Hérode Ier le Grand

10 jours restants

Investissez dans l'enseignement de l'Histoire

En soutenant notre organisation reconnue d'utilité publique, World History Foundation, vous investissez dans l'avenir de l'enseignement de l'Histoire. Votre don nous aide à transmettre à la nouvelle génération les connaissances et les compétences dont elle a besoin pour comprendre le monde qui l'entoure. Aidez-nous à démarrer la nouvelle année prêts à publier des contenus historiques fiables et gratuits pour tous.
$3029 / $10000

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 12 septembre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
Herodium (by Asaf T., Public Domain)
L'Hérodion
Asaf T. (Public Domain)

Hérode Ier, ou Hérode le Grand (c. 75 - 4 av. J.-C.), était le roi de Judée qui régna en tant que client de Rome. Il s'est attiré une infamie durable en tant que "massacreur d'innocents", comme le raconte le livre de Matthieu dans le Nouveau Testament. Hérode était cependant un administrateur doué et, au cours de son règne de 33 ans, il fut à l'origine de nombreux travaux de construction importants, dont la reconstruction du temple de Jérusalem, plusieurs aqueducs et l'imposante forteresse connue sous le nom d'Hérodion. Les historiens ont réévalué sa réputation longtemps négative et reconnaissent aujourd'hui que son règne a eu au moins quelques effets positifs sur les Juifs et le judaïsme dans son royaume.

Accession au trône

Hérode était un roi client (ou un proche allié) de Rome, mais son accession au trône ne fut pas simple. Son père Antipater l'Iduméen le nomma gouverneur de Galilée en 47 avant notre ère. À la mort de son père, il s'ensuivit une période turbulente de luttes intestines impliquant son frère et diverses factions romaines. En 40 avant notre ère, les Parthes attaquèrent la Syrie et la Palestine et prirent Jérusalem. Le frère d'Hérode fut fait prisonnier et se suicida peu après. Hérode fut alors contraint de fuir à Rome et Antigone, de la dynastie hasmonéenne, fut établi en tant que souverain à Jérusalem.

Supprimer la pub
Publicité

À Rome, Hérode s'attira les faveurs d'Octave et de Marc-Antoine qui persuadèrent le Sénat de placer Hérode en tant que roi de Judée. Concrètement, cependant, cela ne réglait pas le problème d'Antigone et des Parthes. Marc-Antoine fut donc envoyé dans la région qu'il nettoya rapidement, forçant les Parthes à se replier sur la rive orientale de l'Euphrate. Pendant ce temps, Hérode, avec l'aide du général romain Gaius Sosius, prit la tête d'une force et reprit Jérusalem en 37 avant notre ère. Enfin, il entama ce qui serait un règne long et prospère de 33 ans en tant que roi de Judée, ou "pays des Juifs", comme il était souvent appelé.

Hérode se lança dans une série de grands projets de construction, comme la rénovation du temple de Jérusalem.

Consolidation du pouvoir et expansion

Selon l'historien romain Josèphe (Ier siècle de notre ère), les premières années du règne d'Hérode ne furent guère facilitées par sa rivalité avec Cléopâtre VII. Son consort Marc Antoine était en fait le protecteur d'Hérode, mais la reine égyptienne ne cessait de grignoter certaines des parties les plus lucratives du royaume d'Hérode. Avec la victoire d'Octave à Actium en 31 avant notre ère, qui mit fin à l'influence d'Antoine et de Cléopâtre, Hérode forgea un nouveau partenariat utile avec le futur premier empereur de Rome.

Supprimer la pub
Publicité

Le règne d'Hérode fut largement pacifique et, bien qu'il ait acquis la réputation d'imposer des taxes oppressives, celles-ci n'étaient en fait pas excessives et n'étaient pas pires que celles des régimes contemporains. Hérode n'était pas non plus obligé de payer un tribut à Rome, même s'il y envoyait de très beaux cadeaux. En 30 avant notre ère, il avait repris le contrôle de tous les territoires dont les Hasmonéens et Cléopâtre s'étaient emparés. Puis, entre 23 et 20 avant notre ère, il étendit son royaume au nord de la Galilée et repeupla certaines régions avec des colons sympathisants. Administrateur doué, il créa une nouvelle classe sacerdotale (en abolissant l'hérédité) et une élite plus multiculturelle. Il renforça également la position de la Judée dans le monde méditerranéen grâce à ses cadeaux extravagants à Athènes et à son parrainage des Jeux olympiques, toujours aussi importants.

Model of Herod's Renovation of the Temple of Jerusalem
Maquette de restitution du Temple de Jérusalem
Berthold Werner (Public Domain)

Programme de construction

Désormais fermement établi dans son royaume, Hérode se lança dans une série de grands projets de construction, peut-être financés par une taxe d'un demi-shekel payable par chaque Juif de la Diaspora. Ce programme créa également des emplois et stimula l'économie, même si l'on peut se demander dans quelle mesure la population juive en bénéficia à long terme. Le projet le plus célèbre fut la rénovation somptueuse du temple de Jérusalem. Hérode fit également agrandir les murs de fortification de la ville et ajouta un théâtre et un amphithéâtre. Il améliora plusieurs forteresses (notamment celles de Jéricho et de Massada, sur la rive occidentale de la mer Morte), reconstruisit Samarie (qu'il rebaptisa Sebastée, du grec Augustus) et construisit un nouveau port à la tour de Straton (Césarée). Ces deux renommages soulignent l'empressement d'Hérode à satisfaire ses alliés romains. Le projet le plus ambitieux d'Hérode fut sans doute la forteresse de l'Hérodion, située à 11 km au sud de Jérusalem.

Supprimer la pub
Publicité

Hérodion

La forteresse de l'Hérodion, l'une des sept qu'il fit construire, a été identifiée par les archéologues comme étant la montagne Jebel Fureidis, à la lisière du désert de Judée. Cette montagne classique en forme de cône était l'emplacement idéal pour la forteresse qu'Hérode fit construire pour commémorer sa victoire sur Antigone et les Parthes en 37 avant notre ère. La forteresse devait servir de refuge à Hérode en cas de contestation de son pouvoir et, peut-être aussi, de mausolée. Elle fut construite en creusant le sommet de la montagne et en utilisant la terre récupérée pour les remparts. Un grand palais fut construit à l'intérieur de ses murs, alimenté en eau par un système d'aqueducs. L'ensemble fut achevé vers 15 avant notre ère. Au pied de la montagne, une petite ville fut construite, comprenant des bâtiments administratifs, des jardins, une synagogue, des mausolées et un grand bassin. Le site a fait l'objet de fouilles qui ont permis de découvrir le grand bassin de la ville basse et l'un des premiers toits en dôme romains à l'intérieur des thermes du palais.

Map of the Levant circa 830 BCE
Carte du Levant vers 830 av. J.-C.
Richardprins (GNU FDL)

Règne ultérieur

Le règne d'Hérode devint de plus en plus troublé au fur et à mesure qu'il se prolongea. En 9 avant notre ère, une guerre éclata contre la Nabatée, voisine d'Hérode au sud, qui était devenue une base pour les factions d'opposition en Judée. La situation s'aggrava lorsque Auguste se rangea d'abord du côté des Nabatéens dans le conflit. Heureusement, l'envoyé d'Hérode, Nicolas de Damas, réussit à présenter les arguments du roi et Auguste changea de politique.

Outre les problèmes diplomatiques, Hérode dut également faire face à des problèmes familiaux. Soupçonnant sa femme Mariamne d'être infidèle, il la fit exécuter en 29 avant notre ère. Leurs deux fils étant soupçonnés de loyauté envers l'opposition qui menaçait Hérode depuis Nabatée, Hérode s'en débarassa sans ménagement vers l'an 6 avant notre ère, ainsi que son fils aîné Antipater deux ans plus tard. Cependant, le roi vieillissant souffrait de graves problèmes de santé qui affectaient ses organes internes, et il mourut en 4 avant notre ère. Hérode fut enterré dans une tombe construite à cet effet sur les pentes de l'Hérodion. En 2007, cette tombe a été fouillée, mais le sarcophage qu'elle contenait était endommagé et vide. Il fut probablement ouvert lors de la première révolte juive, au cours du siècle qui suivit la mort d'Hérode. Le royaume d'Hérode fut divisé par les Romains entre les trois fils d'Hérode: Hérode Antipas, Archélaos et Philippe.

Supprimer la pub
Publicité

Northern Palace of Masada
Palais nord de Massada
Dana Murray (CC BY-NC-SA)

Nouveau Testament

La réputation et l'infamie durables d'Hérode reposent en grande partie sur sa représentation dans le chapitre 2 de Matthieu du Nouveau Testament. Hérode y est informé par des sages venus de l'Est qu'un roi des Juifs naîtra à Bethléem. Le roi envoie alors ces hommes "à Bethléem, en disant: Allez chercher le petit enfant; et quand vous l'aurez trouvé, rapportez-moi la nouvelle, afin que je vienne aussi l'adorer" (Matthieu 2:8). Puis, après avoir trouvé l'enfant et lui avoir offert des cadeaux, les mages "ayant été avertis en songe par Dieu de ne pas retourner auprès d'Hérode"(ibid. 2, 12) ont décidé de ne pas suivre les souhaits d'Hérode. Ensuite, "l'ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu'à ce que je t'annonce quelque chose, car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr"(ibid. 2, 13). C'est ce que fit Joseph, et lorsque Hérode le découvrit, "voyant que les sages se moquaient de lui, il entra dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui se trouvaient à Bethléem et dans toutes ses villes "(ibid. 2, 16).

Cette présentation devrait peut-être être considérée avec l'évidence qu'Hérode, comme l'historien L. L. Grabbe l'affirme, "a vécu comme un Juif et a généralement respecté la loi religieuse juive" et que, bien qu'il y ait eu sans aucun doute quelques aspects négatifs à son règne, "ses relations lui ont également permis d'être utile aux Juifs à plusieurs occasions, et dans l'ensemble son règne a été bénéfique pour le peuple et la religion juifs" (Bagnall, 3175). Néanmoins, l'historien S. Schwart résume peut-être le mieux les complexités de la position d'Hérode en tant que médiateur entre Rome, les Juifs, les factions familiales opposées et les citoyens non juifs de son royaume en déclarant qu'"il est impossible de fournir une évaluation univoque du règne d'Hérode" (Barchiesi, 770).

Supprimer la pub
Publicité

Bibliographie

World History Encyclopedia est un associé d'Amazon et perçoit une commission sur les achats de livres sélectionnés.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, septembre 12). Hérode Ier le Grand [Herod the Great]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15197/herode-ier-le-grand/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Hérode Ier le Grand." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 12, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15197/herode-ier-le-grand/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Hérode Ier le Grand." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 12 sept. 2016. Web. 21 déc. 2024.

Adhésion