Silla

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 03 octobre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais, malais
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Gold Silla Crown (by Jeff & Neda Fields, CC BY-NC-ND)
Couronne en or de Silla
Jeff & Neda Fields (CC BY-NC-ND)

Le royaume de Silla régna sur le sud-est de la Corée pendant la période des Trois Royaumes, du 1er siècle avant notre ère au 7e siècle de notre ère. La capitale était Geumseong (Gyeongju), avec un gouvernement centralisé et un système hiérarchique de rangs sociaux. La prospérité de Silla est évidente dans les magnifiques couronnes d'or qui sont parmi les objets d'art les plus prisés de l'ancienne Asie du Sud-Est.

Les Silla étaient en constante rivalité avec leurs voisins, les royaumes de Baekje (Paekche) et de Goguryeo (Koguryo), ainsi qu'avec la confédération contemporaine de Gaya (Kaya). Une alliance avec la dynastie chinoise des Tang permit à Silla de conquérir l'ensemble de la péninsule coréenne en 668, qu'il gouverna pendant les trois siècles suivants sous le nom de Royaume unifié de Silla.

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Aperçu historique

La date traditionnelle de fondation du royaume de Silla (souvent appelé Ko-Silla - "Vieux Silla" - pour le distinguer de la période unifiée ultérieure) est, selon le Samguk sagi ("Archives historiques des trois États") du XIIe siècle, 57 avant notre ère, mais il est peu probable que cette date soit exacte et les historiens modernes préfèrent une date plus tardive lorsqu'ils décrivent le Silla comme une entité politique unique. Le royaume émergea lorsque les tribus Jinhan du sud-est de la Corée formèrent une confédération. La figure traditionnelle du fondateur est Hyeokgeose (r. de 57 av. J.-C. à 4 de notre ère) qui, après être né d'un œuf magique écarlate, aurait fondé sa capitale fortifiée à Saro, plus tard connue sous le nom de Geumseong (Gyeongju/Kyongju moderne).

Les premiers dirigeants portaient le titre de chachaung, qui signifie chaman ou prêtre, ce qui suggère qu'ils étaient choisis en raison de leur rôle de chaman au sein de la communauté. Les clans dominants à cette époque étaient les Pak, les Sok et les Kim. Nulchi (r. de 417 à 458 de notre ère) établit un système d'héritage de la couronne de père en fils, remplaçant le précédent système de rotation entre les clans. Sous le règne du roi Soji (458 à 500 de notre ère), des postes furent créés pour mieux relier les différentes villes fortifiées du groupe. La capitale, Saro, donna au royaume son premier nom (également connu sous le nom de Seorabol, qui signifie "Terre de l'Est"), qui fut changé en Silla sous le règne du roi Beopheung (r. de 514 à 540), lorsqu'un plus grand degré de centralisation fut atteint.

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Au cours des siècles, Silla lutta sans cesse contre les royaumes voisins de Goguryeo, Baekje et la confédération de Gaya.

Silla lutta sans cesse au cours des siècles contre les royaumes voisins de Goguryeo, Baekje et la confédération de Gaya, les quatre se disputant le contrôle de la péninsule coréenne et changeant constamment d'alliés. Le royaume de Silla avait l'avantage d'être protégé par les montagnes locales, ce qui l'isolait dans une certaine mesure des autres États coréens. Silla forma une alliance avec Goguryeo pour repousser une armée japonaise-Baekje en 400 de notre ère, mais lorsque Goguryeo devint plus ambitieux sur le plan territorial au Ve siècle, Baekje et Silla formèrent un partenariat de longue durée entre 433 et 553 de notre ère.

Silla prospéra au VIe siècle sous le règne de Jijeung (r. de 500 à 514), grâce à l'introduction de charrues tirées par des bœufs et de systèmes d'irrigation qui permirent d'accroître les rendements agricoles. Le royaume bénéficia également de ressources naturelles telles que le fer et l'or. Les produits manufacturés de Silla comprenaient la soie, les articles en cuir, les meubles, la céramique, les outils et les armes en métal, tous supervisés par des départements gouvernementaux spécialisés.

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Les relations avec Baekje détériorèrent lorsque Silla occupa certaines parties de la vallée inférieure du fleuve Han. En 554, à la bataille de Gwansan (aujourd'hui Okcheon), Silla vainquit une armée de Baekje et tua leur roi Song. Cette victoire permit à Silla d'accéder à la côte occidentale et à la mer Jaune, ce qui lui donna la possibilité d'établir des liens plus étroits avec la Chine.

Three Kingdoms of Korea Map
Carte des trois royaumes de Corée
Ashraf Kamel (CC BY-NC-SA)

L'attaque de Silla contre la cité-état de Gaya Geumgwan Gaya (Bon-Gaya), qui tomba en 532, fut une autre réussite dans le sud. En 562, Daegaya tomba également et la confédération de Gaya fut entièrement absorbée par le royaume de Silla. Il restait alors deux dangereux adversaires, Goguryeo et Baekje, qui s'allièrent efficacement pour conquérir Daeya-dong (l'actuelle Hapcheon), également en 562. Silla avait besoin d'une aide extérieure pour réaliser son ambition de contrôler l'ensemble de la péninsule.

Heureusement pour le royaume coréen, la Chine était alors gouvernée par la dynastie Tang (618-907), qui vit là l'occasion de monter les uns contre les autres ces royaumes méridionaux gênants, et ce, dans son propre intérêt. Choisissant Silla comme allié, les choses ne se passèrent pas bien au début lorsqu'une armée commune Silla-Tang fut vaincue par une armée de Goguryeo dirigée par le célèbre général Yang Manchun en 644. Trois autres fois, les armées Tang furent vaincues au cours de la décennie suivante. Puis, en l'espace de quelques années riches en action, toute la carte politique changea radicalement.

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Une armée et une force navale communes aux Tang et aux Silla furent formées en vue d'une grande offensive décisive. L'armée du Silla, forte de 50 000 hommes, était dirigée par le général Kim Yu-sin, tandis que l'empereur Tang Gaozong envoyait une marine de 130 000 hommes, qui remontait le fleuve Geum. Face à cette force écrasante, Baekje fut pris en tenaille, sa capitale Sabi fut écrasée et le royaume fut entièrement balayé en 660. Le Silla étouffa ensuite facilement une brève rébellion en 663; un royaume en moins, il n'en restait plus qu'un.

Une fois de plus, les Tang jouèrent un rôle déterminant dans les affaires coréennes lorsque Pyongyang, la capitale de Goguryeo, fut attaquée par une armée chinoise en 661, puis en 667. La ville, après un siège d'un an, finit par tomber et, en 668, le royaume de Goguryeo devint une province chinoise, tout comme l'ancien territoire de Baekje. Silla n'avait cependant pas l'intention de laisser la Chine conserver ces acquis et, tandis que les Tang étaient préoccupés par la montée en puissance du Tibet, les armées de Silla combattirent les forces chinoises restées en Corée. Les batailles de Maesosong (675) et de Kibolpo (676) furent des victoires et Silla fut enfin le seul maître de la Corée.

Gouvernement et classes sociales

Tout comme dans les autres États de l'époque, un gouvernement central contrôlait le royaume, en dessous de la cour royale, avec des fonctionnaires nommés pour superviser les six provinces (pu). Les rois de Silla avaient peut-être moins de pouvoir que leurs homologues des autres royaumes, car ils partageaient le gouvernement avec un petit conseil d'aristocrates, le hwabaek, qui décidait même des questions les plus importantes de l'État, telles que les déclarations de guerre.

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Korean Royal Wedding Re-enactment
Reconstitution du mariage royal coréen
Steve46814 (CC BY-SA)

Le royaume de Silla était inhabituel dans la mesure où, parmi la longue lignée de souverains masculins, deux reines régnèrent: Seondeok (r. de 632 à 647) et Jindeok (r. d'environ 647 à 654). La première accéda au trône parce que son père, le roi Jinpyeong (r. de 579 à 632) n'avait pas d'héritier mâle. Son règne se distingue par l'intégration accrue du bouddhisme en tant que religion d'État. Jindeok suivit les traces de sa cousine et aida Silla à dominer la péninsule coréenne. Il y aurait une troisième reine, Jinseong (r. de 887 à 898), qui régnerait pendant la période du Silla unifié.

La majorité des sujets du monarque étaient des fermiers qui travaillaient leur propre terre, mais qui devaient également fournir de la main-d'œuvre pour les projets gouvernementaux tels que la construction de fortifications et, en temps de guerre, pour combattre dans l'armée de Silla. Une aristocratie dominait les postes administratifs et religieux, sa richesse provenant du commerce et des propriétés foncières exploitées par des esclaves (en grande partie des prisonniers de guerre et des criminels). Les jeunes aristocrates étaient formés dans le système Hwarang ou "Garçons-fleurs" qui, malgré ses enseignements bouddhistes, mettait l'accent sur les prouesses martiales et l'héroïsme.

En 520 de notre ère, le roi Beophung introduisit le système de classement des os (Système Kolp'um). Il s'agissait d'une classification des rangs sociaux basée sur la naissance, qui permettait aux détenteurs d'un certain statut de postuler à des niveaux spécifiques d'emplois au sein de l'administration gouvernementale et déterminait le montant de l'impôt qu'ils devaient payer. À l'origine, il existait trois niveaux: l'"os sacré"(seonggol), l'"os véritable"(jingol) et le "rang de chef"(tupum). Ce dernier était le plus important et se divisait en six niveaux. Le système de classement des os était omniprésent et dictait même des questions apparemment triviales telles que le type de vêtements que l'on pouvait porter, la taille de sa maison et les moyens de transport que l'on était autorisé à utiliser. Le système était extrêmement rigide et il était pratiquement impossible de passer d'un niveau à l'autre, ce qui explique peut-être la stagnation sociale du royaume de Silla, qui finit par contribuer à sa chute.

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Silla Ceramic Warrior
Guerrier en céramique de Silla
대한민국 정부 (CC BY)

Relations avec la Chine

Au IVe siècle de notre ère, Silla entretenait des relations diplomatiques avec la Chine et payait régulièrement un tribut à la puissance régionale. À partir du VIe siècle, les souverains de Silla adoptèrent le titre chinois de wang (roi) - qui remplaça le maripkan ou titre d'"élévation" des précédents rois de Silla -, le système d'écriture chinois, le confucianisme pendant la période Han et le bouddhisme, qui devint la religion officielle de l'État en 535, même si les pratiques chamaniques traditionnelles se poursuivaient. Lorsque le taoïsme se popularisa pendant la période Tang, il se répandit également dans le royaume de Silla.

Les deux États étaient des partenaires commerciaux de longue date: la Chine exportait de la soie, du thé, des livres et des objets en argent, tandis que Silla envoyait en retour de l'or, des chevaux, du ginseng, des peaux, des objets manufacturés ornementaux tels que des tables et des esclaves. Les règnes de la reine Seondeok et du roi Taejong Muyol, au milieu du VIIe siècle, furent marqués par des relations encore plus étroites avec la Chine des Tang: les coutumes de la cour des Tang étaient respectées à Kumsong, des étudiants étaient envoyés en Chine pour y étudier et, surtout, une aide militaire massive fut envoyée pour aider Silla à écraser ses rivaux.

Art de Silla

Les œuvres les plus célèbres des artisans de Silla sont sans aucun doute les couronnes d'or et de bronze doré exhumées de plusieurs tombes royales, qui justifient le nom de Geumseong ou "ville de l'or" donné à la capitale. Réalisées en feuilles d'or et décorées de granulations et de pendentifs de jade (magatama) en forme de croissant, elles sont ornées de grands bois et d'arbres dressés, ce qui indique un lien avec le chamanisme. Mais il n'y a pas que des couronnes, il y a aussi des bijoux, des ceintures, des chaussures, des gaines et des coupes en fine feuille d'or, minutieusement sculptés et ornés de fils d'or, de granulations, de longs pendentifs et de morceaux de jade.

Silla Gold Earrings, National Treasure 52
Boucles d'oreilles en or Silla, Trésor national 52
National Museum of Korea (CC BY)

Des sculptures en pierre et en bronze doré furent produites, en particulier celles du Bouddha, des bodhisattvas et du Bouddha à venir, Maitreya. Une statue en bronze doré de ce dernier type, datant de 600 ans environ, est l'une des pièces les plus remarquables de la sculpture coréenne ancienne. La statue représente une figure contemplative avec une main délicatement posée, une jambe croisée et une robe fluide. Elle est actuellement exposée au Musée national de Corée, à Séoul.

La poterie de Silla de la période des Trois Royaumes était principalement composée de grès gris avec des décorations incisées, appliquées et percées. Deux formes prédominent: la jarre à long col (changgyong ho) et la coupe ronde à couvercle avec un large pied, connue sous le nom de kobae (mais utilisée pour la nourriture, pas pour les liquides). Parmi les autres formes, citons les tasses à cornes, les tasses à roue, les tasses à une anse, les grandes jarres bulbeuses, les lampes et les tasses à clochettes, qui contiennent de petits morceaux d'argile à l'intérieur d'une partie inférieure creuse, de sorte qu'elles s'entrechoquent lorsqu'on les soulève. Des supports de poterie (kurut pachim), utilisés pour soutenir de grands bols, étaient également fabriqués et présentent des motifs percés complexes. Les objets de poterie les plus impressionnants sont peut-être les aiguières en forme de cavaliers en armure.

Gilt-bronze Silla Maitreya
Maitreya, bronze doré de Silla
Jeff & Neda Fields (CC BY-NC-ND)

Architecture de Silla

Les tombes typiques de Silla de la période des Trois Royaumes se composent d'une cavité en bois placée dans une fosse en terre qui était ensuite recouverte d'un grand tas de pierres et d'un monticule de terre. Pour rendre la tombe imperméable, des couches d'argile étaient appliquées entre les pierres. De nombreuses tombes contiennent des sépultures multiples, parfois jusqu'à dix individus. L'absence d'entrée permit à beaucoup plus de tombes de Silla de rester intactes par rapport aux deux autres royaumes et d'offrir des trésors allant des couronnes d'or aux bijoux de jade. La plus grande de ces tombes, composée en fait de deux monticules et contenant un roi et une reine, est la tombe de Hwangnam Taechong. Datant du 5-7ème siècle, la tombe mesure 80 x 120 m, et ses monticules mesurent 22 et 23 m de haut.

Parmi les structures remarquables qui subsistent à Gyeongju figure l'observatoire Cheomseongdae, datant du milieu du VIIe siècle. Haut de neuf mètres, il fonctionnait comme un cadran solaire mais possédait également une fenêtre orientée vers le sud qui captait les rayons du soleil sur le sol intérieur à chaque équinoxe. C'est le plus ancien observatoire d'Asie de l'Est encore en activité.

This content was made possible with generous support from the British Korean Society.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, octobre 03). Silla [Silla]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15139/silla/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Silla." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 03, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15139/silla/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Silla." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 03 oct. 2016. Web. 30 juin 2024.

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