois les navires qui faisaient du commerce sur les mers et les ports qui leur offraient une protection et un accès à des arrière-pays très riches. En outre, une armée de terre était parfois indispensable pour protéger les intérêts commerciaux de Carthage contre les tribus locales et les puissances rivales, en particulier les tyrans de Sicile et, plus tard, contre Rome. L'armée jouait un autre rôle, tout aussi important, en tant que moyen offensif d'étendre l'empire en prenant le contrôle de nouveaux territoires riches en ressources naturelles, comme les mines d'argent d'Ibérie.
Rites guerriers
À Carthage, ainsi que dans la plupart des autres cultures antiques, la guerre était, comme toute autre activité de l'État, inséparable des croyances religieuses. Ainsi, aucune guerre ne pouvait être déclenchée sans avoir au préalable obtenu l'approbation des dieux. C'est pourquoi, avant de se lancer dans des batailles décisives, des sacrifices étaient offerts aux dieux puniques afin de s'assurer de leurs faveurs et de la victoire finale. Parfois, lors d'un conflit de durée exceptionnelle, on allait même jusqu'à construire de nouveaux temples pour des divinités de premier plan comme Tanit, Melqart et Baal Hammon, afin de gagner leur faveur et de s'assurer de leur indéfectible soutien. On lisait l'avenir dans les entrailles des animaux avant de livrer bataille, ce qui permettait d'établir des présages qui rassuraient les troupes en leur promettant la victoire. Parfois, dans le but de redresser une situation mal engagée on faisait des sacrifices de dernière minute dans l'espoir d'échapper à la défaite. L'exemple le plus célèbre de ces pratiques, relaté par l'historien antique Diodore de Sicile, est celui de l'invasion de l'Afrique du Nord par Agathocle, le tyran de Syracuse, en 310 avant notre ère. Face à cette menace, des centaines d'enfants nobles furent sacrifiés. De même, après la bataille, les victoires étaient célébrées par de nouveaux sacrifices et les conquêtes étaient consignées sur des tablettes et des stèles érigées dans les temples puniques.
Les structures de commandement
Le dirigeant d'une armée ou d'une force navale carthaginoise (rab mahanet) était choisi pour la durée d'une guerre particulière, généralement au sein de la famille régnante. Le général élu disposait souvent d'une totale autonomie d'action ou, dans d'autres cas, devait s'en remettre au gouvernement carthaginois pour des décisions aussi importantes que la conclusion d'une trêve, le dépôt d'une demande de paix ou le retrait des troupes. De plus, après une bataille ou une guerre, les généraux étaient soumis à une commission d'enquête qui évaluait leur niveau de compétence ou d'incompétence. La concurrence entre les généraux était intense, d'autant plus que le commandement était parfois partagé entre deux, voire trois généraux.
Le degré de motivation des généraux était d'autant plus élevé que ceux qui échouaient en temps de guerre étaient sévèrement châtiés. L'une des sanctions les plus légères était une forte amende, tandis que dans les cas les plus graves, c'était la crucifixion. Plusieurs commandants, après une défaite, se sont suicidés pour éviter cette forme de peine de mort. La peur de l'échec qui en découlait finit par contaminer la structure de commandement de l'armée et eut sans doute pour effet de pousser les généraux à se montrer trop prudents et conservateurs sur le champ de bataille. Cette approche était diamétralement opposée à celle des généraux romains, dont la durée de commandement était limitée à une seule année, ce qui les poussait à adopter une approche plus agressive de la guerre et à tenter de remporter une victoire totale avant la fin de leur mandat.
Les commandants les plus efficaces étaient ceux qui possédaient non seulement les capacités militaires nécessaires pour exploiter les opportunités qui s'offraient à eux lors des différentes batailles et les faiblesses de leurs ennemis, mais aussi la capacité de transformer leurs propres forces de mercenaires en une unité homogène. Pour y parvenir, il n'était pas rare que les généraux mettent en place un certain degré de culte de la personnalité. Hannibal, par exemple, alla plus loin que son père Hamilcar Barca (qui avait émis des pièces de monnaie à son effigie) et s'identifia à Hercule-Melqart, un mélange de l'invincible héros grec et du dieu phénicien-punique. Cette image plaisait à la fois aux Carthaginois et aux Grecs. Il s'agissait d'un outil de propagande efficace auprès des contingents grecs de l'armée carthaginoise et lors des combats dans des régions comme la Grande-Grèce, où le culte était particulièrement vivace. Pour renforcer ses prétentions divines, Hannibal raconta un jour qu'il avait fait un rêve dans lequel Melqart lui avait expressément demandé d'envahir l'Italie et lui avait même donné un guide pour y parvenir de la manière la plus efficace possible. Tous ces stratagèmes n'avaient d'autres buts que de contribuer à convaincre le simple soldat qu'il se battait pour une cause juste sous les ordres du meilleur général possible.
Hommes de troupe et armement
L'armée de Carthage se composait d'une infanterie lourdement cuirassée recrutée parmi les citoyens. Il s'agissait d'un groupe d'élite de 2.500 à 3.000 fantassins identifiés par leurs boucliers blancs et connus sous le nom de Bande sacrée. Le gros de l'armée carthaginoise qui combattait dans tout l'empire était cependant composé en grande partie d'unités de mercenaires - à la fois des alliés locaux payés (par exemple de Libye et de Tunisie) et des armées de mercenaires de Grèce, d'Ibérie, d'Italie du Sud et de Gaule. Le corps de cavalerie de leurs alliés Numides constituait l'un des meilleurs corps de l'armée carthaginoise. Pour ne pas s'exposer au risque de voir des armées de mercenaires ambitieuses se rebeller contre l'élite dirigeante de Carthage, les Carthaginois veillaient à ce que tous les postes de commandement supérieurs et intermédiaires soient occupés par des citoyens de Carthage. Néanmoins, malgré cette précaution, il arriva à plusieurs reprises que des armées de mercenaires se révèlent déloyales et provoquent même des luttes de pouvoir entre les clans rivaux de l'aristocratie carthaginoise, en particulier lors de la Guerre sans trêve (ou Guerre des mercenaires, 241-237 av. JC).
Les armées de Carthage étant généralement constituées de groupes composites de mercenaires étrangers, leurs armes et équipement différaient en fonction de l'origine ou des préférences de l'unité. En outre, les Carthaginois ne répugnaient pas à s'équiper de l'armement et des armures de leurs ennemis tombés au combat. L'hoplite grec était peut-être le type le plus courant: armure lourde, grand bouclier, lance et épée. Il existait également des contingents de frondeurs et d'archers. Jusqu'au IIIe siècle avant notre ère, les chars de guerre étaient couramment utilisés, mais ils étaient limités par le fait qu'il leur fallait un terrain favorable pour être efficaces, ce qui entraîna leur abandon au profit d'une cavalerie plus mobile.
Les armées carthaginoises en Sicile, où les villes étaient bien fortifiées, disposaient de pièces d'artillerie. En effet, les Carthaginois avaient très vite adopté les inventions hellénistiques de la catapulte (pour les pierres et les projectiles incendiaires) et de l'arbalète. Pendant un siège, ils utilisaient également des béliers, des tours de siège mobiles, des rampes et des techniques de sape pour venir à bout des fortifications ennemies. La ville de Carthage elle-même était équipée de machines d'artillerie pour sa défense.
L'une des armes les plus caractéristiques des Carthaginois était l'éléphant de guerre. Dotés de défenses et atteignant une hauteur de 2,5 mètres, les éléphants étaient rendus encore plus redoutables par l'ajout d'une armure sur la tête, la trompe et les flancs, et de lames ou de lances sur les défenses. Dirigés par leur conducteur (mahout), ils étaient placés devant les lignes d'infanterie pour désorganiser les formations ennemies et pour harceler l'ennemi à partir des ailes ou de l'arrière. Pas assez grand pour porter une superstructure (howdah), le type d'éléphant utilisé par Carthage autorisait peut-être la présence d'un second passager armé d'un arc ou de javelots. Il ne fait aucun doute que l'apparence et le bruit des éléphants devaient semer la panique parmi les hommes et la cavalerie de l'ennemi, mais ils étaient tout à fait imprévisibles au combat et pouvaient causer autant de dégâts dans leur propre camp que dans celui de l'adversaire. Une fois les forces ennemies habituées aux éléphants et après qu'elles eurent entraîné leurs chevaux à ne pas paniquer, ou lorsque le terrain n'était pas propice, l'efficacité des éléphants se trouva grandement réduite.
Stratégies
Dans les batailles terrestres, après une première série d'escarmouches impliquant la cavalerie légère, l'armée carthaginoise attaquait l'ennemi de front avec l'infanterie lourde, comme les Grecs l'avaient fait pendant des siècles avec la phalange (une ligne d'hoplites étroitement groupés se protégeant mutuellement de leurs boucliers). Cependant, Hannibal fit preuve de sa capacité à adapter les meilleures pratiques de l'ennemi en matière de tactique et de formation, comme après la bataille du lac Trasimène (217 av. JC), où il adopta probablement le déploiement plus souple des troupes romaines, la manipule, par opposition à la phalange, plus statique.
L'infanterie légère était stationnée sur les ailes et protégeait les flancs de la phalange, ce qui permettait d'attirer les lignes ennemies. La coordination des troupes au cours de la bataille se faisait à l'aide d'étendards. Chaque groupe ethnique avait le sien, comme le sanglier celtique, et les armoiries des boucliers étaient également utilisées pour identifier les différents individus. Lorsqu'elles ne participaient pas à des batailles directes pour briser les formations et harceler les flancs de l'ennemi, les unités de cavalerie étaient utilisées pour tendre des embuscades aux troupes ennemies, les diriger vers une embuscade tendue par des troupes d'infanterie, ou dans le cadre de tactiques de guérilla pour harceler en permanence les armées ennemies et leur soutien logistique.
Guerre navale
La taille de la flotte carthaginoise a varié selon les époques, mais selon l'historien antique Polybe, Carthage possédait une flotte de 350 navires en 256 avant notre ère. Les besoins de la grande marine de Carthage étaient tels que les navires étaient construits à partir de pièces produites en série et numérotées afin d'en faciliter l'assemblage.
La flotte de Carthage se composait de grands vaisseaux de guerre mus par la voile et les rames qui servaient aussi à percuter les vaisseaux ennemis à l'aide d'un éperon de bronze monté sur la proue, sous la ligne de flottaison. Les navires étaient la trière avec trois rangées de rameurs, la quadrirème et la quinquérème. La quinquérème, ainsi appelée en raison de sa disposition de cinq rameurs par ligne verticale de trois rames (soit un total de 300 rameurs), devint le vaisseau le plus utilisé de la flotte punique. Il était possible de monter des catapultes sur le pont de ces grands navires, mais elles étaient probablement réservées à la guerre de siège et n'étaient pas généralement utilisées dans les batailles entre navires.
Les tentatives d'éperonnage des navires ennemis pouvaient se faire de deux manières. La première, le diekplous ou percée, consistait pour les navires à former une seule ligne et à traverser les lignes ennemies au niveau d'un point faible déterminé à l'avance. Les navires défenseurs s'efforçaient de ne pas laisser de brèches dans leur formation, voire d'échelonner leurs lignes pour contrer le diekplous. La deuxième tactique, connue sous le nom de periplous, consistait à essayer de longer les flancs de la formation ennemie et d'attaquer par les côtés et par l'arrière. Cette stratégie pouvait être contrée en répartissant ses navires aussi largement que possible, mais pas trop pour ne pas permettre une attaque de type 'diekplous'. Positionner une flotte dont l'un des flancs est protégé par un rivage pouvait également aider à contrer une manœuvre de periplous, en particulier de la part d'un ennemi plus nombreux. Alors que se déroulait la phase frénétique de l'éperonnage, des navires plus petits étaient utilisés pour éloigner les navires en difficulté des lignes de combat ou même pour remorquer les navires capturés. Les rameurs étaient censés participer aux opérations de débarquement et à la construction des engins de siège, mais pas aux batailles entre navires. Les plus grands navires étaient pontés et transportaient des réserves d'hommes en armes, qu'il s'agisse d'archers ou de marins armés de lances, de javelots et d'épées, qui pouvaient monter à bord des navires ennemis si l'occasion s'en présentait.
En dehors des batailles navales, la flotte carthaginoise était également essentielle pour le transport des armées, notamment pour leur ravitaillement en fournissant une escorte aux navires de transport, les raids côtiers, l'attaque des navires de ravitaillement ennemis, le blocus des ports ennemis et le secours aux forces carthaginoises lorsqu'elles étaient elles-mêmes assiégées.
Butin de guerre et représailles
Pour Carthage, la victoire militaire se traduisait par le gain de nouveaux territoires et de leurs ressources naturelles, l'acquisition d'esclaves, parfois l'incorporation d'une partie de l'armée vaincue dans la sienne, ainsi que les trésors d'État et les greniers à blé des villes conquises. Dans la mesure où Carthage employait des mercenaires, l'une des premières priorités après une victoire était de les payer, ce qui se faisait au moyen de pièces de monnaie ou en autorisant les soldats à s'emparer de toutes les possessions des vaincus - armes, armures, bijoux, denrées alimentaires, etc.
Carthage se tailla une réputation sanguinaire en raison de sa façon de traiter les vaincus, mais cette réputation doit être relativisée par le fait que la plupart des sources le mentionnant sont pro-romaines. On sait, par exemple, qu'Hannibal libéra à plusieurs reprises des troupes ennemies non romaines afin d'augmenter les chances de voir des régions locales se révolter contre Rome. De même, certains se virent promettre la restitution des terres qui leur avaient été enlevées par les Romains. Il est certain que les prisonniers de guerre étaient parfois sacrifiés pour honorer les dieux puniques et les remercier pour la victoire. Il existe également des récits faisant état d'exécutions massives de prisonniers, parfois en faisant preuve de beaucoup de créativité, comme dans le cas l'on fit piétiner les captifs désarmés par des éléphants. Les chefs vaincus ne pouvaient espérer mieux et étaient souvent exécutés avec des raffinements de cruauté. Hasdrubal en particulier, est connu pour avoir crucifié le prince ibérique Tagua, un chef celte nommé Indortes fut aveuglé avant d'être crucifié, et le général romain Regulus fut placé dans un tonneau tapissé de pointes avant d'être roulé dans les rues de Carthage.
Cette impitoyable brutalité servait parfois un objectif politique bien précis: des généraux calculateurs pouvaient alors paraître particulièrement généreux lorsqu'ils traitaient bien les vaincus. Ils pouvaient ainsi encourager les villes ennemies à capituler sans trop faire couler le sang, afin d'éviter de subir le même sort. De façon plus importante encore, elles permettaient, en faisant miroiter à leurs propres troupes ce qui les attendait de la part de l'ennemi en cas de capture, de les motiver encore plus à se battre de leur mieux.
Des victoires illustres
L'armée carthaginoise remporta de grands succès sur certains théâtres, notamment en Afrique du Nord, en Sicile et en Hispanie. Une victoire importante fut remportée près de Tunis pendant la première guerre punique (264 - 241 av. JC) contre Rome, après que les Carthaginois aient eu la bonne idée de faire appel au commandant mercenaire spartiate Xanthippe. En 255 avant notre ère, il réorganisa l'armée et combina brillamment 100 éléphants de guerre avec 12.000 fantassins et 4.000 cavaliers pour écraser deux légions et capturer le général romain Regulus. Au cours de la bataille, 12.000 Romains trouvèrent la mort contre 800 Carthaginois.
Le grand général Hamilcar Barca s'illustra tout particulièrement en Hispanie dans les années 230 avant JC. Il compléta sa force de débarquement initiale composée de quelque 25.000 combattants par des recrues locales et se constitua une armée de 50.000 éléments, dont 100 éléphants. Grâce à un habile mélange de terreur et de diplomatie, Hamilcar étendit sans discontinuer son contrôle sur le sud de l'Hispanie, et les ressources tirées de ces campagnes furent acheminées vers Carthage, qui devint ainsi la ville la plus riche de l'Antiquité.
L'heure de gloire de l'armée de Carthage fut peut-être la série de quatre grandes batailles d'Hannibal contre Rome en Italie pendant la deuxième guerre punique (218 - 201 av. JC). Ses victoires à la bataille du Tessin près de Pavie et de la Trébie en décembre 218 avant notre ère, au lac Trasimène en juin 217 avant notre ère et à la bataille de Cannes, dans les Pouilles, en août 216 avant notre ère, bouleversèrent le monde romain. Après avoir habilement combiné son armée mixte de mercenaires en un ensemble cohérent et discipliné, tiré pleinement parti du terrain local et utilisé ses troupes dans des manœuvres rapides sur le champ de bataille, Hannibal, pendant un certain temps au moins, s'avéra invincible.
Des défaites retentissantes
La défaite navale la plus dévastatrice de Carthage fut sans doute son tout premier engagement naval contre Rome, lors de la bataille de Mylae (Milazzo) en 260 avant notre ère. La flotte romaine de 145 navires vainquit la flotte carthaginoise de 130 navires qui n'avait même pas pris la peine de former des lignes de combat, tant ils étaient confiants dans la victoire contre une marine romaine encore inexpérimentée. Lorsque le navire amiral carthaginois fut capturé, son commandant fut contraint de fuir ignominieusement à bord d'une barque.
En 202 avant notre ère, le général romain Scipion l'Africain vainquit le grand Hannibal et ses éléphants à la bataille de Zama, dans l'ouest de la Tunisie. Scipion avait réussi à rallier la cavalerie numide à sa cause et avait brillamment organisé son infanterie pour former des couloirs qui permettaient aux 80 éléphants d'Hannibal de charger sans faire le moindre dégât, avant de les renvoyer semer la panique au sein des lignes carthaginoises. Cette bataille mettrait fin à la deuxième guerre punique et, de fait, à la position de Carthage en tant que grande puissance.
La pire défaite de Carthage ne fut rien de moins que son annihilation totale par les Romains lors de la troisième guerre punique (149-146 av. JC). Après un long siège et une résistance acharnée, la ville finit par tomber sous les coups des engins de siège de Scipion Émilien (alias Scipion le Numantin). Ses bâtiments furent détruits, les habitants vendus comme esclaves et la terre officiellement maudite.
Conclusion
Carthage pratiqua donc avec succès l'art de la guerre pendant des siècles, mais en fin de compte, et malgré un effort héroïque qui, à plusieurs reprises, faillit lui apporter la victoire, elle trouva son maître en Rome qui disposait d'une armée professionnelle et bien entraînée, soutenue par une réserve apparemment inépuisable de recrues et de soutien financier. Les faiblesses inhérentes à l'armée carthaginoise - des groupes disparates de mercenaires parfois déloyaux, des structures de commandement confuses et une dépendance excessive vis-à-vis de l'infanterie lourde et des éléphants de guerre - firent que Carthage fut en fait incapable de maintenir son statut de superpuissance méditerranéenne et de rivaliser avec la puissance de Rome.