Période Tardive de l'Égypte Ancienne

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Caroline Martin
publié le 12 octobre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Head of King Nectanebo I or II (by Osama Shukir Muhammed Amin, Copyright)
Tête du roi Nectanébo Ier ou II
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

La période tardive de l'Égypte (525-332 av. J.-C.) est l'époque qui suit la troisième période intermédiaire (1069-525 av. J.-C.) et précède la brève période hellénistique (332-323 av. J.-C.), lorsque l'Égypte était dirigée par les fonctionnaires Argéades installés par Alexandre le Grand avant l'avènement de la dynastie lagide (323-30 av. J.-C.).

Cette période est souvent ignorée ou parfois combinée avec la troisième période intermédiaire car, comme cette dernière, elle est interprétée comme le déclin final de la culture égyptienne à la suite de la première invasion perse de 525 av. J.-C.. S'il est vrai que les Perses régnèrent sur l'Égypte pendant les 27e et 31e dynasties, la culture égyptienne resta très vivante et la 30e dynastie, faite de souverains égyptiens, redonna à l'Égypte une brève période de sa gloire d'antan avant que les Perses ne reviennent.

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Cette époque comprend les dynasties de la 27e à la 31e dynastie d'Égypte, mais cette désignation est contestée. Certains spécialistes datent le début de la période tardive au milieu de la 25e dynastie ou au début de la 26e dynastie pour diverses raisons. Ceux qui choisissent le milieu de la 25e dynastie invoquent une nette similitude entre les conditions sociales et politiques de cette époque et la troisième période intermédiaire de l'Égypte, tandis que ceux qui citent la 26e dynastie comme début de la période tardive font référence à Psammétique Ier et à son unification de l'Égypte à la suite de la conquête assyrienne. La troisième période intermédiaire était une période de désunion sans gouvernement central, et ces érudits affirment donc que le règne de Psammétique Ier mit fin à cette période et commença la suivante.

Ces affirmations ignorent toutefois que la fin de la 26e dynastie est clairement délimitée par la première invasion perse sous Cambyse II (525-522 av. J.-C.) et que les souverains perses jouèrent un rôle important dans l'histoire égyptienne jusqu'à la conquête de leur empire et la prise de l'Égypte par Alexandre le Grand. La datation du début de la Basse Époque avant 525 av. J.-C. n'a guère de sens si l'on considère l'uniformité des autres désignations de l'histoire égyptienne.

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Les noms de ces époques (période prédynastique de l'Égypte ancienne, première période dynastique, Ancien Empire, première période intermédiaire, Moyen Empire, etc.) ont été créés par les égyptologues aux 19e et 20e siècles afin de clarifier l'étude de la longue histoire du pays, et ils n'ont pas été choisis arbitrairement. Il y a des raisons évidentes de séparer une époque de gouvernement central fort (les «empires») d'une époque de désunion (les «périodes intermédiaires»).

Dans tous les cas, une entité politique, sociale et culturelle très claire prévalut, différente de celle qui l'avait précédée ou suivie. Ce même paradigme devrait être observé lors de l'examen de la période tardive, et la seule raison pour laquelle il ne l'est pas est que la troisième période intermédiaire est souvent considérée comme l'épilogue de l'histoire égyptienne et que la période tardive n'est que le triste prolongement d'un long déclin qui s'acheva avec la conquête de la Perse par Alexandre.

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LA PÉRIODE TARDIVE fut MARQUÉE PAR DE GRANDES RÉALISATIONS ET Vit UN RENOUVEAU DU NATIONALISME ET DE LA FIERTÉ ÉGYPTIENS DANS LEURS TENTATIVES DE SE DÉBARRASSER DE LA DOMINATION PERSE ET DE REGAGNER LEUR AUTONOMIE.

La résistance égyptienne à la domination perse est cependant évidente tout au long de la période et, en outre, l'Égypte prospéra sous la domination perse parce que les shahs perses admiraient sa culture. Des dirigeants égyptiens comme Amyrtée (404-398 av. J.-C.) de la 28e dynastie, Nectanébo Ier (380-362 av. J.-C.) et Nectanébo II (360-343 av. J.-C.) ont tous dirigé le pays, commandé leurs armées et entrepris des projets de construction dans la lignée des grands pharaons du passé.

L'architecture égyptienne de la période tardive rappelle délibérément le grand passé de l'Égypte et, comme dans la première période intermédiaire de l'Égypte, elle permit l'expression individuelle de l'artiste et de la région particulière au lieu d'une vision de l'œuvre imposée par l'État. Bien que la période tardive ne puisse se vanter du nombre de monuments ou d'édifices du passé de l'Égypte, il reste des œuvres impressionnantes et les pharaons de la 30e dynastie peuvent se comparer à presque toutes les dynasties du passé de l'Égypte, à l'exception peut-être des 4e, 12e et 18e dynasties.

L'art de la Basse Époque s'inspire d'époques antérieures telles que l'Ancien Empire et le Moyen Empire d'Égypte, mais les artistes peuvent s'exprimer plus librement. Les statues sont plus réalistes et le travail des métaux, de l'or, de l'argent et du bronze est plus soigné. Les rituels mortuaires continuent d'être observés plus ou moins de la même manière et les croyances religieuses de l'Égypte sont maintenues.

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Même sous la domination perse, la religion égyptienne ne fut pas bouleversée, contrairement à ce qu'affirment Hérodote et d'autres auteurs grecs, et les Perses encouragèrent même la culture et la religion égyptiennes. Loin d'être une période sombre d'oppression et de déclin, la Basse Époque fut une ère de grandes réalisations et elle connut un renouveau du nationalisme et de la fierté des égyptiens dans leurs tentatives de se débarrasser de la domination perse et de regagner leur autonomie.

Invasion Perse de 525 av. J.-C.

Selon Hérodote, Cambyse II de Perse envahit l'Égypte à la suite d'une insulte du pharaon égyptien Amasis de la 26e dynastie. Cambyse écrivit à Amasis pour lui demander d'épouser l'une de ses filles, mais Amasis, ne voulant pas obtempérer, lui envoya la fille de son prédécesseur Apriès. La jeune femme fut insultée par cette décision - d'autant plus que la tradition voulait que les Égyptiennes ne soient pas données à des rois étrangers - et, lorsqu'elle arriva à la cour de Cambyse, elle révèla sa véritable identité. Cambyse accusa Amasis de lui avoir envoyé une «fausse femme» et mobilisa ses troupes pour envahir l'Égypte.

Que cette histoire soit vraie ou non, l'Empire perse aurait de toute façon fini par attaquer l'Égypte. Les Assyriens avaient déjà conquis le pays à la fin du 7e siècle av. J.-C., et l'armée égyptienne s'était révélée incapable de faire face aux armes et aux tactiques supérieures des forces mésopotamiennes. Les Perses, qui étendaient leur empire, avaient connaissance de la conquête précédente et de la culture égyptienne, et ils n'hésitèrent pas à lancer une armée de conquête. C'est d'ailleurs la connaissance de la culture égyptienne par Cambyse qui lui permit de remporter la victoire.

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Egyptian Cat
Chat égyptien
Shadowgate (CC BY)

Les Perses attaquèrent l'entrée de la ville de Péluse en 525 av. J.-C. et furent repoussés par les forces du pharaon Psammétique III (également connu sous le nom de Psammenitos). Cambyse, qui connaissait l'amour des Égyptiens pour les animaux et, en particulier, pour les chats, fit rassembler des animaux errants et des chats qu'il conduisit devant son armée en marche. Il demanda également à ses soldats de peindre sur leurs boucliers l'image de la déesse égyptienne Bastet, étroitement associée aux chats. Cambyse exigea la reddition de Péluse et les Égyptiens, ne souhaitant pas que les animaux soient blessés ou qu'ils encourent la colère de Bastet, obtempérèrent.

Domination Perse sur l'Égypte

Hérodote dépeint régulièrement Cambyse II comme un tyran à moitié fou, affirmant qu'il avait détruit les temples égyptiens, tué le taureau sacré Apis et entraîné ses troupes dans des campagnes futiles et destructrices. L'autobiographie de l'amiral égyptien Wedjahor-Resne, qui servit sous Cambyse, brosse un tableau très différent. Selon Wedjahor-Resne, Cambyse admirait la culture égyptienne et l'amiral aurait aidé son nouveau roi à observer correctement les traditions et à respecter les sensibilités religieuses. Par exemple, il aurait persuadé Cambyse d'éloigner une garnison de soldats perses du temple de Neith à Saïs, car leur présence était considérée comme offensante pour la déesse, et il lui aurait donné des instructions dans d'autres domaines.

Même si Cambyse semble avoir accepté les conseils de son amiral, Wedjahor-Resne raconta également les souffrances des Égyptiens sous le règne de Cambyse. De nombreux Égyptiens furent réduits en esclavage par les Perses de la classe supérieure, et d'autres furent enrôlés dans l'armée. Selon Hérodote, Cambyse envoya une expédition en Libye qui fut engloutie par une tempête de sable. Cet événement, souvent appelé de nos jours «l'armée perdue de Cambyse», est très probablement l'une des fictions d'Hérodote destinées à montrer à quel point Cambyse était un roi mesquin. Dans l'ensemble, les auteurs grecs avaient tendance à dresser des portraits très peu flatteurs des rois perses. Cependant, l'histoire fut longtemps acceptée comme authentique et des expéditions sont toujours financées et lancées pour retrouver les restes de l'armée perse perdue.

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Il ne fait cependant aucun doute que Cambyse lança bel et bien une campagne contre la Nubie, car il fonda un centre de commerce à la première cataracte du Nil, garni de troupes, qui devint un important point d'échange culturel entre les marchands et les soldats égyptiens, nubiens et perses. Il semble que l'objectif de Cambyse ait été de conquérir la riche ville nubienne de Méroé, mais après avoir atteint la Nubie, il fit demi-tour et retourna en Égypte.

Hérodote rapporte que Cambyse serait mort d'une blessure accidentelle à la cuisse qu'il se serait lui-même infligée. Le roi se serait transpercé à l'endroit précis de sa jambe où il avait poignardé et tué le taureau Apis. Cette histoire est également considérée comme une fiction par la plupart des chercheurs contemporains, car Hérodote aimait faire de la morale dans ses récits et le thème du dieu se vengeant d'un présumé mortel apparaît à plusieurs reprises dans ses œuvres. Cela ne veut pas dire que Cambyse était un pharaon modèle ou un bon dirigeant, mais seulement qu'il n'était peut-être pas le fou qu'Hérodote dépeint.

Cambyse mourut en 522 av. J.-C., probablement en route pour mater une rébellion dans son pays. Un prétendant au trône prétendit être le frère de Cambyse, Bardiya (également connu sous le nom de Smerdis), ce qui était en fait impossible puisque Cambyse avait déjà secrètement assassiné Bardiya des années auparavant. Le prétendant, un mage nommé Gaumata, fut tué par un membre de la cour nommé Darius, qui monta alors sur le trône. Il est surtout connu sous le nom de Darius Ier ou Darius le Grand (522-486 av. J.-C.), celui qui lança la première invasion perse de la Grèce en 490 av. J.-C. qui fut mise en déroute à la bataille de Marathon.

Darius I as Pharaoh of Egypt
Darius Ier, Pharaon d'Égypte
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Contrairement à Cambyse, Darius préférait gouverner l'Égypte in absentia. Arrivé sur le trône de l'empire achéménide en 522 av. J.-C., il visita l'Égypte au moins deux fois, mais il préférait garder ses distances avec l'Égypte. Il admirait néanmoins la culture égyptienne et consacra des fonds à la reconstruction des temples endommagés et à la dédicace de nouveaux temples. Fidèle à la tradition perse de tolérance religieuse, Darius honora les dieux d'Égypte en leur offrant des cadeaux et des monuments. Il est généralement considéré comme plus doux avec l'Égypte que Cambyse.

Son fils, Xerxès Ier (486-465 av. J.-C.), utilisa toutes les ressources de l'empire achéménide pour la deuxième invasion perse de la Grèce en 480 av. J.-C., et l'Égypte ne fit pas exception à la règle. Le début du règne de Xerxès fut presque entièrement consacré à la vengeance contre l'insulte faite par les Grecs à Marathon en soumettant complètement le pays. Après la défaite des Perses à Salamine en 480 av. J.-C. et à Platées en 479 av. J.-C., Xerxès se désintéressa des affaires étrangères et se concentra sur des projets de construction et sur diverses liaisons avec des femmes de la cour. Artaxerxès Ier (465-424 av. J.-C.) lui succéda et lutta pendant six ans pour mater la première grande révolte égyptienne, encouragée et aidée par Athènes, en 460-454 av. J.-C..

Cette révolte était menée par Inaros II (c. 460-454 av. J.-C.), le fils royal libyen d’Amyrthée de Saïs (également connu sous le nom d’Amyrthée et de Psammétique IV) de l'ancienne dynastie saïte. Amyrthée de Saïs fomenta peut-être une rébellion pour reprendre le contrôle de l'Égypte, mais celle-ci n’aboutit à rien. Inaros II, avec l'aide des Athéniens, les alliés d’Amyrthée de Saïs, réussit presque à chasser les Perses du pays, mais il fut finalement vaincu. Il fut ramené enchaîné à Suse où il fut exécuté.

Invasions Perses et 28e/29e Dynasties

Sa révolte inspira le petit-fils d’Amyrthée de Saïs, également connu sous le nom d'Amyrthée, à se révolter contre le règne de Darius II (424-404 av. J.-C.) en 411 av. J.-C.. Cet Amyrthée est le fondateur et le seul roi de la 28e dynastie d'Égypte et, bien qu'il soit considéré comme le roi égyptien qui chassa les Perses du pays, il ne contrôlait en fait que la région du Delta en Basse-Égypte. La Haute-Égypte resta aux mains des Perses.

Artaxerxès II (404-358 av. J.-C.) succèda à Darius II et continua à contrôler la Haute-Égypte. Artaxerxès se préoccupa surtout de monter les cités-états grecques les unes contre les autres et ignora le problème égyptien jusqu'en 373 av. J.-C., date à laquelle il envoya une armée pour reprendre le contrôle de la région, mais il fut vaincu. Pendant qu'Artaxerxès s'occupait des Grecs, Amyrthée avait été tué au combat par un roi rival de la ville de Mendès, Néphéritès Ier (c. 398-393 av. J.-C.), qui prit le contrôle de la région du Delta et fonda la 29e dynastie.

La 29e dynastie fut l'une des plus courtes de l'histoire égyptienne et, bien qu'elle se soit efforcée de racheter le passé et de refaire de l'Égypte une grande puissance, elle n'eut jamais les ressources nécessaires pour réussir. Néphéritès Ier, qui régnait depuis sa capitale de Mendès, entreprit un certain nombre de projets de construction en Basse-Égypte, mais rien d'aussi impressionnant que les pharaons précédents. Psammouthis (c. 393-392 av. J.-C.), dont on ne sait pas grand-chose, lui succéda, suivit par Achôris (392-379 av. J.-C.).

Achôris réalisa ce que ses prédécesseurs n'avaient pas réussi à faire, à savoir des projets de construction et d'agrandissement du temple d'Amon à Karnak. En 385 av. J.-C., les Perses lancèrent une nouvelle invasion pour reprendre l'Égypte et, sous la direction des généraux d'Achôris, ils furent repoussés. Achôris retourna alors à ses projets de construction et à ses diverses négociations avec les puissances étrangères. À sa mort, son fils Néphéritès II (c. 380 av. J.-C.) lui succéda et ne régna que quatre mois avant d'être tué par le roi rival Khéperka Ré, mieux connu sous le nom de Nectanébo Ier (c. 379-363 av. J.-C.), qui fonda la 30e dynastie.

La 30e Dynastie: Les Derniers Égyptiens

Nectanébo Ier était peut-être apparenté à Néphéritès Ier, mais si c'est le cas, il n'eut aucun mal à se débarrasser de Néphéritès II. Nectanébo Ier était un puissant général originaire de la ville de Sébennytos. Lorsqu'il prit le pouvoir, il déplaça la capitale de Mendès vers cette ville. Sa dynastie fut relativement éphémère et ce fut la dernière fois que des Égyptiens de souche gouvernèrent l'Égypte. Ses projets de construction furent impressionnants et comprenaient le célèbre temple d'Isis à Philae et le premier pylône du temple d'Amon à Karnak.

Philae Temple, Aswan
Temple de Philae, Assouan
Dennis Jarvis (CC BY-SA)

Nectanébo Ier se comporta en tout point comme un grand pharaon d'Égypte. Il honora les dieux en leur offrant des cadeaux, des temples, des obélisques et d'autres monuments, contribua au développement de Karnak, développa l'armée égyptienne et conclut des alliances avec diverses cités-états grecques. Vers 374 av. J.-C., les Perses tentèrent à nouveau de reprendre l'Égypte, mais Nectanébo Ier était prêt à les affronter et il fortifia fortement Péluse et les rives du Nil près de la ville. Cette mesure obligea l'invasion perse à emprunter le bras le plus difficile du fleuve, près de la ville de Mendès.

La branche mendoise du Nil avait été délibérément laissée sans surveillance pour permettre aux forces perses d'y accéder facilement, sachant qu'il leur faudrait alors plus de temps pour atteindre Memphis, leur objectif présumé. Bien que Memphis ne soit plus la capitale de l'Égypte, elle restait un centre religieux et culturel important et sa capture aurait démoralisé les Égyptiens. Les Perses étaient commandés par le général grec Iphicrate et le commandant perse Pharnabaze, qui avaient chacun des idées différentes sur la manière de mener la campagne.

Leur long voyage par la branche mendoise du Nil exacerba leurs divergences, si bien qu'une fois arrivés, ils se retrouvèrent en conflit. Entre-temps, Nectanébo Ier avait fortifié Memphis contre eux, et le Nil lui-même coopéra au moment opportun pour inonder le pays, offrant ainsi une victoire totale à Nectanébo Ier et renvoyant les forces perses chez elles.

Nectanebo Ier, imitant à nouveau les pharaons d'antan, institua la pratique de la corégence avec son fils Djedhor afin d'éviter les problèmes de succession. À sa mort, Djedhor prit le nom de Téos (également connu sous le nom de Tachos - 362-360 av. J.-C.) et commença immédiatement à planifier une campagne pour punir les Perses. Nectanébo Ier avait encouragé d'autres régions à se rebeller contre la domination perse et Téos pensait que les Perses étaient suffisamment distraits par ces rébellions pour qu'il puisse facilement s'emparer de leur satrapie de Syrie-Palestine au profit de l'Égypte.

Screen Slab of King Nectanebo I
Dalle Paravent du Roi Nectanébo Ier
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Pour cette campagne, Téos s'allia au général athénien Chabrias et au roi spartiate Agésilas II mais, ayant besoin de plus d'argent, il leva des impôts sur le peuple égyptien et, surtout, sur la prêtrise et les temples. Ces taxes furent extrêmement impopulaires et les prêtres s’opposèrent à l'appropriation de leurs richesses pour une campagne militaire qui semblait inutile. Le frère de Téos, Tjahépimou, vit dans cette dissension une occasion d'élever son propre fils, Nakhthorheb, au pouvoir et l'encouragea à trahir Téos.

Nakhthorheb s'exécuta avec empressement; la campagne échoua lorsque Nakhthorheb creusa un fossé entre Téos et Agesilaus II, rallia le peuple à sa cause et se proclama pharaon, prenant le nom de Nectanebo II (360-343 av. J.-C.). Téos s'enfuit pour se mettre à l'abri chez ses anciens ennemis à Suse, mais il fut ramené en Égypte sur ordre de Nectanébo II et, selon toute vraisemblance, exécuté.

Nectanébo II, le dernier natif de l'Égypte ancienne à régner sur le pays, surpassa Nectanébo Ier en matière de projets de construction et de manifestations de piété envers les dieux, commandant des travaux sur plus de 100 sites au cours de son règne. Il entretint de bonnes relations avec Sparte et il employa des mercenaires grecs dans son armée. Comme son prédécesseur, il renforça l'armée, sécurisa les frontières et améliora l'économie grâce au commerce. Avec plus de temps et de meilleures circonstances, Nectanébo II aurait pu être l'un des plus grands pharaons égyptiens, mais il n'eut ni le temps ni la chance de son côté.

En 344 av. J.-C., Artaxerxès III (358-338 av. J.-C.) commença à courtiser des alliés et à rassembler des forces pour reconquérir l'Égypte au profit de l'empire achéménide. La campagne fut lancée en 343 av. J.-C. et Nectanébo II, à la tête de son armée, fut vaincu. Il s'enfuit vers le sud, en Nubie, et Artaxerxès III revendiqua l'Égypte pour la Perse. Avec le temps, Nectanébo II devint une sorte de personnage légendaire qui, dans les récits qui finirent par faire partie du mythe d'Alexandre, aurait été en réalité le père d'Alexandre le Grand. Bien entendu, cette affirmation ne repose sur aucune base historique.

L'Égypte Perse et Alexandre le Grand

Artaxerxès III fut remplacé par Artaxerxès IV (338-336 av. J.-C.) qui ne contrôla que la Basse-Égypte. Darius III (336-332 av. J.-C.) lui succéda et conquit la Haute-Égypte, plaçant l'ensemble sous la domination perse. Comme les rois perses précédents, Artaxerxès III, Artaxerxès IV et Darius III encouragèrent la culture et les traditions égyptiennes. Dans ces conditions, la résistance égyptienne peut sembler injustifiée. L'historien Marc van de Mieroop s'exprime à ce sujet:

Pourquoi les Égyptiens ont-ils tant combattu la domination perse? De nombreux historiens ont écrit que ces luttes étaient des «mouvements nationalistes» inspirés par une aversion pour l'étranger, voire une xénophobie... Plusieurs préoccupations ont probablement inspiré les révoltes, mais il est probable que les classes supérieures qui avaient gouverné l'Égypte pendant la troisième période intermédiaire et la Basse Époque en aient été les instigatrices. Privés de leurs fonctions par l'arrivée d'une administration perse, certains se sont assimilés aux rangs perses, mais d'autres n'ont probablement pas eu cette possibilité. Beaucoup d'entre eux avaient des ancêtres libyens et ils ont pu conserver des liens étroits avec cette région. Certains chercheurs suggèrent même que ce ne sont pas des Égyptiens mais des gens de l'ouest qui ont dirigé les révoltes. Ils ont peut-être trouvé un soutien parce que les Perses imposaient des droits oppressifs aux Égyptiens. (310)

Il est clair que les révoltes de la Basse Époque furent encouragées ou ouvertement soutenues par les cités-États grecques et, à cette époque, une population importante de Grecs vivait en Égypte à Naucratis. Naucratis était un centre de commerce important pour les Grecs et il est facile d'imaginer qu'ils n'étaient pas satisfaits de devoir traiter avec leur vieil ennemi, la Perse, alors qu'ils avaient l'habitude de traiter directement avec les Égyptiens.

Quels qu'aient été les auteurs des révoltes contre la domination perse, la seconde occupation de l'Égypte ne dura pas longtemps. En Europe, Philippe II de Macédoine (359-336 av. J.-C.) avait conquis les cités-États grecques et les avait placées sous la domination macédonienne. Il préparait une grande campagne de conquête de la Perse lorsqu'il fut assassiné en 336 av. J.-C.. Il avait déjà mis en place toutes les ressources nécessaires à la conquête et il les laissa à son fils, Alexandre.

Alexander the Great & Bucephalus Mosaic
Mosaïque d'Alexandre le Grand et de Bucéphale
Ruthven (Public Domain)

Alexandre le Grand entreprit sa campagne en 334 av. J.-C., battit Darius III à la bataille d'Issos en 333 av. J.-C., s'empara de la Syrie en 332 av. J.-C. et de l'Égypte en 331 av. J.-C.. Il fonda la ville d'Alexandrie dans l'ancienne ville portuaire de Rhakôtis, au bord de la Méditerranée, en dessina les plans et laissa à ses administrateurs le soin de la développer. Après avoir été proclamé dieu à l'oasis de Siwa, Alexandre partit à la conquête de la Perse et il laissa l'Égypte aux mains des Macédoniens, qui commencèrent à construire Alexandrie et à améliorer d'autres villes du delta. À la mort d'Alexandre, en 323 av. J.-C., l'Égypte fut reprise par son général Ptolémée Ier Sôter (323-285 av. J.-C.), qui fonda la dynastie des Ptolémées, la dernière à régner sur l'Égypte avant l'arrivée de Rome.

La période tardive marque la fin de la domination égyptienne sur le pays, mais pas la fin de la culture égyptienne. Les Perses, comme on l'a vu, n'avaient jamais essayé de supprimer les croyances égyptiennes et la 30e dynastie encouragea la renaissance des gloires passées dans l'art et l'architecture. Les Lagides continuèrent à observer les anciens rituels et les traditions, et la culture égyptienne fut diffusée dans le monde antique par le biais du commerce et des œuvres des écrivains grecs, et plus tard romains, qui l'admiraient.

Les pharaons de la 30e dynastie, même l'éphémère Téos, maintinrent la dignité de la royauté égyptienne en accord avec le passé et ils laissèrent leurs propres monuments impressionnants dans la lignée de ceux qui les avaient précédés. La période tardive peut donc être considérée comme la fin de l'autonomie égyptienne, mais ne doit pas être considérée comme le dernier souffle de la culture égyptienne. Aujourd'hui encore, les réalisations culturelles de l'Égypte continuent d'inspirer l'admiration, voire la vénération, et elles restent parmi les plus populaires et les plus fascinantes du monde ancien.

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Traducteur

Caroline Martin
Française, ayant vécu au Royaume Uni pendant 20 ans, Caroline Martin est totalement bilingue. Lectrice passionnée depuis son plus jeune âge, elle a développé un amour de l'histoire qui remonte a ses années sur les bancs de l’école. Elle s'intéresse maintenant beaucoup à l'histoire en général et à la géopolitique.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

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Style APA

Mark, J. J. (2016, octobre 12). Période Tardive de l'Égypte Ancienne [Late Period of Ancient Egypt]. (C. Martin, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15280/periode-tardive-de-legypte-ancienne/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Période Tardive de l'Égypte Ancienne." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. modifié le octobre 12, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15280/periode-tardive-de-legypte-ancienne/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Période Tardive de l'Égypte Ancienne." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 12 oct. 2016. Web. 21 nov. 2024.

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