Littérature de l'Égypte Ancienne

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Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Caroline Martin
publié le 14 novembre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais, indonésien, espagnol, Turc
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Stele of Minnakht, Chief of the Scribes (by Clio20, CC BY-SA)
Stèle de Minnakht, Chef des Scribes
Clio20 (CC BY-SA)

La littérature de l’Égypte ancienne comprend un large éventail de formes narratives et poétiques, notamment des inscriptions sur des tombes, des stèles, des obélisques et des temples; des mythes, des histoires et des légendes; des écrits religieux; des œuvres philosophiques; de la littérature de sagesse; des autobiographies; des biographies; des histoires; de la poésie; des hymnes; des essais personnels; des lettres et des archives judiciaires.

Bien qu’un nombre de ces formes ne soient pas habituellement définies comme de la «littérature», elles sont désignées comme telles dans les études égyptiennes car beaucoup d'entre elles, en particulier celles du Moyen Empire (2040-1782 av. J.-C.), sont d'une grande valeur littéraire. Les premiers exemples d'écriture égyptienne datent du début de la période dynastique (c. 6000-3150 av. J.-C.) sous la forme de listes d'offrandes et d'autobiographies. L'autobiographie était gravée sur la tombe du défunt en même temps que la liste d'offrandes, afin que les vivants sachent quels cadeaux le défunt devait régulièrement recevoir, en se rendant sur sa tombe; et en quelle quantité.

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Comme on pensait que les morts continuaient à vivre après la mort de leur corps, il était important de faire des offrandes régulières sur les tombes; les morts devaient toujours manger et boire, même s'ils n'avaient plus de forme physique. De la liste d'offrandes est née la Prière des Offrandes, un ouvrage littéraire standard qui remplaça la liste d'offrandes, et des autobiographies naquirent des Textes des pyramides, qui racontent le règne d'un roi et son voyage réussi dans l'au-delà; ces deux développements eurent lieu pendant la période de l'Ancien Empire (c. 2613-2181 av. J.-C.).

Ces textes étaient écrits en hiéroglyphes («gravures sacrées»), un système d'écriture combinant des phonogrammes (des symboles représentant des sons), des logogrammes (des symboles représentant des mots) et des idéogrammes (des symboles représentant une signification ou un sens). L'écriture hiéroglyphique étant extrêmement laborieuse, un autre système d'écriture se développa à côté, le hiératique («écritures sacrées»), plus rapide à travailler et plus facile à utiliser.

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L'écriture hiératique était basée sur l'écriture hiéroglyphique et reposait sur les mêmes principes, mais elle était moins formelle et moins précise. L'écriture hiéroglyphique était rédigée avec un soin particulier pour la beauté esthétique de la disposition des symboles; l'écriture hiératique était utilisée pour transmettre des informations rapidement et facilement. Vers 700 av. J.-C., l'écriture hiératique fut remplacée par l'écriture démotique («écriture populaire»), qui resta en usage jusqu'à l'avènement du christianisme en Égypte et l'adoption de l'écriture copte vers le 4e siècle ap. J.-C.

LA MAJEUR PARTIE DE LA LITTÉRATURE ÉGYPTIENNE ÉTAIT ÉCRITE EN HIÉROGLYPHES OU EN ÉCRITURE HIÉRATIQUE; LES HIÉROGLYPHES ÉTAIENT UTILISÉS SUR LES MONUMENTS, TANDIS QUE L'ÉCRITURE HIÉRATIQUE ÉTAIT UTILISÉE POUR ÉCRIRE SUR LES PAPYRUS ET LES CÉRAMIQUES.

La majeure partie de la littérature égyptienne était écrite en hiéroglyphes ou en écriture hiératique; les hiéroglyphes étaient utilisés sur les monuments tels que les tombes, les obélisques, les stèles et les temples, tandis que l'écriture hiératique était utilisée pour écrire sur les rouleaux de papyrus et les pots en céramique. Bien que l'écriture hiératique, puis démotique et copte, soit devenue le système d'écriture commun des personnes instruites et alphabétisées, les hiéroglyphes furent utilisés tout au long de l'histoire de l'Égypte pour les structures monumentales, jusqu'à ce qu'ils ne soient oubliés au début de la période chrétienne.

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Bien que la définition de la «littérature égyptienne» englobe de nombreux types d'écrits, nous nous intéresserons principalement aux œuvres littéraires classiques telles que les récits, les légendes, les mythes et les essais personnels; d'autres types d'œuvres seront mentionnés lorsqu'ils seront particulièrement significatifs. L'histoire égyptienne, et donc la littérature, s'étendent sur des siècles et remplissent des volumes de livres; un seul article ne peut espérer traiter le sujet de manière équitable en essayant de couvrir le large éventail d'œuvres écrites de la culture.

La Littérature de l'Ancien Empire

Les listes d'offrandes et les autobiographies, bien qu'elles ne soient pas considérées comme de la «littérature», sont les premiers exemples du système d'écriture égyptien en action. La liste d'offrandes était une simple instruction, connue des Égyptiens sous le nom de hetep-di-nesw («une faveur accordée par le roi»), inscrite sur une tombe et détaillant la nourriture, la boisson et les autres offrandes appropriées pour la personne qui y était enterrée. L'autobiographie, écrite après la mort de la personne, était toujours rédigée à la première personne, comme si c'était le défunt qui parlait. L'égyptologue Miriam Lichtheim écrit:

Le but fondamental de l'autobiographie - l'autoportrait en mots - était le même que celui de l'autoportrait en sculpture et en relief: résumer les traits caractéristiques de la personne individuelle en fonction de sa valeur positive et face à l'éternité. (4)

Ces premières notices nécrologiques furent complétées par un type d'écriture formelle connu aujourd'hui sous le nom de Catalogue des vertus, qui est né de la «nouvelle capacité à capturer les expériences informelles de la vie dans les formulations durables du mot écrit» (Lichtheim, 5). Le Catalogue des vertus mettait l'accent sur le bien qu'une personne avait fait dans sa vie et sur le fait qu'elle méritait d'être commémorée. Lichtheim note que l'importance des vertus réside dans le fait qu'elles «reflètent les normes éthiques de la société» tout en indiquant clairement que le défunt avait adhéré à ces normes (5). Certaines de ces autobiographies et ces listes de vertus étaient brèves, inscrites sur une fausse porte ou autour des linteaux; d'autres, comme la célèbre Autobiographie de Weni, étaient inscrites sur de grandes dalles monolithiques et elles étaient très détaillées. L'autobiographie était rédigée en prose, le Catalogue en poésie formulée. L'Inscription de Nefer-Seshem-Ra appelée Sheshi, datant de la 6e dynastie de l'Ancien Empire, en est un exemple typique:

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Je viens de ma ville

Je descends de mon nome

J'ai rendu justice à son seigneur

Je l'ai comblé de ce qu'il aime.

J'ai parlé vrai, j'ai bien agi

J'ai parlé juste, j'ai répété juste

J'ai saisi le bon moment

Pour être bien vu des gens.

J'ai jugé entre deux pour les contenter

J'ai sauvé le faible du plus fort que lui

Autant qu'il était en mon pouvoir.

J'ai donné du pain à ceux qui avaient faim, des vêtements à ceux qui étaient nus

J'ai ramené à terre ceux qui n'avaient pas de bateau.

J'ai enterré celui qui n'avait pas de fils,

J'ai construit un bateau pour celui qui n'en avait pas.

J'ai respecté mon père, j'ai satisfait ma mère,

j'ai élevé leurs enfants.

C'est ce que dit celui dont le surnom est Sheshi. (Lichtheim, 17)

Ces autobiographies et ces listes de vertus donnèrent naissance aux Textes des pyramides des 5e et 6e dynasties, qui étaient réservés à la royauté et qui racontaient la vie d'un roi, ses vertus et son voyage dans l'au-delà; ils tentaient donc d'englober la vie terrestre du défunt et son voyage immortel vers le pays des dieux et, ce faisant, ils enregistraient les premières croyances religieuses. Les mythes de la création, comme la célèbre histoire d'Atoum debout sur le monticule primordial au milieu des eaux tourbillonnantes du chaos, tissant la création à partir du néant, proviennent des Textes des pyramides. Ces inscriptions contiennent également des allusions à l'histoire d'Osiris, à son meurtre par son frère Seth, à sa résurrection par sa sœur Isis et aux soins qu'elle a prodigués à leur fils Horus dans les marais du Delta.

Detail from the Sarcophagus of Ankhnesneferibre
Détail du sarcophage d'Ânkhnesnéferibrê
Guillaume Blanchard (GNU FDL)

Les Textes des pyramides furent suivis de près par un ensemble de textes connus sous le nom d'Instructions de sagesse. Ces ouvrages proposent de courtes maximes sur la façon de vivre, dans la lignée du livre biblique des Proverbes et, dans de nombreux cas, anticipent les mêmes types de conseils que ceux que l'on trouve dans les Proverbes, l'Ecclésiaste, les Psaumes et d'autres récits bibliques. L'instruction la plus ancienne est celle du prince Hardjédef, rédigée au cours de la 5e dynastie:

Purifies-toi devant tes propres yeux

De peur qu'un autre ne te purifie.

Lorsque tu prospères, fondes ta famille,

Prends une femme chaleureuse, un fils te naîtra.

C'est pour le fils que tu bâtis une maison

Quand tu te fais une place. (Lichtheim, 58)

L'Instruction adressée à Kagemni, un peu plus tardive, conseille:

L'homme respectueux prospère,

Celui qui est modeste est félicité.

La tente est ouverte au silencieux,

Le siège du discret est spacieux

Ne bavardes pas !

Lorsque tu es assis en compagnie,

Ignores la nourriture que tu aimes ;

La retenue n'est qu'un bref instant

La gourmandise est vile et réprouvée.

Une tasse d'eau étanche la soif,

Une bouchée d'herbes fortifie le cœur. (Lichtheim, 59-60)

Il existait un certain nombre de textes de ce type, tous rédigés selon le modèle de la littérature mésopotamienne naru, dans laquelle l'œuvre est attribuée à un personnage célèbre ou elle le met en scène de manière proéminente. Le véritable prince Hardjédef n'a pas écrit son Instruction et celle de Kagemni n'a pas été adressée au véritable Kagemni. Comme dans la littérature naru, une personne connue a été choisie pour donner plus de poids à la matière et lui permettre d'être plus largement acceptée. La littérature de sagesse, les Textes des pyramides et les inscriptions autobiographiques se sont considérablement développés au cours de l'Ancien Empire et elles ont servi de base à la littérature du Moyen Empire.

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La Littérature du Moyen Empire

Le Moyen Empire est considéré comme l'âge classique de la littérature égyptienne. C'est à cette époque que fut créée l'écriture connue sous le nom de moyen égyptien, considérée comme la forme la plus aboutie des hiéroglyphes et celle que l'on voit le plus souvent sur les monuments et les autres artefacts dans les musées d'aujourd'hui. L'égyptologue Rosalie David commente cette période:

La littérature de cette époque reflète la profondeur et la maturité que le pays a acquises à la suite des guerres civiles et des bouleversements de la Première Période Intermédiaire. De nouveaux genres littéraires furent développés, notamment la littérature dite «pessimiste», qui illustre peut-être le mieux l'auto-analyse et les doutes que les Égyptiens connaissaient désormais. (209)

La littérature pessimiste mentionnée par David est l'une des plus belles créations du Moyen Empire, car elle exprime non seulement une profonde compréhension des complexités de la vie, mais le fait dans une prose de haut niveau. Parmi les œuvres les plus connues de ce genre (généralement connu sous le nom de littérature didactique parce qu'il enseigne une leçon), citons Le Dialogue du Désespéré avec son Âme (également nommé Le Dialogue du Désespéré avec son Bâ), Le Conte du Paysan éloquent, La Satire des métiers, L’Enseignement d’Amenemhat Ier à son fils Senusret Ier, La Prophétie de Néferti et Les Lamentations d'Ipou-Our.

Egyptian Scribe's Palette
Palette de scribe égyptien
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Le Dialogue du Désespéré avec son Âme est considéré comme le plus ancien texte sur le suicide au monde. Il s'agit d'une conversation entre un narrateur et son âme sur les difficultés de la vie et la manière dont on est censé vivre. Dans des passages qui rappellent le livre de l'Ecclésiaste ou le livre des Lamentations, l'âme tente de consoler l'homme en lui rappelant les bonnes choses de la vie, la bonté des dieux et le fait qu'il doit profiter de la vie tant qu'il le peut, car il sera bientôt mort. L'égyptologue W.K. Simpson a traduit le texte par «L'homme qui était las de la vie» et n'est pas d'accord avec l'interprétation selon laquelle il s'agirait d'un suicide. Simpson écrit:

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Ce texte du Moyen Empire, conservé sur le papyrus Berlin 3024, a souvent été interprété comme un débat entre un homme et son âme sur le thème du suicide. Je suggère ici que le texte est d'une nature quelque peu différente. Il ne s'agit pas d'un débat, mais d'un tableau psychologique d'un homme déprimé par le mal de vivre, au point de se sentir incapable d'accepter la bonté innée de l'existence. Son moi intérieur est, pour ainsi dire, incapable d'être intégré et en paix. (178)

La profondeur de la conversation entre l'homme et son âme, l'éventail des expériences de vie abordées, se retrouvent également dans les autres œuvres mentionnées. Dans Le Conte du Paysan éloquent, un pauvre homme qui parle bien est volé par un riche propriétaire terrien et présente son cas au maire de la ville. Le maire est tellement impressionné par ses talents d'orateur qu'il lui refuse la justice pour pouvoir l'entendre parler davantage. Bien que le paysan finisse par recevoir son dû, la pièce illustre l'injustice qu'il y a à devoir faire de l'humour et divertir les personnes en position d'autorité afin de recevoir ce qu'elles devraient donner gratuitement.

LA SATIRE DES MÉTIERS EST PRÉSENTÉE SOUS LE FORME D’UN HOMME QUI CONSEILLE À SON FILS DE DEVENIR SCRIBE PARCE QUE LA VIE EST DURE ET QUE LA MEILLEURE VIE POSSIBLE EST CELLE OÙ L'ON PEUT RESTER ASSIS TOUTE LA JOURNÉE À NE RIEN FAIRE D'AUTRE QU'ÉCRIRE.

La Satire des métiers est présentée sous la forme d’un homme qui conseille à son fils de devenir scribe parce que la vie est dure et que la meilleure vie possible est celle où l'on peut rester assis toute la journée à ne rien faire d'autre qu'écrire. Tous les autres métiers que l'on peut exercer sont présentés comme un labeur et une souffrance sans fin dans une vie trop courte et trop précieuse pour être gaspillée.

Le motif du père conseillant son fils sur la meilleure voie à suivre dans la vie est utilisé dans un certain nombre d'autres œuvres. Dans L’Enseignement d’Amenemhat, le fantôme du roi assassiné conseille à son fils de ne pas faire confiance à ses proches, car les gens ne sont pas toujours ce qu'ils semblent être; le mieux est de suivre son propre conseil et de se méfier de tout le monde. Le fantôme d'Amenemhat raconte comment il a été assassiné par ses proches parce qu'il a commis l'erreur de croire que les dieux le récompenseraient pour sa vie vertueuse en l'entourant de personnes de confiance. Dans Hamlet de Shakespeare, Polonius conseille à son fils: « Les amis vrais et éprouvés, accroche-les à ton âme avec un croc d'acier ; Mais ne t'engage pas avec empressement avec chaque nouveau camarade frais éclos que tu dénicheras.» (I.iii.62-65). Polonius dit ici à son fils de ne pas perdre de temps avec ceux qu'il connaît à peine, mais de ne faire confiance qu'à ceux qui se sont montrés dignes de lui. Le fantôme d'Amenemhat Ier indique clairement qu'il s'agit là d'une démarche insensée:

Ne fais pas confiance à un frère,

Ne reconnais personne comme ami,

N'élèves pas pour toi des compagnons intimes,

car il n'y a rien à en tirer.

Quand tu te couches le soir, que ton cœur veille sur toi,

Car nul n'a de défenseur au jour de l'angoisse. (Simpson, 168)

Le véritable roi Amenemhat Ier (1991-1962 av. J.-C. environ) fut le premier grand roi de la 12e dynastie et fut, en fait, assassiné par ses proches. L'Instruction qui porte son nom fut rédigée plus tard par un scribe inconnu, probablement à la demande de Senusret Ier (c. 1971-1926 av. J.-C.), pour faire l'éloge de son père et vilipender les conspirateurs. Amenemhat Ier est également loué dans La Prophétie de Néferti, qui annonce la venue d'un roi (Amenemhat Ier) qui sera le sauveur du peuple, qui résoudra tous les problèmes du pays et inaugurera un âge d'or. L'ouvrage fut écrit après la mort d'Amenemhat Ier mais il est présenté comme s'il s'agissait d'une véritable prophétie antérieure à son règne.

Ce motif de la «fausse prophétie» - une vision enregistrée après l'événement qu'elle est censée prédire - est un autre élément de la littérature mésopotamienne naru où les «faits» historiques sont réinterprétés pour satisfaire les objectifs de l'auteur. Dans le cas de La Prophétie de Néferti, l'accent est mis sur la puissance du roi Amenemhat Ier et la vision de son règne est donc placée plus loin dans le temps pour montrer comment il a été choisi par les dieux pour accomplir son destin et sauver son pays. L'œuvre suit également un motif commun à la littérature du Moyen Empire en opposant la période de prospérité du règne d'Amenemhat Ier, un «âge d'or», à une période antérieure de désunion et de chaos.

Les Lamentations d'Ipou-Our abordent ce thème de l'âge d'or de manière plus complète. Autrefois considérée comme un témoignage historique, l'œuvre est aujourd'hui reconnue comme une littérature du genre didactique «l’ordre contre le chaos», dans laquelle une époque actuelle de désespoir et d'incertitude est opposée à une époque antérieure où tout allait bien et où la vie était facile. Les Lamentations d'Ipou-Our sont souvent citées par ceux qui souhaitent aligner les récits bibliques sur l'histoire égyptienne comme une preuve des dix plaies du Livre de l'Exode, mais il n'en est rien.

Non seulement il n'y a aucune corrélation avec les fléaux bibliques, mais il s'agit manifestement d'un type d'œuvre littéraire que de très nombreuses cultures ont produit tout au long de l'histoire et jusqu'à aujourd'hui. Il n'est pas exagéré de dire que tout le monde, à un moment ou à un autre de sa vie, a regardé le passé et l'a comparé favorablement au présent. Les Lamentations d'Ipou-Our ne font que rapporter cette expérience, peut-être avec plus d'éloquence que la plupart des autres, et ne peuvent en aucun cas être interprétées comme un véritable récit historique.

Ipuwer Papyrus
Le papyrus d'Ipou-Our
Rijksmuseum van Oudheden, Leiden (CC BY)

Outre ces textes en prose, le Moyen Empire produisit également le poème connu sous le nom de Chant du Harpiste, qui remet souvent en question l'existence d'une vie idéale après la mort et la miséricorde des dieux, tout en créant des hymnes à ces dieux qui affirment une telle vie après la mort. Les récits en prose les plus célèbres de l'histoire égyptienne - le Conte du Naufragé et le Conte de Sinouhé - datent également du Moyen Empire. Le Conte Naufragé présente l'Égypte comme le meilleur des mondes possibles à travers le récit d'un homme naufragé sur une île à qui l'on offre toutes sortes de richesses et de bonheurs; il refuse cependant, car il sait que tout ce qu'il veut, c'est retourner en Égypte. Le Conte de Sinouhé reflète le même idéal: un homme est contraint à l'exil après l'assassinat d'Amenemhat Ier et il aspire à rentrer chez lui.

Les difficultés rencontrées par l'Égypte au cours de la Première Période Intermédiaire (2181-2040 av. J.-C.) se reflètent dans la littérature de la Période Intermédiaire. Contrairement à ce qu'affirment encore les livres d'histoire sur l'Égypte, la Première Période Intermédiaire ne fut pas une période de chaos, d'obscurité et de détresse universelle; il s'agissait simplement d'une période où il n'y avait pas de gouvernement central fort. Cette situation entraîna une démocratisation de l'art et de la culture, les différentes régions ayant développé leurs propres styles, qui étaient aussi appréciés que l'art royal l'avait été dans l'Ancien Empire.

Les scribes de Moyen Empire, cependant, se penchèrent sur l'époque de la Première Période Intermédiaire et y virent une nette rupture avec la gloire de l'Ancien Empire. Des œuvres telles que Les Lamentations d'Ipou-Our furent interprétées par les égyptologues postérieurs comme des comptes rendus précis du chaos et du désordre de l'époque précédant le Moyen Empire, mais en réalité, sans la liberté d'exploration et d'expression dans les arts encouragée par la Première Période Intermédiaire, les scribes postérieurs n'auraient jamais pu écrire les œuvres produites.

Les autobiographies royales et les listes d'offrandes de l'Ancien Empire, réservées aux rois et aux nobles, furent utilisées au cours de la Première Période Intermédiaire par tous ceux qui avaient les moyens de construire une tombe, qu'ils aient été royaux ou non. De la même manière, la littérature du Moyen Empire présentait des histoires qui pouvaient faire l'éloge d'un roi comme Amenemhat Ier ou présenter les pensées et les sentiments d'un simple marin ou d'un narrateur anonyme en conflit avec son âme. La littérature du Moyen Empire ouvrit un large éventail d'expression en élargissant les sujets sur lesquels on pouvait écrire, ce qui n'aurait pas été possible sans la Première Période Intermédiaire.

Tale of Sinuhe (Berlin 10499)
Conte de Sinouhé (Berlin 10499)
L. Baylis (Copyright)

Après la 12e dynastie, au cours de laquelle la majorité des grandes œuvres furent créées, la 13e dynastie, plus faible, régna sur l'Égypte. Sous cette dynastie, le Moyen Empire déclina sous tous ses aspects, au point de permettre à un peuple étranger de prendre le pouvoir en Basse-Égypte: Les Hyksôs et leur période de contrôle, tout comme la Première Période Intermédiaire, seraient vilipendés par les scribes égyptiens ultérieurs qui parleraient à nouveau d'une période de chaos et de ténèbres. En réalité, les Hyksôs apportèrent de précieuses contributions à la culture égyptienne, même si elles furent ignorées dans la littérature du Nouvel Empire.

La Littérature du Nouvel Empire

Entre le Moyen Empire et l'ère connue sous le nom de Nouvel Empire on trouve la période que les spécialistes appellent la Deuxième Période Intermédiaire (1782-1570 environ av. J.-C.). À cette époque, le pouvoir en Égypte était divisé entre les rois étrangers des Hyksôs en Basse-Égypte à Avaris, le pouvoir égyptien à Thèbes en Haute-Égypte et le contrôle du sud de la Haute-Égypte par les Nubiens. L'Égypte fut unifiée et les Hyksôs ainsi que les Nubiens furent repoussés au-delà des frontières par Ahmose de Thèbes (c. 1570-1544 av. J.-C.) qui inaugura le Nouvel Empire. Le souvenir de «l'invasion» des Hyksôs resta très présent dans l'esprit des Égyptiens et se refléta dans les politiques et la littérature de l'époque.

Les premiers pharaons du Nouvel Empire s'attachèrent à prévenir toute incursion comme celle des Hyksôs et se lancèrent donc dans une série de campagnes militaires visant à étendre les frontières de l'Égypte; cela aboutit à l'Âge de l'Empire pour l'Égypte, qui se traduisit par un élargissement du contenu de la littérature et de l'art. Les inscriptions monumentales des dieux de l'Égypte et leur soutien constant au pharaon devinrent un moyen d'exprimer la supériorité du pays sur ses voisins, les récits et les poèmes reflètent une plus grande connaissance du monde au-delà des frontières de l'Égypte, et l'ancien thème de l'ordre contre le chaos est ré-imaginé en tant que lutte divine. Ces thèmes plus vastes furent privilégiés par rapport aux visions pessimistes et complexes du Moyen Empire. Les Hyksôs et la Deuxième Période Intermédiaire eurent pour l'art et la littérature du Nouvel Empire le même effet que la Première Période Intermédiaire avait eu pour le Moyen Empire: ils rendirent les œuvres plus riches et plus complexes sur le plan de l'intrigue, du style et de la caractérisation. Rosalie David écrit:

La littérature du Nouvel Empire, développée à une époque où l'Égypte avait fondé un empire, fait preuve d'une approche plus cosmopolite. Cela s'exprime dans les textes qui cherchent à promouvoir le grand dieu de l'État, Amon-, en tant que créateur universel, et dans les inscriptions gravées sur les murs des temples et ailleurs qui relatent les victoires militaires du roi en Nubie et en Syrie. (210)

Ceci n'est vrai que pour les inscriptions monumentales et les hymnes. Les inscriptions sont de nature religieuse et se concentrent sur les dieux, généralement soit Amon, soit Osiris et Isis, les dieux des deux cultes religieux les plus populaires de l'époque. Les récits et les poèmes, en revanche, continuent de traiter pour la plupart des conflits auxquels les gens sont confrontés dans leur vie, comme la gestion de l'injustice, un conjoint infidèle, et la tentative de vivre pleinement sa vie face à la mort. Ces mêmes thèmes avaient été abordés ou complètement traités au cours du Moyen Empire, mais les textes du Nouvel Empire témoignent d'une prise de conscience d'autres cultures, d'autres valeurs, en dehors du paradigme égyptien.

The Seated Scribe
Le Scribe Assis
Mindy McAdams (CC BY-NC-ND)

La littérature du Moyen Empire était désormais considérée comme «classique» et étudiée par les étudiants qui apprenaient à devenir scribes. Un aspect intéressant de la littérature du Nouvel Empire est l'accent mis sur l'importance de la tradition scribale. Les scribes étaient toujours considérés comme un aspect important de la vie quotidienne égyptienne et la popularité de la Satire des métiers montre clairement que les lecteurs du Moyen Empire en étaient conscients. Au Nouvel Empire, cependant, dans les œuvres conservées dans le papyrus Lansing et le papyrus Chester Beatty IV, le scribe n'est pas simplement une profession respectée, mais un être presque divin, capable d'exprimer des concepts par des mots, de créer quelque chose à partir de rien, et de devenir ainsi immortel grâce à son travail. Lichtheim commente le papyrus Chester Beatty IV:

Le papyrus Chester Beatty IV est un ensemble de miscellanées typiques des scribes. Le recto contient des hymnes religieux; le verso se compose de plusieurs pièces courtes relatives à la profession de scribe. Parmi ces pièces, l'une d'entre elles présente un intérêt particulier. Il s'agit d'un éloge de la profession d'écrivain qui va au-delà des clichés habituels et propose l'idée remarquable que la seule immortalité que l'homme puisse atteindre est la renommée de son nom transmise par ses livres. L'homme devient poussière, seul l'écrit perdure. (Nouvel Empire, 167)

Le concept de sacralité des mots a une longue histoire en Égypte. On pensait que l'écrit avait été donné à l'humanité par le dieu de la sagesse et de la connaissance, Thot. Le culte rendu à Thot remonte à la fin de la période pré-dynastique (c. 6000-3150 av. J.-C.), lorsque les Égyptiens commencèrent à découvrir l'écriture. Au cours de la 2e dynastie de la Première Période Dynastique, Thot reçut une compagne: Seshat, qui était tantôt sa femme, tantôt sa fille. Seshat était la déesse de toutes les formes d'écriture, patronne des bibliothèques et des bibliothécaires, qui était au courant de ce qui était écrit sur terre et elle conservait une copie du travail du scribe dans la bibliothèque céleste des dieux.

Seshat («la femme scribe»), dans le cadre de ses responsabilités, présidait également à la comptabilité, à l'enregistrement, au recensement et aux mesures lors de la création d'édifices et de monuments sacrés. Elle était régulièrement invoquée dans le cadre de la cérémonie dite de «l'étirement de la corde», au cours de laquelle le roi mesurait le terrain sur lequel un temple était construit. À ce titre, elle était connue comme la maîtresse des bâtisseurs qui mesurait le terrain et posait les fondations des temples. L'égyptologue Richard H. Wilkinson écrit: «Il semble qu'elle n'ait pas eu de temple lui étant dédié, mais en vertu de son rôle dans la cérémonie de fondation, elle participait à la construction de chaque temple» (167). Son implication dans un complexe de temples ne s'arrêtait cependant pas à sa création, puisqu'elle continuait à habiter une partie du temple connue sous le nom de Maison de Vie. Rosalie David explique la fonction de cette partie du temple:

La Maison de Vie semble avoir été une zone du temple qui faisait office de bibliothèque, de scriptorium et d'institution d'enseignement supérieur, où les écrits sacrés étaient produits et stockés et où l'enseignement était dispensé. Des textes médicaux et magiques ainsi que des livres religieux y étaient probablement compilés et copiés. Parfois, cette institution était située dans le temple lui-même, mais ailleurs, elle se trouvait probablement dans l'un des bâtiments situés dans l'enceinte du temple. On sait très peu de choses sur son administration ou son organisation, mais il est possible que chaque ville importante en ait eu une. On sait qu'il en existait à Tell el-Amarna (également connue simplement comme Amarna), Edfou et Abydos. (203)

Le nom de l'institution reflète la valeur que les Égyptiens accordaient à l'écrit. La Maison de Vie - à la fois école, bibliothèque, maison d'édition, distributeur et atelier d'écrivain - était présidée par Seshat qui veillait à conserver des copies de tout ce qui y était produit dans sa propre bibliothèque céleste.

Au cours du Nouvel Empire, ces œuvres étaient principalement des hymnes, des prières, des instructions de sagesse, des chants de louanges, des poèmes d'amour et des histoires. Le poème d'amour égyptien du Nouvel Empire est remarquablement similaire, à bien des égards, au Cantique des Cantiques (également nommé le Chant de Salomon) et aux compositions bien plus tardives des troubadours de la France du 12e siècle de notre ère, dans leur évocation d'une bien-aimée sans pareille et digne de toute dévotion et de tout sacrifice. Les mêmes sentiments, et souvent les mêmes images, utilisés dans ces poèmes d'amour du Nouvel Empire sont encore reconnaissables dans les paroles de la musique populaire d'aujourd'hui.

Tale of Two Brothers Papyrus
Papyrus du Conte des Deux Frères
Unknown Artist (Public Domain)

La structure narrative de l'œuvre en prose de l'époque, et parfois même des éléments de l'intrigue, se retrouveraient également dans des œuvres ultérieures. Dans l'histoire de Vérité et Mensonge (également nommée Le Duel de Vérité et de Mensonge), un prince bon et noble (Vérité) est aveuglé par son frère maléfique (Mensonge) qui le chasse du domaine et assume son rôle. Vérité se lie d'amitié avec une femme qui tombe amoureuse de lui. Ils ont un fils qui, lorsqu'il découvre la noble identité de son père, le venge et reprend son droit d'aînesse à l'usurpateur.

Cette trame a été reprise, avec des modifications, dans de nombreux récits depuis lors. L'intrigue de base de tout récit d'aventure est utilisée dans l'histoire connue sous le nom Le rapport d’Ounamon, qui raconte l'histoire d'un fonctionnaire envoyé pour une simple mission d'approvisionnement en bois pour un projet de construction. Au cours de ce qui devait être un voyage court et facile, Ounamon rencontre de nombreux obstacles qu'il doit surmonter pour atteindre son but et rentrer chez lui.

Deux des contes les plus connus sont Le prince aux trois destins (également nommé Le Prince prédestiné) et Le Conte des Deux Frères. Le prince aux trois destins présente tous les éléments des contes de fées européens ultérieurs et partage une similitude intéressante avec l'histoire de l'éveil du Bouddha: un fils naît d'un couple noble et les sept Hathors (qui décident du destin d'une personne à sa naissance) arrivent pour annoncer au roi et à la reine que leur fils mourra tué par un crocodile, un serpent ou un chien. Son père, désireux de le mettre à l'abri, construit une maison de pierre dans le désert et l'y enferme à l'écart du monde. Le prince grandit dans l'isolement de cet environnement parfaitement sûr jusqu'au jour où il monte sur le toit de sa maison et voit le monde à l'extérieur de son environnement artificiel.

Il dit à son père qu'il doit partir pour rencontrer son destin, quel qu'il soit. Au cours de son voyage, il trouve une princesse dans un château élevé, avec de nombreux prétendants, autour de la tour, qui tentent d'accomplir l'exploit de sauter suffisamment haut pour attraper le bord de la fenêtre et l'embrasser. Le prince y parvient, battant les autres, et doit ensuite subir une épreuve pour obtenir le consentement du père. Il épouse la princesse et rencontre ensuite ses trois destins - le crocodile, le serpent et le chien - et il les vainc tous. La fin du manuscrit n'est pas mentionnée, mais on suppose, sur la base de la structure narrative, que le couple vit heureux jusqu'à la fin de ses jours.

Le Conte des Deux Frères raconte l'histoire des frères divins Anubis et Bata qui vivaient ensemble avec la femme d'Anubis. Celle-ci tombe amoureuse du plus jeune frère, Bata, et tente de le séduire un jour qu'il revient des champs à la maison. Bata refuse, promettant de ne jamais parler de l'incident à son frère, et il s'en va. Lorsqu'Anubis revient à la maison, il trouve sa femme affolée et celle-ci, craignant que Bata ne tienne pas sa parole, raconte à son mari que Bata a essayé de la séduire. Anubis projette de tuer Bata, mais le jeune frère est averti par les dieux et s'échappe. Anubis apprend la vérité sur sa femme infidèle - qui leur causera d'autres problèmes à tous les deux - et doit faire pénitence avant que les frères ne soient réunis et que la femme ne soit punie.

C'est de cette même époque que date le texte nommé Les aventures d'Horus et Seth, bien que l'histoire elle-même soit sans doute plus ancienne. Ce récit est une version divine du motif de l'ordre contre le chaos du Moyen Empire dans lequel Horus (champion de l'ordre) vainc son oncle Seth (symbolisant le chaos) pour venger son père Osiris et restaurer le royaume que Seth a usurpé. Horus, le prince, doit venger le meurtre de son père par son oncle et, pour ce faire, doit subir un certain nombre d'épreuves pour se montrer digne du trône. C'est le paradigme de base de ce que l'érudit Joseph Campbell appelle «le voyage du héros» et que l'on retrouve dans les mythes du monde entier et à travers l'histoire. La popularité durable des films Star Wars de George Lucas s'explique par leur adhésion à la forme narrative et au symbolisme de ce type de récit.

Les aventures d'Horus et Seth, bien qu'il n'ait probablement jamais été lu par les auteurs ultérieurs, est un précurseur de deux des intrigues les plus aimées et les plus populaires de la littérature occidentale, à savoir, Hamlet et Cendrillon. L'auteur américain Kurt Vonnegut a souligné que ces deux histoires ont été ré-imaginées à de multiples reprises avec beaucoup de succès. L'histoire d'une personne privée de ses droits qui récupère ce qui lui revient de droit, parfois à un prix élevé, continue de trouver un écho auprès du public d'aujourd'hui, tout comme Les aventures d'Horus et Seth l'a fait pour le public égyptien de l'Antiquité.

Book of the Dead Papyrus
Papyrus du Livre des Morts
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Cependant, l'œuvre littéraire la plus connue des textes du Nouvel Empire est probablement le Livre pour sortir au jour, plus connu sous le nom de Livre des morts égyptien. Bien que les concepts et les formules magiques du Livre des morts égyptien aient vu le jour au début de la période dynastique et que le livre ait pris forme au Moyen Empire, il devint extrêmement populaire au Nouvel Empire et les textes les mieux conservés que nous possédons de l'ouvrage datent de cette époque.

Le Livre des morts égyptien est une série de «sorts» qui sont des instructions destinées aux défunts dans l'au-delà pour les aider à se frayer un chemin à travers divers dangers et à trouver la paix éternelle au paradis. Il ne s'agit pas d'une «ancienne Bible égyptienne», comme certains l'ont prétendu, ni d'un «texte magique de sortilèges». L'au-delà étant manifestement un domaine inconnu, le Livre des morts égyptien fut créé pour fournir à l'âme du défunt une sorte de carte qui l'aiderait à se guider et à se protéger dans le pays des morts.

La littérature de l'Égypte ancienne aurait pu servir de base à des œuvres ultérieures si les textes n'avaient pas été perdus et la langue oubliée pendant des siècles. Le mieux que l'on puisse dire est que les scribes hébreux qui écrivirent les récits bibliques auraient pu connaître certaines versions de ces textes et que les écrivains ultérieurs y puisèrent des intrigues et des motifs, mais il ne s'agit là que de spéculations.

Des cultures différentes arrivèrent à des conclusions similaires, sans aucun contact apparent, à de nombreuses reprises au cours de l'histoire, comme en témoigne la forme pyramidale des Mayas, des Égyptiens et des Chinois. Il est toutefois possible que les textes égyptiens aient inspiré ou au moins prêté certains aspects aux récits bibliques, qui furent ensuite empruntés par des auteurs ultérieurs dans leurs œuvres. Bien entendu, il est tout aussi possible que l'histoire du héros qui triomphe des forces des ténèbres et du désordre résonne tout simplement à un niveau très profond chez les humains et qu'il n'y ait pas besoin d'une œuvre originale dont se seraient inspirés les écrivains ultérieurs.

Le Nouvel Empire fut suivi de la Troisième Période Intermédiaire (c. 1069-525 av. J.-C.), puis de la Basse Période (525-323 av. J.-C.) et de la Dynastie des Ptolémées (323-30 av. J.-C.), après laquelle l'Égypte fut annexée par Rome. Vers le 4e siècle de notre ère, le christianisme s'imposa en Égypte et les Égyptiens chrétiens (connus sous le nom de Coptes) développèrent leur propre écriture, une sorte d'hybride entre l'égyptien démotique et le grec, et les anciens textes hiéroglyphiques et hiératiques tombèrent dans l'oubli.

Les inscriptions sur les monuments et les temples, et tous les textes dans les bibliothèques et les Maisons de la Vie, devinrent incompréhensibles jusqu'à la découverte de la pierre de Rosette en 1798 qui permit à Jean-François Champollion de faire une véritable percée dans le déchiffrage des hiéroglyphes en 1824. Pourtant, les intrigues de ces histoires et ces poèmes oubliés apparaissent dans des textes du monde entier, ce qui témoigne de la nature primitive et puissante de ces thèmes, qui touchent aux aspects les plus profonds de l'expérience humaine.

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Traducteur

Caroline Martin
Française, ayant vécu au Royaume Uni pendant 20 ans, Caroline Martin est totalement bilingue. Lectrice passionnée depuis son plus jeune âge, elle a développé un amour de l'histoire qui remonte a ses années sur les bancs de l’école. Elle s'intéresse maintenant beaucoup à l'histoire en général et à la géopolitique.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

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Mark, J. J. (2016, novembre 14). Littérature de l'Égypte Ancienne [Ancient Egyptian Literature]. (C. Martin, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15437/litterature-de-legypte-ancienne/

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Mark, Joshua J.. "Littérature de l'Égypte Ancienne." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. modifié le novembre 14, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15437/litterature-de-legypte-ancienne/.

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Mark, Joshua J.. "Littérature de l'Égypte Ancienne." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 nov. 2016. Web. 07 sept. 2024.

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