Sculpture de la Corée Ancienne

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 18 novembre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Maitreya Buddha, Three Kingdoms Period (by National Museum of Korea, CC BY)
Bouddha Maitreya, période des Trois Royaumes
National Museum of Korea (CC BY)

La sculpture de la Corée ancienne était dominée par des thèmes bouddhistes tels que des figurines et des statues monumentales du Bouddha et de ses disciples, ainsi que de grandes cloches en bronze pour les temples. Le bronze doré était le matériau le plus couramment utilisé par les sculpteurs coréens, mais ils utilisaient également le marbre, la pierre, l'argile, le fer et le bois. Les sculptures non bouddhiques comprennent des masques, des figures de gardiens pour les tombes et des poteaux sculptés, tous destinés à éloigner les mauvais esprits. D'abord influencés par l'art chinois, les sculpteurs coréens ont ensuite créé leur propre style et influencé la sculpture du Japon ancien.

Sculpture des Trois Royaumes

La plus ancienne sculpture connue de la péninsule est une petite figurine en pierre représentant une femme nue, mise au jour près de Busan et datant de la période néolithique. À cette époque, des figurines en argile pincée étaient également fabriquées, mais la sculpture ne fut pas produite en grande quantité avant la période des Trois Royaumes (du 1er siècle av. J.-C. au 7e siècle ap. J.-C.).

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Dans les trois royaumes de Baekje (Paekche), Silla et Goguryeo (Koguryo), qui régnèrent sur la péninsule de 57 avant notre ère à 668 de notre ère, le bouddhisme exerça une influence considérable sur la sculpture, avec la production de figures en bois et en métal du Bouddha, de Maitreya (le futur Bouddha) et de bodhisattvas, de lanternes en pierre pour les sites des temples, de tuiles pour les toits des temples avec des visages hideux pour éloigner les mauvais esprits, et de brûleurs d'encens, qui étaient tous particulièrement populaires. Les artistes Baekje ont également sculpté des parois de falaises pour représenter le Bouddha, comme à Sosan.

Cette période vit la production de stèles représentant Bouddha et ses disciples, créées à l'origine à Baekje. Quatre exemples du temple de Piamsa, près de Yongi, sont sculptés dans de la stéatite et mesurent un peu moins d'un demi-mètre de haut. Ils proviennent probablement du royaume de Silla et portent des sculptures en haut-relief de figures bouddhistes et de musiciens sur un fond de mandorle. L'un d'entre eux a la forme d'un champignon et une pagode est représentée sur la face arrière. Tous ces objets se trouvent actuellement au Musée national de Corée, à Séoul.

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Gilt-bronze Buddha, Goguryeo Kingdom
Bouddha en bronze doré, Royaume Goguryeo
National Museum of Korea (CC BY)

La forme la plus courante de sculpture bouddhiste de cette période est celle des icônes portatives, soit des figures triadiques du Bouddha flanquées de deux bodhisattvas, soit des figurines de bodhisattva seul. Elles sont réalisées en bronze et en bronze doré. La plus ancienne statue connue date de 539 et présente la mandorle flamboyante autour de la tête du Bouddha, typique de l'art des Wei du Nord de la Chine. La statue est également remarquable pour l'inscription qui figure au dos et qui indique la grande quantité de figurines de ce type qui ont été fabriquées. Elle se lit comme suit:

En la septième année de Yonga, l'année de Kimi, le prêtre en chef du temple de Nangnang Est du royaume de Koguryo souhaite couler et distribuer mille bouddhas, dont celui-ci est le vingt-neuvième. (Kim, 110)

Le royaume de Baekje offre l'exemple le plus remarquable d'un brûleur d'encens en métal, seul survivant de ce type. Réalisé en bronze doré, il mesure 135 cm de haut. Le pied, en forme de dragon, supporte une montagne en forme d'œuf, décorée d'êtres célestes et de nuages. L'ensemble est surmonté d'un couvercle décoré d'un phénix.

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Les métallurgistes et sculpteurs de Baekje transmirent leur savoir-faire et leurs idées au Japon au milieu du VIe siècle, à l'époque où les deux territoires entretenaient d'étroites relations. À partir de cette époque, la sculpture coréenne s'affranchit de l'influence chinoise et les visages sont nettement plus coréens dans leur représentation et moins arrondis, ce qui contribue à distinguer désormais la sculpture bouddhique des deux cultures.

Baekje Incense Burner
Brûleur d'encens Baekje
National Museum of Korea (CC BY)

Sculpture du royaume unifié de Silla

Le royaume unifié de Silla (668-935) vit se développer une nouvelle forme d'art, la fabrication de grandes cloches en bronze (pomjong) qui étaient frappées latéralement à l'aide d'une poutre en bois suspendue. Logées dans leurs propres pavillons, elles étaient utilisées dans les temples bouddhistes pour annoncer les offices. Le plus grand exemple est celui de Pandok-sa, également connu sous le nom de cloche Emilé, qui fut coulée en 771 en l'honneur du roi Seongdeok. Haute de 3,3 mètres et d'un diamètre de plus de 2,2 mètres, elle est décorée de fleurs de lotus et d'êtres célestes, avec une boucle de suspension en forme de dragon. Pesant près de 19 tonnes, la cloche est aujourd'hui exposée au musée national de Gyeongju.

La plus belle sculpture figurative coréenne se trouve peut-être dans le Seokguram, près du temple Bulguksa sur le mont Toham, à Gyeongju. Cette grotte artificielle fut construite entre 751 et 774 et contient un magnifique Bouddha assis en granit. Haut de 3,45 mètres, il est assis les jambes croisées sur un grand piédestal circulaire ou trône, lui-même haut de 1,6 mètre. La grotte est décorée d'un total de 41 sculptures en haut-relief représentant diverses figures du bouddhisme. Elles sont considérées comme l'une des plus belles jamais réalisées en Corée.

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Parmi les autres figures monumentales en pierre, on trouve un groupe de quatre à l'extérieur de Gyeongju. Selon une légende racontée dans le Samguk yusa, le roi Gyeongdeok (r. de 742 à 765) aurait entendu une voix venant du sous-sol et découvrit les figures en faisant des fouilles à l'endroit où elles se trouvaient. Un temple fut également construit sur le site, le Kulpulsa ou "temple de l'excavation des bouddhas".

Gilt-bronze Maitreya
Maitreya en bronze doré
Benjamin Shaw (CC BY-SA)

Certaines grandes sculptures furent réalisées en fonte, avec des pièces fabriquées séparément, puis assemblées et peintes ou recouvertes de plâtre. Mais c'est encore la sculpture à petite échelle qui offre les plus beaux exemples de savoir-faire. Les figurines de Maitreya assis présentent des traits de visage finement modelés, des proportions corporelles réalistes, des postures nonchalantes (généralement une jambe croisée sur l'autre) et des plis profonds dans les robes du personnage. Les figures du Bouddha de la médecine (Bhaisajyaguru) et du Bouddha Vairocana, avec son geste caractéristique des doigts de la main droite tenant l'index de la main gauche, étaient également populaires. Les premières figures gagnèrent probablement en popularité à la suite d'une période prolongée de mauvaises récoltes et de banditisme endémique au 9e siècle. Là encore, bien que le fer et la pierre aient été couramment utilisés, le matériau de prédilection pour les pièces les plus fines était le bronze, qui était ensuite doré à la feuille d'or et à l'aide d'un amalgame de mercure. Lorsqu'il était chauffé, le mercure s'évaporait et la figure était ensuite polie.

L'art populaire de cette période présente des formes sculpturales intéressantes, comme les changsung - de grands poteaux minces surmontés d'un visage humain qui servaient de gardiens au village.

L'art populaire de cette période présente des formes sculpturales intéressantes. Les changsung étaient de grands poteaux minces surmontés d'un visage humain. Placés dans le sol par paires à l'entrée des villages, ils étaient sculptés dans la pierre ou le bois et étaient considérés comme des gardiens. Parfois, les versions en bois étaient sculptées dans un tronc d'arbre entier et les racines étaient laissées de telle sorte que lorsqu'elles étaient placées dans le sol à l'envers, elles ressemblaient aux cheveux du visage de démon peint de couleurs vives. Une superstition courante voulait que si quelqu'un enlevait un changsung, un homme mourrait dans le village. Des offrandes de nourriture y étaient suspendues et des châtaignes étaient parfois enterrées à son pied. Les changsung étaient également des symboles de fertilité priés par les femmes et parfois même placés devant les temples bouddhistes; le plus ancien date de 759. Le harubang est une autre forme populaire de sculpture folklorique qui combine les fonctions de fertilité et de gardien. Il s'agit de sculptures en pierre représentant des figures humaines de tous types qui étaient placées à l'extérieur des tombes pour éloigner les mauvais esprits. Un troisième type de poteau gardien était le sottae qui était un poteau surmonté d'un oiseau sculpté. Enfin, une sculpture en bois populaire était le kirogi. Il s'agissait de canards en bois offerts en remplacement de l'ancienne tradition des mariages, selon laquelle le jeune marié offrait une oie à la mère de la mariée pour garantir sa fidélité.

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Buddhist Stele, Unified Silla Kingdom
Stèle bouddhiste, Royaume unifié de Silla
Unknown Artist (Public Domain)

Sculpture de Goryeo

Goryeo régna sur la Corée de 918 à 1392e, et ses sculpteurs utilisèrent une grande variété de supports, dont le marbre, la pierre, la terre cuite (laquée ou dorée) et le métal. Les figures de Bouddha en tant que Maitreya continuèrent à être populaires, et certaines sont immense, comme celle de 17,4 mètres de haut à Paju et celle de 18,4 mètres du temple Gwanchoksa à Nonsan, qui furent toutes deux sculptées dans des rochers naturels au 11e siècle de notre ère. Ces statues n'ont que le strict minimum de détails et sont beaucoup plus abstraites que les figures en métal. Beaucoup d'entre elles portent des chapeaux hauts uniques, ce qui pourrait représenter un lien avec le chamanisme pratiqué depuis longtemps dans l'ancienne Corée. Des statues en métal de grande taille étaient également fabriquées, comme dans le royaume de Silla, à l'instar du "Bouddha de Gwangju", qui mesure 2,88 m de haut.

La production de cloches pour les temples bouddhistes est un autre domaine de la métallurgie. Plus petites que les cloches géantes fabriquées par le royaume unifié de Silla, les cloches de Goryeo peuvent toutefois atteindre 1,7 mètre de haut. Elles étaient coulées en bronze et décorées de dragons et de figures célestes, entre autres. Une caractéristique unique est le médaillon en forme de lotus coulé à l'endroit où la cloche était frappée. Les cloches à main, les gongs de temple, les brûleurs d'encens et les vases étaient également coulés en bronze et parfois ornés d'incrustations d'argent et d'or très fines.

Maitreya Buddha, Gwanchoksa, Korea
Bouddha Maitreya, Gwanchoksa, Corée
The Chosun Bimbo (CC BY)

Les figures de soldats ou de fonctionnaires en position droite étaient généralement placées par paires à l'extérieur des tombes, selon le modèle chinois. Les masques en bois sont un autre exemple de la sculpture non bouddhique de l'époque. Créés pour les danses traditionnelles des masques, ils ont des yeux enfoncés et de longs nez droits, ce qui suggère une influence de l'Asie centrale. Les masques, produits depuis longtemps en Corée, étaient portés par les chamans ou utilisés pour éloigner les mauvais esprits dans les tombes et les maisons. Dans la seconde moitié de la période, les sculptures, essentiellement de petite taille et réalisées en bronze doré, commencent à montrer l'influence des artistes Yuan, arrivés avec l'occupation mongole de la Corée à partir du XIIIe siècle.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

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Style APA

Cartwright, M. (2016, novembre 18). Sculpture de la Corée Ancienne [Ancient Korean Sculpture]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15275/sculpture-de-la-coree-ancienne/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Sculpture de la Corée Ancienne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 18, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15275/sculpture-de-la-coree-ancienne/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Sculpture de la Corée Ancienne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 18 nov. 2016. Web. 25 janv. 2025.

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