Langue Étrusque

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 21 février 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, italien, espagnol
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Etruscan Inscription Plaque (by The British Museum, Copyright)
Plaque avec inscription étrusque
The British Museum (Copyright)

La langue des Étrusques, tout comme le peuple lui-même, est restée quelque peu mystérieuse et n'a pas encore été entièrement comprise. L'alphabet utilisait une écriture grecque occidentale, mais la langue a posé des difficultés aux chercheurs parce qu'elle n'a aucun lien avec les langues indo-européennes contemporaines et que les exemples qui nous sont parvenus se limitent en grande partie à de très courtes inscriptions, dont la majorité sont des noms propres. Les lettres, la prononciation, la structure générale des phrases et de nombreux noms propres sont généralement compris, mais le sens de nombreux autres mots qui ne peuvent être déduits du contexte, les emprunts à d'autres langues, leur apparition dans des textes parallèles, etc. restent le plus grand obstacle au décryptage complet de cette langue. Ce qui ressort clairement du grand nombre d'inscriptions qui nous sont parvenues, c'est qu'une certaine forme d'alphabétisation était relativement courante, y compris chez les femmes, et qu'elle était répandue dans l'ensemble de l'Étrurie.

Origines et sources

L'étrusque était une langue relativement isolée, sans lien avec les langues indo-européennes d'Italie, et avec seulement deux langues apparentées connues, considérées comme dérivant de la même source parentale commune. Il s'agit du rhétique, parlé dans la région alpine au nord de Vérone, et de la langue parlée sur l'île de Lemnos avant le grec, deux langues dont il ne reste que très peu d'exemples de textes, et dont la seconde dérivait probablement des marchands étrusques. Il semble que l'historien du Ier siècle avant notre ère, Denys d'Halicarnasse, ait eu raison d'affirmer que les Étrusques étaient "un peuple très ancien ne ressemblant à aucun autre ni par la langue ni par les coutumes" (Heurgon, 1). L'étrusque était parlé dans toute l'Étrurie, c'est-à-dire l'Italie centrale occidentale, de Rome au sud à la vallée du Pô au nord, où les Étrusques fondèrent des colonies.

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Il existe plus de 13 000 exemples de textes étrusques, qui couvrent la période principale de la civilisation, du VIIIe au Ier siècle avant notre ère.

Il existe plus de 13 000 exemples de textes étrusques, qui couvrent la période principale de la civilisation, du 8e au 1er siècle avant notre ère. La plupart proviennent de l'Étrurie elle-même, mais il y a aussi des sources du sud et du nord de l'Italie, de la Corse et de l'Afrique du Nord. Les textes se présentent sous la forme d'inscriptions, le plus souvent courtes et souvent fragmentaires, sur des poteries et des tablettes de métal ou de pierre. L'une des plus importantes et des plus utiles est constituée par les trois tablettes en feuilles d'or de Pyrgi, le port de Cerveteri, qui contenaient les mêmes informations (bien que dans un contexte différent) dans les deux alphabets étrusque et phénicien. Découvertes dans les fondations d'un temple et datant d'environ 500 ans avant notre ère, elles décrivent la dédicace d'une zone sacrée à Astarté et avaient probablement été épinglées sur le mur du temple.

Les œuvres d'art et les objets quotidiens tels que les miroirs, les armes et les armures, en particulier ceux qui étaient déposés en guise d'offrandes votives dans les sanctuaires, constituent une autre source. Un exemple typique de ces courtes bribes de texte est le suivant, tiré d'une petite fiole en terre cuite:

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Aska mi eleivana, mini mulvanike mamarce velchana

(Je suis une bouteille d'huile et Mamarce Velchana en a fait don)

Les poteries, les urnes funéraires et les peintures murales des tombes portent souvent de courtes inscriptions. Malheureusement, il ne reste que très peu de documents écrits importants et aucun livre écrit par les Étrusques dans leur propre langue, bien que l'on sache que les Étrusques ont créé des livres faits de pages de lin pliées (liber linteus), et les extraits qui ont survécu témoignent d'une riche littérature étrusque. Un exemple d'environ 1500 mots, le plus long texte conservé, survit indirectement et de manière incomplète en tant que reliure d'une momie égyptienne au Musée national de Zagreb. Il décrit diverses procédures rituelles et cérémonies dictées par le calendrier utilisé dans la religion étrusque.

Etruscan & Phoenician Inscriptions
Inscriptions étrusques et phéniciennes
Pufacz (Public Domain)

Parfois, les archéologues ont de la chance et une simple trouvaille peut s'avérer d'une valeur inestimable; dans un cas bien précis, il s'agit d'une petite tablette en ivoire datant du VIIe siècle avant notre ère, provenant de Marsiliana d'Albegna, qui avait été utilisée comme tablette d'écriture en cire et sur laquelle était gravé l'alphabet complet, sans doute en guise d'aide-mémoire pour son propriétaire. Une autre grande découverte est un coq en poterie bucchero de Viterbe, dont la surface est également ornée d'un alphabet complet gravé.

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Une deuxième source indirecte est constituée par les glossaires des écrivains grecs et latins qui avaient traduit des listes de mots étrusques dans leur propre langue. Une autre aide importante pour les linguistes est l'utilisation de mots empruntés dans une deuxième langue, et là encore, le latin et le grec sont utiles. Enfin, le contexte archéologique des inscriptions peut fournir des informations utiles à leur signification générale.

Alphabet et structure

L'alphabet étrusque était dérivé d'un alphabet grec occidental, vraisemblablement introduit par des commerçants d'Eubée quelque temps avant 700 avant notre ère, et c'est pourquoi sa prononciation est généralement connue. Avec ce contact avec le grec, de nouveaux mots étaient nécessaires pour désigner les nouveaux objets arrivant dans le monde étrusque, et ceux-ci présentent une similitude marquée avec leurs originaux grecs. Par exemple, la poterie était importée en grande quantité en Étrurie, et des récipients aussi particuliers que la cruche grecque ou la coupe à deux anses, le prochous et lekythos, deviennent respectivement pruchum et lechtum. Cette assimilation se retrouve dans la mythologie où des personnages grecs reçoivent des noms étrusques, par exemple Aïas (ou Ajax) devient Eivas et Héraklès (ou Hercule) devient Ercle.

L'alphabet étrusque comportait 26 signes, mais certains n'étaient pas utilisés; il s'agissait de lettres grecques qui n'avaient pas de son correspondant dans l'alphabet étrusque parlé (par exemple beta, gamma, delta et omikron). De même, certaines lettres furent ajoutées pour couvrir des sons étrusques non présents en grec (par exemple, 8 pour le son F). Il n'y avait que quatre voyelles (a, e, i, u) et, l'accent étant principalement mis sur la première syllabe, les voyelles internes courtes furent abandonnées à partir du Ve siècle avant notre ère, ce qui donna lieu à de fréquents groupes de consonnes. Les textes se lisaient de droite à gauche, bien que les textes plus longs aient pu prendre des directions alternées sur chaque ligne (boustrophédon).

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Etruscan Model Liver For Divination
Foie de Plaisance, maquette de foie pour la divination
Jan van der Crabben (CC BY-NC-SA)

Il y a une indication de l'utilisation de conjugaisons, mais des caractéristiques telles que des indicateurs de différences dans le pluriel des noms n'ont pas encore été identifiées. La structure des phrases reste floue, mais une séquence sujet-objet-verbe semble prévaloir. La plus grande lacune des linguistes dans leur connaissance de l'étrusque est le vocabulaire, car seuls quelque 200 mots qui ne sont pas des noms propres ont survécu. C'est pourquoi il n'est pas impossible que de nouvelles découvertes archéologiques viennent enrichir ce lexique et donnent aux linguistes une véritable chance de comprendre l'étrusque.

Héritage

En colonisant certaines parties de l'Italie du Nord, les Étrusques transmirent leur alphabet aux Vénètes, aux Rhètes et aux Lépontiens, entre autres. Ils commerçaient également avec des peuples de l'autre côté des Alpes et propagèrent ainsi leur alphabet et leur langue aux tribus germaniques, ce qui aboutirait au développement de l'écriture runique du nord de l'Europe.

Les Étrusques furent conquis par les Romains aux IIe et Ier siècles avant notre ère, et une grande partie de leur culture fut absorbée et intégrée dans les nouveaux modes de vie des Romains. L'étrusque disparut peu à peu en tant que langue quotidienne, remplacée par le latin comme on peut le voir sur les inscriptions des monuments de cette période, mais il semble avoir survécu dans des contextes plus formels car les vers tyrrhéniens sont mentionnés par Lucrèce, auteur latin du Ier siècle de notre ère, et l'on sait que certains rites religieux et pratiquants étrusques survécurent jusqu'à l'époque impériale, où ils utilisaient probablement encore des formules et des phrases étrusques. En outre, tout comme les Romains perpétuèrent certaines pratiques culturelles des Étrusques, le latin aussi adopta de nombreux mots de la langue de la première grande civilisation de l'Italie. Enfin, certains considèrent que la célèbre gorgia toscana (affaiblissement des consonnes occlusives sourdes en spirantes sourdes) des Italiens qui vivent aujourd'hui dans cette région serait un héritage de leurs ancêtres étrusques.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, février 21). Langue Étrusque [Etruscan Language]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15665/langue-etrusque/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Langue Étrusque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le février 21, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15665/langue-etrusque/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Langue Étrusque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 21 févr. 2017. Web. 15 déc. 2024.

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