Baekje

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 27 septembre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais, malais
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Baekje Incense Burner (by National Museum of Korea, CC BY)
Brûleur d'encens Baekje
National Museum of Korea (CC BY)

Baekje (alias Paekche) fut l'un des trois royaumes qui régnèrent sur l'ancienne Corée du 1er siècle avant notre ère au 7ème siècle de notre ère. Contrôlant le territoire de la partie sud-ouest de la péninsule, le royaume était en constante rivalité avec les deux autres royaumes de l'époque, Silla et Goguryeo, ainsi qu'avec la confédération voisine de Gaya. Le royaume de Baekje était réputé pour sa haute culture et il en exportait de nombreux aspects vers son allié le Japon. Cependant, lorsque les Silla s'allièrent à l'ambitieuse dynastie chinoise des Tang, le royaume de Baekje fut écrasé et transformé en province chinoise avant d'être finalement incorporé dans le royaume unifié de Silla.

Fondation de Baekje

Les rois de Baekje se considéraient comme les descendants des tribus Buyeo (Puyo) du nord-est de la Mandchourie. La date traditionnelle de fondation du royaume est 18 avant notre ère, selon le Samguk sagi ("Archives historiques des trois États") du 12e siècle, mais il est peu probable que cette date soit exacte. La même source nous informe que le fondateur était Onjo, fils de Dongmyeong qui avait fondé le royaume de Goguryeo (Koguryo). Onjo et son frère Biryu établirent leur capitale à Wirye-song (l'actuelle Séoul). Le nom Baekje signifie "régner sur 100 personnes", ce qui indique le premier groupe de disciples qui émigrèrent avec Onjo.

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Les historiens modernes attribuent toutefois au roi Goi (r. de 234 à 286 de notre ère) la fondation du royaume de Baekje et la formation d'un État centralisé. Goi créa un cabinet de six fonctionnaires (naesin) pour administrer l'État nouvellement centralisé, ainsi qu'un système de grades d'officiers à 16 niveaux. En 262 de notre ère, Goi chercha également à réduire la corruption de l'État en imposant des amendes triples et l'exclusion de tout fonctionnaire pris en flagrant délit de conduite inappropriée. Le royaume prospéra grâce à ses terres agricoles fertiles et s'agrandit par l'acquisition de territoires voisins tels que les villes fortifiées de Mahan et de Taebong (l'ancien État de Chinbon) en 314 de notre ère.

Du 4e au 6e siècle, une longue et sanglante rivalité s'installa avec les deux autres royaumes de la péninsule, Goguryeo et Silla.

Classes sociales

Une aristocratie composée de huit clans (Sa, Yon, Hyop, Hae, Chin, Kuk, Mok et Paek) finit par dominer tous les postes officiels du royaume. Les aristocrates étaient eux-mêmes divisés en trois niveaux et se distinguaient par la couleur de leurs robes. Au sommet se trouvaient les chwapyong vêtus de pourpre (qui formaient le cabinet du naesin), au milieu les tok écarlates et en bas les mun-dok et les mudok vêtus de bleu. Seuls les membres d'un niveau donné pouvaient accéder à certains postes de l'administration gouvernementale. Les hauts fonctionnaires portaient des bonnets de soie ornés de fleurs d'argent, tandis que le roi avait un chapeau similaire, mais orné de fleurs d'or.

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Dans les provinces, les chefs locaux gouvernaient les villages qui étaient également surveillés par un magistrat nommé par l'État (kunjang). La majorité de la population était composée de paysans, qui devaient payer un tribut à l'État, parfois même offrir leur travail ou effectuer un service militaire. Au-dessous de la classe paysanne se trouvaient les esclaves (principalement des prisonniers de guerre et des criminels) qui servaient sur les domaines de l'aristocratie.

Three Kingdoms of Korea Map
Carte des trois royaumes de Corée
Ashraf Kamel (CC BY-NC-SA)

Relations avec la Chine et le Japon

L'influence chinoise est attestée par l'adoption du titre de wang (roi) par le monarque Baekje à partir de la fin du IIIe siècle de notre ère. D'autres exemples d'influence chinoise se retrouvent dans l'éducation, l'écriture (adaptée à la langue coréenne), la poésie, les arts et les pratiques funéraires, entre autres. La popularité précoce du taoïsme et, plus encore, du confucianisme constitue un autre domaine d'influence. En 384 de notre ère, sous le règne du roi Chimnyu, le bouddhisme fut adopté comme religion d'État, après y avoir été introduit par le moine indien ou serindien Marananta. Il remplaça l'ancien système de croyance basé sur l'idée que le roi était un fils de Dieu. De même, la culture Baekje fut exportée à l'étranger, notamment par le biais d'enseignants, d'érudits et d'artistes qui se rendirent au Japon et apportèrent avec eux la culture chinoise, comme les textes classiques de Confucius, mais aussi des éléments de la culture coréenne, comme en témoignent par exemple les bâtiments en bois construits au Japon par des architectes coréens.

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Expansion et rivalités

Du 4e au 6e siècle de notre ère, Baekje connut une longue et sanglante rivalité avec les deux autres royaumes de la péninsule: Goguryeo et Silla. Le roi Baekje Geunchogo (r. de 346 à 375 de notre ère) conquit la fédération Mahan et attaqua Pyongyang, tuant son homologue Goguryeo, le roi Gogugwon, en 371 de notre ère. Sous le règne de Geunchogo, des liens diplomatiques et culturels furent établis avec la dynastie chinoise des Jin orientaux et les Wa (Wae) au Japon. Il existe des preuves que le Wa était en fait un État féodal dirigé par les rois Baekje, qui possédaient désormais une flotte moderne et contrôlaient les zones commerciales lucratives autour de la mer Jaune et de la mer du Sud. Geunchogo établit également l'héritage du trône en ligne masculine ainsi que la convention selon laquelle les reines étaient choisies dans la famille Chin, et commanda la rédaction du Sogi, une histoire de Baekje, en 375 de notre ère. Malheureusement, l'ouvrage n'a pas survécu, mais il est mentionné dans le Samguk sagi, un ouvrage plus tardif.

Baekje forma une alliance avec le royaume de Silla entre 433 et 553 de notre ère et connut sa plus grande période de prospérité.

Le royaume de Baekje couvrait la moitié sud-ouest de l'ancienne Corée, mais il était constamment repoussé par le royaume de Goguryeo, plus dominant. En 475 de notre ère, une attaque du royaume du Nord entraîna la mort du roi Gaero (qui régnait depuis 455 de notre ère) et l'abandon de Hansong (l'actuelle Gwangju), sa capitale. Une nouvelle capitale fut établie (475 de notre ère) à Ungjin (Gongju/Kongju moderne), mais elle fut remplacée par Sabi (Buyeo/Puyo moderne) en 538, qui jouissait d'une position plus favorable. Le royaume fut redécoupé en 22 régions ou tamno, chacune étant gouvernée par un membre de la famille royale.

Baekje s'allia au royaume de Silla entre 433 et 553 de notre ère et connut sa plus grande période de prospérité, mais celle-ci prit fin de manière dramatique et violente lorsque les Silla occupèrent la vallée inférieure du fleuve Han. Lors d'une bataille à la forteresse de Gwansan (aujourd'hui Okcheon) pour reprendre le territoire perdu, l'armée de Baekje, forte de 30 000 hommes, fut vaincue et le roi Seong (r. de 523 à 554) fut tué.

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Effondrement

Au siècle suivant, les royaumes de Baekje et de Goguryeo unirent leurs forces contre les Silla et passèrent à l'offensive, prenant Taeya-song (aujourd'hui Hapcheon) en 642 ainsi qu'une quarantaine de forteresses frontalières. L'année suivante, Baekje s'empara de Tanghang-song, qui constituait un lien vital entre les Silla et la Chine. Les Silla bénéficiaient désormais du soutien concret de la dynastie chinoise des Tang (618-907), qui virent là l'occasion de promouvoir ses intérêts en Corée et de conquérir les royaumes affaiblis de Baekje et de Goguryeo. Baekje ne réussit pas à attirer l'aide du Japon et ne put empêcher la chute de Sabi lorsque le royaume fut attaqué par terre et par mer en 660. Une armée Silla de 50 000 hommes dirigée par le général Kim Yushin et une force navale de 130 000 hommes envoyée par l'empereur Tang Gaozong s'avérèrent plus que suffisantes pour écraser l'armée de Baekje. Uija (r. de 641 à 660), qui s'avéra être le dernier roi Baekje, fut fait prisonnier et envoyé en Chine avec 12 000 de ses compatriotes.

Baekje Gold Earrings
Boucles d'oreilles en or de Baekje
Pressapochista (CC BY-SA)

Il y eut un bref espoir de renaissance lorsque les forces rebelles persuadèrent finalement le Wa du Japon d'intervenir avec une armée de 30 000 hommes, mais celle-ci fut anéantie par une force navale conjointe Silla-Tang sur la rivière Paekchon (aujourd'hui Geum). Au cours des années suivantes, les forces rebelles de Baekje harcelèrent les villes et assiégèrent même Sabi et Ungjin, mais elles furent victimes de querelles de chefs et finirent par être écrasées en 663. Le royaume Baekje devint alors une province chinoise.

Les Silla finirent par prendre le contrôle de toute la péninsule et se firent connaître sous le nom de royaume unifié de Silla, mais après leur lent effondrement à partir de la fin du 9e siècle, l'État de Baekje, aujourd'hui connu sous le nom de "Baekje postérieur" pour le distinguer de son prédécesseur, se redressa brièvement. Le nouvel État fut fondé en 892 par Gyeon Hwon, un chef paysan, mais il succomba rapidement à l'État de Goguryeo postérieur, plus puissant, qui se transforma lui-même en dynastie de Goryeo, beaucoup plus durable (918-1392).

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Art et architecture Baekje

L'art et l'architecture du royaume de Baekje sont généralement considérés comme les plus beaux des Trois Royaumes, mais malheureusement pour la postérité, ils ont également subi les plus grandes destructions en raison des guerres contre le Silla, le Goguryeo et la Chine au cours des siècles. L'une des contributions artistiques notables du royaume de Baekje réside dans ses tuiles décorées de fines peintures de paysages. Toujours dans le domaine de la céramique, les potiers de Baekje produisaient deux types de produits distincts: le grès à haute température et la poterie à basse température de couleur marron clair. Les jarres bulbeuses, les récipients à pied et les trépieds sont des formes courantes. La décoration typique de Baekje est l'utilisation de tampons quadrillés. Les tuiles décorées de pétales de lotus sont un autre produit de la poterie. La sculpture Baekje est peut-être mieux représentée par les statues en bronze doré du Bouddha et les falaises de pierre sculptées, comme à Sosan.

En ce qui concerne l'architecture, le temple Miruk d'Iksan, datant du VIIe siècle (aujourd'hui disparu), fut construit par le roi Mu (r. de 600 à 641). C'était le plus grand temple bouddhiste d'Asie de l'Est, avec deux pagodes en pierre et une en bois. L'une des pagodes en pierre subsiste, mais elle ne comporte que six des sept à neuf étages d'origine. La seule autre pagode de Baekje qui subsiste est également en pierre et se trouve au temple Chongnim à Buyeo. Enfin, des éléments de la conception architecturale Baekje sont visibles dans de nombreux bâtiments en bois qui subsistent au Japon, car un grand nombre d'artisans Baekje se rendirent dans ce pays lorsque le Japon Wa était un allié.

Tomb of Muryeong-Wang
Tombeau de Muryeong-Wang
Straitgate (CC BY-SA)

Les tombes Baekje étaient d'abord des structures pyramidales en pierre, où le défunt était parfois placé dans deux jarres en céramique positionnées bouche à bouche. Sous l'influence de la Chine, ces structures évoluèrent vers des tombes à chambres en brique et en pierre, recouvertes de monticules de terre. De nombreux murs intérieurs étaient peints de fresques murales. L'une des tombes les plus impressionnantes est sans doute celle du roi Muryeong-Wang (r. de 501 à 523) qui, à l'intérieur de son énorme monticule de terre, possède une voûte semi-circulaire tapissée de centaines de briques moulées, dont beaucoup sont décorées de fleurs de lotus et de motifs géométriques. La structure, située près de Gongju, date de 525, comme l'indique une plaque d'inscription à l'intérieur de la tombe. La reine rejoignit son mari dans la tombe en 529.

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À l'exception de la tombe de Muryeong, les entrées horizontales des tombes Baekje ont facilité leur pillage par rapport aux tombes entièrement fermées des Silla. C'est pourquoi il ne reste malheureusement que peu d'objets exceptionnels de l'un des royaumes les plus distingués de Corée. Toutefois, une superbe pièce a survécu pour témoigner du savoir-faire des artistes de Baekje: le brûleur d'encens en bronze doré provenant des environs de Sabi, le seul exemple de ce type dans l'ancienne Corée. Le pied, en forme de dragon, supporte une montagne en forme d'œuf, décorée d'êtres célestes et de nuages. L'ensemble est surmonté d'un couvercle décoré d'un phénix.

This content was made possible with generous support from the British Korean Society.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, septembre 27). Baekje [Baekje]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15261/baekje/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Baekje." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 27, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15261/baekje/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Baekje." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 27 sept. 2016. Web. 16 sept. 2024.

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